A la veille d'un PSG/Toulouse qui verra le club célébrer son 12e titre de champion de France, Luis Enrique était présent devant la presse mais les questions ont surtout concerné le départ désormais officiel de Kylian Mbappé. L'après-Dortmund a aussi été évoqué et Luis Enrique a beaucoup déminé le terrain ce samedi.
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Bien sûr, il faut digérer l'élimination en Ligue des Champions, mais aujourd'hui, avec le recul, quel regard portez-vous sur le chemin parcouru en Ligue des champions avec l'équipe cette saison ?
« S’arrêter si près d'une finale est douloureux, je le ressens au sein de l’équipe »
« Je ne vais pas vous mentir : ces derniers jours ont été évidemment difficiles sur le plan émotionnel en raison de la manière dont nous avons été éliminés. Nous avons parlé de la grandeur du football et du fait qu'il s'agisse d'un sport qui récompense, parfois injustement, les situations de jeu. Mais nous assumons également notre rôle : nous n'avons pas été capables de battre Dortmund et s’arrêter si près d'une finale est douloureux, je le ressens au sein de l’équipe. On a déjà tourné la page pour se remettre aux entraînements mais ça fait encore mal. »
Demain au Parc des Princes aura lieu le dernier match à domicile donc avec tous les supporters et certainement la célébration du titre. Il faut que demain soit une grande fête…
« C’est l’objectif ! Nous essaierons de donner de la joie aux supporters avec ce dernier match à domicile et cette fête pour célébrer le titre tous ensemble. Nous essaierons de faire un grand match, c'est notre objectif. »
Il reste trois matchs à jouer en Ligue 1. Vous avez déjà remporté le titre donc qu'attendez-vous des prochains matchs ? Allez-vous donner leur chance aux plus jeunes ou est-ce l'occasion de se préparer pour la finale de Coupe de France [le 25 mai contre Lyon]?
« Un mix des deux. Un mix parce que ce sont [habituellement] des matchs pour donner du temps de jeu aux joueurs qui n'ont pas atteint le nombre de matchs qu'ils espéraient, mais en même temps nous devons donner du temps de jeu à ceux qui joueront la finale de la Coupe de France. Ce sera donc un mix sur ces trois matchs que nous jouerons en une semaine. Et je crois que ce sera une bonne manière de voir quels joueurs sont prêts et compétitifs à pour ce match qu'il nous reste à jouer en finale de la Coupe contre Lyon. »
EN CONFÉRENCE DE PRESSE
Vous nous aviez dit que vous ne vous parleriez pas de la situation de Kylian Mbappé avant que l’un des acteurs s'exprime sur la situation. Maintenant c'est fait. Pouvez-vous nous dire ce que vous inspire son départ ? Un club comme le PSG peut-il être aussi ambitieux avec le départ d'un joueur qui pèse autant dans le club et même dans l'équipe de manière générale ? Comment fait-on pour rester aussi ambitieux ?
« Le football est un sport suffisamment complexe pour que tous les titres ne soient pas remportés par les équipes qui ont les meilleurs joueurs. C'est un sport d'équipe, avec un très grand nombre de joueurs. En termes de titres, je pense qu’avec le temps, on peut analyser avec froideur le type d’équipes qui ont l’habitude de gagner les titres.
Et en ce qui concerne vos propos sur Kylian, nous étions déjà au courant depuis un moment. Je pense que vous l’étiez tous, mais que cela n’est officiel que depuis hier. Cela ne change rien à la situation, elle reste la même. Toutes les décisions que j’ai prises depuis [la connaissance du départ de Mbappé] ont toujours été basées sur ce que je considérais être le mieux pour l'équipe.
« Toutes les parties [le PSG et Mbappé] se sont comportées de la meilleure manière possible »
Et je pense que toutes les parties [le club et le joueur] se sont comportées de la meilleure manière possible. Nous avions tous le même objectif. Il ne faut pas oublier qu'il y a encore un titre à jouer, une finale de la Coupe de France, une finale importante pour le club, importante pour tout le monde. Et notre objectif est d’être prêt et de continuer à gagner des titres.
Et je répète ma conviction : quels que soient les joueurs présents ou non [dans l’effectif], je suis toujours persuadé que nous serons plus forts l'année suivante. C’est ma façon de penser et je crois qu’elle est parfaite pour affronter l'avenir. Après, comme tout le monde, je peux avoir raison comme je peux me tromper. »
Quel bilan tirez-vous de votre association à Kylian Mbappé durant cette année au Paris Saint-Germain, sur le terrain et en dehors du terrain ?
« Malgré cette volonté permanente de nous opposer l’un à l'autre, que Kylian lui-même a pourtant démenti publiquement à plusieurs reprises, alors qu'il ne s'exprime pas beaucoup dans les médias, je ne peux que dire du bien de Kylian Mbappé, du footballeur Kylian Mbappé, comme de l’homme Kylian Mbappé. Et idem pour son frère Ethan Mbappé.
J’entends et je peux comprendre sa décision. Cela fait sept ans qu'il est ici, c'est une légende du club. C'est un joueur qui a tout donné au club, et le club lui a bien sûr tout donné à lui. Je lui souhaite le meilleur pour l’avenir. Il n'a pas encore révélé où il allait, même si je crois que c'est déjà clair pour tous. Voilà, je n’ai rien de plus à dire sur le sujet.
Je n’ai jamais eu à me plaindre de Kylian, cela a été une fierté et un plaisir de l’avoir dans le groupe. Il a aidé l’équipe, comme toujours. C’est un leader, et même un leader avec le sourire comme cela a souvent été répété. Je le redis : je lui souhaite le meilleur, je comprends sa décision.
Et le PSG continuera à être grand. Nous cherchons toujours à être encore plus grands. Nous voulons recruter des joueurs qui ont cette mentalité de “faim totale”, qui s'identifient au club, qui veulent apporter leur pierre à l’édifice. En fin de compte, c’est la vie, c’est comme ça. Et je le répète : je suis fier d'avoir vécu cette année avec Monsieur Mbappé. »
Vous nous parlez régulièrement de votre expérience d'entraîneur. Ça fait 10-12 ans que vous êtes dans le métier, vous avez côtoyé de très grands joueurs comme Lionel Messi ou encore Neymar au FC Barcelone. Maintenant, avec un peu plus de recul, où placez-vous Kylian Mbappe sportivement parmi tous ces grands joueurs que vous avez côtoyés ?
« J'ai eu beaucoup de chance parce que j'ai toujours eu une relation très directe avec tous les joueurs que l'on peut considérer au niveau mondial comme des “numéro un” etc. J'ai été très chanceux avec chacun d'entre eux. Je me répète, mais c’est toujours la même idée. Chacun a sa situation personnelle, sa situation professionnelle, mais je pense que tous ceux que j'ai eus et avec lesquels j'ai pu travailler se sont toujours comportés de manière appropriée. Je n'ai à me plaindre d'aucun d'entre eux. Ensuite, je n’aime pas trop les classements : qui a été meilleur, qui a été moins bon… Les circonstances sont ce qu'elles sont et, dans ce cas précis, je ne peux que dire du bien de tous les joueurs que j'ai eus. »
Comment expliquez-vous que les adieux entre Kylian Mbappe et le PSG soient si froids ? Vous êtes le premier à réagir mais depuis hier le club a été plutôt muet. Doit-on s'attendre à un hommage officiel par le club dimanche soir [contre Toulouse au Parc des Princes] ?
« Je pense vraiment que j'ai été sincère et honnête, comme j’essaye toujours de l’être, direct aussi. Je pense que cette question ne m'est pas destinée, mais qu'elle s'adresse aux parties concernées. Vous avez sûrement plus d'informations que moi. Je me limite à donner mon avis et bien sûr, je représente le Paris Saint-Germain en en étant l'entraîneur, mais là, cette question n’est pas pour moi mais pour les parties concernées. »
Vous avez dit que Kylian Mbappe était une légende du club et le meilleur buteur de l'histoire. Mérite-t-il, selon vous, d'avoir un hommage demain devant son public pour sa dernière au Parc des Princes ?
« Je le répète. Je crois que j’ai été suffisamment sincère quand j’ai donné mon avis [sur Kylian] et je défendrai toujours ma position, sans aucun souci. Mais ces questions sont pour les concernés, pas pour moi. Un des objectifs pour l’équipe durant cette saison, parce que cela fait des mois que nous sommes au courant, était que les choses se terminent de la meilleure manière possible pour tout le monde parce que je pense que toutes les parties méritaient une belle fin, chacune défendant ses intérêts. Mais je crois que j’ai répondu de la manière la plus pertinente. »
Le PSG a échoué en 1/2 finale de Champions League mardi soir. Ça pose la question de votre avenir. Est-ce que vous avez pu déjà faire un petit bilan avec votre direction et évoquer la suite pour vous personnellement ?
« (Il demande à la traductrice) J’imagine que la traduction est parfaite parce que tu es une crack et que le mot échec (fracaso dans le texte) a bien été prononcé [dans la question] ? (Elle lui confirme à l’oreillette et il répond d’un air dépité) Oui... Bon, je vais essayer de rester poli et correct.
« Tu ne sais même pas combien d’équipes jouent la Ligue des Champions ? Et tu parles d’échec ? »
(Il pose la question au journaliste concerné) Combien d’équipes jouent la Ligue des Champions ? Je demande à celui qui parle d’échec, celui qui porte un casque là. (On n’entend pas le journaliste répondre) Tu ne sais pas ? Tu ne sais même pas combien d’équipes jouent la Ligue des Champions ? Et tu parles d’échec ? C’est aussi un échec de ne pas avoir étudié le nombre d’équipes jouant la Ligue des Champions. (On n’entend pas le journaliste répondre) Tu ne sais pas ? Bon, bah on va passer à la question suivante, cela nous évitera un problème. »
Compte tenu de l'annonce de Kylian Mbappé, allez-vous continuer à l'utiliser de la même manière que vous l'avez fait ces dernières semaines. On sait qu'après le 9 février, lorsqu'il a une discussion avec son président, il a pu apparaître sur le banc ou sortir en cours de match. Allez-vous continuer cette rotation ou peut-il être à l’écart du groupe dans les prochaines semaines ?
« (Il répond par une question) Toi, que penses-tu que je vais faire ? Je préfère répondre différemment sinon je m’ennuie. (Il répète) Toi, que penses-tu que je vais faire ? Si, si, j’aime beaucoup ta question mais je te le demande de manière sincère. Je suis ici depuis une saison et tu me connais maintenant. Toi, que penses-tu que je vais faire ?
(Le journaliste reprend) Je veux seulement savoir si tu vas changer quelque chose ou non.
Et moi, je te demande de manière très polie et très correcte : “Toi, que penses-tu que je vais faire ? La même chose ou autre chose ?”
(Le journaliste lui répond) La même chose mais…
La même chose, parfaitement ! Tu as la bonne réponse.
(Le journaliste insiste) Oui mais il y a trois mois, quand Kylian a annoncé à son Président qu’il allait quitter le club, nous avons tous été surpris [de le voir sur le banc]. Je me permets, au vu de cette surprise, de reposer cette question, tout simplement.
Et je te réponds la même chose qu'il y a trois mois. Je vais continuer à faire la même chose parce que mon objectif a toujours été de chercher ce qui est le mieux pour l'équipe, pas seulement pour un joueur, ou deux, ou trois, mais pour l'équipe. Ce que je vais continuer à faire ? La même chose que ce que j'ai fait jusqu'à présent : chercher ce qui est le mieux pour l'équipe. Maintenant, cette décision est publique parce que Kylian l'a communiquée et moi, je continuerai à faire la même chose.
Par exemple, demain, Kylian jouera, bien sûr qu'il va jouer. Et à partir de ce moment-là, et chacun est libre de penser que j’ai raison ou tort, je continuerai à faire la même chose parce que j'ai toujours cherché le meilleur pour l'équipe, ce que JE considère être le meilleur pour l'équipe. (Il précise calmement au journaliste) La question était très bien posée, je ne voulais en aucun cas être polémique avec toi, mais simplement savoir ce que tu pensais que j’allais faire. »
Il y a un autre joueur dont on parle beaucoup en ce moment : Xavi Simons. Aimeriez-vous l’avoir sous vos ordres au PSG ?
« J'ai pour règle de ne pas parler des joueurs qui ne sont pas au club en ce moment, qui sont ailleurs. Il s'agit d'un joueur prêté sur lequel je me suis déjà prononcé à l'époque. Je n'ai rien de nouveau à dire pour l'instant. »
Après l’élimination en Ligue des Champions, quelle a été l'ambiance dans le vestiaire que vous avez retrouvé hier ? Est-ce encore d’actualité ou se projette-t-on déjà sur la finale de Coupe de France dans deux semaines ?
« Pour être honnête, cela nous fait encore très mal. Mal parce que nous avions tellement l'espoir d’atteindre la finale. Mal aussi à cause du déroulé des deux matches parce que nous ne pensons pas que le résultat reflète vraiment notre mérite. Mais en même temps, on enchaîne les entraînements et on a en tête la fête que l’on fera demain avec nos supporters après le match. Il reste à jouer ce match difficile contre Toulouse. Mais bon, c’est évident que ce fut un coup dur pour nous tous, pour nos supporters aussi, bien sûr, mais en fin de compte, il nous reste la sensation d'avoir donné le maximum, d’avoir donné 100%, d’avoir tout donné, tout lâché. Cela n’a pas donné le résultat et la performance escomptés, nous l'acceptons et nous allons tourner la page. »
Marquinhos et Beraldo ont été convoqués pour la Copa America. Quel bénéfice cela pourrait-il avoir de les voir évoluer ensemble en équipe nationale brésilienne et au PSG ? Constituent-ils une paire [de défenseurs] parfaite pour le futur du PSG ?
« Je crois qu’ils ont déjà joué ensemble dans des matchs de très haut niveau. Je ne sais pas si Marquinhos a été convoqué la dernière fois ou s’il était blessé… Je ne sais pas s’ils ont déjà joué ensemble. Pas encore ? Ok mais je crois que l'expérience de Marquinhos et la jeunesse de Beraldo reflètent clairement le profil des joueurs brésiliens : des défenseurs très intelligents, avec beaucoup de qualités défensives et offensives. Et évidemment qu’ils peuvent être titulaires dans les équipes dans lesquelles ils évoluent. Mais je suis entraîneur du PSG, pas celui du Brésil qui peut faire ses propres choix évidemment. Mais pour nous, c’est une grande joie de voir nos joueurs représenter leur pays et participer à des tournois importants. »
Vous connaissez bien Kylian puisque vous avez passé une saison entière avec lui. On en parle beaucoup en Espagne, au Real Madrid puisque comme vous l’avez dit, tout le monde sait où il va aller. Là-bas, il y a beaucoup de coqs dans le même poulailler. Comment est Kylian Mbappé à l’intérieur d’un vestiaire ?
« Je vous ai déjà répondu. Je pense que vous connaissez au moins autant que moi, voire mieux, le footballeur Kylian Mbappé. Et concernant l’homme, c’est une personne au contact facile, optimiste, toujours avec le sourire, prête à toutes les situations. Un 10 comme personne et 10 comme footballeur. »
Vous affrontez Toulouse demain pour la troisième fois cette saison, après la victoire en Trophée des Champions, un adversaire qui n'a plus d'enjeu à disputer dans ce championnat. A quelle rencontre vous attendez-vous ?
« Je m'attends à un match difficile en raison des circonstances qui l'entourent et aussi parce que l'entraîneur de Toulouse est un entraîneur très bien préparé, qui nous connaît très bien et qui nous a posé des problèmes lors des deux matchs que nous avons joués contre eux. Ce sera compliqué, c'est certain, mais je pense que nous devons renverser la situation, tourner la page et penser clairement à donner de la joie aux supporters lors de ce dernier match à domicile de la saison tout en nous préparant de la meilleure façon possible à la finale de la Coupe.
C’est pour cela que je pense qu’il y aura un mix entre des joueurs qui ont besoin, selon moi, de jouer pour arriver dans les meilleures conditions en finale et d’autres joueurs qui ont moins participé mais qui pourront aussi avoir du temps de jeu. C'est une chose sur laquelle j'essaie toujours de mettre l'accent, à savoir que chaque joueur profite au maximum des minutes dont il dispose en tant que titulaire, parce que dans l’équipe d’un club aussi grand que le nôtre, il faut absolument en profiter. Donc demain, j'espère que l'équipe retrouvera ses ambitions et que nous serons aussi compétitifs que possible. »
