Redescendu sur terre en 90 minutes face à un grand d'Europe, le PSG reprend la cours de saison face à Saint-Etienne. Mais plus qu'une reprise, ce match ressemble même à la première pierre de la saison.
Un match référence sous forme d'avertissement
Il aura donc fallu attendre 14 rencontres pour savoir et le retour sur terre a été délicat pour le PSG, ressemblant plus à un mur rencontré de pleine face qu'à une nouvelle marche vers la gloire européenne. Non, le PSG n'a pas le niveau du Real Madrid, même affaibli. Les déclarations flatteuses ou les victoires contre des équipes de seconde zone accumulées depuis le début de la saison ont offert des plaisirs instantanés que la première grande équipe rencontrée a vite fait oublier. Un match référence était attendu, à l'instar du PSG/Barcelone de l'an passé (3-2), mais c'est tout l'inverse qui s'est passé : ce PSG qui avait passé tous les écueils n'a pas su élever son niveau de jeu et a même semblé impuissant quand l'équivalent de l'an passé avait généré un exploit malgré une situation de crise, une lumière au bout du tunnel. Au contraire, ce PSG a placé lui-même sa saison dans une situation déprimante : il est invaincu dans les faits mais sa fin semble déjà écrite.
Pour autant, tout n'est pas perdu pour le PSG et ce retour sur terre doit sonner comme un avertissement plus que comme une conclusion. La première des raisons est la date du match, le mois d'octobre n'étant que le quart de la saison de football, et sûrement pas le plus décisif. Mieux, Paris n'a pas perdu et s'est offert une chance d'accrocher au match retour son graal de la première partie de saison, la première place de sa poule en Ligue des Champions. Et si la référence est négative, elle permet surtout de mesurer l'écart réel entre la volonté de gagner la Ligue des Champions et la possiblité de le faire. Mieux, jamais la mesure du chemin à parcourir n'aura été aussi précise.
Du changement attendu
Malgré cet avertissement, pratiquement sans frais, l'heure semble déjà à l'évolution et aux changements, la révolution étant plus réservée à la presse qu'aux têtes pensantes du club, Laurent Blanc en tête. Vu les nombreuses critiques qu'il a su émettre à l'issue du match, son analyse de la rencontre face à Madrid n'a pas pu lui faire ignorer l'écroulement de son système offensif et l'entraîneur a même confessé une régression du jeu offensif, une attitude rare chez lui qui défend souvent son groupe devant la presse, parfois au prix de justifications ubuesques.
Pour autant, la pression est forte sur lui et, si ses changements vont probablement s'étendre sur la durée de la saison, les premières marques de l'après-Real doivent apparaître dès ce match contre Saint-Etienne. D'Ibra à Maxwell en passant par Matuidi, la faillite de la plupart des figures de QSI a montré un début de fin de cycle qui, s'il mérite confirmation, doit aussi servir à ouvrir la porte à d'autres. Qu'il se nomme Kurzawa, Lucas ou Pastore, leurs revendications plus ou moins silencieuses ont pris du poids quand leurs concurrents se sont échoués. Tous ne rentreront pas d'un coup mais la porte du changement s'est ouverte.
Une remise en question mentale
Mais plus que les hommes, dont le choix peut être dicté par les circonstances du moment comme l'a souvent montré la saison passée, c'est le rebond et l'évolution mentale d'un groupe de sénateurs qui a étendu sa tournée nationale jusqu'en coupe d'Europe qui est attendue. Non, le PSG ne s'est pas transformé en équipe affamée en passant du SC Bastia au Real Madrid, montrant que son double visage supposé n'en était finalement pas vraiment un. Que le Real Madrid dégage une maîtrise technique supérieure est acceptable, qu'il domine le PSG dans l'envie et les duels l'est beaucoup moins et voir un prétendant au trône moins volontaire qu'un couronné est une des nombreuses aberrations du match de mercredi.
Aujourd'hui, le PSG ne peut plus se permettre de se cacher derrière la faiblesse de la L1 pour justifier ces demi-matches, quand ce n'est pas encore moins. Attendre du PSG de simples victoires en L1 a montré que ce n'était pas suffisant, particulièrement quand cela se répète toutes les semaines. L'exception du match mou et sans vie du samedi après-midi est devenue la règle et Paris s'est installé dans son confort de l'acceptable au détriment de sa soif de conquête.
Au cœur de toutes les critiques, à tort ou à raison, Blanc a désormais toutes les cartes en main pour changer les choses : il a un match référence avec lequel il peut justifier tous ses choix, qu'ils soient purement sportifs ou moraux. Et si la moelle de ce PSG ne se jugera réellement qu'au printemps, il est plus que temps de donner un peu de corps à une équipe qui s'endormait. Si Paris a vivoté jusque là, c'est aussi parce que ses adversaires lui ont offert un matelas confortable mais, plus que jamais, il est l'heure de se (re)lever et de reprendre la marche en avant, même si briser les Verts n'aura jamais la saveur d'une petite victoire contre les Merengues.