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Bachirou : « Les jeunes n'ont jamais été la priorité du club »

Publié le samedi 3 janvier 2015 à 15:31
Bachirou, ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose mais pour les habitués du Camp des Loges, il évoque un joueur à la mentalité exemplaire qui a laissé de très bons souvenirs à Paris. Issu de la génération 90 comme Sakho, Dja Djedje ou encore Makonda, Fouad possède la particularité d’avoir choisi l’Ecosse (Greenock Morton, First Division) à la fin de son contrat stagiaire avant de signer l’été dernier dans le club suédois de Östersunds FK ( Superettan). Au cours de l’interview qu’il nous a accordée, le milieu de terrain revient sur ses choix de carrière, son expérience au PSG et son parcours atypique.

Tu débutes le football sous les couleurs des équipes de jeunes de l'USA Clichy avant d’intégrer à 16 ans la section amateur du PSG en 2006 (à l’époque en 18 ans DH). Peux tu nous raconter tes débuts au club et nous expliquer comment tu as réussi à intégrer finalement le Centre de Formation (fait assez rare pour un joueur issu de la section amateur) ?

Effectivement, je commence à Clichy à l'âge de 9 ans jusqu'à mes 16 ans puis je décide de quitter Clichy pour me tester à l’échelon supérieur (niveau excellence à Clichy).  Je connaissais Pierre Reynaud en charge du recrutement des jeunes au PSG qui venait souvent regarder les jeunes de Clichy  et qui m’a conseillé d'aller jouer au PSG en section amateur en DH pour voir autre chose. Après quelques mois de compétition, Jean-Luc Vasseur entend parler de moi et suite à quelques matches observés, il décide de me prendre à l'entraînement avec lui en 16 ans Nationaux. Je participe alors à quelques matches de championnat en fin de saison et, pour finir la saison, Jean-Luc Vasseur organise un match entre sa formation et celle des 18 ans DH afin que le directeur du Centre et coach des 18 ans Nationaux puissent me voir. Je réalise un très bon match en jouant avec les 18 ans DH (victoire finale) et quelques semaines plus tard, j'apprends que je signerai au Centre l'année suivante ! Je remercie beaucoup Jean-Luc Vasseur pour cela car il y est pour énormément. J’étais l'un des premiers joueurs de l’histoire à intégrer le Centre après avoir joué avec la section amateur. 

Est-ce que tu as senti une différence de mentalité entre toi et tes coéquipiers, davantage formatés et pour la grande majorité issus du centre de préformation ? On a souvent l’impression que durant les années au Centre vous vivez dans un cocon…

Une différence de mentalité oui et non... Oui dans le sens où ils avaient plus faim que moi ! Au début, j’étais encore dans la mentalité cours de recré on va dire [rires]. J'étais beaucoup trop gentil pour un milieu défensif à l'entraînement ou même en match et je ne me rendais pas forcément compte où j'étais. Après, non, parce que la plupart venait des banlieues donc on se retrouvait dans la façon de se charrier, de délirer.

Concernant le “cocon”, on peut dire ça parce que l’on n'a pas la même vie que les autres adolescents. Tu commences à gagner ta vie à 16 ans voire 13-14 ans pour certains donc forcément c’est compliqué ! Tu attires la jalousie et certains de tes amis ne peuvent pas se permettre de faire les activités que tu fais donc tu t'entoures de tes collègues qui vivent les mêmes situations que toi. On se renferme donc dans un cocon oui et tu es bien chouchouté dans un centre même si moi j'ai trouvé extrêmement dur de quitter ma famille, mes amis et mes habitudes...

A ton poste de milieu défensif, penses-tu que ton petit gabarit a refroidi certains entraîneurs ?

Mon gabarit a beaucoup refroidi en France. Etant jeune, Auxerre était très intéressé mais le club me trouvait trop petit pour ce poste et ils ont privilégié quelqu'un de plus grand tout simplement. Certains entraîneurs s'assuraient de me faire jouer avec quelqu'un de grand autour de moi, c'est la mentalité française ça, cette peur du petit gabarit.

Après avoir intégré le Centre de Formation, est-ce que tes parents ont eu peur que tu délaisses complètement tes études ? Même si on a l’impression que le club suit avec attention la scolarité de leurs jeunes pousses en préformation, cela doit être compliqué par la suite de concilier les deux.

Ma mère a eu peur, le club suit de très près la préfo mais après, en centre de formation, le suivi n'était pas vraiment poussé et l’on avait pas beaucoup d’option je pense. Mais oui, il est difficile de concilier et assimiler les deux, cela fait des très grosses journées.

En 2009, tu participes au quart de finale de Gambardella assez épique face à Lyon (défaite 3-2), une compétition dans laquelle le PSG a du mal à briller… En quoi cette compétition est-elle si spéciale ?

La Gambardella, c'est une compétition vraiment spéciale ! C’est une coupe avec élimination directe et cela se passe sur un seul match. A cet âge là, c’est la compétition suprême, le Stade de France ! On se rend pas compte à quel point elle est spéciale jusqu'à l'avant match et l'engouement autour.

Le onze de départ était : Letellier - Tambe, Landre, Rimane, Mavinga - Partouche, Bachirou, Djadjédjé, Makhedjouf  - Qasmi, Kamghain. A l’époque, on parlait beaucoup de Tambe, Partouche ou encore des débuts fracassants de Kamghain. Finalement, aujourd’hui, ce sont Landre et Djadjédjé (voir Mavinga) qui évoluent régulièrement en Ligue 1. Avec du recul, était-ce prévisible ? On a l’impression que ce sont les joueurs qui avaient peut-être le plus faim qui ont percé. 

Oui c'était prévisible. Djadjédjé a toujours été talentueux balle au pied et sur l'aspect physique il avait de l'avance, c'était un bon guerrier déjà [rire]. Son repositionnement en arrière droit lui a fait beaucoup de bien au vu de son profil et son petit gabarit. Mavinga était un bon joueur également, il avait juste besoin de muscler son jeu en tant que défenseur et il l’a fait au fil des années. Landre a toujours été en avance physiquement et il a progressé très vite aussi.

Tu es passé sous les ordres de Jean-Luc Vasseur (aujourd’hui entraîneur de Reims), David Bechkoura et Bertrand Reuzeau. Qu’est ce qui les différencie ?

Oui, j'ai eu Jean-Luc Vasseur en 16 ans Nationaux (aujourd’hui entraîneur de Reims en Ligue 1) et c’est probablement le coach avec qui j'ai pris le plus de plaisir. Il était très axé sur la formation, le développement, la progression des joueurs et fan du beau jeu, un jeu très technique basé sur la possession qui garde le côté fun du football.

David Bechkoura, c'était un coach basé plus sur le mental et je pense qu'on a tous progressé sur l'aspect mental car il demandait beaucoup à ses joueurs sur le terrain.

Bertrand Reuzeau qui était le directeur du Centre et coach de la CFA, c'etait une relation différente, très distante des joueurs. C'était plus de la compétition que de la formation donc plus à la recherche de résultats.


Fouad Bachirou (1er rang, 3ème en partant de la droite), en 2008

Nous avions réalisé notre premier déplacement pour les jeunes lors de la finale du Championnat de France U17 au Touquet et la cruelle défaite face à l’OM. La composition était  Sail - Couradin, Ndongala, Mavinga, Paupin - Makhedjouf, Diarra, Rimane, Antonius - Qasmi, Kamghain. A l’issue de la rencontre, Jean-Luc Vasseur avait déclaré “aujourd’hui, on a un Paris qui pleure, mais je peux vous dire qu’on aura un Paris qui rira dans le futur, parce que ce sont de bons jeunes et ils alimenteront certainement les pros”. Pourtant, six ans plus tard, seul Mavinga a évolué en Ligue 1 et très peu d’entre eux ont réellement percé. Comment expliques-tu cela ? On a souvent l’impression que les jeunes du PSG survolent les catégories U17/U19 avant d’éprouver beaucoup de difficultés par la suite ?

Je pense pas que l’on puisse l'expliquer réellement. Le facteur chance y est pour beaucoup. Après on sait très bien que sortir du PSG est très difficile également et que les jeunes n'ont jamais été la priorité du club et on retrouve ça dans tout grand club. Je pense qu'arrivés en U19, les jeunes devraient être plus intégrés avec le groupe pro ou faire des oppositions plus souvent avec eux pour avoir des repères et savoir où ils en sont dans leur progression.

Ton dernier match avec le PSG est une demi-finale du championnat de France des réserves professionnelles face à Lyon (défaite 3-0) durant laquelle si mes souvenirs sont bons tu avais évolué à un poste inhabituel de latéral droit. Lors de cette rencontre, l’actuel meilleur buteur de Ligue 1 Lacazette (15 buts) s’était offert un doublé, est-ce l’un des joueurs qui t’a fait la plus grosse impression lors de tes années parisiennes ? Est-ce qu’il y d’autres joueurs qui t’ont marqué, que ce soit des coéquipiers ou des adversaires ?

Oui j’avais évolué au poste d'arrière droit, le but était que notre génération joue. C’était notre dernier match et je dépannais à ce poste.
Lacazette a été en effet très bon comme en Gambardella, Hazard avait aussi fait une belle impression comme Salibur. En ce qui concerne le PSG,  Sessegnon, Sakho et Pauleta m’ont impressionné tout comme Sankharé.

Tu as eu comme coéquipier Maxime Partouche, un joueur dont le nom a été scandé par le Parc des Princes lors d’un huitième finale de Coupe de France et qui évolue aujourd’hui à Jura Sud (CFA). Quel regard portes tu sur son parcours ? 

Maxime est un très bon ami à moi. Son parcours a été pas mal parsemé d'embûches, des blessures aux genoux, des aventures en Grèce pas réussies. Après, c’est un fan de foot et cette soirée au Parc, on l’a fini ensemble et je me rappelle on avait tous les yeux qui brillent, c'était magnifique !

Durant tes deux années de contrat stagiaire, tu as “connu” deux entraîneurs différents à la tête de l’équipe professionnelle. D’un point de vue extérieur, Paul Le Guen semblait plus beaucoup attentif à la réserve que ne l’était Antoine Kombouaré ,était-ce une fausse impression ? 

Oui, Paul Le Guen était très présent chez les jeunes, il regardait nos matches, parfois même à l'extérieur. Antoine Kombouaré était l'opposé, il a fermé toutes les portes aux jeunes. On avait l'habitude de faire des oppositions pro contre la réserve et il a même arrêté ces oppositions. On l’a rencontré seulement deux fois dans l'année. 

Comment se passaient les entraînements avec le groupe pro ? En gardes-tu des bons souvenirs ?

Les entraînements avec les pros, c’était superbe ! J'en garde de très bons souvenirs, l'accueil, les conseils de Makelele, Sakho, Sankharé et d’autres comme Giuly, c'était vraiment précieux.  

Avec le recul, penses tu que la création d’un championnat des réserves professionnelles (toujours évoquée) pourrait améliorer la formation des jeunes et sans doute réduire l’écart CFA - groupe pro ? Quelles seraient selon toi les choses à améliorer pour espérer voir davantage de jeunes du Centre évoluer en pro au PSG ?

Oui je suis tout a fait d'accord, cela rassemblerait les meilleurs jeunes de CFA et permettrait à chacun de progresser. 

Les choses à améliorer sont selon moi l'intégration petit à petit au groupe pro, histoire de voir ce que l’on attend de toi ou des prêts dans des divisions inférieures pour sentir la compétition professionnelle.

 

Un grand merci à Fouad de nous avoir consacré une partie de son temps. Vous pourrez retrouver prochainement la seconde partie de son interview traitant de son expérience en Ecosse et son récent transfert en Suède.


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