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Makonda : « T’es pas dans un club lambda, t’es à Paname ! »

Publié le samedi 6 juin 2015 à 9:52 par Amezienne Rehaz
L'ancien joueur du PSG Tripy Makonda nous a accordé une très longue interview durant laquelle il revient notamment sur son parcours à Paris, du centre de formation à l'équipe première. Il évoque également sa carrière loin de Paris, sa grave blessure actuelle, le changement d'ère du PSG et l'avenir des jeunes du centre de formation.

En ce jour de finale pour les U17, nous vous proposons de retrouver la première de l'interview que nous a accordé Tripy Makonda. Formé au PSG avec la génération 1990, celle de Mamadou Sakho, Tripy Makonda a porté les couleurs du PSG pendant près de 10 ans, de 2002 à 2011. Au cours de ce long entretien, il est notamment revenu sur sa formation puis ses débuts en équipe première au PSG. C'était en 2009 et Makonda est resté à Paris jusqu'en 2011 avant de rejoindre Brest. Dans cette première partie, il revient sur ce parcours parisien :

Année 2008, t’exploses au PSG en U19 dans un rôle de milieu relayeur, tu passes en CFA rapidement, tu deviens international tricolore U19. Comment expliques-tu cette ascension soudaine ?

« Franchement, je ne sais pas du tout. Il y a eu une explosion à ce moment là. Depuis les U16, ça se passait bien dans un rôle d’excentré gauche. J’ai marqué pas mal de buts et quand je suis arrivé en deuxième année de U18 nationaux, je me sentais bien, je me sentais en confiance. Par la suite, j’ai rejoint la CFA et effectué quelques entrainements avec les pros. Quand tu goûtes au monde pro, t’as envie d’y retourner. A partir de là, une confiance s’installe et j’ai essayé de donner mon maximum.

Quand tu arrives chez les pros, tu deviens arrière gauche. C’est un choix du staff ou de Bertrand Reuzeau à l’époque ?

(Sourire) Un jour Monsieur Rezeau me convoque puis il me dit qu’il y avait des besoins en équipe première, au poste d’arrière gauche. A l’époque, ils n’avaient que Sylvain Armand au poste de latéral et on m’a proposé de passer latéral gauche. Ils pensaient que j’avais un profil  pour évoluer à ce poste. Personne ne le sait mais ma première réponse c’était  un « non » catégorique. Je ne voulais absolument pas changer de poste. Après quand tu as envie de réussir, tu dois faire des concessions. Et après réflexion et discussions avec ma famille, dont mon père, j’ai dit oui et je suis passé latéral gauche. Cela a été dur, je ne le cache pas. Ca se passait très bien au milieu pour moi. Puis après tu apprends techniquement, tactiquement, tu essayes d’y prendre goût et tu rentres dans le moule.

Et aujourd’hui tu te considères comme un arrière gauche ou un milieu de terrain ?

Oui et non. J’ai vraiment pris goût à ce poste là. Quand t’es jeune et que l’on te dit « si t’as envie de devenir pro, tu dois accepter certaines choses », tu dois faire des concessions. Grâce à ça, tu goûtes à l’équipe première et tu te dis que le staff ne t’a pas raconté de bêtises. T’es jeune, t’es pro et t’es au PSG : forcément, tu ne parles pas trop, le plus important c’était d’apprendre aux côtés de grands joueurs comme Makelele ou Giuly. Tu apprends et tu te tais. Moi j’ai peut-être été naïf on m’a dit à de nombreuses reprises « tu seras bon à ce poste à l’avenir », j’ai donc suivi la chose les yeux fermés. Là ou j’ai le plus pris goût à ce poste, c’était en équipe de France. En sélection il y avait un jeu offensif. J’avais Brahimi devant moi qui faisait que de rentrer dans l’axe et il me libérait le couloir. J’étais surtout présent dans le jeu d’attaque.

Et au PSG tu n’avais pas cette liberté dans le couloir ?

Non, pas au PSG. Parce que déjà tu joues au PSG (sourire). Et quand tu joues à Paris, les équipes que tu affrontes elles sont à 200%. T’es jeune, tu viens d’arriver, t’es sur la pointe des pieds et tu joues à un poste où t’as tout à apprendre. Mentalement, je n’étais pas au top. Il m’a fallu du temps pour appréhender le poste et pour me mettre réellement à travailler.

T’avais quand même commencé milieu gauche au PSG, en Coupe de l’UEFA à Wolfsburg. Tu t’attendais à jouer si rapidement ? Quelles étaient tes premières impressions ?

A l’époque, je voulais surtout apprendre. Après, c’est sûr que quand t’es sur le banc et que t’es au Parc des Princes, tu te dis « pourquoi pas jouer » ? En plus, à ce moment là, il y avait mon très bon ami Mamadou Sakho qui jouait et je me disais que si lui jouait, je pouvais le faire. Moi je suis né à côté du Parc. Forcément ça me mettait un bon stress, mais c’était un pur bonheur pour moi de jouer mon premier match avec le PSG.

Après cette première titularisation, tu profites de la blessure de Sylvain Armand pour jouer au poste de latéral gauche. T’entretenais quelles relations avec ton entraineur de l’époque, Paul Le Guen, et tes coéquipiers ?

Franchement, avec Paul Le Guen, j’entretenais une très bonne relation parce que c’est lui qui m’a pris sous son aile. Il m’a quand même emmené chez les pros. On ne va pas dire que j’étais comme son fils mais c’est limite. Même si j’étais dans les tribunes, il me prenait constamment dans le groupe. C’était une réelle confiance de sa part et je le remercie encore aujourd’hui, de m’avoir procuré cette chance là. Je l’ai revu il y a quelques temps à Oman. J’étais en vacances et on a échangé quelques mots. C’était intéressant. On s’envoie parfois des petits textos, notamment quand j’évoluais à Brest. On a plus qu’une relation sportive.

Ironie du sort, tu signes ton premier contrat pro en 2009, l’été du départ de Le Guen. A ce moment là, comment tu t’imagines dans l’avenir ?

Je ne me voyais pas dans l’avenir. Tu signes pro, la première chose est de t’intégrer définitivement dans le groupe pro. Je ne pensais pas que tout était acquis. Fallait que je brille à l’entrainement pour avoir la confiance de mes coéquipiers. A partir de ce moment là, il fallait que je travaille dur pour me bâtir une grosse carrière. Je ne pensais à rien d’autre. Il y avait l’Euro aussi qui arrivait et je voulais me préparer pour tout casser là bas.

En 2009, tu te fais une déchirure à la cuisse et t’es pas forcément au mieux en équipe réserve. As-tu senti une réelle concurrence avec Armand ? Tu te sentais bien avec Kombouaré à la tête de l’équipe ?

(Sourire) C’est sûr que j’ai senti moins de confiance de la part de Kombouaré que de la part de Le Guen. Paul Le Guen, c’est lui qui m'a fait monter, qui a vu des qualités en moi. Il est venu me chercher alors que j’étais en nationaux et pas encore avec la CFA. Après Kombouaré connaissait le club, les joueurs… L’année dernière lorsque j’ai joué à Bollaert avec Brest, il m’a convié dans son bureau, on a discuté. Moi, je ne suis pas rancunier. Avec lui c’était une relation à la « je t’aime moi non plus ». Je vais te donner une anecdote : A l’époque on jouait au stade de la Luz contre Benfica en Ligue Europa. J’arrive en détente en causerie, parce que pour moi, je n’allais pas jouer. Et bim, il soulève la feuille sur le tableau et je vois mon nom. J’ai l’impression qu’il voulait me mettre au défi. On sort de la salle, il me regarde et me dit : « Alors, t’es prêt ? ». Ce n’était pas la même chose avec Le Guen. Il voyait de la qualité en moi mais il ne savait pas trop comment me prendre.

A cette époque de ta carrière, tu préférais une telle approche ou une gestion plus paternaliste comme celle de Le Guen ?

Disons que j’aurais voulu un mix des deux. Parce qu’avec Kombouaré j’ai énormément progressé au niveau mental, par exemple, au niveau de la confiance également. Un mix des deux ça pouvait être bien pour un joueur comme moi dans le sens où j’avais besoin de confiance mais j’avais également besoin que l’on me rentre dedans. Des fois, on peut aussi se reposer sur ses lauriers, donc c’est bien d’être bousculé.

Tu ne penses pas qu’à ton arrivée chez les pros, ta polyvalence t’a peut-être desservi ?

Honnêtement, c’est fort possible. Avec Le Guen, j’ai joué ailier gauche pour mon premier match. Lorsqu’Armand se blesse, je suis passé latéral gauche durant un mois. Et quand il me faisait entrer, la plupart des matches, j’étais milieu gauche. Avec Kombouaré, idem. Je fais la préparation en tant que latéral gauche, mais la plupart des matches où je suis entré en jeu, c’était milieu gauche. Ca variait entre les deux. Après ça m’a pas desservi, parce que je jouais quand même au PSG. On m’aurait même dit passe défenseur central, j’aurais été. T’es pas dans un club lambda, t’es à Paname ! Après c’est pas de leur faute, c’est plus la mienne, parce que je n’ai pas su taper du poing sur la table. J’étais jeune, j’apprenais. Mais en y repensant, je regrette rien, parce que c’était mon destin. Mais peut-être qu’avec un peu plus de caractère et en mettant en avant tes intérêts, tu ne sais pas ce qui aurait pu se passer.

Tu donnerais quels conseils à un jeune qui signe pro aujourd’hui au PSG ?

Je leur dirais directement de se faire prêter. Moi à mon époque, c’était plus compliqué parce que le groupe était moins large. Pour ceux qui signent aujourd’hui, il faut qu’ils soient patients. Une carrière est courte. Pour moi, le meilleur exemple aujourd’hui dans son parcours, c’est Alphonse Areola. Aujourd’hui, au niveau de la post-formation, il faudrait une passerelle entre la CFA et les pros. Moi, j’aimerais bien être formateur. Peut-être des entrainements supplémentaires au sein de cette passerelle, pour progresser physiquement et tactiquement, afin que la confiance de ces jeunes augmente. C’est une idée, après ce n’est pas une vérité. Au final, ils ne progresseront pas forcément, mais on peut approfondir en ce sens.

Tu peux nous raconter quelques anecdotes à propos de Mamadou Sakho, le leader de ta génération ?

Mamadou je l’ai connu lorsqu’il évoluait encore au Paris FC. Après on est rentré au centre ensemble. Tu sentais une grande confiance en lui. Le déclic qu’il a eu, c’était en 14 ans première année. Quand tu le regardais dans les yeux, tu savais qu’il avait comme objectif de terminer pro le plus vite possible. C’est pour ça qu’il a eu une ascension aussi fulgurante. On le regardait, on était impressionnés. Il savait déjà ce qu’il voulait. C’était un meneur d’hommes, c’était ancré en lui. Quand on entrait sur le terrain, on voyait un grand noir capitaine, avec pleins de petits autours. (rires) On n’avait pas peur avec lui. Après j’ai lu qu’il était arrogant : je pense que c’est vraiment une carapace. Il est déterminé à réussir sa carrière.

Et toi, tu te vois le rejoindre au plus haut niveau ?

Je ne sais pas. Honnêtement, c’est une bonne question. Il y a aussi le destin qui joue. C’est une question délicate (rires). Mais je m’en imagine capable. Je l’imagine, j’en rêve. Quand j’étais au PSG, à Brest surtout, je n’y étais plus trop. J’étais devenu un zombie. »

La deuxième partie de son interview sera publiée demain. Il revient longuement sur son passage à Brest, son arrivée au Portugal, sa grave blessure au genou ou encore l'arrivée de QSI au PSG.


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