Devenu officiellement un joueur du PSG la semaine dernière, Lucas Hernandez a laissé un sentiment d’inachevé à Munich. On a décrypté son passage au Bayern et ce que l’on peut attendre de lui à Paris avec Alexis Menuge, correspondant permanent en Allemagne pour L’Équipe.
Lucas Hernandez est désormais officiellement un joueur du PSG. Quel sentiment prédomine en Bavière après son départ ?
« On ne comprend pas la position et le choix de Lucas Hernandez, qui était bien au Bayern. D’autant plus que Tuchel avait déclaré en fin de saison dernière qu’il comptait faire de lui son pilier en défense, qu’il misait énormément sur lui. On n’a pas compris qu’il tourne le dos au Bayern. C’est pour ça qu’il est décrié par les supporters et d’anciennes gloires du club. On le qualifie de 'mercenaire', surtout que le Bayern a toujours tout fait pour lui, notamment en l’accompagnant dans ses rééducations successives. »
Sur ses cinq dernières saisons en club, Lucas Hernandez a moins joué que Neymar ou Verratti. Le PSG fait-il un vrai pari sur son physique ?
« Oui, on peut dire que le PSG fait un vrai pari. Quand on voit que le Bayern le vend pour 47M€ alors qu’il n’est que 'sur une jambe' et va recruter Kim Min-Jae pour le même prix, le club bavarois est gagnant dans l’affaire. En tout cas, c’est ce qu’on dit parce que le PSG prend un risque et que Lucas Hernandez, en quatre ans au Bayern, n’a jamais joué une pleine saison sur le plan physique. Son rapport qualité/prix ne satisfait personne en Bavière. »
Le Bayern l'a déjà vu revenir d'une rupture du ligament croisé sur la saison de son arrivée (19/20). Comment son retour s'est passé ?
« Ça s’était plutôt bien passé. À l’époque, Hansi Flick avait pris pas mal de précautions et ne l’avait pas immédiatement relancer du jour au lendemain pour éviter toute rechute. Là encore, le staff médical du Bayern avait été très prudent parce qu’il connaissait ses antécédents.
Progressivement, il est revenu à son meilleur niveau. J’espère pour le PSG que le staff médical sera aussi prudent et qu’il ne sera pas titularisé d’entrée le 13 août face à Lorient. Ce serait allé vite en besogne même si Kimpembe aura aussi, a priori, besoin de plusieurs semaines avant de revenir. »
Au niveau du positionnement, où en est-il ? Est-ce qu'il faut l'imaginer exclusivement axial gauche ou aussi capable de se partager le couloir avec Nuno Mendes ?
« J’ai souvent parlé à Hernandez d’une défense à trois et à l’époque, il me disait qu’il n’aimait pas trop »
« Connaissant le passé récent de Nuno Mendes, souvent blessé, c’est sûr que Luis Enrique devrait rapidement, voire automatiquement compter sur Lucas Hernandez comme arrière gauche. Mais si Kimpembe est encore absent jusqu’à Noël, ce qui n’est pas exclu, il évoluera dans l’axe avec Skriniar ou Marquinhos.
J’ai souvent parlé à Hernandez d’une défense à trois et à l’époque, il me disait qu’il n’aimait pas trop. Il préfère jouer dans l’axe d’une défense à quatre ou comme arrière gauche. La défense à trois ne répond pas trop à ses principes et à son style de jeu donc s’il pouvait éviter, ce serait avec plaisir.
Mais au PSG, je le vois vraiment évoluer dans l’axe. Il aime aussi dorénavant jouer à ce poste, même si Deschamps le verrait plutôt du même côté de son frère, Théo Hernandez, chez les Bleus. »
À quel point le vois-tu compatible avec Luis Enrique, qui aime les défenseurs habiles balle au pied et à l'aise à la relance ?
« Techniquement, il n’est tout de même pas extraordinaire. C’est vrai que sa qualité de relance est plutôt bonne, ce qui pourrait plaire à Luis Enrique. Il fait parfois quelques erreurs, notamment quand l’adversaire presse très haut, ce qui a souvent été le cas en Bundesliga ou en Champions League.
Ses axes de progression sont certainement techniques. Sur le haut pressing de l’adversaire, il peut encore mieux se sortir de situations compliquées. Et bien sûr, son pied droit qu’il utilise uniquement pour 'monter dans le bus'. »
Aujourd'hui, après être passé par l'Atlético et le Bayern, quelles sont ses qualités dominantes ?
« Je commencerai bien sûr par vanter ses qualités dans les duels, il est dur sur l’homme. Il aime bien intimider son adversaire dès le premier contact, en lui mettant un taquet s’il le faut. Il a sans doute livré son meilleur match au Bayern cette saison, en phases de groupe de Champions League contre le Barça à Munich. Il avait été étincelant, il n’avait laissé aucune miette à Lewandowski. J’avais beaucoup apprécié son match, sa prestation et son état d’esprit.
C’est un Lucas Hernandez comme ça qu’on aurait aimé voir beaucoup plus souvent au Bayern. C’est avec un sentiment d’inachevé et un goût assez amer de le voir partir au bout de 4 ans car son passage à Munich est un échec, encore une fois par rapport à l’investissement consenti et son rendement global sur le terrain.
