Si les fidèles du staff technique de Luis Enrique devraient, selon toute vraisemblance, l’accompagner dans sa probable aventure parisienne ; la question de l’entraîneur des gardiens demeure en suspens. Tour d’horizon des perspectives et problématiques.
Pas d’entraîneur « historique » pour l’accompagner
Pour sa première expérience sur le banc d’une équipe fanion, à l’AS Roma, Luis Enrique s’était adjoint les services de Franco Tancredi. L’ex-international transalpin, entraîneur des plus côtés à l’époque ne s’est néanmoins pas mué en compagnon de route du technicien ibère après leur année commune dans la cité éternelle, et coule désormais une retraite paisible après une improbable pige chinoise en 2018.
Même constat pour le passage de « Lucho » au Celta Vigo où il avait repris sous ses ordres l’entraîneur local Patxi Villanueva, qui avait par la suite pris sa retraite à l’issue de ce mandat.
La situation est plus claire en ce qui concerne les trois années passées par Luis Enrique à la tête du Barca, un rôle où il s’était révélé dans les plus hautes strates du football européen. Pour l’occasion, il avait ainsi collaboré avec le grand José Ramon de la Fuente, entraîneur historique des gardiens catalans qui a vu toute une génération de coachs passer sur le banc. Ce travail commun, couronné de succès, n’a toutefois pas débouché sur une association plus durable et de la Fuente est à cet instant toujours aussi indéboulonnable de la Ciutat Joan-Gamper.
Enfin, dernier entraîneur des gardiens ayant pu travailler sous les ordres du natif des Asturies, Juanjo Gonzalez était son analyste en chef lors de son premier mandat avec l’Espagne avant d’être promu entraîneur des gardiens à son retour - accompagnant notamment les progrès d’Unai Simon sous le maillot la Roja. Cependant, malgré le départ de Luis Enrique, Gonzalez est toujours dans le staff de Luis de la Fuente, l’actuel sélectionneur espagnol et donc sous contrat avec la fédération.
L’impasse Spinelli en interne, quels entraîneurs sur le marché cet été ?
En dépit des suggestions récentes de l’Équipe, une possible collaboration avec l’entraîneur des gardiens actuels du PSG - l’italien Gianluca Spinelli - semble peu probable. En effet, comme nous le mentionnions dernièrement, le grand technicien transalpin devrait selon toute vraisemblance effectuer son retour au pays, la presse sportive italienne l’envoyant plus précisément du côté de l’Inter Milan après cinq années passées dans la capitale. Si son travail avec Gigio Donnarumma notamment n’a peut-être pas été assez empreint de tension compétitive pour consolider les points faibles de son prodige de compatriote, il s’agit malgré tout d’une perte certaine pour Paris qui voit partir un technicien reconnu.
Toutefois, quelques experts du poste sont également disponibles cet été et pourraient être tentés par cette place vacante dans le nouveau staff parisien. Si peu de noms ibériques ressortent, la maîtrise de l’italien par Luis Enrique pourrait l’inciter à se pencher sur quelques noms transalpins.
Chassé de son poste historique par l’arrivée de Spinelli à l’Inter, c’est ainsi l’immense Adriano Bonaiuti qui pourrait intéresser plusieurs clubs de premier plan. Celui qui avait construit la réputation d’Handanovic et ses fameux « arrêts laser » pourrait trouver en Donnarumma un disciple de choix à Paris. Débarqué du staff de Tottenham en même temps qu’Antonio Conte, l’expérimenté Marco Savorani - aussi passé par la Roma - serait également un renfort intéressant pour de nombreux clubs européens, PSG en tête - on se souvient naturellement de l’explosion d’Alisson sous sa férule.
Luis Enrique, un entraîneur exigeant avec ses gardiens : quelles conséquences pour Donnarumma ?
Si la question de l’entraîneur des gardiens du futur staff de Luis Enrique est aussi cardinale, c’est qu’elle conditionne très largement l’évolution de Gianluigi Donnarumma, au mitan de son bail actuel avec le PSG. Si le colosse de Campanie est un des gardiens les plus dominants sur sa ligne, il est toutefois plus en délicatesse en ce qui concerne ses expéditions hors de sa surface ou sa relance- peu aidé il est vrai par de menus coéquipiers qui font globalement de piètres cibles.
Or, Luis Enrique a rarement cessé de mettre l’emphase sur la participation de son gardien dans la construction du jeu depuis son expérience barcelonaise. Si Ter Stegen, digne héritier des écoles de gardien-hanbdalleur allemandes, avait ainsi été une des recrues les plus éblouissantes lors de sa campagne fructueuse en C1 et est déjà un bon exemple de cette conception active du gardien ; Luis Enrique n’avait pas hésité à radicaliser encore plus sa position lors de son passage à la tête de la Roja.
Profitant d’un passage à vide du jeune Kepa, successeur pourtant désigné, il avait d’emblée écarté l’aussi imprévisible qu’accablant De Gea au profit du jeune Unai Simon, portier basque au pedigree inconnu mais très adroit dans le système de relance mis en place. Un pari qui s’était pourtant avéré payant, le jeune gardien ayant réussi un Euro de très haut vol et s’étant depuis imposé comme titulaire indiscutable de l’équipe ibère.
Anecdote amusante, si l’Italien avait ainsi bon gré mal gré trouvé sa place dans le remarquable système de Mancini lors de l’Euro ; il avait aussi subi un véritable pressing à la gorge lors d’une demi-finale étouffante face à l’Espagne de… Luis Enrique, qui l’avait clairement identifié comme un maillon plus fragile dans la formidable machine transalpine. Il avait néanmoins plus que directement hissé son équipe en finale en sortant une séance de tirs au but impériale à l’issue de ce match difficile.
Si l’avenir de Gigio Donnarumma s’inscrit bien évidemment toujours au Paris Saint-Germain, il devra vraisemblablement redoubler d’efforts pour satisfaire les exigences du futur coach parisien et ne pas le contraindre à abandonner certaines de ses idées de jeu. Néanmoins, c’est peut-être aussi Luis Enrique qui pourrait donc nuancer ses attentes vu les qualités marquées du portier transalpin : il n’a pour ainsi dire jamais eu sous ses ordres un tel stoppeur et pourrait être enclin à amender légèrement ses principes vu ce que peut offrir par ailleurs Donnarumma.
Par ailleurs, la qualité technique supposée des défenseurs parisiens, actuels comme ciblés, et l’hypothétique défense à trois tant annoncée sont autant de facteurs qui pourraient permettre de construire plus aisément le jeu parisien depuis son arrière-garde sans toutefois trop exposer son gardien à la relance.
