Laurent Blanc a aligné contre Wasquehal une composition d'équipe avec les moyens du bord. Toutefois, la logique des choix de l'entraîneur parisien dans la partie défensive interpelle.
Le paradoxal axe défensif du PSG
Il ne sera pas question ici de remettre en question le choix de laisser Thiago Silva et David Luiz à Paris, pas plus que celui de faire de Marquinhos un remplaçant au coup d'envoi contre Wasquehal. Ces choix sont dictés par des critères physiques sur lesquels le staff du PSG est, de loin, le mieux informé. Non, l'objet de cette critique concerne l'utilisation qui a été faite des joueurs présents dans le Nord de la France et sur lesquels Laurent Blanc s'est appuyé.
Au coup d'envoi, et durant toute la rencontre, l'entraîneur parisien a aligné Presnel Kimpembe et Thiago Motta en défense centrale et Benjamin Stambouli comme milieu défensif dans son immuable 4-3-3. Nous nous attarderons à peine sur le fait de vouloir continuer à jouer en 4-3-3 avec deux attaquants axiaux et quatre milieux centraux puisqu'il faut aussi tenir compte des circonstances du moment et des nombreux absents en attaque. Bref, le bricolage qui nous intéresse concerne surtout la partie défensive où un milieu défensif, Thiago Motta, a fini en défense centrale.
Des placements vite mis en défaut
Dans le triangle défensif axial qui a été aligné, nous avons donc retrouvé les deux gauchers en défense centrale et le seul droitier au milieu du terrain. En terme d'équilibre de pieds, c'est déjà fragile mais ce n'est rien en comparaison avec la charnière expérimentale concoctée. Le jeune gaucher Kimpembe se retrouve ainsi axe droit, un poste qu'il ne connaît que très peu, tandis que l'expérimenté Motta se retrouve défenseur central gauche pour la première fois depuis des lustres (PSG/Lens du 17 octobre 2014). En défense centrale, les premières minutes sont très pénibles avec un Motta qui joue comme un milieu et un Kimpembe perdu dans son placement. On notera d'ailleurs que les meilleures occasions des locaux ont précisément lieu durant cette période où toute la défense centrale se cherche...
Le choix de mettre Stambouli au milieu plutôt que Motta a lui aussi été remis en question dès la première offensive construite du PSG quand Motta le défenseur central s'est retrouvé à faire une passe de cinq mètres à Benjamin Stambouli, milieu défensif qui devait alors trouver la faille dans un bloc des plus resserrés. Le malheureux Benjamin a ensuite fait du Stambouli en donnant le ballon à Verratti qui a dû assurer toute l'animation offensive parisienne. Avec ce choix, le coach se prive dès le début du match, et finalement pour toute la rencontre, de son duo fort à la construction parce qu'il fait le choix de placer Stambouli à son meilleur poste plutôt que Motta. Et le pire dans cette histoire vient du fait que Stambouli est bien plus expérimenté que Motta à ce poste de défenseur central puisqu'il y a régulièrement joué avec Montpellier, et même brillé. Au contraire, l'Italo-Brésilien ne compte que quelques piges dans ce rôle, la plupart du temps face à des adversaires insignifiants qui ne l'ont pas vraiment challengé.
Stambouli, seul à son poste
Finalement, le seul à jouer à son poste préférentiel est Benjamin Stambouli parmi les trois joueurs concernés et c'est là qu'arrivent les premières interrogations. Pourquoi privilégier le confort du neutre Stambouli au détriment du jeune Kimpembe ? Pourquoi priver le milieu de son stabilisateur Motta au profit de Stambouli ? Et, surtout, pourquoi se retrouve-t-on avec deux joueurs à un poste qu'ils découvrent quand le simple placement de Stambouli dans l'axe droit de la défense centrale permettait à Kimpembe et Motta d'évoluer dans leurs meilleures positions ? Au final, Blanc a placé dans un fauteuil son joueur le moins impactant sur le match. Et en le privilégiant, il a même mis en difficulté les deux autres.
Le placement n'est toutefois qu'un détail et il faut également prendre en considération les circonstances du match. Là encore, tout va contre le choix de Blanc puisque le PSG savait pertinemment qu'il allait affronter un adversaire qui allait jouer de façon très défensive en misant sur les contres. A quel moment de sa réflexion Laurent Blanc a-t-il pu se dire que placer Motta, son meilleur constructeur avec Verratti, à un endroit où il n'aura aucun impact sur le jeu sera plus productif ? Mieux, on a vu Motta le défenseur central se faire déposer comme un plot sur les contres, dépassé par la vitesse des adversaires.
Les changements, ou comment continuer le n'importe quoi
Si la défense centrale a plus ou moins pris ses marques au bout d'une vingtaine de minutes et rendu une copie correcte (encore heureux vu le niveau de l'adversaire...), l'animation offensive a été défaillante la majeure partie du match et strictement rien n'a été changé à ce niveau-là puisque le seul changement au milieu a concerné Matuidi, remplacé par Marquinhos :
Celui qui se plaignait de ne pas assez jouer le matin-même dans les colonnes du Journal du Dimanche a ainsi fini dans un rôle de milieu relayeur gauche qu'il a découvert à cette occasion. Sur les cinq joueurs axiaux du PSG à ce moment du match, on se retrouvait donc avec trois joueurs qui n'évoluaient pas à leur meilleur poste (Motta, Kimpembe et Marquinhos), soit un de plus qu'en début de match. Le PSG finit donc avec Thiago Motta en défense centrale et Marquinhos en milieu de terrain.
Bien évidemment, ces critiques sont déjà balayées par le résultat final qui qualifie le PSG. Qu'importe que le match ait été médiocre puisque la qualification est au bout et c'est même le message qu'ont fait passer les rares Parisiens à s'être arrêtés devant la presse, Blanc et Matuidi les premiers. Se cacher derrière le résultat est évidemment la meilleure (et la plus logique) des solutions vu la purge proposée mais ce sont plus les choix faits et maintenus contre toute logique qui ont tendance à frustrer. Surtout quand on refuse de les assumer en déclarant après le match qu'il y avait des jeunes dans le onze et des joueurs pas à leur meilleur poste...
