Portant le numéro 10 habituellement réservé à Lionel Messi, Javier Pastore s’était vu confier par Gerardo Martino bien plus qu’une position de meneur de jeu, mais bien l’occasion d’être le patron de sa sélection. Alors que l’ancien Palermitain était censé être la clé de voûte d’une équipe privée de sa pièce maîtresse, il a traversé ce match au Paraguay (0-0) comme un fantôme, symbolisant une équipe en difficulté dès le début des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018.
Défaite à domicile par l’Equateur jeudi et privée d’Aguëro et Biglia, l’Albiceleste alignait cette nuit au Paraguay un quatuor offensif à force tendance parisienne puisque Pastore, positionné au coeur du jeu, était entouré par Ezequiel Lavezzi à droite et Angel Di Maria à gauche. Sur un terrain à la limite du practicable, El Flaco n’a pas rendu à son sélectionneur la confiance que ce dernier lui a accordée en confiant au numéro 27 parisien les clés du jeu argentin. Pour autant, si, tant par sa position que par son nouveau numéro de maillot, Tata Martino avait dans l’idée de faire reposer son système en 4-2-3-1 sur Javier Pastore, le parisien n’a jamais pu dicter le rythme d’une rencontre somme toute bien fade. Souvent sauté par Mascherano, parfois cherché en profondeur et surtout évoluant à contre-temps d’un système éloigné du jeu de possession de Laurent Blanc, El Flaco a semblé perdu sur le terrain jusqu’à être remplacé par Lamela.
Gênés par l’agressivité des Paraguayens et la vivacité du duo Derlis-Ortigoza, les hommes de Tata Martino n’ont jamais trouvé la solutionn butant à plusieurs reprises sur la solide défense des Guarani à l’image de cette occasion manquée par Paulo Dybala dans les dernières secondes de la rencontre. Trop intermittents, les Argentins ont alterné à la fois des possessions offensives précises et effiaces mais également des phases de possession stérile sans idée directrice. D’ailleurs, l’un des symboles de ce jeu presque incohérent, n’est autre qu’Ezequiel Lavezzi. Probablement le meilleur argentin sur la pelouse en première période, El Pocho a fait ensuite preuve d’inconstance, ne parvenant pas à ramener de l’ordre dans le triste navire Albiceleste, malgré la qualité de sa relation avec Carlos Tevez. Paradoxalement, c’est bien avec ses partenaires de club que Lavezzi a eu du mal à combiner, ne trouvant Pastore que trop rarement et ne parvenant à renverser le jeu sur Di Maria qu’insufisamment.
À l’instar de l’ancien joueur d’Huracan et alors qu’Angel Di Maria était censé être le leader offensif d’un effectif orphelin de Leo Messi, il a livré un match loin de ses standards en club en ce début de saison. Dans la lignée de sa performance ratée face à l’Equateur la prestation d’El Fideo ne doit pas rassurer son entraîneur quant à l’existence de solutions de repli sans Lionel Messi. Entre pertes de balle et courses inuties, Di Maria s’est épuisé à essayer sans succès, ne pesant jamais sur la rencontre ni ne parvenant à être décisif. Hormis sa performance hors norme en demi-finale de la dernière Copa America, les prestations de l’ancien mancunien sous le maillot bleu ciel et blanc sont d’une médiocrité telle que Tata Martino pourrait envisager de faire évoluer son XI titulaire en faisant entrer le néo-turinois Paulo Dybala voire la pépite madrilène Angel Correa.
Alors qu’il reste environ mois avant la prochaine trêve internationale et un match sous haute tension face au Brésil, le chemin de l’Albiceleste jusqu’à la Russie apparaît davantage escarpé qu’attendu. Déjà relegués à 5 points d’un trio de tête et avec une nouvelle bosse sur la tête, les Argentins vont devoir s’atteler à leurs différents maux s’ils ne veulent pas être rapidement largués dans des éliminatoires sud-américains fortement relevés.
