C'est un Luis Enrique forcément très heureux qui s'est présenté en conférence de presse après la victoire 4-0 du PSG face au Real Madrid en demi-finale de la Coupe du monde des clubs. L'Espagnol a encensé Ousmane Dembélé, son favori pour le Ballon d'Or, ainsi que ses latéraux Achraf Hakimi et Nuno Mendes. Plus globalement, Luis Enrique a rendu hommage à la qualité et la générosité de toute son équipe. Voici ses propos en intégralité, traduits par nos soins.
(La conférence de presse commence par trois questions en français, Luis Enrique répond en français)
Si vous deviez employer un seul mot pour qualifier la victoire de vos joueurs ce soir, quel serait-il ?
« Je crois que cela a été un très bon match. On s'est créé des occasions en début de match et on a pu marquer deux buts lors des premières quinze minutes et cela a été important pour avoir plus de confiance. C'est une belle victoire, on est en finale et pour nous c'est important. »
Xabi Alonso, avant vous, a dit que justement les deux buts que vous venez aussi de mentionner avaient été très importants, un tournant dans le match. Est-ce qu'à votre avis, c'était vraiment un tournant ou l'écart de niveau entre les deux équipes était trop large ?
« Ce que je peux dire, c'est qu'hier on a déjà parlé de ces situations. Ils sont au commencement de leur chemin, nous cela fait déjà deux années qu'on fait le boulot. Ce sont des situations différentes pour chaque entraîneur. »
Ousmane Dembélé a encore réalisé une grosse prestation avec un but et une passe décisive, 100% de dribbles réussis aussi. Est-ce que pour vous, le débat est clos dès aujourd'hui sur l'identité du prochain Ballon d'Or ?
« Sur la situation du Ballon d'Or, les joueurs qui peuvent le gagner doivent remplir des conditions sine qua non : ils doivent non seulement marquer des buts et faire des passes décisives, mais aussi faire gagner à leur équipe des trophées. En ce moment, je pense que le joueur qui a fait tout ça est Ousmane Dembélé, avec beaucoup de différence avec les autres joueurs. C'est mon opinion. »
(Place maintenant aux questions de la presse espagnole, Luis Enrique répond dans sa langue natale)
Pensez-vous que ce 4-0 reflète aujourd'hui la différence entre le PSG et un projet nouveau comme celui de Xabi Alonso au Real Madrid ?
« C'est la différence au tableau d'affichage qui est la chose la plus importante »
« Peu importe que ce soit le cas ou non. C'est la différence au tableau d'affichage qui est la chose la plus importante. Je crois qu'hier, nous parlions de deux projets différents, le mien ou le nôtre à Paris, qui existe depuis deux saisons déjà, alors que Xabi n'a commencé le sien qu'il y a six matches. Il a plus que prouvé son niveau dans les endroits où il est passé et il a besoin du temps nécessaire pour faire une pré-saison. Je ne pense pas qu'il y ait lieu de l'évaluer parce qu'il n'a pas eu le temps d'entraîner, de travailler ou de faire quoi que ce soit. Ce sont des situations totalement différentes et je pense qu'elles sont incomparables. »
Je voulais vous demander de m'aider un peu. Je suis d'un âge où je pense que les latéraux sont une chose très linéaire, très basique. Et puis je vois Hakimi et Nuno Mendes jouer aujourd'hui et le mot « latéral » est un peu trop faible. Je voulais donc que vous m'expliquiez un peu le rôle de ces deux-là et l'importance qu'ils ont dans votre équipe.
« Hakimi et Mendes sont sans aucun doute les deux meilleurs latéraux du monde »
« Je pense qu'ils sont sans aucun doute les deux meilleurs latéraux du monde. Chacun a un rôle différent dans notre équipe, mais tout le monde doit attaquer et tout le monde doit défendre, pas seulement les latéraux, tout le monde. Je pense que c'est quelque chose qui représente très bien notre club, le Paris Saint-Germain. L'idée est de travailler ensemble en attaque et en défense. Comme je suis dans un club qui a beaucoup de moyens financiers, nous pouvons recruter de très bons joueurs. Et ces joueurs sont toujours là pour l'équipe, ce qui, je pense, est la clé du Paris Saint-Germain ces deux dernières saisons. Et à partir de là, Hakimi est libre. Hakimi n'est pas un latéral. Quand on a le ballon, Hakimi peut être un avant-centre, un ailier, un joueur entre les lignes, un milieu de terrain, un pivot. Quand nous n'avons pas le ballon, c'est un défenseur latéral qui presse haut, mais il a aussi un travail défensif. Nuno a beaucoup de qualités offensives, nous l'aimons beaucoup, mais il n'y a pas assez d'espace pour tout le monde. Nous devons donc l'équilibrer en début de match, en le plaçant dans une position plus basse, mais avec la qualité technique et physique qu'il possède, nous aimons la mobilité et cela signifie qu'il faut occuper l'espace. En ce sens, je pense que l'équipe se nourrit très bien de la qualité et des vertus de tous les joueurs, en particulier de nos latéraux. Tout au long du match, on les voit tous les deux tirer dans la surface adverse ou tous les deux défendre dans notre propre surface. J'aime cette idée de football général et complet et je pense que notre équipe représente très bien ce concept. »
Vous parliez hier de ce que le club a construit et de la possibilité de continuer à écrire l'histoire de cette année. Maintenant que vous êtes en finale, personnellement et pour le club en général, qu'est-ce que cela signifie d'être confronté à cette possibilité de continuer à écrire l'histoire ?
« C'est un objectif que nous avions depuis le début. C'est toujours difficile de réaliser ce genre de chose parce qu'il y a très peu d'équipes qui peuvent le faire et nous sommes à un match, non pas de faire l'histoire, mais de créer l'histoire à Paris avec un club français capable de remporter tous les trophées auxquels il a participé, en particulier la Ligue des champions et maintenant la finale de la Coupe du monde. Cela représente beaucoup pour nous, cela représente beaucoup pour nos supporters, pour le club et je pense que c'est un plaisir pour moi, en tant qu'entraîneur, de travailler à Paris. Dès le premier jour, j'ai senti le soutien de la direction sportive et du président, pas seulement lorsque nous avons parlé de la construction de l'équipe, mais aussi quand nous avons parlé de pouvoir atteindre nos objectifs, que nous n'aurions jamais cru aussi bons. »
Johan Cruyff insistait sur la nécessité d'analyser les facteurs de succès. Une de ses phrases célèbres disait : "S'ils ne savent pas pourquoi nous gagnons, comment peuvent-ils savoir pourquoi nous perdons ?". Ce que je voulais vous demander, c'est à quoi vous attribuez la supériorité du PSG sur tous les adversaires qu'il rencontre en ce moment ?
« Dembélé est un joueur décisif, unique, différentiel, qui est magnifique pour n'importe quel suppporter de n'importe quelle équipe »
« A la qualité incomparable et à l'ambition de mes joueurs, à leur générosité. N'oubliez pas que cette équipe a été cataloguée pendant les trois ou quatre premiers matches de la Ligue des champions comme une équipe qui n'avait pas de leader, qui ne marquait pas de buts. L'équipe a plus que fait ses preuves grâce à la qualité des joueurs et à cette générosité. Nous avons marqué depuis janvier 2025 plus de 100 buts et nous sommes l'une des équipes qui encaisse le moins de buts. Pour y parvenir, il faut mettre tout ce que l'on a pour l'équipe et je pense que nous sommes exceptionnels à cet égard. Peu importe qui joue. J'aimerais aussi souligner que c'est le premier match de la Coupe du monde pour lequel j'ai notre meilleur joueur, Ousmane Dembélé, dans de bonnes conditions. Il s'est blessé avec l'équipe nationale, nous ne pouvions pas profiter de lui, il a joué quelques minutes mais très peu. Aujourd'hui, nous avons vu pendant ces 55 ou 60 minutes un joueur décisif, un joueur unique, un joueur différentiel, un joueur qui est magnifique pour n'importe quel suppporter de n'importe quelle équipe et j'espère qu'il sera en forme pour la finale. »
Je voulais vous demander s'il y avait une sorte de loi non écrite dans ce genre de match pour ne pas faire plus de dégâts que ce qui est raisonnable ? Par exemple, l'arbitre n'a pas accordé de temps supplémentaire, vos changements sont arrivés tôt, avant ceux de l'équipe qui perdait. En raison de la distance et de la différence que vous dites qu'il y a entre les projets, est-ce qu'il y a une certaine loi non écrite pour ne pas faire trop de dégâts à l'adversaire ?
« Je vais vous répondre d'une autre manière. Mon téléphone portable est plein de messages de culés (supporters du Barça, ndlr) qui me félicitent. Lorsque vous jouez contre les grandes équipes, vous vous donnez à 100 % parce que vous représentez un club, un maillot, une idée et parce que nous savons tous que le Real Madrid a été, est et sera grand. Nous avons donc essayé de jouer notre jeu au maximum, nous n'avons en aucun cas freiné, mais il est clair qu'il y avait des joueurs, à cause de la chaleur et parce que dans trois jours nous allons jouer une finale de Coupe du Monde qui avaient besoin de repos, qui avaient des crampes, qui risquaient d'être extrêmement fatigués. En ce sens, la première chose à faire est d'atteindre la finale dans de bonnes conditions. Mais, je le répète, il ne faut en aucun cas freiner car il n'y a pas de frein dans la compétition de haut niveau. »
