Il y a quelques jours à l'occasion de la rentrée 2025, nous avons été invités par le PSG à visiter la cité éducative du Campus, un moment particulièrement intéressant pour nous qui suivons le centre de formation depuis toujours, la formation ayant pris ses quartiers sur place depuis maintenant plus d'un an. Après une première partie avec le DG du PSG Victoriano Melero, voici la seconde Yohan Cabaye, directeur sportif du Centre de formation et préformation, et Sabrina Delannoy, directrice sportive adjointe de la section féminine.
Sabrina, tu as passé de nombreuses années ici, au club. Quel regard tu portes, justement, sur cette évolution, cette progression du Centre de formation du Paris Saint-Germain ?
« C'est une évolution extrêmement positive, notamment du côté du football féminin. C'est vrai que je ne veux pas faire la rabat-joie, mais à mon époque, on n'avait pas toutes ces infrastructures, toutes ces ressources humaines mises à disposition. Je suis arrivée au club en 2005, donc ça fait 20 ans et heureusement, ça a évolué. C'est vrai qu'ici, les garçons et filles ont tout pour réussir et c'est une chance. C'est ce que j'essaye aussi de leur rappeler dans mon rôle actuel, qu'elles puissent prendre conscience de la chance qu'elles ont de bénéficier de tout ça en termes de qualité d'infrastructures, des personnes diplômées qui sont autour d'elles pour leur mettre à disposition, comme disait tout à l'heure Victoriano, tous les ingrédients.
Il faut que chacun et chacune s'approprie son projet, prenne tout ce qu'il y a à prendre parce qu'ici, il y a tout pour réussir. Donc c'est le message qu'on essaye de leur transmettre. Tout ça dans un cadre, évidemment, qu'on leur rappelle au quotidien, parce que c'est aussi la rigueur qui fera que demain, ce seront des athlètes professionnels. Et comme le disait aussi Victoriano, de belles personnes et de beaux citoyens pour la vie en société d'après. »
Yohan, ici, on a des jeunes joueurs et jeunes joueuses qui se préparent évidemment pour leur avenir, mais tous ne deviendront pas professionnels. Comment on les prépare à cette éventualité ? Comment on valorise aussi leur travail, même dans ce cas de figure ?
« C'est vrai que tous les jeunes qui sont ici, malheureusement, ne pourront pas jouer au niveau professionnel »
« Oui, c'est une vérité. C'est vrai que tous les jeunes qui sont ici, malheureusement, ne pourront pas jouer au niveau professionnel. C'est une réalité mais maintenant, ils doivent y croire énormément et s'ils sont là, c'est qu'ils ont un potentiel pour y arriver. Donc leur chemin est long et ils doivent avoir grandement confiance en eux et donner le meilleur d'eux-mêmes chaque jour.parce qu'on croit en eux. Mais quand ils arrivent ici, forcément, on leur présente un triple projet comme on l'a vu tout à l'heure, et ils comprennent que l'un ne va pas sans l'autre. Et notre ambition, c'est toujours être les meilleurs. Et d'être les meilleurs, pour nous, ça se matérialise par le classement FFF.
Or, c’est vrai que ces dernières années, on était un peu en retrait à cause de la scolarité donc on leur a fait comprendre l'importance. On a aussi fait des efforts de ce côté-là et pris les bonnes personnes notamment Mehdi (NDLR : Mehdi Rahoui, directeur de l’Education) pour remettre la scolarité au premier plan. Mais on les accompagne dans ce projet-là. Il y en a qui vont réussir au club, il y en a qui ne vont pas réussir. Et l'idée, c'est que ceux qui ne réussissent pas puissent quand même sortir d'ici avec de vraies valeurs de vie, une grande confiance en eux malgré tout, et de leur faire comprendre que peut-être à un moment dans leur parcours professionnel, il y aura une place pour eux au centre de formation. Il y a beaucoup de métiers autour du foot et pour le club, c'est vrai que ce sont des personnes qui cocheraient toutes les caractéristiques. »

« On était un peu en retrait au classement FFF à cause de la scolarité »
Victoriano a évoqué tout à l'heure l'accompagnement individualisé. En quoi ça consiste au quotidien pour eux ?
« Au niveau de la scolarité, il y a un bilan de compétences individuelles qui est fait à l’arrivée du joueur et de ce bilan est tiré un projet scolaire pour le joueur. Et de là, il y a un emploi du temps qui est un peu individualisé. Il bénéficie également de médecins, psychologues, préparateurs mentaux mis aussi à leur disposition. Et le but, c'est que chaque élève soit vu et qu'on puisse après le développer dans son chemin, dans ce dont le joueur a besoin pour pouvoir progresser. Parce que chaque personne est unique et on essaie vraiment de mettre ça en avant pour tirer le meilleur d'eux-mêmes et qu'on puisse avoir, comme je l'ai dit au final des citoyens avec de bonnes valeurs. »
Autre singularité Sabrina, c'est que les cours ici à la Cité éducative sont dans la mixité entre sections féminine et masculine. Qu'est-ce que ça change dans leur dynamique ?
« Je pense que tout simplement, ça leur permet déjà d'être plus proche de la vraie vie. Il y a encore quelques années, les filles et les garçons ne se côtoyaient pas du tout à cet âge-là. Dès que la Fédération a officialisé la création des agréments, le Paris Saint-Germain a été l'un des premiers clubs à créer son centre de formation féminin de manière officielle, reconnu par l'État. Depuis, ça permet à ces jeunes filles et ces jeunes garçons de se côtoyer au quotidien. Ça permet évidemment l'égalité, la parité dans ce qu'on met à disposition de nos athlètes pour réussir.
« La mixité leur a ouvert l'esprit, ça leur a permis de changer le regard que les uns avaient peut-être sur les autres »
Mais je pense surtout que ça leur a ouvert l'esprit, ça leur a permis de changer le regard que les uns avaient peut-être sur les autres. La carrière aujourd’hui d’une joueuse et d'un joueur n'est pas forcément la même, ne se fait pas dans les mêmes conditions et avec les mêmes trajectoires. Et puis simplement, ça a créé des liens et renforce le relationnel humain. Je pense qu'ils vont garder aussi beaucoup de souvenirs de ces aventures qu'ils auront vécues au Campus. »

Pour conclure, Yohann, cette excellence, cette réussite, ça repose aussi sur des bases saines et stables. Comment on travaille justement sur cet environnement sain et stable ici, au campus, à la Cité éducative ?
« C'est un travail collectif. Le campus est immense, donc il faut éviter les silos. C'est-à-dire que tout le monde doit être concerné par la scolarité. C'est vrai que le message est toujours passé au staff technique, notamment d'avoir un regard sur l'école. On essaye l'excellence aussi. On essaye de pouvoir relier l'école avec le sportif et de faire comprendre aux garçons aussi de notre côté que s'il y a des problèmes à l'école, forcément, il n'y a pas de récompenses le week-end avec un match. Parce qu'à un moment, comme je le disais tout à l'heure, l'un ne va pas sans l'autre. On a besoin, au Paris Saint-Germain, d'avoir des joueurs d'excellence mais aussi des joueurs avec de grandes valeurs et qui sachent, par exemple, s'exprimer devant les caméras ou bien se comporter. Et pour nous, c'est important.
Donc c'est vrai que le message est toujours passé au staff technique ou à d’autres personnes qui peuvent graviter autour des joueurs et qui sont un petit peu loin de la scolarité. Ils doivent toujours avoir un œil sur le scolaire et il faut toujours mettre les jeunes en alerte sur le travail et surtout le respect qu'ils doivent donner aux adultes, à toutes les personnes qui se donnent un mal fou à justement leur distiller les meilleurs cours. Parce qu'ils sont dans un environnement fantastique.
Peut-être qu'aujourd'hui, ils ne se rendent pas totalement compte tous les jours, mais je leur souhaite de réussir la meilleure carrière sportive, professionnelle. Mais si un jour ça doit s'arrêter, j'ai peur qu'ils se rendent compte trop tard de la chance qu'ils avaient d’être ici. Et c'est souvent le message qu'on leur donne. C'est dur un parcours de formation, c'est très, très difficile. Mais on doit toujours être derrière eux pour les pousser, leur donner confiance parce qu'on croit en eux et surtout dans les moments les plus difficiles. »
Notre dossier complet sur la cité éducative du Campus PSG :