A la veille d'un PSG/Monaco qu'il juge compliqué de par la qualité de l'adversaire, Luis Enrique était en conférence de presse et plutôt ouvert à partager ses pensées avec les médias présents, ce qui n'est si courant avant les matches. Il a notamment évoqué plusieurs pans de son quotidien de coach mais aussi quelque cas individuels comme Kvara ou Dembélé. Voici ses propos complets, traduits par nos soins.
Avant la première question, Luis Enrique interpelle les journalistes : « Vous n’êtes pas fatigués de me voir tous les jours ? Vous n’êtes pas fatigués ? Non, vraiment ? Je crois que si, un petit peu. » Un journaliste lui répond « Oui. » . Luis Enrique reprend dans un sourire : « Ah, bravo. Non je rigole, moi non plus (je ne suis pas fatigué de vous voir). »
Vous aviez mis en concurrence Gianluigi Donnarumma avec Matvey Safonov en novembre, moins dernièrement, a-t-il retrouvé sa place de numéro 1 ?
« Bonjour (en français). Je crois que mon objectif en tant qu’entraîneur est très clair et il consiste à générer une concurrence entre tous mes joueurs. Je veux que tous mes joueurs aient l’espoir de pouvoir jouer. C’est ça l’objectif en général. Si ensuite apparaissent plus ou moins de situations pour que les joueurs participent, cela dépend de plus de facteurs. Mais que tous soient prêts à jouer. C’est ça mon objectif, un objectif très facile. »
Kvitcha Kvaratskhelia n'a pas joué pendant un mois avant de signer au PSG, entre le 29 décembre et le 25 janvier. Il n'est pas du tout dans le même rythme que les autres, quand pensez-vous qu'il sera prêt ?
« Nous avons recruté Kvara pour un projet à long terme »
« Je ne sais pas. C’est évident que quand un joueur nous rejoint et qu’il n’a pas joué depuis plusieurs matches avec son ancien club, il doit s’adapter à de nombreuses choses. Quand sera-t-il au même rythme que les autres ? Je ne sais pas. Nous ne sommes pas du tout préoccupés par cela. Que ce soit court ou un peu plus long ne nous inquiète pas car nous l’avons recruté pour un projet à long terme. Nous ne sommes donc pas préoccupés. Nous ferons en sorte que ce soit le plus rapide possible, mais il n’y a pas d’urgence. L’équipe est dans une bonne dynamique. »
On parle beaucoup des statistiques d'Ousmane Dembélé en ce moment. Pouvez-vous nous parler de l'homme qu'il est dans le groupe ? En sélection, il est très apprécié pour être un lien entre les générations. Sentez-vous ce même poids au PSG ?
« Je connais Ousmane depuis Barcelone, pas personnellement, mais j’avais eu des échos. C’est un garçon très ouvert, qui s’entend très bien avec tous ses coéquipiers. Il est actuellement sur une série spectaculaire. Il a déjà battu son record personnel sur une saison et notre objectif avec Ousmane est de ne pas nous fixer de limites et qu’il soit important pour l’équipe. Et ce n’est pas seulement marquer des buts, c’est beaucoup plus compliqué. Pour marquer des buts, tu as besoin qu’un coéquipier te fasse une passe décisive.
« Ousmane peut clairement devenir l’un des leaders de cette équipe »
Ce qu’on veut avec Ousmane, c’est qu’il continue d’être important au sein de l’équipe, qu’il continue d’être un joueur déterminant, qu’il fasse des passes décisives, qu’il travaille défensivement comme il le fait. Devenir un leader d’équipe, ce n’est pas seulement marquer des buts. Je l’ai déjà vu plusieurs fois dans ma carrière. Être le leader d’une équipe, c’est différent et je pense qu’Ousmane peut clairement devenir l’un des leaders de cette équipe. »
Le calendrier qui s'annonce pour votre équipe est infernal : Monaco, Brest, Lyon, Toulouse, etc. Comment faire pour gérer tout ça, avec du turnover alors que vous avez déjà l'habitude de changer 3 ou 4 joueurs par match ?
« La vérité, c’est que c’est un Tetris, clairement. Tu peux avoir planifié ce que tu veux faire, puis tu arrives à l’entraînement et là tu as deux joueurs malades. Un autre se blesse, un autre est suspendu. Ce que je veux dire, c’est que c’est ouvert. Nous avons évidemment l’intention de résoudre cela comme nous l’avons fait jusque-là, en gérant le temps de jeu des joueurs, mais cela va être difficile par rapport à tout ce que je vous ai expliqué. Mais en aucun cas je ne vois cela comme un problème et je ne me plains pas. Je le vois comme une opportunité de continuer à répondre aux attentes dans toutes les compétitions. »
Vous avez 10 points d'avance en L1 et êtes bien parti en Coupe de France, votre objectif est-il d'être invaincu sur la scène nationale ? L'avez-vous verbalisé auprès de vos joueurs ou quelque chose que vous avez en tête ?
« Je n’en ai pas parlé une seule fois depuis le début de la saison. Cela ne m’intéresse pas du tout. Ce qui est important, c’est de gagner les titres, les titres, les titres. Les titres qui rendront notre club plus grand, qui rendront heureux nos supporters. Après, si ces titres sont accompagnés de records, ce serait fantastique, mais ce n’est pas l’objectif. »
L'été dernier, on vous a beaucoup parlé de digérer le départ de Kylian Mbappé, à le faire oublier. Estimez-vous le pari réussi avec six mois de recul ? En quoi votre animation est-elle plus performante ?
« Je crois que c’était très courageux de dire la saison passée que je pensais que notre équipe allait être meilleure en attaque et en défense. Je continue de penser que nous sommes meilleurs en attaque et en défense, les chiffres sont là. Mais je pense également que c’est très difficile de dire ça à un joueur du niveau de Kylian Mbappé. C’était dommage. Je l’ai dit à l’époque et je peux le dire aujourd’hui. Mais je crois que l’équipe et les joueurs ont pris cela comme un défi. Nous aurions adoré avoir encore Kylian, mes joueurs aussi car ils avaient beaucoup d’affection pour Kyky, mais je crois que l’équipe répond avec un niveau spectaculaire.
Je vous ai dit qu’au lieu d’un joueur qui marque 40 buts, j'aimerais avoir quatre joueurs qui en marquent 12. Il y en a déjà deux qui ont dépassé ce chiffre (Dembélé et Barcola, ndlr) et nous invitons les autres joueurs à s’améliorer. C’est notre objectif en tant qu’équipe. Je crois que la maturité de l’équipe, face à une situation que nous ne voulions pas mais qui s’est produite, est très bonne. »
NB : Par le plus grand des hasards, CulturePSG avait justement écrit un article sur ce thème samedi dernier :
Depuis votre arrivée, le PSG court plus comme les chiffres le montrent, particulièrement cette année. Est-ce que le nombre de kilomètres parcourus est une statistique que vous regardez ? Et est-ce une clé dans la quête des trophées ?
« Pour être honnête avec vous, je n’ai pas besoin de voir combien de kilomètres courent mes joueurs, de savoir si c’est 12 ou 13 kilomètres. Peu m’importe. Je le perçois clairement avec le nombre d’occasions que se procure l’adversaire, le nombre d’occasions que nous générons, avec le rythme de jeu. Ensuite, si on parle de chiffres, on regarde parfois la quantité de mètres parcourus à haute intensité. Pas la distance totale parcourue, parce que c’est une statistique très aléatoire.
« Concernant les sprints à haute intensité, nous faisons partie des meilleures équipes d’Europe »
Concernant les sprints à haute intensité, nous faisons partie des meilleures équipes d’Europe, sans contestation possible, mais je n’ai pas besoin de regarder les statistiques. En regardant le match, je sais déjà à quel rythme mes joueurs courent. Evidemment, j’adore le talent technique individuel de mes joueurs. Nous recrutons les joueurs pour leur talent footballistique, en attaque et en défense, mais nous regardons aussi leurs données physiques parce que pour pouvoir jouer à ce niveau, il faut avoir un profil physique top, de très haut niveau. Sinon, tu ne peux pas jouer tous les trois jours. »
Avec l'enchaînement des rencontres, quelle méthodologie privilégiez-vous pour la fraîcheur physique ? Le repos, la vidéo ?
« C’est très simple : la compétition te maintient en forme et t’offre la meilleure des motivations. Le problème de la compétition, c’est qu’il y a un risque de blessure. Elle t‘impacte parce que c’est un sport dur. Quand il y a un tel calendrier, c’est très simple. Les entraînements sont avant les matches ou après et il n’y a pas de charge physique. Comme tous les entraîneurs, nous utilisons la vidéo pour corriger et travailler des aspects importants du jeu. Il n’y a pas vraiment la place pour grand-chose d’autre. A partir de là, il faut gérer les joueurs pour qu’il n’y ait pas de charge excessive. Mais il n’y a pas trop de complications aux entraînements. »
Dans vos choix de compositions d'équipe, faites-vous une différence entre les matches de Championnat, vu votre avance, et les matches couperets de Coupe même si vous avez envie de tout gagner ?
« C’est évident que chaque situation est différente. La nôtre est que nous avons de la marge en Ligue 1, ce qui n’est pas le cas en Coupe de France. Tu joues ta qualification pour les quarts sur 90 minutes. Et aujourd’hui nous saurons contre qui nous allons jouer. En Champions League, nous n’avons que deux matches garantis contre Brest. Nous avons de la marge en Ligue 1 et cela pourrait avoir une influence sur les compositions en vue de poursuivre notre objectif d’avancer dans toutes les compétitions et d’aller le plus loin possible. »
L'entraîneur de Monaco a déclaré que votre équipe était plus forte qu'en décembre. Elle semble plus équilibrée, est-ce le fruit d'un travail spécifique ces dernières semaines ?
« Non, non. C’est le fruit d’une saison avec ses hauts et ses bas. C’est vrai que depuis le retour des vacances de Noël, l’équipe a une certaine fraîcheur et est dans une bonne dynamique. Mais nous étions auparavant dans une situation compliquée en Champions League, qui n’avait pas beaucoup de sens. L’équipe jouait des matches de haut niveau, mais avec peu d’efficacité. Cela a changé désormais. Tout est rentré dans l’ordre. Je le répète, c’est plus le fruit de l’inertie de l’équipe et là nous sommes dans un bon moment que nous allons essayer de prolonger. Mais il reste tellement de mois d’ici la fin de la saison qu’il y aura peut-être des moments moins bons. Je crois que l’équipe est prête pour surpasser les bons moments comme les moins bons. »
Achraf Hakimi était absent de l'entraînement, pourquoi ? Est-il forfait pour PSG/Monaco ?
« Il n’est pas dans le point médical, ce n’est donc pas grave, mais vous savez qu’en ce moment il fait assez froid et ce qu’il a est typique de cette période. Mais je ne sais pas, on verra comment se sent Hakimi demain matin. Mayulu n’a pas pu s’entraîner non plus aujourd’hui. Mais ils ne sont pas forfaits. Nous verrons demain. »
Ce jeudi soir a lieu le tirage des quarts de finale de la Coupe de France. Aimeriez-vous tirer Brest, cela ferait moins de travail pour préparer le match ?
« Moins de travail contre Brest ? Chaque fois qu’on joue Brest, j’ai beaucoup de travail ! Idem contre Monaco. Pourquoi ? Parce que nous nous refaisons le match, nous regardons ce que nous pouvons améliorer, ce que l’adversaire a amélioré. Chaque fois que nous jouons contre Brest ou Monaco, c’est toujours très difficile. Moins de travail ? Non, au contraire. Je préfère donc éviter Brest. »
Pouvez-vous nous expliquer les qualités de Monaco et à quel match vous vous attendez ?
« Je m’attends à un match très proche des deux que nous avons fait contre eux récemment, à Monaco et à Doha. C’est un adversaire qui s’est amélioré sans ballon, qui a une intensité défensive supérieure, qui est très bien organisé et qui travaille très bien avec son entraîneur. Ensuite, avec ballon, c’est une équipe qui ne fait pas de cadeaux, avec une très bonne occupation du terrain et beaucoup de talent devant. Ils nous ont généré des problèmes à chaque match, surtout sur les deux derniers, et c’est un adversaire de très haut niveau. Pour moi, c’est clairement un concurrent direct en Ligue 1 et ce sera encore un match très compliqué demain. »