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Vies de coaches : Episode 2

Publié le jeudi 23 octobre 2014 à 12:28
Parmi les membres de notre communauté, certains entraînent des enfants dans des clubs un peu partout en France. Toutes les semaines, à tour de rôle, ils raconteront leurs aventures auprès de ces jeunes joueurs amateurs qu'ils coachent.

Lors du premier épisode, Iaro nous racontait son premier match de la saison avec les U13 de son club. Episode 2 aujourd'hui avec le match suivant :

On joue contre un adversaire local, les deux villes étant frontalières, donc j'envoie un petit SMS un peu guerrier à mes gars (dans la majorité des cas c'est certainement les parents qui l'ont reçu d'ailleurs) pour les chauffer un peu et les préparer à se mettre minables comme le week-end précédent.

Groupe presque au complet, il manque seulement l'attaquant de la victoire du week-end passé et je récupère même deux joueurs intéressants à tester, qui commencent sur le banc. Je pars sur l'ossature du match précédent, et pour seul changement je place mon milieu droit au profil atypique dont je parlais la semaine passée à la pointe, faisant rentrer le remplaçant le plus intéressant du match d'avant au milieu sur un côté.

On n'affronte pas des cadors mais il y a quand même plus d'intelligence collective en face à la récupération du ballon, et même si mes joueurs sont "bien en place" et sont bien là dans l'esprit, on encaisse le premier but dans les dix premières minutes sur une des meilleures incursions adverses. Je n'aime pas la tournure que prend le match donc je lance un des deux nouveaux en pointe dès le quart d'heure : il égalise sur sa deuxième occasion, la première ayant été gâchée par un tir mal placé, mais globalement il souffre dans ce rôle, manquant de vitesse et de goût pour les courses.

Hélas, on prend le deuxième très rapidement après l'égalisation et la mi-temps se termine presque sur ce score de 2-1. Là, mon milieu central se mange un énorme tampon et reste au sol, je passe mon temps à dire à mes joueurs de se taire et de ne pas parler à l'arbitre donc personne ne moufte trop et le jeu continue bien une vingtaine de secondes mais pendant ce temps-là je fais de grands signes à l'arbitre (qui est un ancien dirigeant de mon club de jeunesse et qui arbitre de la touche)... Et finalement mon milieu droit, qui avait commencé à gauche, règle le problème en envoyant une demi-volée en cloche des vingt mètres, la balle touche les deux poteaux et rentre, magnifique. Je rentre sur le terrain voir comment va mon milieu, je le sors (il reprendra après la mi-temps) et on termine la mi-temps là-dessus, 2-2.

A la mi-temps j'insiste sur deux choses qui ne m'ont pas plu : les manquements dans l'attaque du ballon, qu'on a pourtant travaillé la veille, en partie, sur mon atelier, et les tirs de loin, pas assez nombreux à l'exception de la deuxième égalisation. 
A ce moment-là j'ai encore un bon pressentiment sur la suite et, avec le recul, je me demande si ça n'est pas là qu'on perd.

Donc on prend le troisième sur un but un peu bête, mon gardien étant toujours le joueur de champ reconverti gardien de fortune qui avait déjà gardé les cages le week-end précédent et malheureusement il n'est pas dans son assiette, ne bougeant quasiment pas sur le tir. C'est un gosse un peu spécial, qui progresse à vue d'oeil mais du genre qui te tanne la veille pour jouer gardien alors qu'un autre se porte volontaire, et qui demande le lendemain à faire la deuxième mi-temps dans le champ... Je le maintiens dans le but contre son gré mais j'ai mon ovni du côté droit dont j'ai déjà parlé, qui ne m'a pas montré grand-chose sur le match, qui me tanne pour le remplacer aux buts. Je le sèche bien en lui disant de s'appliquer au poste où je le désigne avant de réclamer de jouer à d'autres postes et la suite me donne (un peu) raison puisque le gardien nous claquera quelques arrêts... A 4-2, puisqu'on prend le quatrième après avoir bataillé une bonne partie de la mi-temps pour égaliser une troisième fois. 

On touche au point qui m'ennuie le plus : à 2-3 alors qu'on doit les mettre en danger pour revenir, on galère trop à faire du jeu, et sur les deux matchs on marque presque tous nos buts sur tir de loin, deux fois du même joueur, ou sur coups de pieds arrêtés. On croquera bien quelques occasions sur d'autres tirs que ma petite soeur aurait mieux appuyés qu'eux, ce que je leur ait dit après le match, mais au global le nombre d'actions bien développées et percutantes est trop maigre et il y a tout à faire pour construire une animation, puisqu'à part le tireur de loin qui comprend à peu près le jeu, je ne suis vraiment satisfait d'aucun des autres offensifs.

L'autre souci, et là je pense que c'est en grande partie de ma faute : à 4-2 et alors qu'il ne restait que dix minutes, mes joueurs ont commencé à avoir peur et à beaucoup trop reculer, si bien que la fin est irrespirable et on encaisse deux nouveaux buts. A 2-6, je replace un par un mes joueurs et on termine sur deux-trois meilleures minutes en allant jouer un peu chez eux mais c'est trop tard, le mal est fait, et on a trop subi à force de vouloir aller jouer derrière nos buts. A l'exception de cette fin de match bien pénible, on n'a pas été ridicule mais le score est bien là, sévère mais pas complètement injuste.
Là-dessus, même si on a pris l'eau, je suis assez satisfait de la base formée par mes trois défenseurs et mon milieu principaux, qui pigent à peu près tous bien le truc mais pour se faire entendre et diriger les autres joueurs, j'ai peut-être un peu surestimé mes deux joueurs axiaux et il va falloir que je les accompagne là-dessus.

Je n'enfonce pas les joueurs à la fin mais je leur dis quand même que l'adversaire du jour n'avait rien de bien supérieur à ceux qu'on a battu la semaine d'avant, juste qu'eux ont essayé de poser le jeu quand ils ont eu l'occasion de le faire et qu'à ce niveau, on a tout à apprendre. Au fond de moi j'étais un peu triste pour eux parce qu'ils se sont quand même bougés, mais pas correctement, et ce sentiment m'a un peu habité jusqu'au lendemain mais là, j'ai surtout hâte d'être à l'entraînement demain pour les prendre un par un et leur donner un axe de progression à chacun pour la suite.

J'ai fait quatre essais sur le poste d'attaquant au cours de ce match, sans qu'aucun ne me convainque vraiment, et je me pose les mêmes questions sur le poste d'un des milieux excentrés, aucun de ceux que j'ai essayé à gauche n'a suffisamment le réflexe de se rendre disponible et de coller la ligne, ce qui n'a pas aidé dans la sortie de balle. Mais ça doit se corriger facilement.

Un autre point pour finir : j'avais quatre remplaçants pour huit places, je me suis attaché à ce que tout le monde joue au moins un quart d'heure mais c'est vraiment pas évident d'intégrer tout le monde sans que ce soit le zoo. J'avais notamment un gars qui vient de commencer le football, il fait quasiment le double de son âge, n'a aucunes bases et surtout semble ne rien capter à ce que je lui explique, j'ai du mal à voir à quel poste le placer tellement il a l'air perdu le pauvre.

Bon et tristesse ce soir, la mère de mon défenseur central qui m'écrit pour me dire qu'il s'est cassé un doigt et qu'il en a pour deux mois sans football. Brassards noirs en prévision samedi prochain, du moins je l'espère pour un amical car on n'a plus de journée de championnat à disputer avant plusieurs semaines maintenant.

Iaro

NB : Vu l'âge des enfants, nous avons volontairement anonymisé au maximum le récit.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.

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