A la veille de PSG/Lille, l'entraîneur parisien Mauricio Pochettino s'est montré particulièrement bavard en conférence de presse. Il a longuement évoqué l'état de son groupe après les deux cambriolages subis, le choc de Coupe de France, Neymar ou encore le besoin légitime de faire tourner au sein d'une saison compliquée.
Aujourd’hui, dans quel état d’esprit se trouve le groupe ?
« Aujourd’hui, un peu meilleur. De façon logique, après le (dernier) match et hier, il y avait pas mal d’inquiétudes. Mais aujourd’hui, l’équipe se sentait mieux, après tout le stress subi, tout ce qui s’est passé. Le moral est meilleur. »
C’est une semaine décisive avec des matches sans filet pour le PSG face à Lille et Lyon. Est-ce que c’est une semaine importante aussi pour le coach que vous êtes, dans ses méthodes, dans sa confiance ? Est-ce que les résultats sont importants aussi pour vous personnellement cette semaine ?
« Je crois que c’est important pour tout le monde. Personnellement, ça fait 2 mois et demi que nous sommes arrivés et que nous travaillons. C’est notre responsabilité d’obtenir des résultats. Après, chacun peut donner son avis sur le pourcentage de responsabilité que nous avons et s’il est définitif ou pas pour nous. Evidemment que c’est important de gagner. Evidemment que c’est important de toujours se montrer compétitifs de la meilleure façon, et nous serons là pour le faire. »
Avez-vous pour objectif le match de Lyon pour faire rejouer Neymar ?
« Ce serait une très bonne chose pour le groupe que Neymar soit disponible. »
« Oui, l’objectif est qu’il revienne le plus vite possible dans le groupe. Et comme je le dis depuis plus de 4 semaines, l’objectif est toujours qu’il aille mieux de jour en jour et de voir quand il pourra être à disposition. C’est évident que l’objectif de Neymar était d’être présent face à Barcelone parce qu’il y tenait mais ça n’a pas pu se faire. On verra donc s’il pourra être là face à Lyon. Ce serait une très bonne chose pour le groupe qu’il soit disponible. »
Quel est l’impact de ce qui s’est passé après le match dans la tête d’Angel di Maria et Marquinhos ? Est-ce que les deux joueurs seront mentalement capables de jouer demain ?
« L’effet aussi bien sur Marquinhos qu’Angel s’est fait ressentir sur tout le groupe »
« Je crois que nous sommes une équipe unie et que dans ce cas précis, l’effet aussi bien sur Marquinhos qu’Angel s’est fait ressentir sur tout le groupe. Tout le monde l’a vécu comme si ça lui était arrivé à lui. C’est la façon dont vit l’équipe. C’est clair que si on n’avait pas vécu ce qu’on a vécu, surtout en deuxième mi-temps, on aurait gagné le match et on parlerait aujourd’hui du fait que nous sommes en 1/4 de la Ligue des Champions, premiers du championnat et encore en course pour la Coupe de France. Comme tout peut changer en si peu de temps finalement pour des choses qui sont complètement extra-sportives. C’est pour cela que je dis que nous sommes très positifs et nous espérons que le groupe soit mieux aujourd’hui, et que demain Angel comme Marqui pourront être parmi nous. »
Lille a la meilleure défense du championnat, comment allez-vous vous y prendre pour la mettre en difficulté ? Est-ce que par exemple les ingrédients qu’avait utilisés l’Ajax en Coupe d’Europe sont intéressants à reproduire ?
« Le plus important c’est la réalité et les circonstances que nous vivons comme équipe. Nous chercherons, avec les éléments que nous avons, à se créer la possibilité de battre une équipe comme Lille, qui est une grande équipe qui est en train de faire une très bonne saison. Je vais répéter la même chose : les circonstances et la réalité sont ce qu’elles sont. On est en train de travailler pour pouvoir optimiser chaque secteur, en nous adaptant à la réalité. C’est une réalité qui est complètement différente de celle que nous voulons pour l’avenir de cette équipe, mais nous sommes contents et nous verrons demain si nous pourrons passer ce tour contre une des meilleures équipes en France. »
Vous avez dit qu’il fallait s’adapter, faire avec les circonstances, c’est quand même particulier… Est-ce que dans votre carrière d’entraineur, vous avez déjà été confronté à ce genre de situation, ces cambriolages, qui forcément marquent un groupe parce que c’est source de stress, c’est source d’angoisse pour les joueurs ? Et comment vous, en tant qu’entraîneur, et votre staff, vous pouvez travailler avec ça et faire en sorte d’améliorer cette situation ? Quel impact vous pouvez avoir finalement et est-ce qu’Angel s’est entraîné aujourd’hui ?
« Je crois qu’il n'y a aucun staff technique, aucun staff technique au monde, qui a vécu la réalité que nous vivons aujourd’hui dans le football »
« Ta question me plaît parce que je crois qu’il n'y a aucun staff technique, aucun staff technique au monde, qui a vécu la réalité que nous vivons aujourd’hui dans le football. Tout ceci est complètement nouveau pour le staff technique. C’est tellement nouveau cette pandémie mondiale comme le coronavirus qui nous affecte, que même les médecins et virologues ne connaissent pas vraiment les conséquences actuelles et futures. Imagine-toi que depuis 2 mois et demi nous sommes ici en charge, avec 10, 11 joueurs blessés à notre arrivée, avec beaucoup de cas de coronavirus, et pas seulement des joueurs mais également des membres du staff, toute la complexité de l’inégalité que provoque le coronavirus qui a affecté beaucoup d’équipes plus que d’autres. Ces conséquences, c’est que nous travaillons surtout avec le staff médical pour nous adapter aux choses qui nous affectent au jour le jour. Et encore plus les choses extra-sportives que nous vivons ces dernières semaines, comme ce qui s’est passé lors du match contre Nantes.
Pour te répondre, Angel va bien, Marqui va bien. Mais surtout leurs familles vont bien malgré le stress et les répercussions possibles pour ceux qui ont vécu ce genre de situations mais aussi pour les autres familles des coéquipiers. En dépit de tout ça, je suis extrêmement positif. Nous sommes très positifs parce que nous sommes en bonne position dans le classement de Ligue 1, avec notre destin entre nos mains. Nous sommes en Coupe de France, avec notre destin entre nos mains. Et quand personne ne croyait en cette équipe avant le match contre Barcelone, à l’élimination de Barcelone, nous avons survécu à un match extrêmement difficile en Ligue des Champions. Nous sommes en quarts de finale. C’est pour ça que je suis extrêmement positif dans un environnement complètement fou depuis les 2 mois et demi que nous sommes ici. »
Vous le dites, c’est un contexte fou, les matches s’enchaînent. Malgré tout, ce sont deux objectifs importants : la Coupe de France et le championnat. Est-ce qu’il faut s’attendre demain contre Lille à ce que vous procédiez à un gros turnover dans l’équipe de départ ? Est-ce Navas sera titulaire ?
« Evidemment, il y aura des changements. »
« Nous sommes en train d’analyser toutes les situations individuelles. Plus que jamais, depuis le match contre Nantes, l’analyse n’est pas seulement collective mais peut-être bien davantage individuelle. Chacun peut être affecté par la situation d’une façon particulière. Et demain nous alignerons l’équipe que nous pensons meilleure non seulement physiquement mais également mentalement. Tout le staff – technique, médical, perfomance – fait un grand travail d’évaluation pour pouvoir être le plus compétitif possible demain. Mais, évidemment, il y aura des changements. »
Après plusieurs changements, et avec le quart à disputer le 6 ou 7 avril prochain, la date du match de demain vous satisfait-elle ?
« C’est notre tour. Avec cette folie que nous traversons et que nous avons évoquée précédemment, il y a un calendrier propice à des situations externes qui font que nous devons subir. C’est la réalité. Nous ne pouvons pas nous plaindre. Nous ne pouvons pas être négatifs. Nous devons être positifs et nous préparer de la meilleure manière. Je crois que ça ne sert à rien de penser que c’est injuste. Nous sommes positifs en pensant que ce sont des situations par lesquelles nous devons passer. Nous sommes encore en course en Ligue des Champions donc on ne peut pas faire autrement qu’avancer la date à demain. Nous devons assumer nos responsabilités et ne pas se chercher d’excuses. Nous devons nous montrer compétitifs de la meilleure façon possible. Nous avons un groupe de joueurs sur lequel nous pouvons compter pour être compétitifs. Nous avons 25-30 joueurs pour pouvoir faire des changements et leur offrir l’opportunité de participer et de montrer leurs qualités. »
Après la rencontre contre Nantes, en mettant de côté ce qu’il s’est passé de manière extra-sportive, vous avez parlé de frustration de la part de vos joueurs. Comment lutter contre la frustration pour avoir à nouveau des résultats ?
« Oui, mais il y a un élément que nous ne pouvons occulter, ce qui s’est passé à la mi-temps du match. Evidemment que nous reverrons le match pour analyser pourquoi nous l’avons perdu. Mais les conditions dans lesquelles nous avons joué, je crois que ce n’est pas juste de dire que c’est seulement… euh… (il se reprend)… La seule chose juste que nous pouvons dire est que nous avons perdu le match, et que nous devons tourner la page très vite puisque finalement la compétition ne nous attend pas. Et demain nous avons un autre match important et dimanche un autre. Malheureusement, ce sont des choses qui arrivent et qui sont incontrôlables. Il faut les assumer avec sportivité et nous devrons faire un effort supérieur pour gagner la Ligue 1. Parce que si nous avions gagné, nous serions premiers mais nous avons encore notre destin entre les mains. C’est juste que les choses seront plus difficiles. Nous devrons travailler plus dur. »
