Luis Enrique était en conférence de presse ce vendredi à la veille de PSG/Auxerre et l'entraîneur espagnol a forcément été beaucoup interrogé sur les deux finales à venir en Coupe de France et en Champions League. Luis Enrique a fait un petit mea culpa par rapport à sa non-célébration du titre de champion de France l'an dernier, après la défaite contre Toulouse, et a aussi encensé Gonçalo Ramos. Voici ses propos en intégralité, traduits par nos soins.
L'an dernier à la même époque, vous n'aviez que très peu célébré le titre. Quel souvenir gardez-vous de cette soirée-là et qu'attendez-vous de la soirée de demain pour le célébrer à sa juste valeur ?
« J'espère pouvoir profiter demain, quel que soit le résultat »
« La soirée de l'an dernier, je m'en souviens comme d'une erreur de ma part. Une erreur grave parce que je n'avais pas profité des festivités qui récompensaient une année complète de travail. J'espère pouvoir profiter demain, quel que soit le résultat. C'est vrai que les festivités après un match sont parfois compliquées, mais je pense que demain, nous devons prendre le match aussi sérieusement que possible, comme nous le faisons chaque année. Et ensuite, si le résultat est là, tant mieux, et sinon, parfait aussi. C'est le moment de célébrer avec nos supporters un titre de Ligue 1. »
Vous avez très bien négocié l'accumulation des matches depuis janvier. Et en mai, il y a un ralentissement. Comment est-ce qu'on gère désormais le fait de n'avoir plus que quelques matches avant les deux finales de Coupe de France et de Ligue des champions ?
« En regardant aujourd'hui un peu le calendrier, j'ai vu qu'il ne restait qu'un match de Ligue 1 demain, la finale de Coupe de France le 24 et la finale de Champions League le 31 avant la Coupe du monde des clubs, qui est une compétition intéressante. Donc nous sommes sur le moment final, avec une grande envie de refermer ce cycle. Nous commencerons par faire un très bon match demain, un match qui pourrait nous préparer à être compétitif sur les deux finales, et c'est notre objectif. »
On a souvent parlé cette saison de Gonçalo Ramos, le joueur, mais un peu moins de l'homme. On a l'impression que malgré son temps de jeu parfois un peu réduit, il a toujours le sourire, il joue toujours pour l'équipe. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de l'homme qu'il est ?
« Gonçalo Ramos est un joueur indiscutable »
« Gonçalo Ramos est un joueur indiscutable pour moi en tant qu'entraîneur et pour l'équipe en raison de son comportement, de sa manière de s’entraîner et d’être compétitif. Il a joué environ 1 800 minutes et il a participé à 24 actions de buts (18 buts et 6 passes décisives, ndlr). Ce sont des chiffres plus que remarquables. Donc, oui, un joueur de ce niveau-là nous apporte une pleine garantie. Il est prêt pour tout, pour jouer 0 minute comme 90. Physiquement, c'est un joueur qui semble plus âgé qu'il ne l'est. Je veux dire par là que quand on le voit, on le voit tellement mûr, tellement professionnel, que parfois, on n'a pas la sensation qu'il a 24 ans. Et je dois dire que c'est merveilleux d'entraîner un joueur comme Gonçalo Ramos. »
Lors du dernier match contre Montpellier, vous avez décidé de faire tourner votre groupe. Est-ce que maintenant que ce temps de la préservation est passé, on entre dans le temps de la préparation avec ces deux finales qui arrivent à grand pas ?
« Il nous reste 3 matches. Nous allons tenter de gérer tout cela de la meilleure des manières afin d'arriver aux deux finales avec la majorité, voire l'intégralité, des joueurs dans leur meilleure version possible. C'est difficile, mais ce n'est pas impossible. Nous allons essayer de le faire. »
Sur quoi faut-il insister avant le match de demain, mais surtout avant les deux finales ? Une récupération mentale pour être prêt le jour J, que ce soit au Stade de France et à Munich, ou une récupération physique comme les jours de repos que vous avez laissé à certains titulaires récemment ?
« Nous devons suivre le même chemin que celui qui nous a permis de gagner le championnat et d’atteindre ces deux finales. Nous n'allons rien changer. Notre objectif reste le même. Footballistiquement et en terme d'ambition, il n'y a aucun changement. Si nous sommes là, c’est que nous avons bien fait les choses. »
Vous allez achever demain votre deuxième saison de Ligue 1 en remportant une nouvelle fois le championnat. Quel regard portez-vous sur l'évolution du championnat de France par rapport à l'année dernière ? Estimez-vous que la Ligue 1 a évolué cette saison ?
« Si on regarde l'équilibre qu'il y a au sein du championnat, nous avons été bien au-dessus par rapport à l'an dernier. La différence semble énorme, mais je ne me rappelle d'aucun match facile la saison dernière à l'extérieur. Cette année, les matches à l'extérieur n'ont pas été faciles non plus, donc je n'enlève aucun mérite à notre victoire. Nous avons été exceptionnels et pour le reste des équipes, il y a une grosse lutte pour une qualification en Ligue des champions. Une lutte passionnante, qui est très belle à voir. C'est très serré et je pense que l'an prochain, ce sera à nouveau très serré. Et tout ça est très stimulant pour nous parce que plus c'est serré, mieux c'est, et je crois que c'est un bénéfice pour tout le monde. »
Vos joueurs qui disputent notamment la Ligue des nations vont avoir énormément de matches en cette fin de saison. Est-ce que c'est quelque chose qui vous inquiète pour le début de saison prochaine ?
« Non, nous sommes vraiment dans le meilleur moment de la saison. Ce moment dont nous avons rêvé le 14 ou le 15 juillet de l'année précédente. Nous sommes dans ce moment de la fin de la saison et nous restons concentrés sur le fait de terminer de la meilleure des manières en essayant de conquérir le maximum de titres. La saison qui vient, nous la gérerons et nous la planifierons plus tard. »
Vous avez accordé quelques jours de repos à l’ensemble de l’effectif jusqu'à mercredi. On sait qu’Ousmane Dembélé est quand même venu lundi, alors que le staff n’était pas forcément ouvert au départ. Quel est votre regard là-dessus ? Est-ce qu'il s'est aussi entraîné les autres jours, mardi, etc ? Et comment ça se passe depuis son retour de blessure musculaire ?
« Chaque cas est individuel, chaque joueur a sa propre situation. Quand nous donnons un temps de repos, nous donnons le temps de repos maximal, mais ensuite, si un joueur qui pense qu'il doit venir, qu'il doit s'entraîner, qu'il sent qu'il a un problème, nous sommes ouverts à sa décision. Nous ne rentrons pas dans ces choses-là. Nous essayons de gérer les temps de repos et surtout les temps de déconnexion par rapport au fait de venir ici. Et c'est vrai qu'à la fin de la saison, il y a beaucoup de jours de travail qui se sont accumulés, les conditions sont incroyables, mais il y a aussi des moments où c'est fatigant. »
Votre équipe est assez jeune, mais avec aussi des joueurs qui ont une carrière déjà longue, comme Ousmane Dembélé ou Marquinhos. Par rapport à ces deux finales qui arrivent, est-ce que vous invitez les jeunes joueurs à parler aux joueurs qui ont plus d'expérience, peut-être de façon à les aider à travailler l'aspect mental ?
« Vous croyez que les gens qui ont de l'expérience ne font pas d’erreurs ? »
« Nous avons une équipe jeune depuis la saison passée, mais qui a aussi de l'expérience. On dirait que c'est incompatible, mais non, c'est totalement compatible. Et ensuite, cette question d'avoir de l'expérience... Vous croyez que les gens qui ont de l'expérience ne font pas d’erreurs ? Si. Quand on regarde un match, quelque soit la journée, quelque soit la finale, des joueurs d’expérience peuvent avoir des loupés autant que les joueurs qui ont moins d'expérience. Donc, peut-être que oui, il peut y avoir un peu moins de garanties avec un joueur jeune, mais ça se discute. Je crois que ce qui nous a mené jusqu'ici, c'est cette union entre des joueurs d'expérience et des joueurs plus jeunes. Je crois que c'est un mélange qui est très intéressant, et s'il nous a permis d'arriver jusque-là, il doit nous amener aussi loin que nous devons aller. Donc je pense que ce n'est absolument pas un problème. C'est quelque chose de tout à fait positif. »
Vous êtes un coach chevronné, avec beaucoup d'expérience. Est-ce que vous apprenez encore des choses dans votre métier et si oui, qu'est-ce que vous avez appris, notamment cette saison ?
« Mon obsession, c'est toujours d'essayer d'aider au maximum le joueur et l'équipe »
« Sans aucun doute. Le jour où j'arrête d'apprendre ou d'essayer d'apprendre, j'arrête et je rentre chez moi. C’est un message que j'ai appris quand j'étais joueur. J'ai pris ma retraite de joueur à 34 ans, et à 34 ans, j'ai appris beaucoup de choses. J'ai fait beaucoup d'erreurs, malgré mon expérience à cet âge-là. J'ai fait beaucoup d'erreurs que je ne ferai plus aujourd'hui. Donc, ce message, je le fais passer à mes joueurs, et notamment à mes joueurs les plus âgés. Si tu as la bonne mentalité, tu apprends tous les jours et tu peux apprendre d'un jeune homme de 15 ans, 16 ans ou 17 ans, tu apprends toujours. Et donc, ça, c'est mon idée. Qu'est-ce que j'ai appris cette saison ? Eh bien... Mon obsession, c'est toujours d'essayer d'aider au maximum le joueur et l'équipe. Il y a de nombreuses fois où je n'ai pas aidé à la hauteur de ce qu'ils attendaient, et d'autres fois, j'ai pu avoir plus de réussite. Mais il y a toujours des points d'amélioration. Cette recherche perpétuelle d'amélioration de l'équipe et des joueurs, c'est ma motivation. C'est ce qui est le plus important pour moi. »
La sélection brésilienne vient de confirmer que Carlo Ancelotti allait être son nouveau sélectionneur, qu'est-ce que vous en pensez ?
« C'est positif, bien sûr. Il n'y a aucun entraîneur qui ait une carrière similaire à celle de Carlo Ancelotti, avec tous ces trophées. C'est quelqu'un de formidable sur le terrain et en dehors. Je ne vais pas souhaiter au Brésil et à Ancelotti beaucoup de succès, parce que moi, bien sûr, je veux que ce soit ma sélection qui ait le maximum de succès. Mais je pense que c'est merveilleux de pouvoir voir un entraîneur italien, déjà couronné de succès, entraîner la sélection mythique du Brésil. Je crois que c'est un mix très positif qui s'annonce. »
Un journaliste italien, du Corriere della Sera, prend la parole.
Je voudrais vous poser une question sur le Campus PSG. L'Inter s'entraîne dans un centre d'entraînement qui existe depuis 60 ans. Vous, vous vous entraînez ici avec l'équipe depuis deux ans. Quel est le bilan de ces deux ans au Campus PSG ? Qu'est-ce que vous apporte ce Campus ?
« La majorité des clubs de haut niveau ont aujourd'hui des centres d'entraînement qui sont soit historiques, soit plus récents, mais qui sont tous de très haut niveau, parce qu'il y a eu une évolution globale très importante sur ce point-là. Nous, nous sommes là depuis deux ans. Je sais que je suis celui qui a dormi le premier ici. Si quelqu'un a dormi ici avant moi, c'était sûrement de façon illégale (rire). Moi, j'ai été le premier, et c'est une anecdote qui est très positive pour moi. Je n'ai pas participé au développement et à la conception du Campus PSG parce que je n'étais pas là, mais je pense que les gens qui l'ont conçu et le club, évidemment, ont vraiment visé juste parce qu'il y a une grande modernité, un grand confort, mais il n'y a pas de luxe superficiel. Tout a été pensé pour que le joueur se sente bien, dispose de tout le confort et que nous puissions travailler dans les meilleures conditions, mais en restant éloigné de choses un peu étranges qu'on voit parfois dans certains centres d'entraînement. Je pense qu'ici, l'infrastructure est très efficace, tous les gens travaillent ici, toutes les catégories de jeunes sont là et sont connectées avec l’équipe première, donc c'est merveilleux. Tout pousse à s'améliorer en tant que personne, en tant que joueur individuellement et en tant qu'équipe. »
Avec les jours de repos que vous avez accordés, il y a eu beaucoup de joueurs absents, et vous avez donné une chance à plusieurs jeunes issus des U19 et des U18. Est-ce que vous avez justement des motifs de satisfaction dans leurs performances et est-ce qu'on pourra encore en voir certains évoluer avec l'équipe professionnelle à l'avenir ?
« Je prends beaucoup plus d'informations sur les jeunes pendant les entraînements que pendant un match ponctuel »
« Oui, sans aucun doute. Et plus que juger un joueur sur un match, surtout si c'est son premier ou son second match, nous avons cette opportunité de pouvoir nous entraîner tous les jours avec eux. Ils descendent, ils remontent, ils font ce chemin qui réunit la partie basse à la partie haute du Campus. Et moi, je prends beaucoup plus d'informations pendant les entraînements que pendant un match ponctuel, parce que chaque match est différent, chaque contexte est différent, mais en revanche, je vois leur capacité à être compétitifs à l'entraînement contre des joueurs de très haut niveau, et j'ai beaucoup plus d'informations à cette occasion-là, bien plus qu'ils ne le pensent eux-mêmes. Mais je répète que pour moi, c'est très important de tirer profit de la qualité des joueurs du centre de formation. C'est important que quand quelqu'un arrive au PSG, il sache que s'il a le niveau, il peut monter jusqu'à l'équipe une, et je pense que c'est une connexion qui fonctionne très bien en raison de cette capacité des joueurs français, qui connaissent le club, la langue, le pays. Tous ces joueurs du centre de formation n'ont presque pas coûté d'argent, donc c'est très important qu'il y ait toujours ce trait d'union. »
Un jeune reporter pose la dernière question à Luis Enrique.
Quel est l'état d'esprit des joueurs avant de disputer ces deux finales ?
« L'état d'esprit des joueurs ne peut pas être meilleur. On peut le voir à chaque entraînement. Normalement, nous sommes une équipe qui a un très bon état d'esprit, et je crois que la façon de s'entraîner aide aussi à cela, mais quand bien sûr deux finales approchent, l’état d'esprit ne peut pas être plus beau. Tous les joueurs veulent démontrer à l'entraînement qu'ils sont prêts à être compétitifs, à jouer, à aider l'équipe. Donc ça va être des semaines très belles pour les joueurs, pour l'entraîneur, pour les supporters, pour tout le monde, et nous allons essayer de profiter de ce moment-là. »