Article 

La défense, le nécessaire chantier du PSG

Publié le samedi 15 juillet 2023 à 23:35 par Thibaut B. / ParisStatsGermain.fr
Plutôt réputé pour bien faire défendre ses équipes, Christophe Galtier a échoué dans ce domaine au PSG. En effet, son PSG est le champion de France avec la plus mauvaise défense des 20 dernières saisons de Ligue 1. Et ce malgré la bonne saison du gardien parisien, et la maladresse des attaquants adverses.

Le PSG a encaissé 40 buts en Ligue 1 lors de la campagne 2022-2023. Soit plus d’un but par match. Un ratio que l’on n’avait plus vu depuis la première saison des Qataris au PSG :

Avant cette saison, la moyenne de buts encaissés par match par le PSG en Ligue 1 depuis 2011 était de 0.8. C’est donc une sacrée contre-performance dans le domaine défensif que nous ont offerts les Parisiens cette saison.

Si l’on raisonne par coach et non plus par saison, Galtier est le pire coach, défensivement parlant, du PSG sous QSI :

Galtier est le seul entraîneur sous QSI avec une moyenne de plus d’un but encaissé par match en Ligue 1.

Le PSG n’a réalisé « que » 13 clean sheets cette saison en Ligue 1. Sous QSI, il n’y a qu’en 2011-2012 que le PSG a fait moins bien (11) :

Comme le montre le graphique ci-dessus, à six reprises cette saison, le PSG a encaissé 3 buts (contre Troyes, Lens, Monaco, Lille, Lorient et Clermont) !

Dans le déroulé de la saison, il y a clairement un avant et un après Coupe du Monde.

Lors de la première partie, le PSG encaissait en moyenne 0.6 but par match (soit une moyenne encore plus basse que lors des années de Blanc à la tête de l’équipe). Lors des 16 premiers matches, il n’a pas pris de but à 9 reprises. Mais changement radical de décor après la coupe du monde : 1.4 but encaissé par match et seulement 4 clean sheets en 22 rencontres :

Lens, le dauphin du PSG en Ligue 1, a encaissé seulement 29 buts cette saison, soit 11 de moins que le PSG ! Parmi les 5 principaux championnats européens, on dénombre pas moins de 13 équipes avec une moyenne de buts encaissés plus basse.

La meilleure performance est à mettre au crédit du Barça avec seulement 20 buts encaissés en 38 matches, soit moitié moins que le PSG !

Cette moyenne de buts pris sur l’ensemble de la saison est-elle le fait d’un réalisme important des adversaires ou la conséquence logique des occasions créées ?

Comme le montre le nombre d’expected goals des adversaires du PSG en Ligue 1, le nombre de buts encaissés est bel et bien la conséquence logique de la liberté laissée aux attaquants adverses.

La moyenne des xG adverses (xGA) est de 1.2 par match, soit un niveau même supérieur à la moyenne de buts encaissés (1.05). Jamais depuis que la stat est disponible (2014-2015), le PSG n’avait connu un tel niveau d’xGA. La moyenne des huit saisons précédentes est de 0.8.

La moyenne d’xGA 2022-2023 est le double de celle des années 2015-2016 et 2016-2017 !

Autre question : ce fort niveau d’expected goals des adversaires est-il dû à un nombre de tirs plus importants ou à de meilleures situations de frappes ? Les deux !

Le nombre de tirs subis a en effet atteint son plus haut niveau des 10 dernières saisons :

Il faut remonter à la saison 2012-2013 pour trouver une moyenne de tirs subis par le PSG plus importante. A Reims début octobre (match nul 0-0), le PSG a subi 24 tirs. Une seule fois sous QSI en Ligue 1, il a fait pire (à Saint Etienne en 2011-2012, 30 tirs, pour une victoire heureuse 1-0).

Reims, en deux matches, a tenté 41 tirs contre le PSG (contre 23 pour l’équipe de Galtier), alors que la moyenne de l’équipe de Still cette saison en Ligue 1 était de 13.8 tirs par match.

Ce fort nombre de frappes est lui-même la conséquence logique d’une présence inédite de l’adversaire dans la surface parisienne. Avec 17.3 ballons touchés en moyenne dans les 18 mètres du PSG, les adversaires ne se sont jamais autant sentis chez eux dans la défense parisienne que la saison écoulée :

La croissance régulière et continue de cet indicateur depuis 2017-2018 est d’ailleurs assez impressionnante.

Les positions de frappes des adversaires étaient en outre de bonne qualité. On le mesure avec le ratio des expected goals par tir. En moyenne chaque tir adverse avait 10.5 % de générer un but. C’est le taux le plus élevé depuis que la stat est disponible (2014-2015) :

La conséquence de ce fort nombre de tirs et des bonnes situations de frappes est logiquement un niveau élevé de tirs cadrés subis. Il faut remonter à la première saison sous QSI pour retrouver un nombre aussi élevé de tirs cadrés de l’adversaire (4.3/match) :

Encore plus inquiétant, la courbe des tirs cadrés adverses ne cesse de croître ces quatre dernières saisons et est passée de 3 à 4.3 par rencontre.

Donnarumma a donc été extrêmement sollicité. Comment s’en est-il sorti ? L’écart entre les expected goals adverses (47.1 xG) et le nombre de buts encaissés réel (40) est-il dû à des prouesses du gardien italien ou à des loupés des attaquants adverses ?

L’indicateur des Post Shot Expected Goals indique qu’un gardien lambda aurait encaissé 43.3 buts. Donc Donnarumma a sauvé 3.3 buts. Ce qui est évidemment positif, mais pas extraordinaire. Il y a par exemple 6 gardiens de Ligue 1 qui ont évité plus de buts que lui (dont Diaw avec 8.4), avec certes plus d’occasions de briller pour des gardiens de plus faibles équipes.

Si Donnarumma a évité 3.3 buts et que l’écart entre les xG adverses et les buts encaissés par le PSG est de 7.1, cela veut aussi dire que les attaquants adverses ont manqué de réalisme. Leur maladresse a coûté au total près de 4 buts aux adversaires du PSG.

Comment évaluer cette performance de Donnarumma par rapport aux précédents gardiens du PSG ? Depuis que l’indicateur est disponible (2017-2018), il n’y a que Navas qui a fait mieux sur une saison.

Le graphique ci-dessous retrace la performance de chaque gardien en mettant en avant les « buts évités », c’est-à-dire l’écart entre les buts qu’un gardien lambda aurait encaissé compte tenu de la qualité des tirs adverses et les buts réellement pris (hors csc, ce qui explique que Donnarumma soit à 4.3 et non 3.3 ci-dessous).

On constate que Navas a réussi une saison exceptionnelle en 2020-2021 (seul Oblak avait fait mieux cette saison-là). Les autres saisons du gardien costaricien sont plutôt moyennes.

La saison de Donnarumma est donc plutôt bonne, même s’il eut l’avantage par rapport à ses prédécesseurs de jouer une saison complète et de ne pas subir de concurrence.

Parmi l’ensemble des gardiens des 5 principaux championnats européens, il se situe dans le Top 15 sur la saison. Combien de titulaires au PSG peuvent en dire autant à leur poste ?

Sans un bon Donnarumma et des attaquants adverses peu réalistes, la note aurait donc pu être encore plus salée pour la défense parisienne !

Christophe Galtier n’était pas spécialement réputé pour faire pratiquer un beau football à ses équipes. En revanche, à Lille notamment, on avait pu saluer sa capacité à bien faire défendre ses formations.

Il a en revanche totalement échoué au PSG qui a encaissé un nombre de buts quasi inédit. Est-ce de sa faute ou des joueurs, notamment le premier « rideau » défensif ? C’est un autre débat, qui amène une nouvelle interrogation : le futur coach du PSG saura-t-il faire défendre son équipe de façon plus efficace ? Buena suerte Luis Enrique.

NB : Cet article a été écrit par ParisStats, blog statistique sur le PSG.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.

News 

Aujourd'hui

vendredi 26 avril

jeudi 25 avril

mercredi 24 avril

mardi 23 avril

lundi 22 avril

dimanche 21 avril

samedi 20 avril

vendredi 19 avril

 

Soutenez CulturePSG 
Soutenez CulturePSG sur Tipeee