Il y a quelques jours à l'occasion de la rentrée 2025, nous avons été invités par le PSG à visiter la cité éducative du Campus, un moment particulièrement intéressant pour nous qui suivons le centre de formation depuis toujours, la formation ayant pris ses quartiers sur place depuis maintenant plus d'un an. Après trois premières parties à retrouver par ailleurs, voici une interview avec le directeur sportif du Centre de formation et préformation Yohan Cabaye qui a accepté de répondre à quelques questions sur le thème de la scolarité. Il évoque l'importance de la scolarité dans le parcours d'un joueur mais aussi l'impact que peut avoir le campus dans le processus de recrutement de jeunes joueurs.
Est-ce que la question scolaire revient souvent dans les discussions avec les parents ?
« Oui, c’est une question qui revient souvent. Dans les discussions avec les parents, on sait que l’on doit laisser une bonne plage pour parler de la scolarité et présenter un projet scolaire. Les garçons et les filles qui sont ici comprennent qu’il y en a qui réussiront vite, d’autres plus tard, et certains peut-être pas. Notre responsabilité est de leur donner une base scolaire solide, de les remobiliser quand ça décroche.
Avec les investissements réalisés et l’environnement de travail créé, on est assez confiant quand on amène les familles ici. Quand on fait visiter, on montre l’extérieur, l’intérieur, les équipements et les programmes. Cela a impact conséquent dans la présentation du projet aux familles. »
Est-ce qu’il y a un jeune joueur pour lequel vous savez que c’est la scolarité qui a convaincu les parents de venir au PSG plutôt qu’un autre club ?
« Les parents sont très à cheval sur la scolarité »
« Il y a des exemples récents et cela se matérialise tous les jours dans les discussions qu’on a avec les parents. Les parents sont très à cheval sur la scolarité. Ils veulent comprendre tout ce qu’on fait. Oui, on est un club de foot, mais la scolarité se déroule dans un vrai bâtiment scolaire. C’est une école, une vraie école. Les parents se comportent comme de vrais parents, et nous, on est contents de ça. On essaie de leur rendre avec les résultats du bac et l’opportunité donnée à leurs enfants d’obtenir un diplôme quand ils sortent d’ici. »
On a vu que les élèves avaient de la salle de classe une vue sur le terrain de foot, comment les motiver alors que ce qu’ils préfèrent c’est être sur le terrain ?
« C’est un défi quotidien qui consiste à leur faire comprendre qu’il faut aussi aller à l’école, respecter les horaires, être attentif en classe. On propose un accompagnement individuel et cela se voit aussi dans l’emploi du temps qui est individualisé. Il y a différentes séquences, des périodes courtes et intenses de révisions qui leur permettent d’être concentrés, de travailler sérieusement ici, puis de se projeter sur la séance d’entraînement. Une fois la partie scolaire terminée, ils savent qu’ils n’ont plus rien à faire du côté scolaire et peuvent passer au sportif. »
On sent que le classement des centres de formation vous tient très à cœur. Pourquoi est-ce si important d’être le meilleur ?
« Le PSG est un club à part, avec beaucoup d’humilité, mais qui cherche toujours à être le meilleur partout »
« Le PSG est un club à part, avec beaucoup d’humilité, mais qui cherche toujours à être le meilleur partout. On travaille en sachant qu’on doit s’améliorer chaque saison, en grapillant : c’est notre philosophie. On transmet cette mentalité de l’équipe première aux plus jeunes. On essaie de leur donner ça et si nous, adultes, on en a conscience et on fait tous les efforts nécessaires alors cela va suivre derrière. On est jugé sur cela car la scolarité fait partie du projet avec les deux autres piliers (sportif, scolaire, éducatif) qui doivent être investis avec la même intensité et la même volonté de réussir. »
Est-ce que vous intervenez auprès des élèves ?
« J’interviens par moment dans les moments de flottement. Cela arrive, ils sont jeunes et j’essaye de recadrer et leur rappeler l’importance de la scolarité. On alerte sur le risque d’une concentration uniquement tournée vers le football. Ça peut fonctionner d’un côté, mais c’est délicat de l’autre. Mon exemple : j’ai arrêté le foot, repris des formations et obtenu un diplôme. C’est toujours valorisant, à tout âge, de pouvoir se dire qu’on peut aussi réussir et avoir l’intelligence nécessaire pour être diplômé. »
J’imagine que vous leur dites aussi qu’ils ne seront pas tous joueurs professionnels, comment gère t’on cela quand on est jeune ?
« Tous ne seront pas professionnels et pourtant c’est leur rêve à tous »
« Évidemment, tous ne seront pas professionnels et pourtant c’est leur rêve à tous. Il y a des moments de doute et de baisse de motivation. Certains se demandent : “Pourquoi je fais ça ? À quoi ça sert si je ne suis pas sûr ?” Il faut être à l’écoute et qu’ils sachent qu’ils ont une oreille attentive. Ce qui est sûr c’est qu’il y a des moments difficiles dans un projet de formation et des moments fantastiques. Il ya des moments où on perd confiance, on a envie de tout plaquer. On les accompagne avec honnêteté et transparence : parfois, ça peut ne pas marcher. D’où la nécessité d’un bagage scolaire solide. Ce n’est pas parce que ça fonctionne sur le terrain qu’on peut se passer de l’école. Il faut aller en cours, travailler, obtenir de bonnes notes — notamment en langues — parce que ça servira toujours. »
Notre dossier complet sur la cité éducative du Campus PSG :
