Selon que l’on choisisse une stat plutôt qu’une autre (buts encaissés, expected goals against, tirs subis…), l’analyse de la saison défensive peut varier du tout au tout. Néanmoins, globalement, le PSG a plus subi que les saisons précédentes. Tentative d’explication, en mettant notamment en avant les différences entre la période Tuchel et celle de Pochettino.
Rappel des trois précédents bilans de ParisStatsGermain.fr :
Moins de buts encaissés que lors des saisons antérieures, tout particulièrement sous Tuchel
Un constat basique pour commencer : le PSG a la 2e défense de Ligue 1 en 2020-2021 avec 28 buts encaissés, derrière Lille (23 buts encaissés). La moyenne de but encaissé par match (0.74) est plus basse que les trois saisons précédentes. Sans atteindre les prouesses des années Blanc, c’est donc une amélioration assez sensible qui est constatée.
La moyenne de but encaissé par match est néanmoins très différente entre la période Tuchel (0.59/match) et celle de Pochettino (0.86). Les 10 buts encaissés lors des 17 premiers matches font même figurer de « record » pour le PSG sous QSI, juste après les 19 en 38 matches de la saison 2015-2016.
Comment expliquer ce différentiel sur la saison entre les deux coaches ?
Le tableau ci-dessous, avec notamment l’utilisation des Post Shot Expected Goals (c’est-à-dire le nombre de buts qu’aurait dû encaisser un gardien lambda compte tenu de la qualité des frappes adverses) nous apporte - une grosse partie de - la réponse :
Voici comment lire ce tableau :
- Sous Tuchel, compte tenu des positions de frappe des adversaires, le PSG aurait dû encaisser 18.7 buts. Il n’en a en réalité pris que 10. Cet écart de 8.7 est dû pour 3.9 aux prouesses des gardiens, et pour 4.8 à la maladresse des attaquants adverses.
- Sous Pochettino, compte tenu des positions de frappe des adversaires, le PSG aurait dû encaisser 18.1 buts. Il en a en réalité pris 18. Il n’y a quasiment pas d’écart car l’efficacité des gardiens parisiens (1.5) a été compensée par la précision retrouvée des attaquants adverses (écart de 1.4 entre les PSxG et les xG).
On peut donc en conclure que la très faible moyenne de buts encaissés de la période Tuchel provient à la fois de l’efficacité des gardiens parisiens et du manque de réalisme des joueurs adverses. Pour illustrer la performance de Navas, on peut citer le match à Nice (5 arrêts, aucun but encaissé malgré 1.5 PSxG). Le match de Dijon au Parc (0.7 PSxG seulement avec 1.49 xG) symbolise quant à lui la maladresse adverse (3 tirs cadrés sur 16).
Avec le coach argentin, tout en restant décisifs, les gardiens parisiens ont réalisé moins de miracles et surtout, les attaquants adverses ont « surperformé » par rapport au modèle des expected goals. On pense notamment aux Monégasques, vainqueurs 2-0 au Parc des Princes avec seulement 5 tirs (et 1.1 xG).
D’ailleurs la moyenne du nombre de tirs nécessaires pour marquer un but au PSG diffère fortement entre les deux périodes : 17.6 sous Tuchel, 11.4 sous Pochettino, traduisant bien l’écart de performance des attaquants adverses.
Navas moins décisif sur la deuxième partie de saison
Si Navas est évidemment celui qu’il faut le plus créditer pour les bonnes stats défensives du PSG, Rico et Bulka présentent aussi, à un degré moindre certes, une balance buts pris/PSxG favorable.
Même pour Navas, la saison n’a pas été un long fleuve tranquille et ses stats sur la 2e partie de saison sont clairement moins bonnes que sur la première où il frôlait la perfection. Le récapitulatif par match ci-dessous indique en bleu les matches où il a « sur-performé » (moins de buts pris que le modèle) et en rouge les matches où il a au contraire « sous-performé ».
Le premier match sous Pochettino, qui est aussi le premier match de l’année 2021 est celui de St-Etienne. Il n’y a donc que 6 matches sur 17 en 2021 (dont les 3 premiers) où Navas a pris moins de buts que ce que prévoit le modèle statistique (en bleu sur le graphe), contre 8 en 12 rencontres avant le changement de coach. Sur les 9 matches de Ligue 1 où il encaissé plus de buts que ce que le modèle prévoit pour les gardiens (en rouge sur le graphe), il y en a 7 en 2021 contre seulement 2 en 2020.
Plus problématique encore, sur les treize derniers matches de la saison en championnat, son ratio est défavorable (11 buts encaissés pour 10.1 PSxG). Ce phénomène est confirmé par son taux d’arrêts : 84 % jusqu’à la 21e journée, 77 % ensuite.
D’ailleurs, alors qu’il a longtemps figuré sur le podium des gardiens évalués avec ces stats avancées (par le site fbref.com), au final, il n’est que 15e parmi les gardiens des cinq principaux championnats européens. Même en Ligue 1, il a fini par se faire dépasser par Maignan. Les stats semblent donc donner raison aux lillois qui regrettaient que le titre de meilleur gardien lui ait échappé.
Au crédit du Costaricien, on ajoutera quand même qu’en Champions League, il présente un ratio très favorable (3.1 buts évités), qui en fait le 4e meilleur gardien de la compétition derrière Neuer (Bayern), Bürki (Dortmund) et Courtois (Real).
Pour finir avec Navas, on mettra en évidence qu’il s’agit de son meilleur exercice depuis que la stat des PSxG est disponible, et que la saison dernière, il avait carrément pris plus de buts que ce que le modèle prévoit compte tenu des tirs pris par les adversaires.
Une saison record en termes d’occasions laissées à l’adversaire
Les expected goals against du PSG sont cette saison au plus haut depuis que la stat existe, c’est-à-dire depuis 2014. On a vu précédemment que le nombre de buts encaissés était plutôt correct. Pour évaluer la qualité de la saison parisienne en termes défensif, il faut donc pondérer ce résultat par le nombre d’occasions laissées à l’inverse. Avec plus d’1 but attendu concédé par match en moyenne, le bilan défensif n’est en fait pas reluisant. On a vu antérieurement que sans les prouesses des gardiens parisiens et la maladresse des attaquants adverses, la moyenne de buts encaissés aurait été bien supérieure.
C’est notamment lors de la première partie de la saison avec Tuchel aux manettes que les Parisiens ont concédé le plus d’occasions (1.1 xGA/match). La prise en main par Pochettino correspond à une baisse significative des expected goals des adversaires (0.86/match). Le constat est contraire à l’analyse des buts encaissés, plus nombreux en 2e partie de saison (mais on a vu les raisons de ce phénomène en mettant en avant la surperformance de Navas en début de saison, et le réalisme retrouvé des adversaires sur la seconde partie).
Pour pondérer ce différentiel entre Tuchel et Pochettino, on peut signaler que la moyenne des expected goals against de l’Allemand est plombée par le match à Monaco (3.28 xGA), et, qu’à l’inverse, les deux derniers matches du PSG (notamment les 0.05 xGA de Reims) améliorent significativement la moyenne de son successeur. Sans ces trois matches, leur moyenne aurait été quasiment égale.
Ce qui explique également le haut niveau des xGA sur la saison ainsi que la différence entre les deux périodes, c’est la qualité des positions de tirs laissée aux adversaires, valorisée par le ratio xG/tir.
On voit sur le graphique ci-dessous que 9.7 % des tirs des adversaires du PSG cette saison en Ligue 1 avaient, en moyenne, une chance de provoquer un but. C’est, là aussi, le plus mauvais ratio depuis que la stat est disponible. Et, comme pour les xGA, c’est la période Tuchel qui est la plus en cause (10.7 % contre 8.8 %).
Près de 4 tirs cadrés subis par match sous Pochettino
Ainsi, alors que le PSG n’a pas concédé un volume de tirs important (10/match, c’est inférieur à la moyenne sous QSI), les positions de frappes ont, elles, été plus favorables aux tireurs.
Le graphique ci-dessus vient confirmer que lors de la seconde partie de saison, les attaquants adverses ont réglé la mire puisqu’on recense 3.9 tirs cadrés subis par match, contre 2.9 sur les 17 premiers matches. Le summum étant atteint par Rennes en fin de saison avec 10 tirs cadrés. Il y en avait eu 7 un peu avant face à Lyon et 6 à Nîmes en février.
On a la confirmation que si le nombre de tirs adverses de la saison n’est pas inquiétant, ce qui l’est, en revanche, c’est le nombre de tirs cadrés (3.5), en lien avec la qualité des positions de tirs vus précédemment par l’intermédiaire du ratio xG/tir.
La qualité des gardiens parisiens, en Navas en particlier, sur la première partie de l’exercice est également visible avec ce taux de 81.6 % d’arrêts, un niveau très supérieur aux quatre saisons précédentes.
En résumé concernant les stats offensives des adversaires du PSG cette saison :
Les indicateurs offensifs des équipes face au PSG sont en hausse
Au-delà des tirs, occasions ou buts subis par le PSG, tous les indicateurs offensifs des adversaires du PSG sont en hausse par rapport aux saisons précédentes.
Le nombre de ballons joués, notamment dans la surface parisienne, est plus élevé qu’habituellement :
D’ailleurs le taux de possession des adversaires (39.9 %) est le plus haut depuis la saison 2012-2013.
De manière corolaire, le nombre de passes, mais aussi le taux de passes réussies sont les plus élevés des cinq dernières années :
Face au PSG, les équipes de Ligue 1 ont en moyenne réussi plus de 81 % de leurs passes alors que depuis 2015, ils étaient toujours sous la barre des 80 %. En début de saison, Nice a même réussi 91 % de ses passes face à Paris.
Le PSG a par ailleurs subi 19.3 passes en moyenne par match vers sa surface de réparation, contre seulement 16 la saison précédente.
Enfin, les adversaires du PSG ont en moyenne fait progresser le ballon de 3171 mètres par match, un niveau bien supérieur à celui des années précédentes (la moyenne des trois années précédentes est de 2989 mètres).
Pour conclure cette analyse de la défense parisienne en Ligue 1 cette saison, on rappellera également que Paris a encaissé 18 de ses 28 buts (soit 64 %) après la 51e minute et notamment 4 dans les 10 dernières minutes. Parmi ces quatre, celui encaissé à Monaco et les deux à Lorient furent synonymes de défaites (3-2 dans les deux cas). Paris a d’ailleurs encaissé 20 de ses 28 buts en seconde mi-temps.
Ces dernières données semblent indiquer que le niveau physique des Parisiens a cette saison constitué une problématique majeure (liée au manque de préparation estivale) qu’il ne faut pas occulter au moment de l’étude des performances du PSG.