Zlatan absent ou diminué lors d'une première partie de saison laborieuse, Silva blessé pour avoir voulu jouer trop vite, ou bien encore 5 titulaires habituels sur le flanc pour affronter le FC Barcelone : management et médecins du PSG ont souvent été pointés du doigt l'an dernier pour ne pas avoir su préserver l'intégrité physique des joueurs. Comparées à celles des autres clubs, les statistiques de l'infirmerie parisienne révèlent cependant un bilan satisfaisant pour le staff médical. Décryptage.
Une intéressante étude[1], publiée dans le British Journal of Medecine, montre qu'il y a en moyenne 8.0 blessures par 1000 heures jouées, entraînement compris et qu'il faut donc compter en moyenne, un souci physique toutes les 7500 min (125h) de jeu cumulées. Ces données prennent en compte les joueurs touchés lors des rendez-vous nationaux. Un footballeur-type est touché en moyenne deux fois par saison et manquera environ 37 jours, soit environ 12% d'une saison de 300 jours. L'effectif d'un club souffrira donc d'environ 50 blessures (pour un groupe de 25 joueurs) dont 8 blessures sévères par saison, une blessure étant considérée comme sévère si elle nécessite un arrêt de plus de 28 jours pour le joueur.
Point intéressant, une courte majorité des pépins se produisent pendant les matches (57%) alors que les footballeurs passent en moyenne environ 5.2 fois plus de temps à l'entraînement qu'en match. Cela en dit long sur la différence d'intensité entre entraînement et match ! L'immense majorité des soucis physiques (92%) sont localisés, assez logiquement, sur la hanche, l'aine ou la jambe en général.
L'intérêt de cette étude est double : outre les données chiffrées, elle montre également la consistance dans la fréquence des blessures. La déviation standard pour les footballeurs est relativement limitée : même les athlètes les plus résistants subissent environ 5 blessures, tandis que les joueurs fragiles peuvent être touchés jusqu'à 11 fois, toujours par tranche de 1000 h jouées. La moyenne est donc, de facto, un indicateur pertinent lorsque l'on prend en compte la globalité d'un groupe d'une vingtaine de membres.
Le temps de jeu en 2014/2015
Comparons maintenant ces chiffres avec ceux de la saison passée du PSG.
En 2014/2015, le club parisien a joué 59 matches officiels (1 lors du Trophée des champions, 38 en Ligue 1, 6 en Coupe de France, 4 en Coupe de la Ligue et 10 en Ligue des Champions), auxquels il faut ajouter 7 matches amicaux (Hartberg, Videoton, Leipzig, Nice, Kitchee SC, Naples, Inter), pour un total de 66 matches.
Le groupe pro était l'année dernière particulièrement restreint et seulement 21 footballeurs (Camara compris !) ont significativement joué. Si l'on prend en compte une moyenne de 3100 minutes jouées en match par joueur et 15500 minutes (260h) d'entraînement (5 fois le total du temps de jeu en match), on arrive à un total moyen par footballeur de 18600 minutes (310h). On peut donc s'attendre en moyenne à ce qu'un joueur soit touché 2 à 3 fois (310h, divisé par le ratio de 125h avant une blessure correspond à 2.48 blessures). Le total d'heures jouées par le club est de 6530.
Affinons un peu ce résultat en ce qui concerne le PSG. Sachant que les séances durent en général 1h30, 5 fois par semaine, et en comptant 42 semaines d'activité, l'entraînement représenterait plutôt une charge de 18900 minutes (315h) par athlète, soit environ 22000 minutes (365h) en incluant les matches. Le nombre de pépins attendu est alors de presque 3 (365/125=2.92) par joueur ! Le total d'heures jouées par les coéquipiers de Zlatan, ainsi calculé, monte à 7685.
Au final, on pourrait donc s'attendre à un nombre de soucis physiques compris entre 52 (6530/125) et 62 (7685/125). L'écart aux chiffres moyens s'explique facilement par le nombre de matches joués par le PSG, largement supérieur à la moyenne.
Combien de blessures en 2014/2015 ?
50 blessures ont filtré dans la presse, ce qui est tout à fait compatible avec les statistiques précédentes. Il n'est pas impossible que ce chiffre soit sous-évalué, certaines absences pour repos/choix de l'entraîneur ayant pu être de légers traumatismes non révélés à la presse. Si le PSG ne communique en effet que très rarement sur les soucis médicaux, il est en revanche aisé d'identifier les blessures "sévères" (entraînant une absence supérieure à 28 jours) contractées par Rabiot (cheville), Silva (ischo-jambiers), Lavezzi (ischo-jambiers), Ibrahimovic (la fameuse talalgie), Aurier (aine) et Lucas (adducteurs) soit 6 au total. Encore une fois, c'est plus faible (de 25%) que ce à quoi on aurait pu s'attendre. De plus, seul David Luiz semble avoir souffert du même souci (cuisse) deux fois dans la saison, alors que typiquement, 12% des blessures sont des rechutes.
Le bon travail du staff médical
Les conclusions sont donc déconcertantes. Le nombre de blessures sur la saison passée était dans la moyenne, ni catastrophique contrairement à ce que l'on aurait pu penser, ni, et c'est l'évidence, exceptionnellement bas. Il convient de prendre en compte plusieurs critères comme le nombre important d'internationaux, de matches joués et un groupe quantitativement limité. Sous cet éclairage, le nombre de pépins physiques se révèle même être modéré. L'équipe médicale n'est donc, a priori, pas à remettre en cause sachant que les blessures ont été au final de courtes durées et sans rechute. C'est un point très positif à mettre au crédit du staff.
Il est surtout dommageable, et c'est probablement ce qui a marqué l'inconscient collectif, que plusieurs joueurs majeurs fussent touchés au pire moment, pendant la phase retour de Ligue des Champions. Espérons que cela ne soit pas le cas cette année...
[1]
Injury incidence and injury patterns in professional football: the UEFA Injury Study
Jan Ekstrand, Martin Hägglund, Markus Waldén