C'est un Luis Enrique heureux et détendu qui s'est présenté en conférence de presse ce vendredi, au surlendemain de la victoire face à Arsenal et à la veille de Montpellier/PSG. L'Espagnol a évoqué sa gestion des temps de jeu, les deux finales à venir contre Reims et l'Inter Milan, les jeunes du centre de formation ou encore l'état de santé d'Ousmane Dembélé. Voici ses propos en intégralité, traduits par nos soins.
Vous avez laissé beaucoup de joueurs au repos pour ce week-end. Comment allez-vous trouver le juste équilibre jusqu'à la finale entre la décompression et le repos ? Est-ce que vous, à titre personnel, vous avez aussi besoin de récupération mentale ou physique avant ce dernier mois qui s'annonce ?
« Arriver dans les meilleures conditions pour les deux finales qui nous restent à jouer »
« Nous avons évidemment un petit plan qui dépend du temps de jeu et des voyages que font les joueurs au fil de la saison. Et bien sûr nous devons équilibrer tout cela pour arriver dans les meilleures conditions pour les deux finales qui nous restent à jouer. Il faut aussi prendre en compte le fait que quand la finale de Ligue des Champions va se terminer, la grande majorité va aller avec sa sélection nationale. Donc c'est un peu une sorte de puzzle qu'il faut tenter de gérer de façon générale mais aussi de façon individuelle parce que chaque joueur a besoin d'un plan personnalisé. L'objectif était d'être présent dans toutes les compétitions jusqu'à la fin. Nous avons réussi cela et maintenant il reste ces derniers matches qui nous permettront d'obtenir ces objectifs. Mais c'est sûr que le repos est très important pour que les joueurs arrivent frais, surtout mentalement. Nous tenterons de le gérer de la meilleure manière et me concernant, j'aurai le même repos que celui des joueurs qui ne vont pas en sélection et c'est suffisant. »
Dans ce plan, il y a donc ces deux finales à gérer en une semaine : la Coupe de France face à Reims et puis cette finale de Ligue des Champions face à l'Inter Milan. Comment le faire et est-ce que vous pouvez nous assurer que le PSG sera encore plus fort pour ces deux rendez-vous qui arrivent d'ici 22 jours ?
« Demain nous jouons contre Montpellier. Ensuite, il reste Auxerre. Ce sont deux matches qui vont nous servir pour justement suivre ce plan. Dans ce plan, il n'y a pas seulement les jours de congé, qui permettent de se déconnecter, mais aussi les jours d'entraînement et les deux matches qui offrent du temps de jeu pour arriver dans les conditions adéquates à la finale du 24 mai en Coupe de France puis à la finale du 31 en Champions League. Donc ces matches de Ligue 1 servent aussi à gérer le temps de jeu et à donner des minutes à d'autres personnes, à faire des rotations. Mais je répète qu'il y a de nombreux joueurs, de nombreuses situations différentes et que nous gérerons de façon individuelle. »
Comment va Ousmane Dembélé et quelle est la stratégie derrière la mise au repos de plusieurs cadres ? Et comment avez-vous fait le choix des joueurs qui seront au repos et ceux qui n'y seront pas ?
« Dembélé avait l'autorisation du staff de ne pas venir au Campus, mais il a voulu venir »
« Je viens de vous répondre sur ce point-là. Ousmane Dembélé va parfaitement bien aujourd'hui. Il s'est entraîné avec l'équipe. Il faisait partie des joueurs qui devaient être laissés au repos, mais il a voulu venir et c'est là que se situe l'aspect individuel. Il avait l'autorisation du staff de ne pas venir au Campus. C'est ce que nous considérons comme le temps de repos adéquat. Mais si toi tu penses que tu as besoin de venir ou que tu veux venir parce que tu te sens mieux en étant ici, liberté totale pour les joueurs. Donc nous, c'est le temps maximal de repos que nous conseillons. Mais ensuite, chaque joueur fait ce qu'il souhaite. »
Je rebondis un peu sur ces questions-là. Est-ce que la finale face à Reims le 24 mai prochain n'est pas le test parfait pour essayer de mettre l'équipe-type avant la finale du 31 mai prochain ?
« Je m'inquiète très peu de ce genre de choses pour le moment. Ce qui m'inquiète le plus, c'est de savoir que les joueurs vont bien se reposer, que ceux qui doivent le faire pourront être en compétition et poursuivre l'objectif du club parce que le 24, bien sûr, c'est une finale et le 31, c'est une autre finale. Évidemment qu'il n'y a pas de meilleure manière de préparer la deuxième finale que de jouer une première finale une semaine avant. Donc le calendrier me va parfaitement. »
Vous parlez un peu du turnover que vous allez opérer durant les deux derniers matches de Ligue 1. Est-ce que ces matches face à Montpellier et Auxerre peuvent être l'occasion de voir des jeunes, comme on en avait vu face à Strasbourg notamment ?
« Montpellier est une grande opportunité pour les jeunes »
« Oui, sans aucun doute. Surtout parce que par rapport au nombre de joueurs, si je dois reposer des joueurs qui ont accumulé beaucoup de voyages, beaucoup de temps de jeu et pour certains des voyages de l'autre côté de l'océan, évidemment qu'il faut que je fasse entrer des jeunes joueurs de la formation et c'est une grande opportunité pour eux. C'est aussi une grande opportunité pour voir des joueurs qui sont importants au sein de l'équipe et plus nous sommes préparés avant les finales, mieux c'est. Donc oui, le match de demain contre Montpellier est une grande opportunité de préparation. »
Achraf Hakimi a été élu MVP de la demi-finale retour de Ligue des Champions. Juste avant, en conférence de presse, il disait que vous lui aviez permis d'atteindre un niveau qu'il n'aurait jamais imaginé atteindre et vous en novembre dernier, vous expliquiez que c'était le meilleur latéral droit que vous aviez entraîné, pourtant vous avez coaché de nombreux joueurs comme Carvajal ou Dani Alves à ce poste-là. En quoi est-il meilleur à ce niveau-là et comment l'avez-vous aidé ?
« Hakimi est beaucoup plus mûr par rapport à la saison dernière »
« Moi, sur ces questions de définir qui est le meilleur... Je ne suis pas sûr d'avoir dit exactement "le meilleur" parce que c'est tout à fait relatif. Ce qui est très important, c'est la mentalité d'un joueur, sa capacité à accepter des choses différentes qu'il n'avait pas faites pour différentes raisons et le fait d'avoir un état d'esprit suffisamment ouvert pour accepter cela, pour assimiler cela et pour ensuite arriver à de bonnes performances. Je crois que sur cet aspect, Hakimi est beaucoup plus mûr par rapport à la saison dernière. C'est un joueur plus abouti et qui est un vrai leader au sein du vestiaire, en dehors du terrain et sur le terrain par rapport à sa compétitivité. Pour un entraîneur, c'est merveilleux d'avoir des joueurs avec cette mentalité, ce niveau de compétitivité. Il est toujours à son niveau maximal et je pense que son évolution a été ascendante. Avec le haut niveau qu'Hakimi avait déjà au départ, c'est quelque chose qu'il faut souligner. »
Aujourd'hui, ce n'est pas une question mais plutôt un petit témoignage. Cela fait 35 ans que j'attends ce moment, après des désillusions, des rires, des pleurs dont vous étiez le principal responsable. A votre arrivée, j'étais très sceptique. Il nous a fallu deux mois pour comprendre là où vous vouliez aller et vous avez réussi ce que très peu ont réussi : fédérer un pays, une ville, peu importe son origine, sa couleur, sa religion ou son âge. Je terminerai sur ça. Vous avez eu 55 ans. Au nom du football français, des supporters que nous représentons tous, nous tenions à vous dire merci pour vos efforts en français et pour toutes les émotions négatives comme positives. Er en français nous disons « qui aime bien châtit bien ». Ce n'est pas la fin, rassurez-vous. On va continuer de vous embêter, nous les journalistes, mais nous avons une dernière danse le 31 mai pour marquer l'histoire du football français. Êtes-vous prêts ? Et cette fois, une réponse en français s'il vous plaît.
« En français, je dois faire la réponse en français ? Je vais essayer. Merci beaucoup. Quand un entraîneur comme moi arrive dans un nouveau club, un autre pays, avec une langue évidemment différente, je pense que c'est normal que ce soit difficile de comprendre tout ce qu'il pense. Mais je n'ai rien à dire de mauvais parce que dès le premier jour, j'ai reçu beaucoup d'amour et de compréhension de la part des gens du club, des joueurs, de tous les supporters. Et c'est normal quand on arrive dans un club que tout le monde critique au début et ne comprenne pas ce que l'entraîneur fait. C'est normal, je suis habitué à ça. Je pense qu'on a eu la bonne mentalité pour maintenir notre pensée et obtenir notre crédibilité. Je suis habitué à ça et je suis content. Ce n'est pas le moment de parler mal de l'entraîneur, mais plutôt de parler de la connexion entre les supporters et l'équipe. C'est le moment de se préparer et de se servir des deux finales qui restent pour écrire l'histoire. On doit encore écrire l'histoire. (en espagnol) Ça va mon français ? (en français) Plus ou moins hein ? (sourire). »
Vous parliez juste avant de la préparation en vue de ces matches qui restent. Nous parlons beaucoup de la préparation physique, mais je voudrais vous poser une question sur la préparation mentale, sur son importance. Quelle est l'idée ? Diviser les choses, dire qu'on se prépare d'abord pour la finale de la Coupe de France et ensuite celle de la Champions League ou est-ce que vous voyez tout cela comme un tout ?
« Nous allons essayer de donner le plus de temps de repos possible aux joueurs, pour qu'ils déconnectent »
« Je ne crois pas que l'être humain doive discerner, séparer une chose et l'autre. C'est pour cela que nous allons essayer de donner le plus de temps de repos possible aux joueurs, pour qu'ils déconnectent, pour qu'ils oublient le football, qu'ils oublient un temps les finales, qu'ils puissent, dans un calendrier si complexe, se consacrer à d'autres choses. Être un footballeur professionnel, c'est merveilleux, c'est une des meilleures vies en tout cas pour nous qui aimons le football, mais d'un autre côté, il y a des choses négatives. Tu n'as pas de temps, tu n'as pas de week-end libre, tu n'as pas de temps pour passer du temps avec tes amis, ta famille, ton conjoint. Et donc là, malgré les matches, nous pouvons donner un temps de repos aux joueurs et donc bien sûr l'objectif est qu'ils arrivent aussi frais que possible aux entraînements. Et à partir de là, il faut se montrer compétitif durant les entraînements pour être prêt pour les matches, pour les finales et il ne faut pas séparer les choses. Quand on est préparé mentalement, quand on est ouvert, quand on a l'état d'esprit adéquat, tu te montres compétitif, peu importe que ce soit une finale de Ligue des Champions ou de Coupe de France, ou une finale avec tes amis quand tu joues au Padel. Tu es prêt à tout. »
Tout d'abord, joyeux anniversaire avec un peu de retard. En regardant sur Google, je me suis rendu compte que vous étiez né la même année que le PSG, en 1970. Une finale de Coupe de France arrive très bientôt, puis une finale de Ligue des Champions. Vous parlez souvent de vouloir marquer l'histoire. Est-ce que vous êtes prêt pour marquer l'histoire ?
« Nous sommes tous prêts à Paris pour marquer l'histoire »
« Nous sommes tous prêts à Paris pour marquer l'histoire. Les supporters sont prêts parce que ce sera la deuxième finale de Champions League, mais ce sera la première avec les supporters parce qu'en 2020, c'était l'année du COVID. C'était une finale, mais sans les supporters, ce n'est pas vraiment une finale. Ça va être la première en présence des supporters. S'il y a une équipe, parmi celles que je connais, qui mérite une finale, c'est bien le PSG. Mais il manque encore le plus difficile. Et trop d'énergie positive, c'est aussi dangereux. Une fois qu'on a dit ça, oui, je savais que le Paris Saint-Germain avait été fondé en 1970, puisque c'est mon année de naissance et je l'ai vu sur l'un des tifos des Ultras. Donc j'étais au courant oui et j'adore cette année. Pourvu que nous puissions tous - joueurs, staff, club - atteindre cet objectif. Depuis le premier jour, c'est un objectif qu'on a fixé et on va essayer d'être les premiers à le réaliser. Le problème c'est que l'une des deux équipes, l'Inter Milan ou le PSG, ne va pas obtenir ce qu'elle souhaite et ne parviendra pas à remplir cet objectif. J'espère que ce sera notre première Ligue des Champions. »
Vous disiez que c'était un match, une opportunité pour donner du temps de jeu aux jeunes. Est-ce que l'objectif est petit à petit de leur donner plus de place dans les saisons à venir ou est-ce que ça dépend vraiment de la qualité ? On sait que le club est attaché à cela depuis le nouveau virage qui a été pris l'année dernière. Est-ce que c'est possible quand il y a un tel degré d'exigence ? Et quelle est votre vision de la formation parisienne ?
« Nous voulons donner des opportunités aux joueurs de la formation, mais cela ne veut pas dire offrir du temps de jeu »
« Je pense que notre effectif reflète un peu l'idée du club et du staff. Très clairement, nous voulons donner des opportunités aux joueurs de la formation, aux Titis, sans aucun doute. Mais cela ne veut pas dire "offrir" du temps de jeu au sein du Paris Saint-Germain, l'une des meilleures équipes du monde. On ne peut pas offrir ce temps de jeu. Il faut avoir le niveau pour le faire. Les gens de la formation ont cet avantage de connaître la langue, le pays, la culture, le club. Bien sûr que c'est un gros avantage pour eux. Donc si le joueur étranger n'est pas beaucoup plus fort qu'un joueur d'ici, bien sûr qu'il y a une préférence pour les Titis. Mais je crois que ce mélange que nous avons est très bon. C'est un très bon équilibre. Il y a beaucoup de joueurs. Mais les Titis aussi ont une exigence. Il faut qu'ils aient un niveau qui soit semblable à celui qu'attend le club. Cela n'est pas facile et je peux le voir avec les joueurs qui viennent à l'entraînement. Il y a de très bons joueurs et ce sera difficile pour tous de faire carrière au Paris Saint-Germain. Mais des opportunités de le faire, oui, et d'entrer en jeu, ils en auront. Par contre, il n'y a pas de chance pour tout le monde. Mais très clairement, notre mentalité est d'ouvrir l'équipe à des joueurs du centre de formation, des joueurs de la maison. »
Avec un peu de recul, comment jugez-vous cette communion mercredi soir après le coup de sifflet final avec vos supporters et est-ce que cela vous donne déjà des idées de ce qui pourrait arriver à la fin du mois ou au début du mois prochain, le 1er juin ?
« Il n'y a rien de plus beau que d'offrir, grâce à son travail, du bonheur à la vie d'autres personnes »
« Quand arrivent les moments festifs, ce qui définit le football, c'est la passion, donc la passion de tous. Et quand tu vois que grâce à ton travail et au travail de l'équipe et du club, il y a autant de gens si heureux, il n'y a pas de sensation plus belle que celle-ci. Il n'y a rien de plus beau que d'offrir, grâce à son travail, du bonheur à la vie d'autres personnes. Donc nous allons tenter de faire en sorte qu'il y ait toujours un nouveau "match le plus important" bien sûr, le match le plus important arrive. Ce sera le 24 puis ensuite le 31 et nous allons tenter de finir avec la cerise sur le gâteau que mérite l'équipe, que méritent les supporters grâce à leur aide sans faille envers l'équipe. Je crois que l'équipe et le club l'ont démontré durant des années, et moi je peux parler des deux dernières années, nous méritons cette chance. Je crois que l'année dernière, nous méritions déjà d'être en finale et je le répète parce que je pense que nous avions été plus méritant que l'adversaire, mais cette année, nous avons à nouveau démontré le mérite suffisant pour nous trouver là où nous sommes et nous allons tenter de le gérer de la meilleure manière possible. »
Vous avez souvent, au travers de vos différentes conférences de presse, pu donner des éléments sur votre gestion du groupe quand ça n'allait pas forcément bien. Ma question concerne plutôt les périodes fastes comme celle que le PSG vit actuellement. Comment vous gérez cela auprès de votre groupe ? Il y a deux finales qui arrivent, est-ce que vous avez conscience que vous avez l'occasion d'amener tout un peuple, toute une équipe, toute une ville au nirvana ou même au paradis européen ?
« L'Inter est une équipe qui sait déjà ce que représente de jouer une finale de Champions League »
« Il y a différents états d'esprit à gérer. C'est bien plus facile de gérer des moments agréables, mais il faut aussi gérer des choses plus complexes, même dans ces moments positifs. C'est confortable pour moi de gérer les deux choses, mais je me sens bien quand je dois gérer des situations compliquées, je me sens même mieux, je ne sais pas pourquoi mais c'est quelque chose qui me va bien. Et pour le reste, oui, mais je ne veux pas qu'il y ait d'excès. Je répète que nous avons fixé cet objectif (de gagner la C1) et nous savons ce que ça voudrait dire d'être les premiers, mais ça doit être une motivation, un stimulus et ça ne peut pas être une charge. Tout excès représente une charge. La joie immense est une charge quand tu dois être compétitif, donc on va être prudent, on va être calme dans cette situation de façon à la vivre en ramenant les choses à "c'est un match de foot, il est important, mais cela reste un match de foot". On va devoir montrer ce en quoi nous sommes meilleurs que l'adversaire et si le match ressemble à cela, alors le résultat sera positif. L'Inter est une équipe qui sait déjà ce que représente de jouer une finale de Champions League. Ils ont joué une finale il y a deux ans contre City et ils l'ont perdue, donc ce sont des joueurs qui ont plus d'expérience que les nôtres, c'est une équipe plus établie, ce sera très compliqué. C'est donc important de gérer tout ce qu'il y a autour. Le temps de la fête viendra ensuite. »