Il y a quelques jours, un article particulièrement intéressant sur le jeu de position que tente de mettre en place Luis Enrique au PSG a été proposé sur Sky Sport Suisse par Victor Lefaucheux, un analyste tactique bien connu de notre site. En voici un extrait, avant d'en reparler plus longuement ce soir en podcast avec lui ce soir à partir de 22h.
L'article sur le jeu de position de Luis Enrique a été publié sur le site de Sky Sport Suisse et l'extrait est publié ici uniquement avec l'autorisation de l'auteur. La version complète est à retrouver sur leur site.
Un temps courroucé pour sa dimension supposément trop statique, le PSG de Luis Enrique a atteint sa pleine mesure au cours d’un hiver ultra-prolifique, où il a annexé la Ligue 1, explosé Man City dans un match couperet, avant de réitérer le massacre à Stuttgart puis face à Brest. Guidé par une idée fixe, le coach asturien est parvenu à développer une animation fluide et extrêmement difficile à contre-carrer pour ses adversaires.
S’il convient de diviser le jeu en quatre phases, entre l’attaque, la défense, et les deux passages de l’une à l’autre, l’attaque elle-même peut se subdiviser en deux ou trois phases, de l’initiation à la conclusion des temps de jeu. Cette nomenclature est particulièrement nette chez le PSG de Luis Enrique, qui déploie une organisation distincte entre le début, le milieu, et la fin de ses temps de jeu placés. Donnant lieu à différents scénarios selon le comportement et les caractéristiques de l’adversaire, notamment en termes de hauteur de bloc.
4-2-4 : largeur et profondeur
Tâche ardue que celle d’attribuer nominalement des rôles dans une organisation aussi mobile que celle du PSG, dont l’appétence pour la souplesse collective semble s’être accentuée ces dernières semaines. C’est tout de même ce que nous allons tenter de faire, en partant du principe de bon sens que l’entraineur de très haut niveau est bien obligé de formaliser son projet, en dépit des innombrables variables, souhaitées ou contraintes.
Premier constat : le PSG a plusieurs systèmes dans son système.
Un premier pour initier ses actions en cas de pressing haut adverse, qu’on pourrait appeler 4-2-4. Et dont le principe est assez simple : étirer l’adversaire en largeur et, souvent, chercher directement la verticalité depuis un central ou un latéral.
Le 4213/424 initial du PSG face au pressing haut de Girona
C’est la première menace que présente ce PSG à un bloc haut, et le premier dilemme qu’il offre aux défenseurs adverses : des ailiers à la fois larges, et capables de fondre vers le but.
Exemple de la menace profonde de ces ailiers large avec l’ouverture du score à Brest
Des rôles initialement taillés sur mesure pour Barcola et Dembélé, le natif d’Évreux apportant une touche technique supplémentaire avec son ambidextrie, et donc la possibilité (en plus de la profondeur directe) d’un chemin intérieur, toujours plus dur à gérer pour le latéral d’un bloc haut qui viendrait le chasser.
L’action du schéma ci-dessus, Hakimi choisit Dembélé dans les pieds, alors que la menace dos est pris en compte, le Français se tourne grâce à son pied gauche, et trouve Barcola face au jeu : Paris sort de la pression avec son 4-2-4 initial.
Avec l’émergence de Doué et le recrutement de Kvara, Paris s’offre une émulation et une concurrence prometteuses dans ces rôles. D’autant plus que Dembélé s’épanouit désormais dans l’axe, alors que Doué rayonne sur l’aile droite.
D’ailleurs, l’ancien Rennais donne le ton en début de match face à City, avec une première semonce, en utilisant cette ligne directe arrière droit – ailier droit.
Un plan initial qui dernièrement évolue vers une sorte de "losange géant" comme on le voit brièvement ci-dessus à 4’02’’, mais qui conserve l’idée d’une défense à quatre qui écarte, et de deux ailiers hyper larges et plongeants. À défaut de marquer directement, Lucho s’offre avec ce 4-2-4, la possibilité de faire reculer l’adversaire, réalisant ainsi le premier objectif de toute sortie de balle : s’installer dans le camp adverse.
3-2-2-3 : 5 dedans - 5 dehors
Le second système, prévu pour la seconde des trois étapes théoriques de l’attaque, qu’on pourrait appeler "construction", est le cœur du plan de jeu de Lucho. Et c’est certainement dans cet aspect que son projet parisien dénote le plus de ses précédentes équipes, plus mécanisées, en dépit d’une verticalité certaine. Toujours est-il que le PSG s’organise avec ballon, face à un bloc replié, en 3-2-2-3. Un système dans l’air du temps, plus communément appelé "3-box-3".
Ce jeudi soir à partir de 22h, nous allons organiser un podcast avec Victor Lefaucheux, l'auteur de l'article, afin de revenir sur le jeu de position de Luis Enrique, en partant évidemment de son article. Vous pouvez réécouter le podcast ci-dessous :