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Unai Emery, son interview complète dans Marca

Publié le lundi 2 janvier 2017 à 14:20 par Alexis
Unai Emery a accordé un long entretien au journal sportif espagnol Marca durant la trêve hivernale. Voici l'intégralité de ses propos, traduits par nos soins.
Unai Emery a accordé un long entretien au journal sportif espagnol Marca durant la trêve hivernale. Voici l'intégralité de ses propos, traduits par nos soins.

Comment Emery se trouve dans ce PSG ?

Enthousiaste, motivé et très proactif. Nous avons fait une première partie de la saison avec des attentes de croissance durable et nous avons besoin de temps. En Champions League, nous avons réalisé une bonne phase de groupe, nous avons fait des bons matchs contre Arsenal mais le dernier match, le nul à la maison, nous a pénalisé et on a terminé second. En championnat, nous sommes troisièmes et l’objectif clair est de le gagner. La saison passée, l’équipe fut supérieure aux rivaux et maintenant, nous sommes retournés dans un championnat plus égalitaire, dans lequel nous ne sommes pas aussi supérieurs, ce que nous avons du mal à assimiler. Mais, je suis optimiste et le club aussi parce qu'il y a de la confiance, avec l’obligation de s’améliorer.

Le PSG était un train qu’on ne peut pas laisser passer ?

«Le PSG représentait une opportunité et l’unique manière d’avancer, c’était d’y aller.»

Comme entraîneur, j’ai grandi en relevant des défis et les défis, sont une difficulté mais quand tu les dépasses, tu grandis. Lorca, Almeria, Valence, Spartak Moscou, Séville… Le PSG représentait une opportunité et l’unique manière d’avancer, c’était d’y aller. Je devais retrouver une difficulté avec la langue, la culture, plus d’exigences, un vestiaire nouveau…ça c’est grandir. C’était un défi que je devais relever.

Mais à quel point est-ce un challenge de sortir de la zone de confort et que faudra-t-il changer pour avoir tout sous contrôle comme à Séville ?

A Séville, j’ai vécu des moments inoubliables et continuer, c’était rester dans une zone de confort, avec des possibilités de grandir. Mais si tu veux avancer, tu dois trouver des obstacles difficiles. La difficulté te fait progresser et le PSG m’a donné cette opportunité, plus que d’autres clubs que je n’ai pas considérés. On est en train de découvrir le niveau de difficulté mais je suis content de la trajectoire, le temps est important pour pouvoir consolider une idée, un développement et un succès arrive seulement au bout.

Vous imaginiez que cette exigence serait aussi grande ? 

Oui, ça, c’était le but. La première question au président Nasser Al-Khelaifi a été « Qu’est-ce que tu attends de moi ? » et en cela, nous nous rejoignions. 

Une équipe comme le PSG est grande seulement si elle gagne la Champions League ?

«Le président et la direction ont mon âge, ils veulent grandir et le faire avec un entraineur qui se développe aussi.»

C’est un club relativement jeune, avec des nouveaux actionnaires, avec beaucoup d’histoire, le club le plus important de France et qui est en train de se développer avec sa dimension externe. Le président et la direction ont mon âge, ils veulent grandir et le faire avec un entraineur qui se développe aussi, jeune, et a qui a eu un certain succès.

De dehors, on a l’impression que le club a un impératif urgent de réussite en Champions League ?

«Tu ne gagnes pas en septembre ni en décembre mais, à partir de là, tu te développes et nous sommes dans ce process.»

Déjà, j’ai réussi à passer la barrière de la langue, c’est important. Tout ce que je transmets aux joueurs, je le transmets en français à l'exception de conversations avec Cavani, Di Maria, Jésé. Passée cette barrière, le deuxième pas, c’est l’idée, le style, la méthodologie, implanter la base dans le temps sur un chemin qui nous mène à la victoire. Tu ne gagnes pas en septembre ni en décembre mais, à partir de là, tu te développes et nous sommes dans ce process. Le club veut se consolider en gagnant en France et développer ses succès vers l’extérieur. Je parle de la Champions League. Le PSG veut suivre ce chemin mais, pour y arriver, le temps nous le dira, ainsi que les progrès dans ce développement (NDLR : la phrase est difficilement traduisible en français).

Parlons de la difficulté de la langue et d’un nouveau club. A Guardiola, il lui arrive la même chose à City, ce sont des trajectoires similaires ?

Chaque club est différent, chaque entraineur est différent. Moi, je vis ma propre expérience comme technicien et ça me fait dire qu’un départ comme celui que j’ai vécu à Moscou m’a appris beaucoup de choses qui vont me servir ici.

Lesquelles ?

M'établir avec la langue et la culture, la priorité c'est comment se vit le foot dans chaque pays. Une fois que tu es capable de contrôler cela, tu peux implanter des nouvelles idées qui donnent la capacité de répondre à ce football et à ce vestiaire. Nous sommes dans cette progression. Dans le football, tout est mesuré par les résultats, plus au niveau extérieur qu'à l'intérieur, parce que en interne, nous savons qu'il faut avoir un développement, un processus pour atteindre ce succès. Au club, nous parlons beaucoup, nous actualisons comment nous avançons dans cette progression mais, en même temps, nous exigeons beaucoup pour qu'à la fin, ce développement soit gagnant.

Il y a quelques années, vous avez publié un livre intitulé «Mentalité gagnante», ça prend plus de temps à écrire un livre ou à doter une équipe de cette mentalité ?

Je l'ai écrit a un moment où j'avais grandi en tant qu'entraineur mais il me restait encore beaucoup à parcourir et je parlais de la mentalité gagnante, comme celle qu'on cherche pour gagner, pas celle qui te fait gagner. Mon processus, avant d'entrainer à Séville, était ascendant et gagnant, bien qu'encore je n'avais gagné aucun titre. La mentalité gagnante c'est la mentalité du travail que tu inculques pour gagner, ça ne signifie pas que tu vas gagner, tu trouves un parcours pour pouvoir gagner. Nous sommes à ce moment au PSG.

Ce changement de mentalité doit être plus difficile avec la barrière de la langue ?

La communication est une des barrières que nous allons dépasser avec les joueurs en parlant français et la mentalité de cette équipe est de vouloir gagner. Déjà, elle a gagné et ce qui est difficile, c’est de retrouver la victoire, avoir la capacité de continuer et l’exigence pour le faire.

C’est sûr que le style de jeu du PSG a beaucoup changé à votre arrivée avec un football basé sur la possession à un plus vertical et direct ?

«Nous sommes en train d’avoir une continuité dans le jeu, en travaillant dans l’amélioration des détails.»

Nous sommes en train d’avoir une continuité dans le jeu, en travaillant dans l’amélioration des détails. Ça, c’est la ligne continue des capacités et des qualités de ces joueurs, que nous fortifions. C’est une équipe qui a comme base beaucoup de jeu positionnel avec la possession du ballon, une de ses armes fortes. Nous voulons ajouter la capacité de regarder plus la cage depuis la zone des trois quarts du terrain jusqu’à devant, d'avoir une position plus agressive en attaque. Et, aussi, la capacité de s’améliorer en défense en prenant en compte que nous avons une possession de 60-70% à tous les matches tout en sachant que, dans les matchs contre des adversaires importants, cette capacité de contrôler la balle va être réduite à un 50-50, par exemple contre le Barça. Il faut améliorer la capacité de défendre aussi sans ballon.

Avec votre profil de perfectionniste, le travail est le même en arrivant avec un vestiaire qui a tant d’individualités ?

Bonhomme, moi, j’ai eu des joueurs top mondiaux depuis Valence (Villa, David Silva, Marchena) et à Séville (Negredo, Navas, Rakitic). Quand tu arrives dans un club, la première chose que tu dois faire, c’est rencontrer les personnes, se connecter avec ce groupe de 25 personnes et coexister. Ensuite, tu arrives au footballeur. Avec ses particularités, ses cultures, ses origines, les personnes sont pareilles en deuxième division qu’au PSG et à partir de là, les différences sont marquées par les qualités footballistiques. Ici, tu trouves des joueurs qui ont gagné et tu veux leur transmettre qu’ils continuent en ayant faim pour gagner.

J’ai lu une de vos phrases dans une interview : « Je n’ai pas encore gagné le respect du vestiaire. » J’imagine qu’on se réfère à cette connexion avec la personne ?

Quand tu arrives dans une équipe, tu as besoin de temps pour que se produise ce « feedback » entraîneur-joueur parce que c’est un processus, que nous trouvons tous à 100% dans la communication et l’intention est la même avec la direction, c’est la même intensité que je veux, c'est ce 100% de sentiment et de passion que tu cherches pour arriver au succès.

Avec une autre langue, ce résultat est assez compliqué, il faut plus de temps que ça arrive à ses joueurs.

Premièrement, tu arrives au joueur en lui faisant voir ce que tu veux, les directions que tu prends et où tu veux arriver. L’autre chose, c’est le terrain, ce que tu leur transmets, comment tu veux jouer. Pour cela, la langue n’est pas tant importante. C’est plus important au niveau personnel, pour lui transmettre ce sentiment et cette passion dans ce qu’il fait. Le reste, c’est purement un mouvement tactique et des consignes.

Vous êtes depuis 6 mois au PSG, les joueurs se sont habitués ou ils continuent à être mesurés, comme ce qui arrive dans tous les vestiaires ? 

Ça, c’est que j’ai appris à Lorca, en seconde division. Les joueurs sont constamment en train de juger les décisions de l’entraineur, ce n’est rien de nouveau. Une des agréables surprises qu’ils m’ont apportée, c’est que ces joueurs écoutent et veulent apprendre, recevoir. C’est un vestiaire avec un haut niveau d’engagement et cela me donne confiance.

Dans quelques discussions, vous « provoquez » un joueur pour en tirer le meilleur rendement. On peut faire pareil à Lorca qu’au PSG ?

«A mes débuts à Lorca, j’ai eu plus de difficultés qu’au PSG.»

Pareil. De fait, à mes débuts à Lorca, j’ai eu plus de difficultés qu’au PSG parce que je suis passé de joueur à entraineur du jour au lendemain. Un niveau d’exigence très haut, la culture de l’effort quotidien et le respect du travail, c'est ce qui, au final, te fait gagner.

La saison passée avec Blanc, ils ont gagné le Championnat, la Coupe de France et la Coupe de la Ligue, quels sont vos objectifs ?

Nous suivons une ligne de continuité avec l’idée de faire grandir le club. Il y a été fait un grand travail et on veut continuer avec l’exigence de gagner des titres, d’avoir une dimension comme club en France et le faire connaitre au niveau mondial grâce à des titres et que l’équipe enthousiasme et transmette des valeurs ainsi qu’une identité à ses supporters.

C’est exagéré de considérer qu’en étant le club le plus riche de France, vous êtes obligés de gagner le championnat ? 

La beauté du championnat de France, c’est de rencontrer des rivaux qui t’ajoutent des difficultés, c’est ce qui te fait être meilleur. Si tu gagnes le championnat avec beaucoup de différence, ce titre perd de la valeur au niveau de l’exigence. Maintenant, le niveau de Nice, de Monaco et mêmes d’autres équipes comme Marseille et Lyon, rendent plus grande la Ligue 1. Moi, je veux être dans un championnat ouvert et compétitif, que tu gagnes dans la difficulté, dans un championnat qui attire l’attention aussi en dehors de la France, parce que ça, c’est bon pour nous et la compétition.

La première place de Nice, c’est plus leur mérite que l'échec du PSG ?

C’est parce qu’il y a du niveau en France et que Nice est une bonne équipe, qui réalise un grand travail avec des joueurs comme Balotelli. Ensuite, nous avons Monaco qui travaille depuis des années avec Jardim et a une continuité qui lui donne le lien d’une équipe importante, qui a compris comment elle veut jouer avec des footballeurs top mondial comme Falcao et Moutinho. Pour cela, le championnat de France est un objectif avec des difficultés.

Ibrahimovic est parti et Cavani a assumé la relève avec 19 buts en Championnat et 6 en Champions League. Vous êtes contents de son rendement ?

Cavani a un objectif que lui a donné le PSG : être la référence offensive de l’équipe et il est en train de le réaliser. Son travail pour l’équipe est très bon.

C’est Verratti ce joueur appelé à assumer ce rôle de nouvelle référence émotionnelle et de leader dans cette équipe ?

«Il y a des joueurs jeunes avec un futur personnel lié au PSG dans toutes les lignes.»

Il y a des joueurs jeunes avec un futur personnel lié au PSG dans toutes les lignes, des références comme Marquinhos, Aurier, Kurzawa, Verratti, Rabiot…Ce sont des footballeurs jeunes qui sont mélangés avec d’autres anciens comme Thiago Silva, Motta, Cavani ou Di Maria, qui forment un projet du présent et du futur de la croissance du club.

Marquinhos est-il aussi excellent comme footballeur qu'ils le disent ? 

C’est un jeune joueur avec un très bon rendement pour l’instant et un futur très prometteur en terme de croissance, dans la même ligne qu'un PSG déjà gagneur qui doit être plus grand et plus gagneur dans le futur.

Nous verrons dans cette seconde partie le niveau réel de Di Maria, celui qu’il n’a pas donné depuis son départ du Real ? 

Quand part une référence comme Ibrahimovic, la responsabilité qu’assument les autres footballeurs comme Di Maria, les expose plus aux yeux des supporters. Angel est un joueur avec beaucoup d’expérience et très important, son rendement est bon et tous, nous croyons et voulons qu’il soit meilleur. Je suis sûr que c’est ce qui va arriver sur la phase retour.

Quelle est la situation actuelle de Jesé au PSG ?

Jesé a besoin de jouer et quand il a joué, je suis content parce que son travail a été bon, il a donné de l’implication à l’équipe. Mais cette continuité de temps de jeu, pour lui donner de la confiance, c’est difficile. Alors, une possibilité dont nous avons parlé et que nous verrons après la trêve, est d’analyser ce qui est le meilleur pour l’équipe et ce qui est le meilleur pour lui. Toujours en pensant, que Jesé devienne ce footballeur qui réalise les attentes qu’il engendre pour nous tous.

Que peut apporter la récente signature de Draxler ? 

Nous incorporons un jeune joueur de renommée, qui va nous apporter de la verticalité et la dernière passe en phase offensive, la capacité à être près du but.

Vous parlez toujours d’objectifs mais celui des phases éliminatoires contre le Barça, n’en est pas un petit.

«Face a Barcelone, nous avons un défi et une grande opportunité de pouvoir faire un pas en avant.»

La Champions League est la compétition où le PSG veut se fortifier, où il veut progresser pour être un candidat au titre et que la Champions League donne une plus grande dimension au PSG. Face a Barcelone, nous avons un défi et une grande opportunité de pouvoir faire un pas en avant. Ça nous enthousiasme, cette motivation et cette exigence sont positives. 

Cette phase éliminatoire n’arrive pas trop tôt ?

Moi j’ai grandi comme entraîneur dans des matchs importants parce que ce sont des opportunités importantes. Après ces opportunités, il y a une étape décisive qui confirme cette croissance. C’est une très belle affiche, du niveau de ce que voulait le PSG.

Au gala des Globe Soccer Awards de Dubaï, en récupérant votre récompense, vous l’avez dédiée à Seville et ses supporters. Surpris par le rendement de Sampaoli ? 

Seville est un club installé dans cette dernière décennie dans l’élite gagnante, en cimentant le travail, avec ses supporters et en ce sentiment que génère le football. Les bons professionnels passés par là-bas, nous sommes privilégiés d’être dans un lieu qui nous le fasse sentir et a une capacité de grandes réponses devant des objectifs importants. Le club continue d’avoir cette capacité parce qu’il est grand. C'est pour ça que j’aime ce Seville. 

Le club est sur la même ligne que vos objectifs et votre travail ?

Oui, nous avons parlé de cela lors de la première conversation que nous avons eue avec Nasser Al-Khelaifi et moi, avant de signer pour le PSG. C'est pour cela qu’au club, ils sont totalement alignés avec mon idée, ma philosophie de travail et ma méthodologie.

Quand les résultats n’arrivaient pas, le président vous a clairement soutenu.

Oui, nous communiquons beaucoup avec tous les composantes du club, nous évoluons sur la même ligne de confiance, de continuité, de croissance et d’exigence. C’est un processus que nous poursuivons constamment, avec l’exigence de faire un PSG plus grand et que nos supporters profitent de l’équipe.»

NB : Propos recueillis par Marca. Nous publions cette version intégrale de façon exceptionnelle car non-disponible en français.


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