C'est un Luis Enrique très concentré et bien décidé à ne pas prendre le match à la légère qui s'est présenté ce mardi en conférence de presse à la veille de PSG/Brest, en barrage retour de Champions League. L'entraîneur espagnol a aussi donné des nouvelles de Warren Zaïre-Emery et évoqué les débuts de Khvicha Kvaratskhelia. Voici ses propos en intégralité, traduits par nos soins.
Vous avez trois buts d’avance en Champions League, dix points d’avance en championnat. Les 8es de finale de Champions League sont dans deux semaines. Est-ce que vous êtes dans une logique de préparer vos joueurs pour la suite ou uniquement focalisé sur ce match retour ?
« Brest est une équipe qui nous a déjà remonté deux fois un écart de deux buts »
« Je suis très clairement concentré sur le match de demain. Nous avons obtenu un très bon résultat à l’aller, mais une fois que tu analyses le match à venir, il présente des complications parce que ces deux dernières saisons, Brest est une équipe qui nous a déjà remonté deux fois un écart de deux buts. Brest est une équipe très bien construite, qui travaille bien et qui a des qualités, avec cette capacité à jouer de longs ballons sur Ajorque et à récupérer les seconds ballons. C’est une équipe qui peut nous poser des difficultés donc on pense à ce match de demain, on oublie le résultat du match aller. Il est là bien sûr et c’est quelque chose de positif, mais notre objectif est exclusivement de gagner le match de demain. C’est notre seul objectif. »
Vous avez été l’entraîneur de la remontada, un match un peu hors du temps. Est-ce qu’après avoir vécu ce moment particulier, on se dit qu’aucune qualification n’est acquise d’avance et on reste plus vigilant que jamais ?
« Sans aucun doute. C’est un match piège. Malgré ce très bon résultat de l’aller, notre travail consiste à aborder ce match dès le début avec l’intention de le gagner. Comme toujours, nous aurons demain le soutien total du Parc des Princes et nous jouerons dès la première minute pour gagner ce match. Il n’y a rien à spéculer, rien à défendre, il faut juste penser à attaquer et défendre de façon totale et avec intensité. »
Avez-vous déjà été aussi détendu avant un match retour de Champions League ?
« Je ne suis jamais détendu avant un match de football »
« Non, je ne suis jamais détendu avant un match de football. Ce n’est pas dans mon ADN. Être relâché en Champions League, c'est impossible. À la fin du match, il y a aura une équipe éliminée, Brest ou le PSG. Donc tu ne peux pas arriver en étant relâché. »
Pouvez-vous nous parler de l’intégration sportive de Khvicha Kvaratskhelia et est-ce que vous êtes satisfait de ses premiers matches dans le jeu ?
« Kvara une recrue pour le long terme donc nous ne sommes pas pressés »
« Oui, je le suis. C’est évident qu’il a besoin d’un temps d’adaptation. Il n’y a pas de formule magique. C’est difficile de changer de pays, de langue, de faire en sorte que ta famille s’adapte. Tout cela demande du temps mais je suis très content de la manière dont il a été reçu, dont il se comporte, dont il s’entraîne. C’est une recrue pour le long terme donc nous ne sommes pas pressés. Dans la vie, les choses répondent à un processus et nous sommes en plein dedans. »
Warren Zaïre-Emery s’est entraîné à part ce mardi. Où en est sa rééducation ? Vous ne voulez pas prendre de risques ?
« Il ne jouera pas demain, il est dans le point médical. Il ne s’est pas entraîné avec le groupe et nous ne prenons pas de risques. Sa blessure évolue bien, mais il est encore loin de revenir dans le groupe. »
Vous nous aviez indiqué il y a quelques semaines que quand vos joueurs étaient dans un pic de forme important, vous étiez un peu plus dur avec eux pour éviter un excès de confiance. Est-ce toujours le cas ?
« Quand quelqu’un marque, il n’est pas forcément si bon, et quand il arrête de marquer, il n’est pas non plus si mauvais »
« Ce que j’essaye de faire, c’est d’équilibrer ce qui se passe en dehors du contexte de l’équipe. Moi les joueurs, je les traite comme d’habitude. Je suis exigeant par nature et mes joueurs sont ambitieux. Ce que j’essaye de faire, c’est d’équilibrer tout ce qui se passe autour. Au début de saison, vous vouliez placer Barcola dans une autre galaxie. Il fallait donc calmer le joueur pour qu’il reste concentré. En ce sens, Barcola a été très constant. En ce moment, Dembélé est en état de grâce, mais il faut là aussi maintenir le calme. L’idée est d’équilibrer pour n’exagérer aucun moment car quand quelqu’un marque, il n’est pas forcément si bon, et quand il arrête de marquer, il n’est pas non plus si mauvais. C’est le travail que j’essaye de mener avec mon équipe. C’est quelque chose de relativement normal pour un entraîneur. »
Jusqu’à la mi-mars, vous allez jouer tous les trois jours. Est-ce que l’on peut s’attendre à plusieurs changements dans vos compositions d’équipe ?
« Je ne sais pas, on verra. »
Vous nous avez dit et répété que votre équipe serait meilleure en février et cela a bien été le cas. Qu’est-ce que vous pouvez prédire pour le mois de mars qui arrive ?
« Qu’est-ce que vous croyez, que je suis un magicien ? Non, je ne fais pas de prédictions de ce type. Cette saison, je reste sur ce que je dis depuis le début. Même quand on ne gagnait pas, je disais que j’aimais mon équipe et ce que je voyais. Maintenant, on s’approche de ce moment clé de la saison avec deux compétitions comme la Coupe de France et la Champions League qui nécessitent de la précision, de l’efficacité et dans lesquelles tu peux sortir presque sans le mériter. Il faut donc être préparé pour être compétitif, c’est ça l’objectif. »
Depuis votre arrivée, on a vu une énorme progression sur la gestion des organismes. L’infirmerie est quasiment tout le temps vide, il y a très peu de blessures musculaires, alors que le calendrier est pourtant surchargé. À quel point vous pensez aux blessures, est-ce que cela vous hante ?
« C’est évident que les blessures font partie du football et que nous tentons tous de les éviter. Il y en a parfois dans ce sport de contact, comme par exemple la dernière fois avec Zaïre-Emery. Nous sommes entourés de professionnels qui sont là pour aider les joueurs et faire en sorte qu’ils soient compétitifs au plus haut niveau. C’est parfois impossible d’éviter les blessures, mais toutes les équipes ont une infrastructure et un staff autour des joueurs qui pensent continuellement à améliorer leur repos, leur alimentation, la préparation physique, la prévention des blessures, la charge d’entraînement, etc. Ce sont des paramètres qu’il faut gérer et c’est l’une des choses les plus difficiles. »
Dans le football moderne, on regarde beaucoup les buts, les passes décisives, les gestes techniques. Vous, en tant que coach, vous voyez les choses différemment. Vous aviez par exemple dit que Fabian Ruiz était très important pour vous. Est-ce qu’il y a des choses que le grand public ne voit pas et qui peuvent être importantes ?
« De la manière dont nous jouons, il ne s’agit pas seulement de mobilité, il s’agit de jouer au football en fonction de tes coéquipiers. Comme nous bougeons, chaque action est différente. Il y a bien sûr des schémas qui se répètent à chaque match, mais nous ne jouons jamais de manière répétitive. Savoir jouer en fonction de tes coéquipiers, très peu de joueurs y arrivent. Pour qu’une équipe fonctionne, tu as besoin de ce profil de joueurs. Nous avons beaucoup de joueurs au milieu qui répondent à cela et Fabian Ruiz en fait bien sûr partie. Il est capable de jouer à plusieurs postes et d’être très performant. Je suis donc très content de mon effectif et particulièrement de mon milieu de terrain. Ils peuvent encore s’améliorer, c’est notre objectif. Il ne s’agit pas seulement de jouer en fonction des autres, mais aussi de corriger les autres. Ça, ce serait le chapitre suivant. Ce n’est pas seulement savoir ce que moi je dois faire, mais aussi être capable de corriger quelqu’un qui ne ferait pas bien les choses. Je pense que nos joueurs et particulièrement nos milieux le font davantage chaque jour et j’aime ce que je vois. »
Par rapport à la charge des matches et des entraînements, vous faites systématiquement des changements à l’heure de jeu. Aujourd’hui, on dit que les joueurs jouent trop, mais on a maintenant le droit à cinq remplacements. Est-ce que ça c’est la solution ou est-ce que vous faites cela pour entretenir la concurrence ?
« Arriver en mars avec le plus grand nombre de joueurs qui se sentent capables de jouer des matches importants »
« Pour évaluer réellement la charge de chaque joueur, nous faisons une analyse très profonde. Nous prenons en compte son profil physique, nous regardons s’il est capable de jouer 90 minutes de façon répétée. Nous disposons bien sûr des cinq changements qui peuvent alléger la charge physique. Ce n’est pas du tout la même chose en effet de jouer 90 ou 60 minutes. Il y a beaucoup de variables à prendre en compte. Ensuite, il faut voir si c’est une double confrontation, un match de contrôle, un match fou. On aime beaucoup faire du turnover et on nous critique beaucoup pour ça. Mais si on le fait, c’est pour arriver en mars avec le plus grand nombre de joueurs à disposition et avec le plus de joueurs qui se sentent capables de jouer des matches importants. Il ne faut pas que tout dépende d’un seul joueur parce que peut-être que nous disputerons une finale. Et si ce jour-là ton meilleur joueur a la fièvre, qu’est-ce que tu fais ? Tu pleures ? Non, ce qu’il faut, c’est créer une mentalité d’équipe. L’équipe doit être au-dessus de tous les joueurs. Il faut donc renforcer cette mentalité pour être prêt à chaque match. C’est l’objectif général et à partir de là, il y a mille nuances. Il n’y a rien de blanc ou de noir. »
Vous parliez de Ludovic Ajorque. Quel autre joueur brestois pourrait vous inquiéter ?
« Je crois que la force de Brest, c’est clairement son équipe et pas forcément ses individualités, même s’il y en a de qualité comme Lees-Melou et Del Castillo, qui ne va pas jouer je crois. Ajorque a une manière de jouer bien à lui. Il est capable de générer du danger sur les longs ballons. C’est très difficile de jouer contre Brest. Ce ne sera pas du tout un match facile. Nous devrons être prêts et nous ne pouvons pas penser dans une telle compétition que les choses sont acquises. Après, est-ce que Brest va être capable de retourner la situation ? Ils l’ont déjà fait deux fois contre nous par le passé. Notre objectif est que cela ne se reproduise pas demain. »