A son arrivée au PSG en janvier 2021, Mauricio Pochettino a été présenté comme un entraîneur demandant beaucoup d’efforts à ses joueurs offensifs, notamment à travers le pressing. Compte tenu des habitudes et du profil des attaquants parisiens, une évolution dans cet aspect du jeu était très attendue. Alors, le coach argentin a-t-il pu modifier les habitudes de pressing des Parisiens ? Tentative de réponse.
Rappel des quatre précédents bilans de ParisStatsGermain.fr :
Oui, en 2020-2021, avec Pochettino, le PSG a plus pressé que sous les ordres de Tuchel. Mais de très peu. Il n’y a en effet que six actions de pressing d’écart en moyenne entre les deux coaches (soit 5 % de plus). Les taux de réussite sont également très similaires (31.5 % contre 31.7 %).
On ne peut donc pas vraiment parler de changement flagrant suite à l’arrivée du nouveau staff technique en janvier 2021.
Un pressing globalement en forte baisse cette saison
En outre, cette saison, le PSG a au final beaucoup moins pressé que lors des deux saisons entières dirigées par le nouveau coach de Chelsea : 129 actions contre 167 et 150 les deux saisons précédentes. Dès lors, peut-on conclure sur l’absence d’effet Pochettino sur le style de jeu défensif du PSG ?
Ce n’est pas si simple. Tout d’abord, parce que cette saison 2020-2021 est très particulière : manque de préparation estivale pour certaines équipes, absences en cascade pour Covid ou sur blessures, calendrier de matches hyper-intense. Autant de bonnes raisons pour expliquer que les organismes n’étaient sûrement pas en capacité cette saison pour presser tout-terrain.
Les données pluriannuelles du site www.fbref.com confirment cela :
Les cinq championnats majeurs européens ont tous connu une baisse sensible du nombre d’actions de pressing par rapport à la saison précédente. La baisse est moins marquée en Espagne (-3 % seulement) mais est très forte en France et en Angleterre (-13 % dans les deux cas). Au global, la baisse est de 9 %. La diminution des pressings du PSG (- 14 % par rapport à 2019-2020) est donc finalement dans les mêmes eaux et correspond à une tendance générale.
Vraiment plus de pressing en Champions League ?
D’accord, mais comment se situe le PSG en matière de pressing par rapport aux autres équipes ?
Le graphique ci-dessous apporte une première partie de la réponse :
En données brutes, le PSG a un positionnement très ambigu : il n’est que 19e sur 20 en termes de pressings déclenchés ; mais 2e concernant le taux de réussite de ce pressing (31.6 %). Il n’y a que Monaco qui fait mieux avec 32.9 %. La moyenne en Ligue 1 est de 30.1 %.
D’ailleurs, ce taux de 31.6 % cette saison en Ligue 1 est le meilleur pour le PSG sur les quatre saisons où la donnée est disponible.
Poursuivons l’analyse avec les données de Champions League. Le PSG y présente un niveau de pressing bien plus important, mais un taux de réussite moindre qu’en Ligue 1 :
Avant de conclure que les Parisiens font plus d’efforts quand le niveau s’élève, il faut pondérer ces données par les indicateurs de possession. En effet, il est logique que plus une équipe a le ballon, moins elle a de chances de produire des données de pressing importantes puisque le cuir est dans ses propres pieds. Or, la possession du PSG en Ligue 1 (60.1 %) est beaucoup plus forte qu’en Ligue des Champions (49.5 %). On constate au passage que dans la compétition reine, cette saison, le PSG a finalement eu moins souvent le ballon que ses adversaires.
Corrigées des taux de possession, la donne est un peu différente :
En Ligue 1 tout d’abord, le PSG n’est plus avant-dernier au classement des pressings réalisés mais 9e. Rien d’extraordinaire, mais ce n’est pas honteux non plus. Monaco et Lille sont devant Paris, mais Lyon est derrière.
En Ligue des Champions, le PSG, qui était 10e en pressings réalisés bruts, n’est plus que 13e avec les données corrigées. Les Allemands de Leipzig et du Bayern écrasent la concurrence (ils étaient déjà 1er et 3e en données de pressing brutes).
En corrigeant la mesure des actions de pressing par les taux de possession, le principal enseignement pour le PSG c’est que l’intensité du pressing est finalement très proche entre la compétition nationale (142) et continentale (143). Voilà qui va en partie tordre le cou au sentiment général d’une plus grosse débauche d’énergie défensive en Champions League de la part des attaquants parisiens en particulier. Néanmoins, quatre des dix matches avec le plus de pressing sont des rencontres de Champions League (l’aller de Munich, les deux matches face à City et le retour face à Barcelone).
Record de pressing lors de la victoire à Lyon
L’analyse par match ci-dessous nous révèle en outre qu’à trois reprises cette saison, le PSG a dépassé le seuil de 200 actions de pressing réalisées : à Lyon en mars (victoire 4-2), face à Nice en février (victoire 2-1), et à Munich pour le quart de finale aller de Champions League. Trois matches dirigés par Pochettino donc.
Après le match à Lyon, on a en effet pu croire que la méthode Pochettino commençait à porter ses fruits, tant le pressing fut intense ce soir-là. Néanmoins, à part en Champions League, on ne retrouvera plus ce phénomène ultérieurement dans la saison.
Le match avec le plus d’actions de pressing réussies (58) est celui de St-Etienne en avril (victoire 3-2). Le taux de réussite de ces pressions est d’ailleurs très élevé (42 %). Ce n’est cependant pas la rencontre avec le meilleur taux de pressings réussis puisque contre Lorient (victoire 2-0) le PSG a réussi 47 % (47/112) de ses actions de pressing.
Le PSG concentre son pressing dans le dernier tiers du terrain
L’analyse par zone ci-dessous est intéressante dans le sens où elle met en évidence que si, globalement, le PSG presse moins que la majorité des équipes de Ligue 1 (avant correction par le taux de possession), ce n’est pas vrai dans toutes les zones du terrain.
Le PSG est même l’équipe de Ligue 1 qui presse le plus dans le dernier tiers du terrain (39.7 pressings). C’est lié au fait que le PSG est l’équipe la plus présente dans cette zone (32 % du temps, à égalité avec Lyon). Mais on peut quand même souligner, qu’à la perte du ballon, les attaquants parisiens s’emploient pour le récupérer assez haut sur le terrain. Si l’on se focalise sur cette zone de contre-pressing, c’est Icardi le Parisien qui s’emploie le plus (8 pressings/90 minutes) devant Di Maria (7) et Rafinha (7). En revanche, Mbappé (4.5), même dans cette zone, presse moins que des milieux de terrain comme Herrera (5.6) et Verratti (4.7).
Dans la partie médiane du terrain, ce sont logiquement les milieux Gueye et Rafinha qui pressent le plus. De manière plus surprenante, le Sénégalais est aussi le Parisien qui presse le plus dans son propre tiers défensif (9). Il y devance nettement le défenseur Dagba (5.9) et un autre milieu (Verratti 5.8).
La confirmation Gueye, la surprise Rafinha
L’analyse globale par joueur ci-dessous (Ligue 1 et Champions League) met en valeur le travail de Gueye (24.1 pressings/90 minutes) mais aussi de Rafinha, surprenant deuxième (23.5).
Les milieux squattent donc les premières places mais on en trouve quand même dans le ventre mou (Paredes avec 12.9 et Danilo 10.6). Le premier « presseur » parmi les joueurs offensifs est Di Maria (5e avec 17.9), devant Sarabia (15.4). Neymar n’est pas loin derrière (14.5), tandis que Mbappé ferme la marche (7.6). L’attaquant français est d’ailleurs le joueur offensif de Ligue 1 (avec au moins 10 matches) avec la plus faible moyenne de pressings réalisés (6.9 par 90 minutes en championnat).
Kehrer est le Parisien qui présente le meilleur taux de réussite dans cet exercice (37 %), devant Kurzawa (34 %) et Paredes (34 %).
Comparés aux joueurs de Ligue 1, les Parisiens font plutôt pale figure. Dans ce classement individuel dominé par Abergel (29.1 pressings/90 minutes) et Caqueret (28.5), le premier Parisien est 18e (Rafinha, 23.6). On retrouve deux autres milieux parisiens dans le Top 50 (Gueye 27e, Herrera 41e).
Nous avons vu précédemment que le changement de coach avait eu une influence plutôt mineure sur le nombre de pressings de l’équipe. Qu’en est-il des individualités ?
Pour une majorité des joueurs, l’arrivée du coach argentin a été synonyme d’augmentation du nombre de pressings réalisés.
C’est particulièrement le cas de Rafinha qui passe de 20.2 à 28.5 pressings/90 minutes (mais avec un temps de jeu moindre). Neymar est un de ceux qui a le plus intensifié ses courses de pressings en 2021 (+8), de même que Di Maria (+7.9), Gueye (+7.5) et Verratti (+4.5). En revanche, pas d’effet Pochettino pour Icardi qui a baissé son niveau de pressing par rapport à la première partie de saison (mais avec peu de minutes dans la période Tuchel).
Pochettino estime qu’il ne doit pas être jugé sur ses cinq mois à la tête de l’équipe, mais seulement la saison prochaine. Par conséquent, alors que les évolutions relatives au pressing, une des marques de fabrique de l’ancien coach de Tottenham, ont été minces cette saison, on les scrutera de près en 2021-2022.