C'est un Luis Enrique très satisfait de son équipe, mais toujours plus exigeant, qui s'est présenté en conférence de presse à la veille de PSG/Lens. L'entraîneur espagnol a notamment été interrogé sur la situation compliquée de Kolo Muani ainsi que sur ce qu'il attend de ses milieux de terrain. Voici ses propos en intégralité, traduits par nos soins.
Willian Pacho est le joueur qui a le plus joué depuis le début de saison avec 1017 minutes. Alors que vous êtes plutôt adepte de la rotation depuis votre arrivée au PSG, pourquoi lui ne sort jamais de votre onze de départ ? En quoi il vous sécurise ?
« Pacho apporte beaucoup de choses dont on avait besoin »
« Bonjour (en français). Je crois que depuis la saison dernière, je vous ai souvent parlé de la différence qu'il peut y avoir entre ce que je peux vous dire d'un côté et ce que je fais de l'autre. Les statistiques sont là et elles ne mentent pas. Je ne sais pas si c'est le joueur qui a le plus joué (c'est bien le cas, ndlr), mais c'est évident que c'est l'un de ceux qui a le plus joué. C'était très clair dans notre esprit que sa signature était quelque chose d'important et il s'est adapté très vite. C'est facile de s'adapter quand on a du temps de jeu et de la confiance. Il apporte beaucoup de choses dont on avait besoin : gagner des duels, ressortir le ballon, réussir à être efficace. C'est un apport très positif depuis son arrivée au club. »
Vous marquez plus cette saison qu'à la même époque la saison passée (28 buts contre 20), pourtant on a vu comme face à Marseille en seconde période qu'il y avait un petit manque de réalisme. Comment remédier à cela ? Est-ce que cela peut être un obstacle dans les matches à enjeux comme en Champions League ?
« Depuis le début de saison, j'ai cette même sensation, qui est très différente de la vôtre. Vous, vous voyez des problèmes où moi je n'en vois pas. Bien au contraire, je pense que nous sommes l'équipe qui marque le plus de buts, qui gagne le plus de points et vous êtes préoccupés par des choses que je ne vois pas. Je ne vois pas de problèmes particuliers en ce sens. L'équipe a trouvé des solutions à tous les problèmes, comme elle l'a toujours fait et de manière brillante. J'ajoute que par rapport à la Champions League, il y a peut-être un match où nous n'avons pas été au niveau, mais sur les deux autres, nous avons été très supérieurs aux adversaires que nous avons affrontés. Nous avons créé beaucoup plus de danger et nous aurions mérité de gagner ces deux matches. Moi je vois les choses d'un point de vue positif et c'est ce que je transmets à mes joueurs car les chiffres sont là et ils ne trompent pas. »
Kolo Muani traverse une période compliquée en attaque. On le voit beaucoup moins depuis la dernière trêve durant laquelle il a été très performant avec l'équipe de France. Comment expliquez-vous ce passage à vide et comptez-vous toujours sur lui ?
« Kolo Muani ? Je me fie beaucoup à ce que je vois durant les matches, mais aussi lors des entraînements »
« Je compte sur tous mes joueurs, sans exception. À partir de là, comme je le répète souvent, je me fie beaucoup à ce que je vois durant les matches, mais aussi lors des entraînements. Un joueur qui ne joue pas habituellement peut tout à fait, avec un entraîneur comme moi, renverser les choses en fonction de la manière dont il s'entraîne aussi. Je n'ai aucun problème à donner ou à enlever du temps de jeu en fonction de ce que je considère meilleur pour l'équipe. »
Comment réussissez-vous à le garder mentalement prêt pour les matches et est-ce que vous le trouvez dans un bon état d'esprit ?
« Oui, oui. L'ambiance est extrêmement bonne et il y avait déjà une situation similaire l'année dernière. Les gens qui sont arrivés cet été apportent beaucoup dans tous les aspects, que ce soit sur le plan footballistique ou personnel. L'ambiance est presque parfaite. Mais ce n'est pas difficile, ils sont jeunes, ils sont beaux, ils ont du succès dans la vie, ils font ce qu'ils veulent, ils sont bien payés. Ils n'ont pas beaucoup de mérite à être heureux. »
Face au PSV et à l'OM, votre milieu de terrain est redevenu une ligne avec beaucoup d'impact et d'influence. Quelle est la part des réglages collectifs et celle des formes individuelles qui seraient montées un peu ?
« Il ne faut jamais se contenter de ce qu'on a »
« Mon objectif avec l'équipe est toujours le même : j'essaye de faire en sorte que ceux qui apportent beaucoup apportent encore plus et que ceux qui apportent peu puissent aider l'équipe, quelle que soit la situation de jeu. Il se passe la même chose pour tous les joueurs. Il faut marquer plus de buts, en encaisser moins, en demander encore plus au gardien, aux défenseurs. Il ne faut jamais se contenter de ce qu'on a. Je crois qu'en Ligue 1, on a une moyenne de trois buts par match et par rapport à la situation que vous connaissez tous depuis cet été, les chiffres sont exceptionnels. Je suis presque gêné. Cela me fait bizarre que vous soyez préoccupés alors que moi je vois des choses positives. Je vois une équipe en train de grandir à travers un projet différent. Bien sûr qu'il va y avoir des matches mauvais, qu'on va perdre, mais je répète que je suis très optimiste par rapport à ce que je vois. »
La semaine dernière, vous avez rapidement évoqué le milieu de terrain en disant que vous aviez cinq joueurs dans ce secteur. Qu'attendez-vous précisément de vos milieux de terrain avec et sans ballon et plus particulièrement pour le match de demain ?
« Aujourd'hui justement, j'ai parlé avec les cinq milieux de terrain à l'entraînement et j'espère qu'ils vont marquer beaucoup de buts. J'aimerais qu'ils atteignent un nombre de buts à deux chiffres, en plus de faire des passes décisives et de bien défendre. Je pourrais même rajouter Lee Kang-in parmi les milieux. Je veux que personne ne baisse son niveau. Si c'est le cas, quelqu'un d'autre jouera. C'est le même objectif avec les attaquants et les défenseurs. Quand tu arrives à générer ce genre de concurrence, les entraînements vont encore plus haut. C'est comme ça qu'on fait monter le niveau de compétitivité d'une équipe. »
Vous avez transformé Hakimi. Il est probablement le meilleur latéral droit au monde aujourd'hui. Mérite-t-il selon vous le Ballon d'Or africain ?
« (Il souffle). Pour pouvoir dire ça, il faudrait que je connaisse les autres joueurs africains qui sont en compétition avec lui, et ce n'est pas le cas. C'est vrai que dans tous les joueurs que j'ai rencontrés, je n'ai jamais vu un meilleur latéral droit que lui, mais il a une marge de progression, un énorme potentiel. Il est sur cette voie. Il se découvre en tant que joueur et en tant qu'homme. Malgré sa jeunesse, il a beaucoup d'expérience et nous souhaitons qu'il soit un joueur référence sur et en dehors du terrain. Mais c'est difficile et quelque chose qu'on ne fait pas avec des mots, mais avec des actes. Je crois qu'il est mieux sur ces aspects footballistiques et personnels que l'année dernière. »
Comment prépare-t-on ses séances quand on est entraîneur au PSG ? Combien de temps cela vous prend ? N'est-ce pas trop difficile de varier les séances ?
« Je suis la tête visible du staff, mais il y a évidemment une équipe technique très bonne et d'un excellent niveau, avec beaucoup de personnes. Nous sommes nombreux à imaginer ces entraînements. On a des stratégies par rapport à ce qu'on veut travailler tactiquement et physiquement parce qu'il y a beaucoup de matches. Je suis un entraîneur qui essaye toujours de changer les entraînements, les situations de jeu, de faire sortir les joueurs de leur zone de confort. »
Comment fonctionne votre duo avec Luis Campos au quotidien et aimeriez-vous qu'il reste le plus longtemps possible avec vous ?
« J'aimerais que ce futur s'écrive avec Luis Campos »
« Avec Luis, j'ai un contact quotidien. Si on ne se voit pas physiquement, on se téléphone. J'ai commencé ce projet avec Luis Campos. C'est avec lui que j'ai fais mon entretien en arrivant. On ne sait pas ce qu'il va se passer à l'avenir, mais très clairement j'aimerais que ce futur s'écrive avec Luis Campos et toute son équipe et ça je n'ai aucun doute là-dessus. »
Valence a connu des inondations dramatiques. Le monde du football espagnol a montré beaucoup de solidarité, le PSG a également communiqué pour apporter son soutien aux familles des victimes et aux sinistrés. Faut-il aller plus loin selon vous avec par exemple une minute de silence demain avant le match du PSG ?
« Le monde football est chaque jour plus solidaire. Un club comme le nôtre a une fondation. Dans ce cas, c'est une tragédie qui n'affecte pas seulement un pays, mais des êtres humains. Je ne sais pas si une minute de silence serait suffisamment importante. Je pense qu'il est plus important d'apporter une aide économique et un soutien envers les familles des disparus. Je crois que tous ces gestes sont positifs et c'est très beau quand on sent que le monde du football s'unit pour aider. »
Est-ce que vous avez plus de liberté et d'espace cette saison pour créer votre équipe ?
« Je me sens peut-être encore plus à l'aise que l'année dernière »
« Je me sens très bien depuis le premier jour où je suis arrivé ici. L'année dernière, c'était différent. J'ai pu planifier avec Luis Campos et Nasser Al-Khelaïfi certaines arrivées, mais il y avait déjà des joueurs qui avaient été recrutés. Cette saison, c'est différent puisque des joueurs sont partis et que d'autres sont arrivés. Je me sens peut-être encore plus à l'aise que l'année dernière, probablement du simple fait de ne pas être nouveau ici. Je connais les joueurs, tous les gens impliqués au club. J'espère pouvoir continuer sur cette même ligne et à ce même niveau. Je répète que je considère la saison dernière comme très positive. »
Bradley Barcola a déjà marqué 8 buts cette saison. Jusqu'où pensez-vous pouvoir amener ce joueur ?
« Je ne sais pas, cela ne m'inquiète pas et ça m'est égal parce que si jamais il passe trois matches sans marquer, vous allez dire autre chose. C'est un marathon, on avance petit à petit. Il y aura des hauts et des bas et quand Barcola ne marquera pas de but, d'autres le feront. Il n'y a pas de responsabilité supplémentaire, aucun joueur ne doit avoir de charge supplémentaire. Il faut que tout le monde protège tout le monde, de la défense à l'attaque. Il ne faut pas qu'il y ait un joueur sur qui repose plus de pression. Combien de buts a marqué l'équipe ? 28, 30 ? C'est ça qui importe. »
Vous allez affronter demain la meilleure défense du championnat. Doit-on dans ce cas attaquer en permanence ou prendre son temps et tenter d'user son adversaire car votre homologue Will Still semble connaître les failles de votre équipe et souhaite prendre des points demain ?
« On va voir demain (en espagnol puis en français). »
Vous avez gêné les Marseillais avec Ousmane Dembélé en numéro dix. Comment avez-vous voulu les bloquer durant le match ?
« On cherche toujours à être imprévisible pour l'adversaire et prévisible pour nous-mêmes »
« Nous avons une capacité grâce aux joueurs que nous avons dans l'effectif qui est de changer continuellement de positions en arrivant à jouer à l'intérieur, sur les côtés. Depuis toujours, notre objectif en tant que staff technique est que nos meilleurs joueurs soient le plus souvent possible dans les meilleures conditions. Souvent cela passe par les côtés et Ousmane joue souvent sur le côté, parfois ça se passe dans l'axe. En ce sens, cela n'a pas beaucoup changé notre façon d'aborder le match. Bien sûr, les positions des joueurs peuvent changer en fonction de ce que fait l'adversaire. Jusqu'à l'expulsion, on a eu une domination très claire face à l'OM et après tout a été un peu dillué et en ce sens, je suis très fier de ce que vois. J'ai confiance en mes joueurs. On cherche toujours à être imprévisible pour l'adversaire et prévisible pour nous-mêmes. »
Le PSG a écopé cette semaine d'une fermeture partielle d'une tribune à cause des chants homophobes à l'encontre des Marseillais. En tant qu'entraîneur du PSG, quel est votre regard sur cette sanction et sur ces chants ?
« Nous condamnons en tant que club et je condamne à titre personnel tous les types de violences verbales et physiques à caractère homophobe, mais je ne vois que des sanctions contre le PSG. Pourtant, on entend aussi un peu de tout dans d'autres stades et je ne vois pas de sanction particulière. Mais je le répète, je condamne tous les types de violences verbales et physiques. »