C'est un Luis Enrique serein et confiant qui s'est présenté en conférence de presse à la veille du match Monaco/PSG sur lequel il a été beaucoup interrogé, preuve qu'il s'agit d'un vrai choc. L'entraîneur espagnol du PSG a aussi été interrogé sur des cas individuels comme Randal Kolo Muani, Ousmane Dembélé ou encore Presnel Kimpembe et a répété son envie d'avoir deux titulaires à chaque poste. Voici ses propos complets, traduits par nos soins.
Est-ce que vous allez encore fait le choix de ne pas convoquer Kolo Muani et Skriniar demain ? Ouvrez-vous la porte à un départ de ces deux joueurs cet hiver ?
« Bonjour. Demain, nous avons un match très difficile contre Monaco, l’un de nos adversaires directs pour cette Ligue 1. Et je chercherai à convoquer les 20 joueurs que j’estime les mieux préparés pour ce match. »
Cela fait un an et demi maintenant que vous êtes dans le championnat de France. Quelles sont les équipes qui vous ont le plus impressionné et celles que vous redoutez le plus ? Et que pensez-vous de Monaco ?
« Le niveau de la Ligue 1 est plus élevé que ce que j'avais entendu »
« Depuis la saison passée, Monaco est sans aucun doute l’un des adversaires les plus difficiles à jouer en raison de la qualité de ses joueurs, de son entraîneur, de sa proposition de jeu. Marseille cette saison est mieux classé et a un nouveau projet. L’an dernier, il y a aussi eu de très bonnes équipes : Brest, Lens, Rennes, Nice a été exceptionnel en première partie de saison dernière. Et cette année, on voit qu’il y a plusieurs équipes françaises en Champions League qui ont de bons résultats. Lille par exemple, qui a aussi été très bon la saison passée. Le niveau est élevé en Ligue 1 et c'est difficile de gagner ce championnat, même si nous en avons l'obligation en raison de notre potentiel. Mais le niveau de la Ligue 1 est plus élevé que ce que j'avais entendu au départ et ce à quoi je m'attendais. C'est aussi ce que m'ont dit plusieurs entraîneurs qui sont arrivés en Ligue 1 cette saison. Tout le monde dit que le niveau est bas, mais ce n'est pas du tout le cas. On peut le voir en Europe. »
Achraf Hakimi est l’un des meilleurs joueurs parisiens cette saison, mais aussi un de ceux qui jouent le plus. Comment gérez-vous son cas pour qu’il ne s’épuise pas et comment envisagez-vous sa deuxième partie de saison ?
« C’est l’une de nos missions en tant que staff : que la charge de travail et de minutes de compétition soient appropriées. On ne regarde pas que la charge des minutes, mais aussi le profil physique de chaque joueur. Dans le cas d'Hakimi, c'est un joueur top, de qualité mondiale, sans aucun doute. On joue avec cela. C’est l’un des joueurs qu’on a le plus utilisé la saison passée et c'est encore le cas cette saison. Il a aussi fait les JO. On essaye de compenser ces efforts supplémentaires par quelques périodes de repos, mais ce n'est pas non plus facile parce que c'est compliqué avec un tel calendrier. Mais c'est l'un de nos objectifs, donner du repos à nos joueurs dans la mesure du possible. »
C’est toujours compliqué pour le PSG à Monaco. Est-ce que cela complique un peu plus la tâche pour demain ?
« Je suis sûr qu’on sera à la hauteur demain »
« Je me souviens la saison passée d’un match nul. On a fait match nul contre eux, mais cela aurait pu pencher d’un côté comme de l’autre. C’est toujours difficile de jouer à l’extérieur, encore plus contre un concurrent direct pour le titre, en l'occurence notre dauphin. Mais nous savons être compétitifs à domicile comme à l’extérieur et demain, je suis sûr qu’on le sera encore et qu'on sera à la hauteur. »
Si Paris s’impose demain soir contre Monaco, vous aurez 10 points d’avance sur eux. Est-ce que dans ce cas-là, le championnat serait déjà plié ?
« Non. Les championnats se gagnent de façon mathématique en fin de saison. Il y a trois jours, Monaco et Marseille étaient à 5 points, aujourd’hui ils sont à sept. Les différences dans un calendrier aussi intense ne sont pas définitives. Il n’y a pas d’avantage définitif à ce stade. »
Vous disiez que le championnat de France était compliqué, mais le PSG l’a gagné dix fois sur les douze dernières années. En revanche, personne n’est jamais resté invaincu en Ligue 1 sur toute une saison. Est-ce beaucoup trop tôt pour y réfléchir ou est-ce que cela peut être un levier de motivation pour votre équipe et pour vous ?
« Je vous avoue que je n’y avais pas pensé. Moi, je pense à gagner des titres, des trophées, c’est pour ça que je suis ici. Je ne pense pas qu’on y arrivera (rester invaincu en Ligue 1), cela me paraît très difficile, mais moi ce qui m’intéresse, ce sont les titres, comment mon équipe joue, comment elle se comporte, notre idée de jeu... Le reste est difficile à prévoir, encore plus avec ce calendrier où il faut être compétitif dans toutes les compétitions. »
Un entraîneur cherche toujours des nouveautés, des améliorations. Vous, qu’aimeriez-vous avoir dans votre jeu que vous n’avez pas encore ?
« J’aimerais avoir deux joueurs à chaque poste qui soient des titulaires »
« J’aimerais avoir deux joueurs à chaque poste qui soient des titulaires, pour qu’il y ait une réelle concurrence. Avec les gardiens, j’ai vraiment ça, les trois peuvent jouer. Avec les joueurs de champ, parfois tu en perds en route, cela ne me plaît pas, mais je dois l'accepter. Cela ne dépend pas de moi, cela dépend d’eux. Pour moi, la base est de grandir en tant qu’équipe, que les joueurs ne sachent pas s’ils vont jouer ou non et qu’ils sentent que s’ils se relâchent, un autre joueur va prendre leur place. C'est quelque chose de bénéfique pour l’équipe. C'est ce que je recherche. Je veux qu'on arrive à cela, même si je ne sais pas combien de temps cela va prendre. Mais c’est le chemin que je poursuis. »
Vous dites souvent que vos actes parlent plus que vos paroles. Kolo Muani n’était pas dans le groupe contre Lyon, on peut donc penser qu’il ne donne pas satisfaction. Pouvez-vous nous en dire plus et pourquoi joue-t-il si peu ?
« Oui, je pourrais l’expliquer, mais je ne le ferai pas, parce que mes décisions disent tout de manière très claire. Et je vous dis toujours que les situations sont réversibles. Cela veut dire qu'un joueur, même s'il se trompe, il peut inverser sa situation. Toutes les situations sont réversibles. Toutes. Mais expliquer les raisons de mes décisions, non, je ne l'ai jamais fait. Je préfère qu’on me critique, je suis plus habitué à cela. »
Vous parliez de postes à doubler pour créer une vraie concurrence. A quels postes vous pensez ? Et deuxième question, on a l'impression que Warren Zaïre-Emery a retrouvé la forme cette saison. Comment le jugez-vous ?
« Warren est un joueur de très haut niveau toute la saison. Je ne crois pas qu'il soit meilleur ou moins bon à certaines périodes. Je sais que c’est un peu utopique d’avoir deux titulaires par poste, aucune équipe au monde n'a cela, et au final ceux qui jouent sont ceux que j'estime être les meilleurs. Mais c’est important que les joueurs ressentent que s’ils ne sont pas au niveau, ils vont être mis à l'écart un, deux ou trois matches et un coéquipier prendra leur place. C'est ce que je recherche. C'est aussi simple que ça. Les joueurs qui jouent moins, c'est dommage pour eux, mais ce sont mes décisions, qu'elles plaisent ou non. Je décide en fonction de ce que je vois et c'est évident que je peux me tromper. Mais c'est moi l'entraîneur, c'est moi qui décide. Le reste... Je le répète : toutes les situations sont réversibles. Le plus facile, c'est de se plaindre ou d'accuser les autres. Ou alors, on peut essayer d'inverser les choses. Et l'autre chose que je recherche au fil des saisons, c'est d'avoir plus de onze titulaires. J'en veux 14, 15, 16, 17. Plus il y a de titulaires potentiels, mieux c’est. Parce que si tu as un groupe de joueurs excellents, comme je l'ai depuis la saison passée, et que tu arrives à élever le niveau aux entraînements, cela te permet d'être mieux préparé encore à la compétition. »
Ousmane Dembélé a retrouvé le chemin des filets contre Lyon, cela faisait un mois et demi que cela ne lui était plus arrivé. Depuis qu'il est au PSG, il n'a réussi que deux fois à marquer lors de deux matches consécutifs. La régularité, c’est ce qui lui manque pour franchir un palier ?
« J'ai toujours été un défenseur d'Ousmane en tant que joueur »
« Ousmane, je le vois comme toujours, je le connais très bien. Je le connais depuis longtemps. La saison passée, je l'ai découvert en tant que personne également. Et j'ai toujours été un défenseur d'Ousmane en tant que joueur et en tant que personne, il est excellent, sympathique. C'est un joueur très important. Et voilà. À partir de là, je veux qu’Ousmane donne la meilleure version de lui-même. Et je veux la même chose avec tout le monde. Si je considère que je dois prendre une décision avec un joueur, je la prends. Que ce soit avec un joueur avec qui je parle beaucoup ou avec un joueur avec qui je parle moins. J’aime être proche des joueurs. Je n'y arrive pas avec tout le monde, c'est impossible, parce que le langage non verbal dit beaucoup plus que le langage verbal. Quand un joueur n'a pas trop envie de me voir, j'essaye de respecter son espace et accepter sa position. J’aime communiquer avec les joueurs, j'aime qu'ils aient la capacité et la liberté pour me dire ce qui leur semble opportun, en sachant que je suis l'entraîneur et qu'ils sont mes joueurs. Moi quand j'étais joueur, j'ai eu plein de discussions avec mes entraîneurs. À partir de là, on travaille. Je sais ce que j'ai à faire, comment le faire, et je prends mes décisions seulement en fonction de ce que je vois. Et après, comme je le dis toujours, je peux me tromper, mais si je dois me tromper, ce sera avec mes idées, pas celles d'un autre. Ça je peux le garantir. »
À quel type de match vous attendez-vous demain contre Monaco ? Vous attendez-vous à une équipe qui va vous presser ou vous attendre bas pour jouer les transitions ?
« C’est la question que nous nous posons toujours avant chaque match. Par rapport à ce qu’ils ont fait jusque-là, ce qu’ils ont fait l’an dernier, comment vont-ils jouer ? La saison passée, lors du premier match qu'ils ont joué au Parc contre nous, ils nous ont beaucoup pressé. Et nous avons réussi à surmonter ce pressing et à marquer beaucoup de buts (le PSG avait gagné 5-2 au Parc contre Monaco le 24 novembre 2023, ndlr). Et lors du match retour à Monaco, ils ont plus varié. Je pense qu'on verra les deux choses demain. Ils sont habitués à presser et ils le font bien. Je pense qu'ils le feront à des moments du match, mais ils joueront peut-être plus bas à d'autres moments. Cela signifie que nous devons être prêt à n'importe quelle circonstance. Le résultat va définir l'attitude de notre adversaire. Nous devons donc être ouvert à toutes les possibilités. Pour moi, Monaco est meilleur que la saison passée, les chiffrent le prouvent, et cela va être très difficile. »
On a parlé de Kolo Muani et Skriniar. Kimpembe était aussi hors du groupe contre Lyon. On voit qu'il continue de s'entraîner avec le groupe, mais on sait qu'il n'est pas totalement prêt physiquement. Quand pourra-t-il faire son retour sur les terrains ? Est-ce que ce sera avant la trêve ou pour le Trophée des champions à Doha par exemple ?
« Kimpembe, cela fait quasiment deux ans qu'il n'a pas joué »
« Non, je n’ai aucune idée. Le cas de Kimpempbe est un cas totalement différent. Il n'a rien à voir avec les autres. Cela fait deux ans qu’il n'a pas joué de façon continue un match de football professionnel. Ces deux dernières années, il a eu deux rechutes et deux blessures différentes. Cela fait quasiment deux ans qu'il n'a pas joué. Ce serait très risqué de penser à accélérer son processus. C’est maintenant plus un sujet physique que médical. C'est déjà une bonne chose qu'il puisse s'entraîner avec l'équipe, mais je n'ai aucune idée (de quand il rejouera) tant que je ne le vois pas en condition d'être compétitif. »
Monaco a battu Barcelone en Champions League. Cette équipe n’est-elle pas construite pour contrer les schémas de jeu basés sur la possession ?
« Contre le Barça, vous avez vu qu'il y avait eu un fait de jeu important, pas vrai ? Le Barça a été en infériorité numérique pendant une grosse partie du match. Ils font une très bonne Champions League pour le moment. Monaco a un très bon niveau. Ils ont un niveau individuel technique très élevé, des joueurs déséquilibrants. C’est un peu le même profil que l’OL, mais je pense que défensivement, Monaco s’est amélioré par rapport à la saison passée. C'est une équipe très compliquée, sans aucun doute. Nous allons devoir montrer une très bonne version de nous-mêmes avec le ballon, mais aussi sans ballon. Mais je le répète, chaque fois qu'il y a un match de ce type, nous sommes à la hauteur. »