Laurent Blanc a accordé une très longue interview à France Football au cours de laquelle il revient sur sa vision du métier d'entraîneur, au PSG et en général. Morceaux choisis.
Un entraîneur de compétition
«Je n’ai pas choisi ce métier d’entraîneur par vocation. J’y suis venu pour gagner ! Je suis plus un entraîneur de compétition qu’un entraîneur bâtisseur. [...] J’éprouve un infini respect pour les entraîneurs qui bâtissent sur le long terme, même si dans ce métier, on peut difficilement se projeter sur le long terme. Il est presque utopique de penser qu’on peut rester dix ans dans le même club. Cela me paraît actuellement difficile de développer une âme de bâtisseur dans le monde professionnel. On peut l’avoir dans la formation, et c’est une nécessité car il faut du temps pour faire progresser les jeunes. Mais, dans le monde pro, tu peux vendre le projet que tu veux, tu seras soumis à la compétition, et donc aux résultats. Quel que soit le niveau du club que tu entraînes. Tant que tu gagnes, tu peux durer. Je me suis engagé dans cette carrière pour diriger des clubs comme le PSG et gagner.»
Sa gestion de la pression
«La pression existe partout. Au PSG, c’est celle de tout gagner, d’être en permanence en haut. Mais l’objectif du maintien dans certains clubs est aussi une grosse source de pression. C’est peut-être la façon de l’appréhender qui n’est pas la même. A Paris, la pression interne est la plus importante. C’est celle que tu dois le plus maîtriser. C’est celle qui va te maintenir en poste ou pas.»
Ses rapports avec les joueurs
«On parle beaucoup de jeu ensemble. C’est une obligation. Les joueurs doivent participer au projet de jeu. On a 23-24-25 joueurs à amener très haut et il faut donc qu’ils se sentent impliqués, concernés. L’entraîneur ne peut pas débarquer avec sa vérité dans un club en disant : "C’est moi le chef. Vous m’écoutez, vous me suivez et on va gagner. Faîtes-ci, faîtes cela et on va aller très haut !" A la première chute, les mecs vont te découper en deux !»
Rabiot ou Ibra, qui est le plus dur à gérer ?
« Les deux sont difficiles à gérer. Tous les joueurs sont difficiles à gérer ! Mais la nouvelle génération – et ce n’est pas propre au football, mais à notre société – est quasiment ingérable. Cela ajoute à la difficulté du métier d’entraîneur. Attention, ce ne sont pas des mauvais garçons. Ils ont des côtés attachants. On a été jeunes aussi, on a fait des bêtises… Mais le gros problème, aujourd’hui, c’est qu’ils veulent tout, et tout de suite. À dix-sept, dix-huit, dix-neuf ou vingt ans ! C’est incompatible. Pour être reconnu et avoir un statut, il faut un minimum de travail, même avec beaucoup de talent. Les jeunes n’ont plus la patience d’attendre et de bonifier leurs qualités par le travail. La nouvelle génération a vraiment du mal à assimiler ces valeurs et ces repères. On vit dans une société qui fait croire, ou veut faire croire, que tout est possible pour tout le monde, et tout de suite. Tout cela est éphémère. Cela peut apparaître et disparaître du jour au lendemain. Il n’y a que le travail pour solidifier tout cela.»
Sa prolongation de contrat au PSG
«La vérité est qu’on négocie actuellement. Je ne me sens pas encore arrivé au bout du projet. Il nous manque, et me manque, quelque chose. Est-ce moi qui y arriverai ou quelqu’un d’autre ? Mais je souhaite que le PSG, avec moi ou un autre entraîneur, gagne cette Coupe d’Europe. Je suis convaincu que le club y arrivera.»
NB : Propos recueillis par France Football, numéro actuellement en vente.