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Mbappé, Messi, Real/PSG, etc, l'entretien complet de Herrera avec Mundo Deportivo

Publié le vendredi 24 décembre 2021 à 17:51 par Fouzia
Avant de retrouver l'Espagne pour les fêtes, le milieu basque Ander Herrera s'est confié à Mundo Deportivo à propos de la plupart des grands thèmes de l'actualité du PSG : l'intégration de Messi, l'avenir de Mbappé, l'affrontement à venir avec le Real ou encore l'atmosphère autour du club. Voici son entretien en intégralité, traduit par nos soins.

Vous êtes-vous déjà demandé ce que vous faisiez au milieu de toutes ces stars ?

« Être une star dans votre travail ne vous empêche pas d'être une personne normale dans votre vie quotidienne. Il se passe beaucoup de choses autour de ces footballeurs très médiatisés, et ils ont tout gagné ou presque, mais cela ne les rend pas bizarres ou différents pour autant. De l'extérieur, tout est amplifié par rapport à la réalité. »

Faut-il avoir ce profil médiatique pour jouer au PSG ?

« Au PSG, ceux qui jouent sont ceux qui sont bons, qui s'adaptent et qui plaisent à l'entraîneur - et donc au club. Il n’y a pas besoin d'être dans les médias. Nous avons des joueurs qui sont connus au niveau international, et d'autres beaucoup moins... »

L’équilibre est un mot important…

« C'est fondamental. Pour le PSG comme pour tous ceux qui aspirent à gagner. Je n'ai jamais vu, ni connu, une équipe championne qui a réussi à gagner exclusivement grâce au talent individuel. Ces joueurs exceptionnels ont besoin d'une base solide pour les aider, les protéger et les accompagner afin qu'ils puissent être encore meilleurs qu'ils ne le sont. »

Certaines séquences montrent que votre équipe souffre en termes de repli (défensif). C’est un manque d'implication ?

« Absolument pas. Je ne pense pas que l'équipe soit coupée. La réalité, c'est que nous avons des joueurs avec un profil offensif très marqué, qui ont besoin de ballons, et nous devons essayer de contrôler les matchs pour nous épargner autant de courses. Mais cet effort est une obligation collective, pas spécifique à tel ou tel joueur. »

Vous compensez pour Messi ou Neymar qui courent moins de kilomètres ?

« Je suis heureux de me démultiplier sur le terrain, de courir treize kilomètres par match. J'aime le faire. Je veux faire partie de cette équipe et je le fais parce que, comme Verratti, Wijnaldum, Gueye, Paredes ou Danilo, je comprends que ces joueurs ont besoin qu’on donne le meilleur de nous-même pour qu’ils puissent être encore plus performants. J'enfile mon bleu de travail avec le sourire et je le fais avec grand plaisir, car je sais que je suis dans l'un des meilleurs clubs du monde. »

Dernièrement, la Ligue des Champions a été remportée par des équipes, pas par des stars…

« Nous avons juste besoin de temps pour construire la nôtre. Comme l’a dit Pochettino, ce n’est pas facile après quinze ans passés dans le même club, comme pour Messi ou Sergio Ramos, d'arriver ailleurs et de performer comme de rien n’était. Il faut passer par une période d’adaptation. Et les équipes ont également besoin de temps pour se consolider. Klopp a passé quatre ans à Liverpool sans rien gagner… »

L'Europe est un rêve, pas une obligation. Ça vous dérange qu’on parle de fiasco quand vous ne gagnez pas ?

« Ça nous semble logique que certains pensent comme ça. On comprend que les gens attendent le meilleur de nous. Mais en Europe, il y a huit à dix autres équipes qui ont les mêmes chances de gagner, qui ont un talent équivalent et, dans certains cas, qui poursuivent cet objectif depuis de nombreuses années : City, Liverpool ou même le Real Madrid cette année, car Carlo Ancelotti connaît déjà très bien le club. Le Bayern aussi, évidemment. Quant à nous, il faut encore qu’on crée notre équipe. »

Ca fait pourtant longtemps que vous poursuivez cette voie…

« Mais cela ne nous met pas de pression supplémentaire. Dans tous les cas, nous aimons transformer cette exigence à notre égard, en motivation pour nous améliorer. Nous voulons gagner la Ligue des Champions et nous donnerons tout pour ça. Il n'y a aucun doute là-dessus. Mais ce n'est pas parce que nous avons Messi aujourd’hui qu’on doit nous demander plus qu’aux autres. »

Quel est le favori aujourd’hui entre le PSG et le Real Madrid ?

« Entre un club qui a remporté treize Ligues des Champions et un club qui n'a pas encore été champion d'Europe, le premier est forcément légèrement favori. Nous, non. Tout au plus, c’est du 50-50. En tout cas, le Real Madrid n'a pas besoin d'être au top pour gagner la Ligue des Champions et ça, ça veut tout dire. »

Vous n'auriez pas préféré jouer contre Manchester United ?

« Dans un tirage au sort d’un tel niveau, n'importe qui peut vous compliquer la tâche ou vous battre. Je n'ai pas vu le tirage au sort, ni le premier ni le second. D’expérience, je sais que certaines équipes qui se pensent déjà qualifiées (au tirage) ont perdu par la suite. J'essaie toujours d'être prudent et respectueux, qu’il s’agisse du Real Madrid, le plus grand club d'Europe avec son histoire, ou les Young Boys - avec tout le respect que je leur dois - s'ils avaient été encore en lice. »

Mais ça aurait été beau de revenir à Old Trafford…

« Je l'ai déjà fait la saison dernière, mais sans public. J'aimerais retourner à Manchester. J'ai passé de très bons moments pendant ces cinq années. J'aurais aimé ressentir l'amour d'Old Trafford, qui est réciproque. »

Avoir des joueurs expérimentés comme Ramos, ça aide pour l’Europe ?

« L'expérience est un atout. Le fait d'avoir participé à des soirées décisives et à des matchs historiques aide, parce ça veut dire qu’il est déjà passé par là et qu’il a connu tous les scénarios, tout comme joueurs tels que Messi, Navas, Di María ou Neymar, qui ont déjà été champions d'Europe. Ou Mbappé ou Kimpembe, qui ont remporté la Coupe du monde avec la France. Cela a un impact positif. »

Sergio Ramos n'a pas dû bien vivre ces derniers mois.

« Bien sûr. Pour lui qui est habitué à se sentir important, à jouer et à être un leader, ça n'a pas dû être évident. Ça fait aujourd’hui deux ou trois semaines qu’il s’entraîne à un niveau fantastique et nous sommes optimistes. Cela se voit à son caractère et au bonheur qu'il dégage. »

Y a-t-il trop de joueurs dans l’effectif ?

« Je n’y pense pas une seule seconde. Ce n’est pas de mon ressort. Je me contente de travailler et d’essayer d'offrir des solutions à Pochettino, pour qu'il pense que je suis capable d' aider l'équipe du mieux possible. Cette question s'adresse davantage à l'entraîneur ou à celui qui a constitué cette équipe. »

Vous dites toujours que votre positionnement sur le terrain vous est égal, mais vous devez quand même avoir une position préférée ?

« J'aime être utile, aider, faire partie de l’équipe. J'ai joué à plusieurs postes, et même comme latéral droit sous Tuchel… Comme pivot et en général comme milieu. Cela dépend aussi beaucoup de l'adversaire. Contre les équipes au jeu fermé, je préfère le rôle d'organisateur, sentir que le jeu passe par mes pieds, toucher plus souvent la balle. Contre les équipes au jeu plus ouvert, j'ai plus d'espace pour développer mon jeu au milieu. »

Pochettino dit qu'il a du mal à imprimer sa patte. C’est pas dangereux comme message de ne penser qu’à la victoire ?

« Au PSG, on a l'obligation de gagner. En revanche, je ne crois pas qu’on mérite d'être descendus quand on n’y arrive pas. Ca ne me semble pas une mauvaise chose d'inculquer aux enfants l’importance de la victoire. Mais ça ne suffit pas, la manière est également importante et surtout à Paris. Le club est ambitieux, majestueux, respectueux de ses adversaires. La façon de gagner doit compter. Mais il ne faut pas s’y tromper : gagner est fondamental. Enfant, à Saragosse, j'ai été élevé dans l'idée que perdre a aussi des conséquences. Aller dans un quartier de la ville après une défaite, c’était une humiliation. »

Quelle est la marge de progression du PSG ?

« Au cours des premiers mois de cette saison, on a eu quelques bonnes séquences de jeu, mais on n’a pas réussi à être réguliers sur tout un match. C'est notre objectif, de contrôler davantage le jeu. Malgré ces bonnes séquences, on a du mal à maintenir notre supériorité du début à la fin d’un match. »

Quel est le mensonge le plus récurrent sur le vestiaire ?

« Il y a beaucoup d'informations biaisées et manipulées qui sortent. Au début, ça peut perturber, mais maintenant ça fait plutôt sourire. On pourrait consacrer un entretien entier aux mensonges que j'ai entendus sur cette équipe. Ce vestiaire est beaucoup plus sain que ce que les gens pensent. Il y a des jeunes, avec l'envie de s'amuser. Si on s’embrouille parfois ? Bien sûr, comme dans n'importe quelle société, mais ensuite on se réconcilie. Cette semaine, certains d'entre nous étaient à la fête d'anniversaire de Kylian, et ça se ressent au niveau de la bonne humeur. »

Y a-t-il une perception erronée de Neymar ?

« Ça m'est égal, ce que les gens disent de Ney. Je le connais bien, c'est mon ami et il a un cœur énorme, en plus d’être un footballeur exceptionnel. Ce que disent des millions de personnes qui ne le connaissent pas n'a rien à voir avec mon vécu. Les amis et la famille, qui m'ont rendu visite et ont passé du temps avec lui, pensent la même chose que moi. »

Que lui a-t-il manqué pour remporter le Ballon d'Or ?

« De ne pas vivre à l'époque de Messi et Cristiano, qui n'ont laissé de place à personne d'autre, à part Modric une année. Et c'était vraiment mérité, ces deux hommes ont remporté beaucoup de Ligues des Champions et ça a également joué. »

Je vous ai entendu dire que Leo Messi serait un leader par l'exemple. Racontez-moi.

« Au cours de ma carrière, j'ai rencontré des leaders par la parole, comme Sergio Ramos, et ensuite par l'exemple, comme Messi. Il vient de remporter son septième Ballon d'Or, et il s'entraîne et prend du plaisir comme s'il venait de débuter. Il prend au sérieux la moindre action à l'entraînement. »

C’est si dur de s'adapter à un nouvel environnement ?

« Les joueurs du niveau de Messi mettent moins de temps à s'adapter. Il jouera de la même manière en France, en Espagne, au Japon ou à Madagascar. Son style de jeu est basé sur le ballon, sur la lecture du jeu, sur le déséquilibre. Je veux détruire un peu ce mythe selon lequel il existe une grande différence entre les championnats. Les bons joueurs sont bons partout. »

Le Barça lui manque-t-il après tant d'années passées là-bas ?

« Quoi que je dise, ça fera les gros titres. Pas seulement dans Mundo Deportivo, mais partout. Je préfère ne pas répondre. La seule chose que je peux dire, c'est qu'il a le Barça dans le cœur, qu'un jour il y retournera, mais que pour le moment, il prend du plaisir et il veut gagner au PSG. »

Pour voir le meilleur Messi, c’est une question de physique, de contexte, de synergie avec les coéquipiers... ?

« Par moments, nous avons déjà pu voir le meilleur Leo, comme contre Manchester City à domicile, mais je pense que c'est aussi la responsabilité de tous ceux qui l'entourent. Nous devons nous mettre à son service pour tirer le meilleur de lui. Normalement, nous, les joueurs plus ordinaires, devons nous adapter à notre nouveau contexte. Mais là, c'est l'inverse, parce qu’on parle du meilleur joueur de l'histoire. »

Maintenant il se dispute le trône avec Neymar ou Mbappé…

« Kylian sera le meilleur joueur du monde pendant de nombreuses années, mais nous sommes tous d'accord pour dire que Leo est le numéro un. Il n'y a aucun doute là-dessus. Mbappé a une immense humilité et le désir d'apprendre de Leo. »

Comment est née sa complicité avec Mbappé ?

« Les grands joueurs se comprennent entre eux. C'est une alchimie naturelle. Ils parlent la même langue sur le terrain. »

Vous pourrez dire à vos petits-enfants que vous avez joué eux.

« Je me considère chanceux. Sergio Ramos est le meilleur défenseur espagnol de l'histoire, et l'un des plus grands au niveau international. Messi, le meilleur de tous les temps. Kylian va devenir une légende de ce sport. Tout nous incite à profiter à fond dans ce club. »

Est-il encore possible de convaincre Kylian de prolonger son contrat ?

« Il y a toujours le temps pour essayer de prolonger Mbappé. On a vu de nombreux joueurs le faire en février, mars ou même avril. On a encore le temps. »

Récemment, on lui a offert un t-shirt : Mbappé 2050. Comment il prend ça ?

« Il est phénoménal. C'est un gars ouvert, sympa et drôle. Il prend la vie avec humour et c’est ce type de chambrage sain qui fait de nous un groupe. Nous ne lui mettons aucune pression quant à son avenir. Les apparences sont trompeuses, dans le vestiaire on ne parle de la situation contractuelle de personne. »

Ce n'est pas une question d'argent. L’amour, il l'a déjà. Que peut-on lui offrir ?

« Je ne sais pas. C'est une question pour Leonardo et pour Kylian. Moi aussi, je veux qu'il reste, parce que je veux être entouré des meilleurs et parce que je veux avoir les meilleures chances de gagner. Mais avant tout, il y a le respect. J'ai également quitté Manchester United à la fin de mon contrat et je voulais qu’on respecte ma décision de la même manière que si j'avais décidé de prolonger, parce que j'en avais l'option. »

Le football français est-il plus avant-gardiste que jamais ?

« Nous sommes tous d'accord pour dire que la Real Sociedad et Séville sont de grandes équipes. Eh bien, Monaco et Lille, dixième et douzième de la Ligue 1, n'ont pas perdu de match contre eux en Ligue des Champions et en Ligue Europa. Cela témoigne de l'évolution du championnat en France. »

Que pensez-vous de la montée des violences (dans les stades) en France ?

« C'est regrettable. J'aime l’ambiance, les ultras qui chantent, les stades pleins et les supporters qui nous accompagnent loin de chez nous. Et même de recevoir un accueil hostile quand on joue à l'extérieur. Mais il y a une limite. Vous ne pouvez pas jeter des bouteilles sur le terrain ou envahir les terrains. Ça n’aide personne. Nous devons tous travailler ensemble pour empêcher ces choses de se produire. »

Pourquoi cela n'arrive-t-il qu'en France ?

« Je n'ai pas de réponse. Je ne comprends pas. Je ne pense pas que le confinement en France ait eu plus d'impact qu'ailleurs. Il n'y a aucune justification à la violence. »

Vous jouez dans l'une des plus grandes vitrines d'Europe, excluez-vous un appel de Luis Enrique ?

« Je suis réaliste, j'ai beaucoup joué avec le PSG, j'ai joué une finale de Ligue des Champions, j'ai fait de belles choses, et Luis Enrique ne m'a pas appelé. Il y a des entraîneurs auxquels vous plaisez et d’autres non. Représenter l'Espagne est un rêve, mais s'il n'a pas compté sur moi dans les meilleurs moments de ma carrière, je ne pense pas qu'il le fera à l’aube d'une Coupe du Monde. Il préfère d’autres joueurs, et je le respecte. Au-delà de ça, je pense qu'en Espagne, nous avons un entraîneur qui fait la différence, qui rend ses joueurs meilleurs. C'est ce que me disent les collègues qui l'ont connu. »


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