C'est un Luis Enrique bien moins énervé qu'à la fin de PSG/Nantes (1-1) qui s'est présenté en conférence de presse. Il a forcément été question du manque de réussite de ses troupes, une fois de plus, et l'entraîneur peine à l'expliquer. Mais l'entraîneur du PSG a aussi parlé du retour de Gonçalo Ramos ou encore de quelques uns de ses choix du soir. Voici ses propos complets, traduits par nos soins.
Bonsoir, on vous a vu très énervé après le match, ce qui est rare, qu'est-ce qui ne vous a pas plu ce soir ?
« Encore une fois il faut marquer des buts, pas juste créer des occasions »
« Bonsoir [en français]. Je crois que j’ai été dans mon style habituel sur la touche, mais j’ai eu besoin de me défouler une seconde. On a fait une partie complète concernant la domination, la création d’occasions de but, la manière dont nous avons défendu. Mais encore une fois il faut marquer des buts, pas juste créer des occasions. En ce sens, c'est frustrant pour les joueurs, pour moi, pour tout le monde. Mais il n’y a qu’un seul chemin: insister, insister, insister, insister, insister, insister jusqu’à la fin. »
Vous disiez après le match à Munich que les défaites vous donnent des informations sur vos joueurs. Ce soir, Ousmane Dembélé et Warren Zaïre-Emery n'ont pas débuté, est-ce en rapport avec le match du Bayern (0-1) ?
NDLR : Vu le début de la réponse, nous avons un doute quant au fait qu'il a bien compris la question.
« Non. Mais c’est un message que j’aime et je le fais de manière directe avec mes joueurs. Pas tous les jours mais quand je considère que c’est opportun. Mais c’est aussi un message pour les supporters: pourquoi un joueur joue plutôt qu’un autre? Clairement, toute information, spécialement lors des matchs importants, et tout résultat négatif donnent beaucoup d’indications, beaucoup plus qu’une victoire. J’essaie d’utiliser cela toujours pour le bénéfice de l’équipe, ce qui est le travail de l'entraîneur. Mais de toute façon je n’ai pas de quoi me plaindre avec aucun de mes joueurs. Mais je veux qu’ils s’améliorent, qu’ils se révèlent. Que ceux qui ne jouent pas une minute s'entraînent dès mardi à 100%. Que celui qui est titulaire pense qu’il va perdre sa place. Que celui qui marque pense à marquer plus de buts. Que celui qui défend bien pense à donner son maximum. Ça, c’est mon obsession en tant qu’entraineur. »
Qu'est-ce qui a manqué au PSG pour marquer ce second but, juste de la réussite ou de la créativité ? Ou les joueurs sont émoussés ?
« Qu’est-ce qui manque? Un peu ce qui se voit »
« Non je ne crois pas (que les joueurs soient émoussés). Quand on prépare un match, on imagine un plan pour créer 5-6 occasions pour gagner le match. C’est ce qu’on a fait ce soir, 5 occasions claires en première mi-temps. 2 ou 3 claires en deuxième. L’adversaire a fait une très belle action et a marqué. Mais ils ont tiré deux fois au but de manière cadrée. Qu’est-ce qui manque? Un peu ce qui se voit. Un peu plus de confiance, un peu plus de clarté, un peu plus de précision, un peu plus de foi. Plein de choses peuvent rentrer en compte pour gagner en confiance et faire le nécessaire pour marquer. Mais je le répète nous continuerons à insister. »
Vous avez titularisé Donnarumma, est-ce dans une logique d'alternance ou vous cherchez encore un gardien titulaire ?
« J’ai trois très bons gardiens. Il faut qu’ils s’habituent à être prêts à donner leur meilleure version. Je crois que les trois peuvent le faire même si on n’a pas encore vu Arnau (Tenas). Safonov et Gigio je les veux à 100% prêts, tout comme les autres joueurs. Ce n’est pas un problème quand on remplace un ailier, pour les gardiens, tant que je ne considère pas qu’il y en a un au-dessus des autres, je les veux tous prêts. »
Quels ont été vos mots à vos joueurs après la rencontre ?
« Après le match, sauf s’il y a quelque chose à célébrer, il n’y a rien à dire »
« (il mime le fait qu'il n'a rien dit puis répond) Aucun. Je ne parle pas aux joueurs après un match, je ne l’ai jamais fait. Et c’est quelque chose que je recommande à tous les entraîneurs de haut niveau, de niveau moyen, d’enfants. Quand un match se termine, il ne faut parler de rien. Si tu as gagné, tout le monde est content et tu n’as rien à faire. Si tu as perdu, tout le monde est énervé, l'entraîneur aussi et il peut se passer une catastrophe. Quand un match se termine, tu vas dans ton espace, tu laisses les joueurs respirer, et après avoir vu le match mardi on analysera tout et on passera les messages qu’il faut passer. Après le match, sauf s’il y a quelque chose à célébrer, il n’y a rien à dire. C’est mon avis, je me trompe peut-être. C'est ce que je fais depuis que j’ai commencé à m'entraîner il y a de nombreuses années. »
Comment expliquez-vous que l'adversaire marque aussi facilement avec aussi peu d'occasions ?
« Ça va changer, à moyen ou à long terme c’est sûr. Mais là tout de suite, inexplicable »
« Inexplicable. Cette année, nous avons les meilleurs chiffres collectifs de ma carrière d'entraîneur en ce qui concerne les occasions créées et concédées. Inexplicable, je ne peux pas l’expliquer. Il y a un moment où je ne sais pas quoi dire. Ça va changer, c’est sûr. C’est impossible que cette série si négative continue. En Champions League je crois qu’on a une efficacité de 1.9%. Normalement c’est autour de 10%. Et mon équipe est de qualité, les joueurs ont beaucoup de qualité. Mais, dans la dynamique actuelle…Nous allons l’écourter et la changer. Ça va changer, à moyen ou à long terme c’est sûr. Mais là tout de suite, inexplicable. Nous avons eu 5 occasions de buts claires en première mi-temps, au point de penalty ou aux abords du but, et elles ont été arrêtées ou on les a ratées. C’est comme ça [en français]. »
Cette semaine, vous avez buté sur le Bayern qui pressait très haut puis face au FC Nantes qui jouait avec un bloc bas, quel est le type d'adversaire le plus difficile à battre selon vous ?
« On parle d’un niveau d’équipe…Nantes l’an dernier avait fait un très bon match contre nous, et on avait gagné à la 80ème minute. Mais comme on avait gagné 2-1 on n’en a pas parlé mais notre match était bien pire que celui d’aujourd’hui. On avait créé beaucoup moins d’occasions mais on avait gagné. Aujourd’hui, nous avons créé beaucoup plus que l’adversaire. Nantes a très bien joué sur son action de but, une action individuelle très belle. Et ils ont très bien défendu pendant tout le match. Mais même avec ça nous avons tiré 24 fois, entre 8 et 10 fois cadré. Nous avons fait nos devoirs, mais la note ne suffit pas. (Il revient à la question) Les deux sont difficiles: une équipe qui te presse génère des difficultés, une équipe qui défend bloc bas avec 11 joueurs derrière le ballon, c’est difficile. C'est toujours difficile d’attaquer un bloc bas. Mais nous n’avons pas eu un problème de création d’occasions. »
Gonçalo Ramos est revenu comme titulaire, qu'avez-vous pensé de sa prestation et quels sont ses axes de progression ?
« Gonçalo est un joueur de surface qui génère beaucoup d’occasions »
« Vous m’avez tellement posé de questions sur le faux 9. Là on a un vrai 9 et que se passe-t-il? Comme si la solution était cela. Je rigole, mais c’est la réalité. Si on fait quatre matches sans marquer avec un vrai 9 on cherchera quoi? La solution n’est pas en un joueur dans cette équipe. C’est un sport collectif. Maintenant, plus sérieusement, Gonçalo Ramos a joué son premier match titulaire de la saison, son premier entier ce qui est une grande nouvelle. Gonçalo est un joueur de surface qui génère beaucoup d’occasions, se déplace bien, nous donne de la continuité. Un joueur très intéressant pour nous et je suis content de son apport pendant le match. »
Achraf Hakimi a encore été buteur et c'est l'un de vos joueurs les plus dangereux malgré que ce soit un défenseur. Avez-vous déjà songé à le faire jouer plus haut sur le terrain, comme ailier par exemple ?
« Il ne peut pas jouer plus haut, sauf si on le met avec les Ultras. Il joue entre les lignes et ailier. Quand on a le ballon, il joue attaquant, ce n’est pas un latéral. Il joue uniquement latéral quand on défend, et souvent il défend haut. Il est uniquement latéral quand Gigio a le ballon. Le reste du temps il est attaquant, sur le côté ou entre les lignes. Il marque des buts car nous connaissons sa capacité à prendre l’espace et arriver dans la surface. Mais jouer plus haut, il ne peut pas. »
