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Manchester City/PSG, Paris doit casser la zone

Publié le mardi 4 mai 2021 à 12:51 par Victor Lefaucheux
Après un match aller au cours duquel les Citizens ont affiché une maîtrise défensive qui leur a permis de concéder bien moins d'occasions que le Bayern ou le Barça lors des tours précédents, l'un des principaux enjeux du match retour pour le PSG est de mettre en défaut cette remarquable organisation défensive. Le blog tactique PremièreTouche.com a décrypté l'animation des troupes de Pep Guardiola face à l'attaque parisienne, et comment Paris peut casser les mécanismes adverses.
  • Manchester City a trouvé son équilibre dans une formule bien définie
  • En ajustant leur pressing, les Sky Blues ont neutralisé la création et la profondeur parisienne
  • Quels réglages pour leur répondre ?

City s’est trouvé sans ballon

Après des années inégales dans ce registre, Guardiola a finalement trouvé ses hommes et sa formule en ce qui concerne la stricte phase défensive. 

Un bloc court, structuré et compact, organisé en 4-4-2.

Le 4-4-2 à l’oeuvre avant l’occasion de Foden juste avant la mi-temps lors du match aller :

Une formule aux antipodes d’autres approches – plus calquées sur l’adversaire, et qui ont rencontré un certain succès ces dernières saisons (Real Madrid, Atalanta, Ajax…) – mais un parti pris très proche de celui du Bayern de Flick, roi d’Europe en 2020, en fermant ainsi le terrain sans ballon.

Autre exemple face à Liverpool, avant l’erreur d’Alisson :

Le mot d’ordre : zone. Les repères : ballon et but. C’est autour du cuir que les Citizens créent la densité lorsqu’ils défendent. 

Comme ils l’ont démontré à l’aller, les défenseurs centraux Ruben Dias et Stones n’ont pas pour seul cahier des charges le contrôle du n°9 adverse dans la profondeur. Idéalement, ils doivent le mettre hors-jeu, et contrôler le halfspace (c’est-à-dire être au contact d’un offensif qui s’y trouverait) et / ou offrir à leur latéral (respectif) une couverture optimale, empêchant ainsi toute prise de vitesse des excentrés adverses. Que ce soit balle au pied, ou lancés.

Une densité qui permet une couverture. Une couverture (mutuelle) qui permet à la défense de rester haut. Tout en hiérarchisant les priorités.

Illustration face au PSG : Alors que Marquinhos (puis Danilo) cherche une solution, Ruben Dias reste haut, à la fois pour mettre Mbappé hors-jeu et pour être au contact de Neymar s’il est servi :

D’ailleurs, City a capitalisé cette saison sur cet équilibre défensif pour être tueur en transition offensive. De nombreux matchs charnières (Dortmund, Liverpool…) se sont décidés sur des contre-attaques, après que ces vertus défensives aient permis l’interception.

Si les regards se portent vers le joueur en bout de chaine qui commet l’erreur (en l’occurrence Emre Can ou Alison pour les matchs cités ci-dessus) c’est bien la mécanique collective qui permet à City de fermer le terrain, et de supprimer à son adversaire à la fois l’option courte et l’option profonde. Le poussant ainsi à la faute au cœur du jeu.

Un pressing ciblé et adapté

Parfois raillées, les conférences de presse de Guardiola sont rarement anodines. Le Catalan est toujours attentif aux vertus de ses adversaires, et le PSG n’a pas échappé à cette empathie. 

Il avait notamment insisté sur 3 atouts :

  • La créativité de Verratti et Paredes (comme après le match).
  • Sans nier l’impact de Mbappé et Neymar, il avait précisé que l’impact de Di Maria ET Draxler était également prépondérant.
  • Il avait signifié l’impossibilité pour son bloc de rester haut tout au long de la partie, face à un tel alliage de talent et de puissance athlétique.

Lorsqu’on se penche sur l’aller, on retrouve à la fois les caractéristiques propres et les ajustements annoncés (ou suggérés) des Citizens.

Sur les sorties de balles parisiennes, Paredes faisait l’objet d’une attention particulière, et son marquage devait être vite récupéré, mais on ne peut pas dire qu’il y avait un marquage individuel, ou qu’il avait un chien de garde préposé.

L’ancien du Zenit n’a pu se mettre face au jeu que très bas sur le terrain, et même lorsqu’il a pu se tourner, la profondeur n’était pas une option, grâce notamment au hors-jeu décrit plus haut. Trouver un partenaire entre les lignes non-plus.

Paredes a beau avoir pris l’information, le bloc haut de City le prive d’option : 

Guardiola avait parlé de Di Maria et Draxler en avant-match. Pochettino a choisi d’aligner Verratti milieu gauche plutôt que l’Allemand. Probablement pour éviter à Bakker d’être en un-contre-un, voire un-contre-deux face à Mahrez et aux dédoublements qui sont légion côté droit à City.

Les latéraux Cancelo (puis Zinchenko) et Walker étaient extrêmement agressifs au moment de chasser l’ailier / le joueur offensif qui décrocherait pour se trouver face au jeu.

La plupart du temps entre les lignes, Neymar était donc récupérable par le central le plus proche, en cas de service dans les pieds. Il était même suivi par Dias si son marquage n’était pas récupérable. City adaptant sa zone au niveau de créativité / à la capacité à prendre de la vitesse en face.

Neymar traqué par Ruben Dias sur un service forcé de Marquinhos :

Sur l’occasion de Foden avant la pause, on voit clairement Walker traquer Mbappé (alors ailier gauche) jusque dans son camp, alors que Paredes n’a pas non plus la possibilité de jouer en profondeur.

Mbappé traqué par Walker alors que la sortie de balle est sous pression :

Dans les deux cas, il n’existe pas d’option dans la profondeur, City se garantissant un surnombre pour avancer confortablement.

Contrairement à City, face aux décrochages de Neymar, Draxler et Di Maria, le Bayern n’avait pas spécialement adapté sa structure défensive, pensant se contenter de s’échanger les marquages, alors que ses ailiers Coman / Sané étaient impliqués très haut sur Marquinhos ou Danilo et Kimpembe sur les phases de pressing haut.

Ce qui signifiait un échange du marquage de Di Maria entre Lucas Hernandez (défenseur latéral gauche) et Alaba (défenseur central gauche), alors que Coman (ailier) était sur Marquinhos. Même chose de l’autre côté.

Le pressing haut du Bayern, le marquage de Dagba récupéré par le latéral, et Di Maria par le central (en théorie) :

Sur l’ouverture du score parisienne, l’espace et le temps laissés à Di Maria (le temps de changer les marquages) lui ont suffi à se tourner, du moins à trouver Neymar dans la course.

Di Maria réussit à se tourner alors qu’Hernandez était sorti sur Dagba. Il trouve Neymar lancé :

Derrière, l’arrière-garde court vers son but face à Mbappé et Neymar, sans possibilité de cadrer le Brésilien en gérant le Français. Süle recule et Mbappé conclut, un niveau de déséquilibre que City n’a pas subi à l’aller.

Plus compacte, l’approche de City avait moins vocation à envoyer Walker et Cancelo à l’aventure sur Bakker et Florenzi.

Guardiola a certainement voulu minimiser les situations où le marquage de l’ailier devait être échangé, laissant de fait plus de liberté aux latéraux parisiens.

Ce qui est déjà relativement une habitude pour les Citizens. Le temps que Foden ou Mahrez les récupère, les enchaînements de Florenzi / Bakker laissaient le temps à la mécanique collective de City de se remettre en place pour contrôler la profondeur, et générer le 2-contre-1 à (aux…) endroit(s) où il le fallait.

Lorsqu’on se penche sur les temps « faibles » de City, on s’aperçoit que les Sky Blues ont bénéficié de surnombres conséquents (que ce soit en bloc médian haut ou bas) qui ont forcé les offensifs parisiens à des exploits improbables. En témoigne la percée kamikaze de Neymar sur laquelle il est touché au coude, ou le un-contre-deux gagné par Di Maria au coeur de la première période.

Aligné en 9, Mbappé a été contenu par la paire Stones – Dias, avec le concours d’un Walker très compact. Ailier plongeant d’un 4-2-3-1 face à Barcelone, le Français attaquait la profondeur « en deuxième ligne », alors que les centraux devaient déjà assumer le risque de mettre Icardi hors-jeu. 

Force est de constater que le mettre hors-jeu a été assez facile pour City. Mais cela a autant dépendu de la source que de la destination.

Répondre à la densité défensive par la densité offensive

En analysant le contenu de l’aller et en le mettant en perspective avec ce que le PSG a montré face au Bayern ou au Barça, et avec les déclarations (d’avant et d’après match) de Guardiola, il est assez net que le technicien espagnol a ciblé son pressing.

Même si le début de match semblait montrer le contraire, Florenzi et Bakker n’ont été servis que dans les pieds et n’ont jamais véritablement défié la ligne défensive de City. Foden et Mahrez, chargés de couper la ligne de passe, avant de les récupérer, n’ont pas été mis en danger par les latéraux parisiens.

A eux au retour de les rendre inutiles.

Un carré Kimpembe – Marquinhos – Verratti – Paredes pourrait permettre de créer des circuits courts, capables de casser le pressing de City, qui ne pourrait peut-être pas cibler tous ces joueurs-là en même temps.

En s’excluant du circuit de relance, les latéraux pourraient grimper un cran plus haut, et éventuellement être trouvé face au jeu, dans une zone où les latéraux de City prioriseront certainement les ailiers du PSG.

A ce moment-là, un 9 déjà hors-jeu (Mbappé / Icardi ?) ferait planer la menace qu’un des joueurs lancés soit trouvé en jeu par un latéral libre… Dans la configuration actuelle, une fois Mbappé hors-jeu, Neymar devient l’option profondeur. On l’a vu plus haut, c’est facilement gérable pour City.

Evidemment, toutes ces questions s’intègrent dans une vision globale du match. Avec un onze qui tendrait vers le 4-2-4, Paris ouvrirait forcement la porte à une maîtrise adverse en possession, face à un bloc parisien qui serait coupé en deux, et éventuellement soumis. La maitrise que le Barça a eue au retour cette année.

Si, et seulement si les Citizens, d’un point de vue individuel et mental, se montrent à la hauteur, face à un PSG audacieux et entreprenant. Ce qui n’était pas forcément le cas en début de match, jusqu’à l’ouverture du score, provoquant ces quelques interceptions parisiennes, qui ont fait reculer City, provisoirement.

Victor Lefaucheux / PremièreTouche.com

NB : Vous pouvez retrouver Victor et notre analyse de Manchester City/PSG dans notre podcast d'avant-match.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.
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