Avant un Lille/PSG qui marquera le retour de Chevalier dans son ancien stade et quelques jours après un Barça/PSG qui a vu son équipe affaiblie renverser le score, c'est un Luis Enrique décontracté mais soucieux de ne pas en dire trop qui s'est présenté en conférence de presse. Voici ses propos complets, retranscrits par nos soins.
Cela fait un peu plus de 15 ans que vous vous entraînez au haut niveau. Est-ce que c'est le groupe avec lequel vous prenez le plus de plaisir ? Est-ce que c'est le groupe que vous voyez le plus de potentiel au sein de l'effectif ?
« C'est difficile de valoriser ça. Je ne peux (pas) dire, j'ai eu la chance d'avoir beaucoup de bonnes équipes, d'avoir de bons joueurs et d'avoir une bonne mentalité. Mais je ne sais pas si c'est le plus. »
Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que vous avez changé depuis le début de saison sur les coups de pied arrêtés ? Défensifs et offensifs, s'il vous plaît.
« Non. Je ne peux rien expliquer. Parce que si je te l'explique, tout le monde le saurait. On travaille comme toutes les équipes. Nous savons que c'est important. Et je pense que l'année dernière, on s'est amélioré beaucoup : au niveau offensif et défensif, spécialement en Champions League. On a fait de meilleures statistiques offensives et défensives sur les coups de pied arrêtés. Et on veut continuer sur ce chemin. Mais je n'ai rien à dire. »
Vous appelez beaucoup de jeunes joueurs dans votre groupe. Est-ce que vous pouvez expliquer comment vous travaillez avec les entraîneurs des sections jeunes et comment vous mettez en place pour que les joueurs soient prêts à intégrer le groupe ?
« Il y a une connexion réelle, et vraie. Mais quand tu es l'entraîneur de la première équipe, c'est facile. Tu as besoin de quelques joueurs et tu les prends. Mais c'est une connexion. La manière dont nous nous entraînons et la manière dont on travaille tous ensemble, c'est pareil. Parce que les joueurs, quand ils arrivent à la première équipe, ils peuvent être performants dès les premiers jours. Et ce qui est différent, je pense, par rapport au passé, c'est le caractère des jeunes joueurs, parce qu'ils sont très ouverts, très audacieux, très courageux dans leur façon de jouer.
J'ai fait une blague Il y a deux minutes (avec PSG TV). Quentin Ndjantou, il a fait ses débuts à Barcelone en match de Champions League, et j'étais plus nerveux que lui ! C'est surprenant, et je pense que c'est joli de voir cette mentalité. J'aime cette mentalité. Le plus important, c'est être content de voir tout le monde ensemble. Et je pense qu'on a montré ça, non seulement les dernières semaines, mais il y a très longtemps. »
Lille-PSG, un match particulier pour le Paris Saint-Germain, mais aussi pour un homme, pour votre gardien, Lucas Chevalier, qui a fait des belles prestations en Supercoupe, ou à Toulouse, peut-être un peu moins à Marseille. Est-ce que c'est un vrai test pour lui demain, pour montrer son importance ?
« L'unique test que je vois, c'est au niveau sentimental pour Chevalier »
« Non. Non. L'unique test que je vois, c'est au niveau sentimental pour lui, parce qu'il arrive à sa maison, c'est un petit peu différent. Quand nous signons un joueur, c'est parce que nous pensons qu'il sera ou qu'il peut être important, pendant longtemps. Donc pas de test, pas un examen pour lui, rien d'important. Et continuer à améliorer notre performance en tant qu'équipe, et de manière individuelle pour tous les joueurs. »
Que pensez-vous des performances des clubs français cette semaine ? On a vu l'OM, Lyon, Monaco réussir un nul contre City, est-ce que c'est très positif pour le championnat ? Et quelle est votre vision simplement sur le niveau de la Ligue 1, qui semble progresser en Europe ?
« Vous avez cette préoccupation du niveau de la Ligue 1, tout le temps... Je n'ai rien à dire, je ne suis personne pour valoriser les performances des restes de les équipes français, italiennes, espagnoles, et je suis ici pour valoriser ce que fait notre équipe, donc rien (à dire) sur ce sujet. »
Vous ne voulez pas vous exprimer sur ce sujet, mais est-ce que vous sentez quand même qu'il y a une différence d'approche ? Le match à Marseille, vous avez vu qu'il y avait beaucoup d'intensité, on peut s'imaginer que Lille, ce sera la même chose, on a vu qu'ils avaient du caractère dans leur manière d'aborder les matchs importants, ils se sont imposés à Rome. Est-ce que vous sentez qu'il y a une progression, peut-être pas dans le jeu techniquement, mais dans la manière d'aborder les événements, est-ce que vous trouvez que les clubs français ont peut-être plus de confiance en eux au moment d'aborder les grands matchs ?
« Je ne sais pas. Pour moi, en tant qu'entraîneur du PSG, je peux dire que j'aime aller dans les stades comme le stade de Lille, avec cette ambiance, de Lens. Chaque stade en France, il y a beaucoup d'ambiance, et j'aime, et les joueurs aiment jouer ce type de match. Le reste, s'ils sont plus performants ou pas, je ne suis pas préoccupé par ça. Mais pour moi et pour les joueurs, c'est bien de jouer dans ces ambiances. »
Vous allez affronter Lille, une équipe qui a des résultats en dents de scie, qui reste sur deux défaites en Ligue 1 mais deux victoires en Coupe d'Europe. Comment vous avez analysé cet adversaire, et quel est votre regard sur le travail aussi de Bruno Genesio, qui semble être un homme de Coupe d'Europe, qui obtient souvent des résultats en Coupe d'Europe ?
« Je peux dire qu'ils sont forts en tant qu'équipe, et nous les connaissons parce qu'on les a joués l'année dernière, et on sait la difficulté. On le prépare comme d'habitude, avec le petit temps que nous avons, mais ce n'est pas une excuse. On prépare les matchs comme d'habitude, on pense à continuer à s'améliorer et on sait la difficulté de jouer à l'extérieur, spécialement ce match contre Lille. »
Je voulais revenir sur le travail que vous avez fait autour de Vitinha, qui monte en puissance. Il devient petit à petit une référence mondiale au milieu de terrain. Quel travail vous avez fait autour de lui ? On ne va pas revenir sur son classement, troisième au Ballon d'Or, mais comment vous avez fait pour faire en sorte qu'il soit à ce niveau-là, et quelle est sa marge de progression ?
« J'aime chercher à améliorer les joueurs qui ne jouent pas, et qui sont des problèmes parce qu'ils veulent jouer plus »
« J'ai fait le même travail avec Vitinha qu'avec le reste des joueurs, parce que tu es le coach de tous les joueurs. C'est normal de parler plus de joueurs comme Vitinha, qui est pour moi un des deux meilleurs millieux de terrain du monde. C'est joli parler là-dessus, mais en même temps, je cherche à améliorer chaque joueur, pas seulement Vitinha. Je suis sûr que c'est joli de voir son niveau, et je pense qu'il peut améliorer encore. Il est très important pour nous, parce que c'est un joueur différentiel. Mais j'aime travailler, chercher à améliorer les joueurs qui ne jouent pas, et qui sont des problèmes parce qu'ils veulent jouer plus. C'est ça le travail de l'entraîneur. Et en ce sens-là, je peux dire que je suis très content quand je vois l'évolution positive de nos joueurs. »
On vient d'avoir le point médical et on vient de voir que Kvara et Neves sont mis de côté pour l'instant et forfaits pour demain. Mais ils ont été appelés en sélection. Est-ce que ça vous fait du souci de les voir partir en sélection, alors que pour vous, ils sont blessés et ne peuvent pas jouer face à Lille ?
« Je ne sais si je dois parler en profondeur sur ça, parce que c'est difficile en français. Mais ce que je veux dire, c'est que je pense toujours à la santé de mes joueurs et à ne pas prendre le risque avec aucun joueur. Nous pouvons le voir lors du dernier match : Neves a fait l'échauffement avec l'équipe, parce qu'on pense qu'il peut jouer, mais à la fin, il a cette blessure, et je cherche à ne prendre aucun risque avec les joueurs. Et c'est pour moi une chose très importante.
Et après avoir dit ça, je comprends clairement les entraîneurs de la sélection nationale, parce que j'ai été entraîneur de la sélection nationale, et c'est un entourage différent, très différent, et je pense que tous les entraîneurs pensent à faire la même chose. Rien de plus. »
Coach, vous répétez souvent que vos joueurs et votre équipe pourront toujours progresser, mais la victoire à Barcelone avec de nombreux cadres blessés montre peut-être que collectivement, le PSG a encore franchi un cap, alors est-ce que ce PSG peut encore s'améliorer, et jusqu'où peut-il aller ?
« Oui, bien sûr. Il y a beaucoup de choses pendant les matchs qu'ont peut améliorer, dans ce dernier match et tous les matchs qu'on a joués. Mais je pense que notre niveau standard, c'est un niveau très haut, et tu le peux voir. Pendant les matchs, il y a des moments où l'adversaire a joué mieux que nous, mais on a cette mentalité, ce caractère de réussir à être dans les matchs tout le temps. Tout le temps.
Ça, c'est une caractéristique très difficile à voir, mais si vous voyez les statistiques que nous avions l'année dernière, de combien de matchs on a surmonté dans les dernières minutes, cette saison a commencé de la même manière contre Tottenham dans la Supercoupe d'Europe. Et cette mentalité de ne rien lâcher pendant tous les matchs. C'est joli. Tu peux voir que nous sommes une équipe qui, quand arrive la difficulté, est prêt pour surmonter tous les problèmes. C'est joli de voir ça et je suis content d'avoir cette mentalité. »
Warren Zaïre-Emery n'a pas été appelé par l'équipe de France A, après des performances contrastées, est-ce que vous pensez que c'est une bonne chose qu'il ait été appelé avec l'équipe Espoirs pour se reprendre confiance ?
« Ce que je pense, honnêtement, c'est que ça dépend de la mentalité des joueurs, de chaque joueur. Ça dépend. Je pense que tu dois poser cette question à Warren. Je ne sais pas. Ça, pour moi, c'est très individuel. Ça dépend de chaque joueur. »
On a vu deux fois cette saison le PSG revenir dans des situations très compliquées, que ce soit contre Tottenham ou encore contre le Barça. La question est simple : quelle est votre méthode pour, justement, essayer d'abolir le doute ou la peur chez vos joueurs et de toujours y croire à la fin ?
« Il n'y a pas de méthode. Il n'y a pas de méthode (il se répète). Ce que tu dois faire, ou ce que nous cherchons de faire, c'est d'avoir une identité et savoir que nous jouons tous les matchs, tous les matchs, les premiers de cette saison ou les derniers de la dernière saison, de la même manière. On ne fait de speculation, on joue de la même manière. Quand tu étais un enfant et tu joues dans la rue, tu joues de la même manière, personne ne te dit rien. Il n'y a pas de pression. C'est la même chose que nous cherchons. On cherche à jouer de la même manière tout le temps.
« Les résultats ne changent pas notre mentalité »
Et si l'adversaire est meilleur que nous, ok, bien sûr, à la fin, on va perdre à ce match, mais on peut féliciter l'adversaire, mais pour nous, il ne change rien. Les résultats ne changent pas notre mentalité. Et tu le peux voir.
Si tu revois les matchs de Barcelone, on a fait la même chose. Après avoir marqué le but du 1-1, on va vite. Tu prends le ballon et tu continues à jouer. Et quand on marqué le but de Gonzalo, on a commencé à presser de la même manière. C'est la même chose. Dans les premières minutes d'un match, ou vers les derniers minutes de match, on joue de la même manière. On cherche à jouer de la même manière. Il y a des matchs que l'adversaire peut jouer mieux que nous. Mais c'est facile. C'est une méthode très facile. »