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Blanc, son interview complète à la Gazzetta dello Sport

Publié le mardi 13 octobre 2015 à 14:00 par Matthieu Martinelli
Laurent Blanc a accordé une interview à la Gazzetta dello Sport, un privilège rare. Voici son entretien traduit en intégralité par nos soins.

« C’est plus difficile de gagner en tant que débutant avec Bordeaux ou avec un vestiaire rempli d’egos comme au PSG ?

A Bordeaux, ce qui fut difficile, c’est d’abord d’obtenir le poste, et de compenser les lacunes liées à l’inexpérience. Au PSG, c’est le niveau de pression très élevé.

Entraîner le PSG, cela revient à devoir faire le médiateur entre de grands joueurs ?

Cela revient à devoir les fédérer autour d’un objectif sachant qu’on vous demande de gagner tout et tout de suite. Mais c’est vraiment un plaisir de travailler dans de telles conditions.

Dans quel sens ?

« Je ne me vois pas à la tête d’un projet où on te donnerait peut-être le temps, mais pas les moyens pour réussir.»

Je ne me vois pas à la tête d’un projet où on te donnerait peut-être le temps, mais pas les moyens pour réussir. Il y en a qui deviennent entraîneur par vocation, pour former, pour construire. Moi je le fais seulement pour gagner. Le PSG, c’est le haut niveau, le club a tout pour gagner, donc la pression ne me pose pas de problème.

On parle déjà de Mourinho à votre poste l’été prochain.

Cela ne m’affecte pas. Cela fait partie du métier. C’est le prix à payer si tu veux entraîner à ce niveau.

Vous dîtes que vous n’êtes pas entraîneur pour construire, pourtant vous citez Ferguson parmi vos modèles.

Mais c’est une exception, au même titre que Wenger. C’est de plus en plus rare dans le football moderne.

D’autres exemples d’entraîneurs que vous admirez ?

Ils sont nombreux, et pas seulement en ce qui concerne le jeu. Lippi est une référence dans la gestion des relations avec les joueurs. Avec  lui, j’avais un dialogue qui allait bien au-delà du football. C’est avec lui que j’ai appris l’importance de toujours dire la vérité, du moins la mienne. Ce qui ne signifie pas être ami parce qu’à la fin c’est l’entraîneur qui décide.

Sirigu a pu s’en rendre compte, lui qui se trouve désormais sur le banc avec l’arrivée de Trapp.

Salvatore est un très bon gardien, qui a été bon y compris l’an dernier, mais on s’est demandé comment on pouvait améliorer l’équipe en fonction de notre philosophie. C’est comme ça qu’a émergé l’idée de faire venir Trapp, qui a d’autres caractéristiques, notamment dans la lecture du jeu.

Sirigu doit-il se trouver un club en janvier ?

« Kevin n’est pas encore un gardien de but affirmé, et s’il devait ne pas donner suffisamment de garanties je remettrais Sirigu. Cela s’appelle la concurrence, les deux le savent. »

L’année d’un Euro, c’est normal d’aspirer à davantage jouer, mais cela peut aussi être le cas à Paris, indépendamment des blessures. Kevin n’est pas encore un gardien de but affirmé, et s’il devait ne pas donner suffisamment de garanties je remettrais Sirigu. Cela s’appelle la concurrence, les deux le savent.

En quoi le PSG a changé depuis votre arrivée ?

J’espère avoir transmis ma philosophie qui s’inspire de celle de Cruyff. Mais je respecte aussi ceux qui préfèrent défendre et gagner 1-0. Quelqu’un comme Capello a un palmarès impressionnant.

L’arrivée de Di Maria vous impose-t-elle un changement de système ?

Le système compte moins que l’idée d’avoir le ballon, jouer haut, attaquer. Certains disent que de cette manière tu t’exposes à des contre-attaques, mais sur 70m tu as le temps et les moyens pour les freiner. La question du système est relative : le 4-3-3 devient 4-2-3-1 ou 4-1-4-1 juste en déplaçant un joueur. Après, cela dépend de comment tu gères le jeu.

Ibra est plus présent en phase de construction.

Mais il reste un vrai buteur, comme le montrent ses records et ses stats. J’ai 6 attaquants avec des caractéristiques diverses. Ibra est compatible avec Cavani et Di Maria, mais l’important c’est de maintenir l’équilibre. On peut encore faire mieux de ce point de vue, et pour cela, le milieu de terrain est fondamental.

Ibra arrive en fin de contrat, cela peut devenir un problème s’il ne prolonge pas ?

« Ibra a été fondamental pour le développement du projet du PSG, mais peut-être qu’à 34 ans lui aussi a envie de découvrir de nouveaux horizons. On décidera un peu plus tard ce qu’il faut faire.»

Le risque existe aussi parce que son futur vous excite, vous les journalistes. Le Milan, la MLS, etc… L’important, c’est que la situation soit claire entre lui et le club. Ibra a été fondamental pour le développement du projet du PSG, mais peut-être qu’à 34 ans lui aussi a envie de découvrir de nouveaux horizons. On décidera un peu plus tard ce qu’il faut faire.

Et inversement, Motta a prolongé et semble être un entraîneur sur le terrain.

C’est en partie parce qu’il a la grande responsabilité, valorisante, de garantir notre philosophie de jeu. Il a 33 ans, il sera géré au cours de l’année, mais il reste fondamental. Je le vois bien entraîneur, mais il devra un peu gommer son mauvais caractère (rires).

Verratti se fait de moins en moins avertir par les arbitres.

C’est un très grand talent, très sûr de soi, qui n’a pas peur de prendre des responsabilités, ce qui est rare à son âge. Il doit cependant être plus efficace autant dans la récupération que dans la construction. Si tu veux arriver tout en haut, tu dois parfois apprendre à renoncer à la beauté du geste.

Cette année, votre équipe donne l’impression de pouvoir gagner la Champions League.

C’est une vraie progression psychologique que l’on doit à l’expérience accumulée par le groupe, à laquelle s’ajoutent celle de joueurs qui sont arrivés par la suite comme David Luiz ou Di Maria.

Et vous, vous y croyez ?

On a l’expérience et la qualité, après cela dépendra aussi du tirage au sort et un peu de la chance, qui est indispensable.

Vous êtes en fin de contrat l’été prochain. Si vous quittiez le PSG, ce serait pour quel type de projet ?

Pour un projet autant ambitieux qui puisse me mettre dans des conditions idéales pour gagner, comme c’est le cas à Paris. En France ou à l’étranger.

Et en Italie, où vous étiez proche de l’Inter et de la Roma ?

En Italie, tout me plait, du football à la culture. La Serie A est en train de voir le bout du tunnel, avec des projets sérieux, comme la montre la finale de Ligue des Champions bien méritée de la Juve. Autant les bianconeri que la Roma peuvent encore jouer les trouble-fêtes cette année. Et je note avec plaisir la progression de l’Inter et du Napoli. Au-delà de l’Italie, j’aime aussi beaucoup l’Espagne.

Il y a quelques temps, vous disiez que vous ne feriez pas ce métier pour très longtemps.

C’est un métier dur, fatiguant, épuisant nerveusement, mais j’ai préféré gagner un peu avant de le quitter. Je ne me vois pas entraîneur à 70 ans, à moins que je me rende compte que j’ai encore la volonté de gagner. »

NB : Propos recueillis par Alessandro Grandesso pour la Gazzetta dello Sport, traduction par nos soins. Nous proposons cet entretien en intégralité car il n'est pas proposé en français par le quotidien italien.


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