Article 

Neymar, son interview complète à Fui Clear (1e partie)

Publié le vendredi 29 octobre 2021 à 9:28 (mis à jour à 13:00) par Eridan Reva
Rare dans les médias, Neymar a malgré tout accordé un long entretien à Fui Clear, média en ligne d'Eduardo Semblano, alias Edu. L'occasion pour le joueur du PSG de se confier pendant près de 35 minutes sur de très nombreux thèmes comme le PSG, la Seleção, les critiques sur son style de vie, etc. Voici ses propos en version intégrale.

Edu : Ney ! La dernière fois que l'on s'est vus, c'était en interview en février 2019. Tu étais blessé, le PSG s'apprêtait à jouer un match important de Champions League juste après, qu'on a vu ensemble. On se retrouve, à l'aube d'un nouveau match de Champions League, à Paris, qu'est ce qui a changé ?

Neymar : « En 2019, la situation était complètement différente de celle d'aujourd'hui, j'étais blessé, c'était très difficile pour moi parce que c'était la deuxième année où je me blessais, c'était encore la (même) blessure, pour la même durée. Je ne suis pas heureux quand je suis blessé et que je ne suis pas sur le terrain, quand je ne peux pas faire ce que je cherche, c'est à dire aider mes coéquipiers. Mais cette fois je suis bien ! Heureux. Tout se passe bien, on est au début de la saison et on a une grande équipe, je pense qu'on peut aller très loin, même si évidemment on a besoin de s'entraîner, de jouer ensemble, toujours plus, et ça va finir par payer. Et moi, je pense que la phase que je vis aujourd'hui est très bonne, c'est excellent ! »

*Le journaliste lui montre un téléphone avec des messages d'amis ou connaissances à lui qui veulent lui poser des questions*
Tiago Leifert (journaliste présentateur de l'émission Big Brother Brasil) : Salut Ney, Salut Edu ! Mes deux "petits-gros" préférés dans le sport (rires) ! Ney, j'ai une question pour toi, concernant le bonheur. On sait que tu rigoles beaucoup plus quand tu es heureux ; et que quand tu es bien dans ton équipe, bien dans la vie, tu es un joueur beaucoup plus agressif, beaucoup plus incisif. Donc j'aimerais te poser cette question : Pour toi, qu'est-ce que c'est "le bonheur" ? Quand est-ce que Neymar se sent heureux, complètement heureux, et qu'il se dit "aujourd'hui je vais tout défoncer parce que je suis bien !" ? Et à l'inverse, comment est-ce que tu sais que tu n'es pas bien, quand tu te réveilles et que tu te dis "aujourd'hui ça ne va pas", qu'est-ce que tu fais quand cela arrive ?

Neymar : « Eh bien, tout d'abord, tu as raison, (sur la manière dont j'agit) quand je suis heureux. Mais en fait, depuis quelques temps, j'ai appris à équilibrer un peu tous ces sentiments, à me dire "ok, même si tu n'es pas bien, tu dois bien jouer". Pour moi le bonheur ? C'est me sentir bien avec mes coéquipiers, c'est être bien avec le club, être à l'aise dans la ville, dans ma maison également. C'est être bien avec ma famille, avoir mes amis proches, tout ça est ce qui fait que je suis content. Aider les personnes que j'apprécie est aussi un point très positif. Et quand je ne le suis pas, quand je sais que je suis moins bien, et bien je vais justement chercher ces choses-là, chercher à faire une de ces choses qui me rendent heureux, essayer de rire, de parler plus avec mes amis, avec ma famille, pour pouvoir revenir à un niveau de bonheur acceptable, en dehors et sur le terrain. »

Edu : J'ai été voir un match du PSG, et j'ai vu les supporters qui ont énormément chanté. Pas une ou deux personnes, mais toute une tribune, parfois tout le stade, ça doit être incroyable de voir ça du terrain.

Neymar : « Bien sûr, c'est une particularité du PSG, les supporters ! C'est un point fort pour nous parce qu'ils chantent sans s'arrêter, ils nous poussent sans arrêt, et pas seulement à domicile, à l'extérieur je crois que c'est encore plus impressionnant ! Pour nous c'est vraiment important, de les entendre crier, sans s'arrêter, ça nous donne de l'énergie en plus. »

Edu : Le PSG a fait un mercato incroyable, le monde s'est arrêté pour voir Messi arriver à Paris, il y a eu les recrutements de Ramos, Donnarumma, ... Beaucoup de monde pense que le PSG est maintenant un favori, quel regard portes-tu sur ce mercato ?

Neymar : « Oui, je pense que le PSG s'est très bien renforcé pendant ce mercato, des joueurs avec beaucoup de qualité, et c'est un immense plaisir de les avoir dans notre équipe. Et quand on voit ce qu'ont fait ces joueurs, qui sont des grands noms, et ont marqué l'histoire, c'est évident que les gens pensent que le PSG est un des favoris pour tout gagner. Mais je pense que d'autres équipes aussi se sont très bien renforcées. Au final, le football se passe sur le terrain, peu importe les noms que tu alignes, mais oui on connaît notre potentiel ; mais on doit jouer ensemble, s'entraîner ensemble, travailler ensemble, faire l'effort pour les uns et les autres. On doit se rapprocher, se "renfermer" plus (comme équipe) pour que toutes les bonnes choses arrivent. Nous sommes au début de la saison, il va se passer beaucoup de choses. On se connaît mieux de jour en jour, c'est important. Mais honnêtement, je pense qu'il y a tout pour que nous fassions une grande saison et qu'on atteigne nos objectifs. »

*Une autre personne lui pose une question sur téléphone* (Pedrinho, un ancien joueur) : Ney, j'aimerais savoir à quel point le futsal a influencé ton jeu de joueur professionnel, ce jeu serré, dans des petits espaces. Quelle partie du Futsal est présente dans le jeu moderne ?

Neymar : « Eh bien, le futsal a été très important pour moi, cela m'a fait beaucoup de peine d'arrêter, à 14 ans. Dans mon jeu, le futsal vit encore. Cette façon de jouer serré et de dominer le ballon, de penser très rapidement, ce sont des choses qui m'ont beaucoup aidé, dans le 1 contre 1. Par contre, dans le football mondial, je pense que le futsal rejaillit très peu. Je pense même que c'est en train de disparaître. Et c'est dommage parce que je pense que le futsal est très important pour les joueurs, car il t'apporte des choses que le foot à 11 ne t'apporte pas, et qui vont t'aider. Moi je dis toujours que le futsal est indispensable, parce qu'il a été très important pour moi. »

Edu : À propos de la sélection. Tu as encore battu des records, tu as dépassé Zico, Romario ; tu es très proche de Pelé, et tu vas le dépasser. Et tu es à un âge, tu as 29 ans, bientôt 30, où tu commences à faire tomber des records, les uns après les autres ; je voudrais que tu reviennes un peu sur cela, je sais que tu as subi des critiques par rapport à cela (Neymar avait affirmé qu'il allait battre le record de Pelé, et une journaliste avait pris cela pour de l'arrogance) ?

Neymar : « C'est évident que je suis très content, très heureux de battre des records, et cela pour aider la sélection brésilienne, aider mes coéquipiers. Ce n'est pas pour passer devant quelqu'un, ce n'est pas un "face à face" bien au contraire. Après ce qu'il faut, c'est respecter la position de chacun. Si tu es journaliste, je respecte ta position, mais respecte la mienne. Si tu as vécu la même chose que moi, là tu peux juger, bien sûr, mais il faut respecter, car tu sais à quel point c'est difficile. Le football a beaucoup changé, aujourd'hui c'est beaucoup plus physique, il faut être plus rapide, donc tu dois te préparer de plus en plus, c'est évident. Et je parle de respect, car les gens disent "Neymar ne fait pas attention à lui même, Neymar ci, Neymar ça." »

Edu:  C'est donc un miracle ce qui se passe ? Comment tu fais tout ça...

Neymar : « Comment rester 12 ans au top niveau sans être prudent... (Rires) Personne n'arrive à faire ça. »

Edu : C'est tellement simple, si tu n'es pas sérieux tu ne peux pas le faire, tu peux y arriver peut-être un an.

Neymar: « Non, ce n'est pas possible. Ils se basent sur des moments de ma vie ; si je vais à une fête ou si je connais quelqu'un de très connu, ils disent "ah Neymar est allé à une fête". Non, je le fais quand je peux, quand je sais que je n'ai rien le lendemain. Je ne vais pas arrêter de faire les choses dont j'ai envie, je l'ai toujours dit. (Comme) lors d'une interview avec les JO (le Brésil Olympique, N.D.L.R) où j'ai dit "je ne vais pas ne pas aller à une fête si j'ai envie, c'est quoi le problème ? C'est ma vie". »

Tu peux parler de mon travail sur le terrain, mais pas de ma vie personnelle. Donc ce n'est pas possible d'être au top autant de temps comme ça, sans prendre soin de soi. Je n'ai pas un préparateur physique et un kiné 24 heures (sur 24) à mes côtés pour rien. Ce sont mes choix qui finissent par déranger un peu les gens, mais ça fait partie du jeu, un moment donné, je laisse tomber. »

Edu : Tu penses aux records ? Ou tu sais qu'il y a un record qui s'approche, car on te prévient ? 

Neymar:  « Je m'en fiche un peu des records, des choses comme ça. S'ils arrivent c'est bien, c'est un don, jouer au football c'est une des choses que j'aime le plus dans la vie, donc c'est naturel. Si aujourd'hui je bats un record, demain il y aura quelqu'un qui battra le mien et je serais en train de l'applaudir depuis chez moi. Et j'espère qu'on me batte, car les records sont faits pour être battus. Mais je ne suis pas un mec qui va battre un record et faire démériter quelqu'un. »

Edu : Quand tu as battu le record de Ronaldo, tu lui as fait un compliment...

Neymar: « Et quand j'ai battu celui de Romario, j'ai célébré le but comme lui. À Santos je faisais beaucoup ça, mais c'est impossible de faire ça avec Pelé, Pepe, les gars ils ont 600 buts (rires). Mais voilà, à chaque fois que je savais que je pouvais battre un record de quelqu'un ; je cherchais à savoir comment (lui) rendre hommage et rappeler son histoire aussi. Il n'est pas facile de marquer 100 buts pour un club, donc je faisais ça et je savais qu'au moins une personne serait contente "il m'a battu, mais il a pensé à moi". Et j'aime faire ça, car je montre le respect que j'ai pour tous les joueurs qui sont déjà passés par la Seleção, Barcelone, Santos, Paris, etc... »

Edu : Comment tu vois la Seleção en ce moment, et la pression qui vient de l'extérieur ? Surtout sur ce sujet de "jogar bonito" - qui est beaucoup plus compliqué qu'avant, car il y a un manque d'intégration. La France trébuche souvent, l'Italie est une surprise en ce moment ; aucune sélection n'a le niveau pour lequel on vous met la pression à vous, la sélection brésilienne. Pour moi il est impossible d'avoir de la beauté dans le jeu quand vous jouez 3 matchs ensemble, et puis que tout le monde repart en club. 

Neymar : « Comme je l'ai déjà dit, le football a beaucoup changé, les profils des joueurs aussi. Nous avons aujourd'hui au Brésil des joueurs qui sont tops en Europe, mais qui sont différents des ceux qu'on avait précédemment. Tu ne peux pas comparer, mais le football est comme ça, fait de comparaisons. Si tu joues bien et perds, les gens vont te demander la victoire. Si tu joues bien et gagnes, mais un jeu basique, ils vont te demander de jouer beau. Donc c'est compliqué, le mieux étant de ne pas trop ouvrir la bouche, car forcément quelqu'un ne va pas aimer. »

Edu : La Coupe du Monde s'approche, toi à 30 ans, après être passé par autant de choses, avec 13, 14 ans de haut niveau... est-ce la Coupe du Monde pour laquelle tu te sens le plus prêt, mentalement, physiquement, techniquement ? 

Neymar : « Je pense que c'est un Mondial qui peut surprendre, tout le monde sait comme c'est dur de gagner une Coupe du Monde, et celle-là est mon plus grand rêve. Mais on se prépare, on a une bonne équipe, un bon entraîneur, on essaie de s'ajuster, de ne pas perdre pour des détails ; comme ça s'est passé contre la Belgique, car on a mieux joué qu'eux, on a perdu 2 ou 3 ballons avec lesquels ils ont fini par marquer les deux buts, penalty pas sifflé pour Gabriel Jesus, donc ça a beaucoup compliqué les choses. Cette défaite m'a beaucoup blessé, pendant une semaine je ne suis pas sorti de chez moi, je ne voulais voir personne... mais ça arrive, ça fait partie du football, un des deux doit perdre, et sur ce coup c'était nous. Mais je pense que pour la prochaine Coupe du Monde ; on arrive plus préparés psychologiquement, mentalement, je pense donc qu'on peut surprendre. »

Edu : Je pense que tu es le dernier "artiste du ballon", d'autres peuvent avoir plus de titres, gagner plus, on n'en sait rien... je pense que dans cette ère du football, toi tu es le dernier, j'ai l'impression qu'après toi les choses seront plus mécaniques. 

Neymar : « Je ne sais pas. Le Brésil est un pays qui crée beaucoup des bons joueurs, bientôt il y aura un autre qui va surprendre. J'espère qu'il y en aura plein, par exemple, on a Vinicius et Rodrigo à la Seleção et je pense qu'ils peuvent encore beaucoup grandir. »

[MAJ 13h] La seconde partie de l'interview est disponible ici.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.
Joueur(s) lié(s) 

News 

Aujourd'hui

lundi 22 avril

dimanche 21 avril

samedi 20 avril

vendredi 19 avril

jeudi 18 avril

mercredi 17 avril

mardi 16 avril

 

Soutenez CulturePSG 
Soutenez CulturePSG sur Tipeee