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Le milliard et demi de CVC nourrit déjà des premiers doutes

Publié le mercredi 11 mai 2022 à 11:07 par Mathias Luis
Le fonds d’investissement CVC a récemment acquis une partie de la société commerciale de la LFP pour 1.5 milliard d’euros. Perçu comme les « sauveurs du football français » par Vincent Labrune, des doutes subsistent sur la place d’envergure que pourrait prendre la société luxembourgeoise et les décisions que cela pourrait engendrer, signale Le Parisien.

En football comme dans n’importe quel pan de la société, celui qui détient l’argent a le pouvoir. En acquérant 13 % de la société commerciale de la Ligue de Football Professionnel pour 1.5 milliard d’euros il y a quelques semaines (desquels le PSG a récupéré 200 millions d'euros), le fonds d’investissement luxembourgeois CVC Capital Partners s’est donc acheté une place puissante au sein du football français. Si le président de la LFP Vincent Labrune a déclaré que le « football français était sauvé », des doutes subsistent sur la présence d’un tel investisseur, signale Le Parisien. 

Chargé de promouvoir et vendre les droits TV du championnat de France, CVC a notamment pour but de mieux valoriser la Ligue 1 à l’étranger, sans négliger pour autant l’augmentation du contrat actuel sur le territoire national. Pour ce faire, la vision du fonds d’investissement luxembourgeois se porte sur le moyen terme, comme le note le quotidien régional. Leur objectif est de faire grandir le produit Ligue 1 avant de revendre leurs parts plus tard et réaliser une plus-value importante, indique Arnaud Simon, responsable de la société In and Out Stories, qui conseille plusieurs fédérations de ligues sportives. 

Cela, CVC l’a déjà fait avec la Formule 1, prenant la majorité du capital pour 950 millions d’euros en 2006 avant de revendre pour 4.7 milliards près de dix ans plus tard. Or, cette fois, CVC bénéficie d’une clause de protection qui ferait grimper sa part à 14 % (au lieu de 13) si les gains étaient inférieurs à un certain montant, informe Le Parisien. Preuve que le sauveur du football français est avant tout un acteur de la finance, et certains craignent donc le poids que CVC pourrait avoir dans certaines prises de décision. Il y a fort à parier que le fonds d’investissement fasse tout son possible pour pousser dans le sens de ce qui rapporte le plus d’argent, pas forcément au profit du sport en soi. 

Des doutes sur la vision sportive de CVC

Selon Arnaud Simon, avoir son mot à dire dans les décisions est même une condition sine qua non lorsqu’une telle somme est investie : « CVC aura un avis sur la façon dont peut évoluer la Ligue 1. Cela peut être le format (des playoffs, un autre système de montée-descente), l’expérience de la compétition (arbitres équipes de micro), une version plus engageante et immersive pour les fans (ouvrir davantage les vestiaires comme en NBA, faire des documentaires pour Netflix), ou encore des horaires adaptés pour les diffusions à l’étranger. » Le Parisien précise toutefois qu’une loi prévoit que la FFF peut imposer son véto sur des modifications jugées contraires à l’intérêt du sport. 

Mais cela n’effacera jamais le fait que CVC est avant tout présent pour faire du profit. D’après l’économiste du sport Luc Arrondel, « ils vont essayer de minimiser l’aléa sportif. » Cela peut se faire par plusieurs biais, notamment « l’arbitrage vidéo mais il peut aussi y avoir le souhait de limiter les relégations. » Ces interrogations sont les mêmes dans les autres sports dans lesquels CVC investit, notamment dans le Tournoi des Six Nations. Un proche de la Fédération Française de Rugby se demande même si « on a signé avec un bienfaiteur ou avec le diable », puisqu’à ses yeux, « c’est celui qui détient les droits commerciaux et de diffusion qui pèse le plus sur l’organisation des compétitions. » 

Avec tout cela, l’arrivée de CVC au capital de la société commerciale de la LFP est tout de même cruciale pour que les clubs français puissent éponger leurs dettes, accumulées depuis le début de la crise du Covid-19. Mais la répartition prévue des revenus liés aux droits télé pourrait mener à la même situation qu'avant le Covid, puisque la répartition des revenus tirés de l'international, qui doit beaucoup augmenter, dépendra des points UEFA de chaque club, tandis que le système de répartition des droits nationaux reste inchangé (sauf si l'accord tombe entre 700 millions d'euros et 1 milliard d'euros, voir ici).

De plus, l'entrée de CVC au capital de la société commerciale de la LFP engendre des doutes sur le poids que CVC pourrait avoir sur les futures décisions sportives, d’autant plus que le fonds d’investissement luxembourgeois dispose également d’une partie de la société commerciale du championnat espagnol. D’aucuns se questionnent donc sur les conflits d’intérêt que cela pourrait engendrer à l’heure de négocier la vente des droits TV des deux championnats à l’international. La LFP est confiante quant à ce partenariat et table sur une augmentation doublée de ses revenus d'ici à 10 ans


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