Buteur face à Lens il y a peu (3-1), Vitinha a enfin débloqué son compteur sous la tunique du PSG mais ce but sur une frappe de loin semble un moment à part de sa saison. Dans les chiffres, le Portugais tente beaucoup moins sa chance qu’au sein de son ancien club, le FC Porto. Comment expliquer les prises d’initiatives offensives en baisse du milieu parisien ?
Libéré, délivré, Vitinha a enfin trouvé le chemin des filets avec le PSG. D'une frappe limpide aux abords de la surface, le milieu de terrain de 23 ans a inscrit son premier but sous les couleurs parisiennes face à Lens (3-1) il y a deux semaines. Un moment savouré par le Portugais qui expliquait dans la foulée qu'il « attendai(t) ce but depuis longtemps. » Déjà passeur décisif quelques minutes plus tôt pour Kylian Mbappé, le petit milieu d'1,72m avait alors signé l'un de ses matches les plus aboutis avec le PSG. Mais ce premier but tardif n'a pas trouvé de suite à Angers et, depuis son arrivée en Ligue 1, le Lusitanien est un joueur plus réservé. Les chiffres l'attestent.
Il tire deux fois moins
Parmi les principaux artisans du 30e titre de champion décroché par Porto l'an dernier, Vitinha s'était vu désigner meilleur jeune joueur de la saison au Portugal. Mobile, technique, la balle qui colle au pied droit, le milieu s'était particulièrement distingué par sa capacité à attaquer les espaces, à se projeter ou à tirer. La saison dernière, il avait tenté sa chance à 62 reprises en championnat, inscrivant deux petits buts.
Une efficacité modeste mais des tentatives existantes. Au PSG, ses chiffres chutent et le Portugais n'a décoché que 25 frappes à l'issue de la 32e journée. Rapporté sur 90 minutes, Vitinha tirait 2,48 fois en moyenne la saison passée contre seulement 1,11 fois lors de l'exercice en cours.
« Indéniablement, c'est lié à la dynamique collective dans laquelle il est inséré. Si on fait l'analogie avec sa dernière saison, on y observe très vite des différences évidentes en matière de protagonisme », juge Rémy Martins, suiveur attentif du FC Porto qui nous avait dressé une présentation complète du joueur dans un podcast. « À Porto, il avait Uribe et Grujic qui sont des joueurs beaucoup plus besogneux et destructeurs que Verratti et Fabian Ruiz. Vitinha était donc beaucoup plus à même de se projeter et de prendre des risques au FC Porto qu'à Paris. »
« Il y a beaucoup plus de répondant en Ligue 1 »
« C'est aussi lié au niveau de compétitivité des deux championnats. La capacité des clubs de Ligue 1 est bien supérieure à celle des clubs portugais, hors top 4 (Porto, Benfica, Sporting, Braga). Force est de constater que dans le championnat portugais, les petites équipes vivent énormément de la spéculation, de l'attente d'une erreur grossière, note-t-il. Un joueur comme Vitinha, son protagonisme est plus à même d'être exhibé dans ce contexte-là que face à un club de Ligue 1 qui affronte le PSG même si le rapport de force est clairement en faveur du PSG dans la majorité des cas aussi. Ça reste bien différent, il y a beaucoup plus de répondant en Ligue 1. »
Avec Messi, moins d'importance dans l'animation offensive
Dix mois après son arrivée dans la capitale, Vitinha est toujours dans l'appréhension d'un nouvel environnement. « Dans la répartition des obligations en matière d'espaces à occuper, d'efforts à fournir à différents moments du match, mais aussi en fonction des caractéristiques et des qualités prédominantes de chacun, cela ne caractérise pas la réalité qu'a connue Vitinha à Porto. Il y a une disruption entre les deux », juge Rémy.
Au PSG, les profils avec lesquels il évolue sont différents. Cette cohabitation se fait aussi avec des joueurs affirmées dans le processus créatif. Dès lors, dans la répartition des fonctions dans l'espace, il est moins évident de faire coïncider des profils qui se rejoignent sur certains points comme c'est le cas au PSG sans devoir être confronté à une problématique qui puisse traduire un certain inconfort pour Vitinha.
« Lionel Messi prend une place énorme dans le processus créatif de l’équipe dans laquelle il prend place. Ce n'est pas si évident pour un milieu de se projeter et de prendre des risques quand on a un joueur comme Messi. Ça peut vite congestionner sa zone de jeu, lance Rémy. Il n'est pas surprenant que la ligne du milieu soit plus précautionneuse par rapport à l’apport offensif. Vitinha s’insère dans cette idée-là. »
Une confiance à retrouver
Qui a confiance en soi conduit les autres. Après des débuts en boulet de canon, Vitinha a traversé une deuxième partie de saison dans l'ombre de la première. Moins tranchant dans ses appels, dans ses passes ou dans ses projections, le talent de la génération 2000 a presque semblé perdre certains automatismes pourtant acquis en quelques matches.
« Si on a des certitudes dans la tête, on va être plus à même de prendre des risques »
« On peut parler de dimension affective moins présente pour lui au PSG qu’à Porto, confie Rémy. À Porto, il était devenu indiscutable en novembre 2021 et n’a jamais été remis en question à partir de là, ce qui n’est pas le cas au PSG où il s'est heurté à des critiques Il était très encensé, pas critiqué. Ce qui le met bien évidemment dans des prédispositions avantageuses pour atteindre tout le potentiel qu’il a à démontrer. Si on a des certitudes dans la tête, on va être plus à même de prendre des risques. Quand on est remis en question, on va abandonner le risque et tomber dans la précaution. »
Alors ce premier but inscrit face à Lens peut-il libérer le Portugais ? En conférence de presse le jeudi qui suivait, Christophe Galtier avait laissé entendre que son protégé « revient en forme et qu’il est en totale confiance. » De bon augure pour le Portugais, mais sans confirmation jusque-là.
