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Son passage au PSG, la C1, PSG/Real, les propos complets de Pochettino

Publié le samedi 19 novembre 2022 à 23:29 par Matthieu Martinelli
Mauricio Pochettino était récemment présent à l'antenne de Radio Marca pour revenir sur son passage d'un an et demi au PSG, conclu par un licenciement en juin dernier. Il a notamment revisité l'élimination à Madrid en mars dernier, remettant notamment en cause l'attitude d'Idrissa Gueye. Voici ses propos en intégralité.

Mauricio, quel a été ton défi le plus difficile à Paris ? Trouver le fameux équilibre dont parlent tous les entraîneurs ?

« D’abord, il faut dire qu’à Paris s’est créé un modèle d’équipe, de club, sans précédent. Gérer un effectif construit de cette façon était un défi très difficile, qui suscitait beaucoup d’inconnues. Accumuler toutes ces personnalités et tout ce talent dans une équipe de football, c’est quelque chose qui n’a existé qu’à Paris. Et il nous fallait du temps, parce que des joueurs revenaient de l’Euro ou de la Copa America, certains ont enchaîné des blessures presque jusqu’à la fin de la saison, d’autres ont vécu l’expérience de changer d’environnement après beaucoup d’années dans un même club et de devoir s’adapter... Nous devions gérer 9 ou 10 joueurs qui étaient capitaines de leur sélection et qui devaient cohabiter... Tout cela fait que nous avions besoin de temps pour créer un amalgame. Mais la compétition de haut niveau ne t’attend pas et il y avait l’exigence de gagner la Ligue des Champions.

« Cela a été une expérience incroyable, dont je ne pense pas qu’elle se reproduira ailleurs dans le monde »

Cela a été une expérience incroyable, dont je ne pense pas qu’elle se reproduira ailleurs dans le monde, et dès cette saison d’ailleurs les circonstances sont différentes. Avec une année d’expérience les joueurs savent comment se comporter dans leur cohabitation sur et en-dehors du terrain, avec cette dynamique, cette routine quotidienne dont on parle souvent et qui met du temps à être trouvée. Et ce temps, nous ne l’avons pas eu, parce que les joueurs de plus grande renommée se sont incorporés au reste de l’équipe tardivement, après 3 ou 4 journées de championnat, qu’ils devaient ensuite rejoindre leur sélection pour 2 ou 3 matchs chaque mois. Jusqu’en février nous n’avons pas eu 3 jours d’entraînement de suite. »

(l’interrompant) De l’extérieur Mauricio, on a l’impression que le banc du PSG est le plus ingrat qui existe. Seule compte la victoire en Ligue des Champions, le reste n’a pas d’importance. Et si le PSG gagne la Ligue des Champions, l’entraîneur est le dernier qu’on pensera à complimenter. C’est injuste mais c’est comme ça.

« Totalement d’accord. Je n’ai rien à rajouter. Tu as tout décrit de façon fantastique. On sous-évalue le travail de l’entraîneur. Si on gagne, c’est grâce au talent individuel, si on perd c’est parce que l’entraîneur s’est trompé dans la stratégie. »

Je voulais t’interroger sur un moment précis. Ce n’est que ma sensation de l’extérieur mais je souhaitais la partager avec toi. Benzema marque et égalise au Bernabeu. De l’extérieur, j’ai la sensation que dans ton for intérieur, tu aurais aimé rajouter un milieu de terrain et sortir un attaquant. Mais tu ne fais pas ce changement. J’imagine que c’est compliqué parce que tu as Mbappé, Messi et Neymar qui à tout moment peuvent gagner et changer le match. Et le PSG jouait mieux que le Real jusqu’au but de Benzema.

« Je crois qu’on a même continué à être meilleur qu’eux plusieurs minutes après le but de l’égalisation. Mais c’est clair qu’on a pas dû tout bien faire parce que c’est le Real qui se qualifie. Et je n’ai pas l’arrogance de dire qu’on a tout bien fait alors qu’on est éliminé. Mais oui, il y avait beaucoup de décisions à prendre, qui peuvent bien ou mal tourner. Quand tu prépares un match, tu te poses toujours des cas de figure où tu te demandes ce que tu ferais si tu mènes au score, si tu es mené ou si les deux équipes sont à égalité. Tu te demandes ce que tu ferais pour renforcer la solidité de l’équipe en cours de rencontre, pour augmenter l’intensité, pour donner plus de solutions offensives...

« Nous avons eu une conversation après le match, Gueye m’a dit : "je n’étais pas prêt pour jouer ce match" »

Nous avons sorti Paredes qui avait un carton jaune pour le remplacer par Gana Gueye. Il venait d’être champion d’Afrique. Quand il revient, il ne joue plus pendant un petit moment, il y a une situation avec laquelle nous ne sommes pas d’accord et si je le dis publiquement, c’est parce que je lui ai aussi dit à ce moment-là. Je pensais qu’il donnerait le meilleur et qu’il apporterait à l’équipe ce dont elle avait besoin à ce moment-là, et cela n’a pas été le cas. Nous avons eu une conversation après le match, il m’a dit : « je n’étais pas prêt pour jouer ce match », je lui ai répondu : « ah, très bien ». Peut-être que je n’aurais pas dû le faire rentrer parce qu’il n’était pas au mieux, mais il n’y avait pas non plus beaucoup d’alternatives. Parce que de l’extérieur, on va dire : « mais tu avais Di Maria ». Mais Di Maria avait une surcharge musculaire qui l’empêchait de débuter le match. Ce sont des décisions dont seul l’entraîneur connaît les tenants et les aboutissants et qu’il ne peut pas expliquer publiquement. Après je suis d’accord avec toi, peut-être que rajouter un milieu aurait été une solution. Mais il faut voir ce qui s’est passé ensuite face à Chelsea, à City... »

C’est ce que j’allais te dire Mauricio. Les solutions de football fiction qu’on te propose de l’extérieur sont forcément gagnantes puisqu’on ne va jamais imaginer des solutions ou des scénarios qui mènent à la défaite.

« Et le dimanche ou le lundi tout le monde a son opinion, et pas une n’est la même que l’autre. »

Je peux te révéler qu’un joueur du Real, avant de jouer la finale contre Liverpool, nous racontait que c’est face au PSG qu’ils se sont sentis le plus en difficulté. Pas seulement à Paris mais aussi au Bernabeu. Chelsea, City... ce sont des éliminatoires différentes même si elles finissent de la même façon. Mais face au PSG ils étaient dépassés.

« Regarde ce qui s’est passé avec City. Ils ont une action où ils peuvent valider la qualification avec Mendy qui sauve sur sa ligne un ballon de Grealish. Mais Guardiola va faire des changements pour sécuriser le résultat en sortant presque tous ses joueurs offensifs. Et il va concéder 3 buts en 5 minutes. Et s’il était allé en prolongations, il aurait dû jouer 30 minutes sans ses meilleurs joueurs offensifs. Bien sûr, c’est plus difficile de critiquer Guardiola qui a gagné 2 Ligues des Champions plutôt que d’autres entraîneurs. Mais à ce moment-là, tu te dis que Guardiola a fait le bon ou le mauvais choix ? Moi, je ne le critique pas, je dis qu’il a fait ce qu’il pensait devoir faire en connaissance de l’état de ses joueurs. C’est pour ça qu’il est difficile de donner son avis de l’extérieur. Mais cela arrive souvent. Tu mènes au score, puis tu fais un changement défensif, l’adversaire va croire davantage en ses chances, ton équipe va alors reculer... Et dans d’autres cas faire un changement défensif te permet réellement de sécuriser le résultat. Le football est beau parce qu’il y a cette imprévisibilité, ces facteurs que tu ne peux pas contrôler. »


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