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Comment le PSG se crée ses occasions de but (Partie 2)

Publié le vendredi 17 juillet 2020 à 14:17 par Ali Radhi
Après une première partie sur la façon dont le PSG utilise la verticalité du terrain ou encore ses joueurs au coeur du jeu pour se créer des occasions, voici la seconde partie de notre décryptage sur la manière dont l'équipe de Thomas Tuchel se crée ses occasions. Il est notamment question de l'utilisation des latéraux ou encore du concept du troisième homme.

La première partie sur la façon dont le PSG se crée ses occasions de buts est à retrouver ici. Voici les autres mécanismes utilisés pour générer des situations dangereuses :

Les courses dans le dos des défenseurs depuis les ailes

Le PSG dispose d’un nombre conséquent de joueurs capables de faire des appels dans le dos de la défense. Cette constante menace d’une passe en profondeur pour un joueur placé à la limite du hors-jeu permet d’appliquer une pression sur la ligne arrière d’une équipe, qui a le choix entre reculer pour s’assurer du marquage du joueur parti en profondeur ou d’ignorer ce joueur lancé en continuant son pressing sur les porteurs. Le problème étant que la cohésion d’équipe et la communication doivent être parfaites pour l’adversaire, au risque d’être perdu et de ne plus savoir quelle consigne appliquer.

Ce genre d’appels dans le dos du latéral, pris de court, sont pourtant très fréquents. Pendant que Mbappé fait un appel au niveau de la ligne des 6 mètres, Icardi se propose en retrait, ce qui embarque deux défenseurs, qui ne se soucient pas de ce qui se passe dans leur dos. 

Neymar a un intervalle conséquent dans la surface pour réussir sa passe. Un but créé par le laxisme défensif des lyonnais, et une bonne combinaison d’appels pour faire la différence.

Même chose ici avec Mbappé qui démarre son appel au coin de la surface de réparation, entre le latéral et le premier défenseur central. Cavani et Sarabia déjà positionnés à la réception d’un centre.

Prise de court, la défense nîmoise n’a pas le temps de réagir et Cavani est à un mètre devant son défenseur lorsque Mbappé fait sa passe à ras de terre. Une action d’école non récompensée par un but en raison d'un raté du Matador.

L’appui du troisième homme

Cette tactique implique, comme son nom l’indique, que trois joueurs forment un triangle par leur positionnement. En combinant via des passes rapides, la défense se rapproche de leur zone d’échange, ce qui ouvre de l’espace dans une autre zone. L’un des trois joueurs s’engouffre alors dans cet espace libre afin de recevoir le ballon et créer une occasion.

Ici Neymar, Mbappé et Verratti forment un triangle par leur positionnement. Neymar fait la passe à Mbappé, et la défense suppose que ce dernier va la lui remettre.

Mbappé préfère remiser sur Verratti pendant que Neymar entame sa course dans l’espace libre laissé par le défenseur appliqué à presser le Français.

La défense adverse s’est désintéressée de Neymar pendant un court instant, Verratti ne paraissant pas capable de voir le Brésilien laissé libre. L’Italien envoie une passe lobée qui sera décisive pour l’ouverture du score de Neymar.

Autre exemple ci-dessous :

Une nouvelle fois ici, les trois joueurs forment un triangle, plus espacé.

Choupo-Moting fait un appel vers Herrera, son défenseur le suit, ce qui libère de l’espace dans son dos. Herrera lui passe le ballon et Choupo-Moting le lui renvoie.

L’espace créé dans le dos de Choupo-Moting permet à Di Maria de s’y engouffrer, et à Herrera d’avoir l’intervalle disponible pour le trouver.

L’alternative du lob de Verratti pour Bernat

Ces actions sont une variante du jeu en triangle décrit au-dessus. Lorsque le jeu penche du côté gauche du terrain, comme assez souvent grâce à la présence de la majorité des meilleurs joueurs de l’équipe (Neymar, Mbappé, Verratti), certaines situations permettent à Bernat d’effectuer des appels dans le dos. Les défenseurs adverses, surtout concentrés à intercepter une possible passe pour le brésilien, oublient parfois le latéral espagnol.

Ici, Neymar fait mine de s’approcher de Verratti pour recevoir une passe dans ses pieds. Son appel emmène avec lui son défenseur au marquage. De l’espace se libère alors pour Bernat qui part en profondeur, profitant du joueur adverse trop occupé à cadrer Neymar. 

Dès que Bernat se projette dans le dos de la défense, Verratti n’hésite pas à lui envoyer une passe lobée avant que son adversaire direct ne soit trop proche.

Ici, Icardi et Sarabia s’accordent en proposant un appel différent. Bernat a alors plusieurs options qui s’offrent à lui selon la réaction des défenseurs. Néanmoins, ces actions n’ont jusqu’à présent jamais été conclues par un but.  

Le dédoublement des latéraux

Un mouvement fréquemment répété est l’utilisation traditionnelle du latéral qui dédouble derrière l’ailier. La menace que représentent les joueurs offensifs du PSG attire énormément de défenseurs devant eux. Meunier et Bernat peuvent alors surgir dans leur dos avec assez d’espace et de temps pour adresser un centre. Ces courses des latéraux, parfois à vides, permettent au moins de libérer de l’espace pour les joueurs offensifs.

Di Maria embarque plusieurs défenseurs dans son dribble vers l’intérieur du jeu, pendant que Meunier fait un appel dans son dos. Son vis-à-vis est obligé de contenir le porteur du ballon tant que la passe n’est pas adressée.

Action identique avec cette fois Bernat qui court le long de la ligne en vue d’être servi dans la profondeur, avec Cavani à la réception :

Toutefois, ni Meunier, ni Bernat ne se sont montrés adroits dans cet exercice : seulement 16  centres ont trouvé un joueur parisien sur 96 tentés en 2019/2020, soit 17% de réussite seulement, ce qui empêche le PSG d’être un véritable danger depuis les côtés.

Un manque évident de jeu en combinaison

Le système offensif du PSG est clair, et a l’avantage d’être cohérent. Pourtant, d’évidentes imperfections sont à noter.

Bien que le PSG réussisse fréquemment à jouer très vite vers l’avant, en perforant les lignes adverses par des passes, la consigne donnée aux joueurs offensifs de se placer dans les demi-espaces les empêche d’être vraiment proches de la ligne des milieux. Les joueurs ont alors tendance à être un peu éloignés les uns des autres.

En outre, l’absence d’un milieu relayeur dans l’équipe capable de faire la liaison entre le milieu et l’attaque, la nature agressive du jeu de Di Maria et Neymar qui cherchent toujours à trouver la faille dans les défenses que ce soit par la passe ou le dribble mais aussi le positionnement préférentiel des attaquants au niveau du dernier défenseur sans réellement se proposer à la construction contribuent à générer parfois des attaques trop directes.

Cette façon d'attaquer étale également l'équipe sur le terrain et complique un jeu en une touche déjà peu présent, les distances entre les joueurs étant non négligeables. Dès lors qu'il y a un manque de précision dans les transmissions, cela peut causer une perte de contrôle au milieu du terrain.

Ce même plan de jeu instauré par Thomas Tuchel implique de laisser de grands espaces à couvrir en transition défensive pour les milieux de terrain. Ce qui pourrait expliquer les non-titularisations de Paredes, brillant pour trouver ses partenaires entre les lignes mais en difficulté dès lors qu'il s'agit de courir vers son but. 

Une façon d'attaquer pensée pour optimiser ses meilleurs joueurs 

Avec le 4-4-2, Thomas Tuchel a construit une équipe cohérente se fondant sur des principes de jeu clairement identifiables, qui permettent l’utilisation de scénarios bien ancrés dans les esprits des joueurs. En s’appuyant sur les forces et qualités des joueurs dont il dispose, en particulier des meilleurs techniciens de l’équipe que sont Verratti, Neymar, Di Maria et Mbappé.

La réussite collective du club de la capitale dépendra évidemment de la réussite personnelle de ses meilleurs joueurs. Thomas Tuchel en est bien conscient, et c’est donc sciemment qu’il leur a donné les clés de son système en les mettant dans les meilleures conditions pour qu’ils ouvrent d’eux-même la porte du succès.

Co-écrit par Ali Radhi et Stephen Hubert.


Vous pouvez retrouver les commentaires de l'article sous les publicités.

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