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Un ancien enquêteur du FPF se livre : « Parce que c’est Paris, le PSG a un potentiel économique supérieur »

Publié le dimanche 20 février 2022 à 20:59 par Arthur Verdelet
Cible des critiques ces dernières années et actuellement en pleine refonte, le fair-play financier a accompagné la montée en puissance du PSG. Yves Leterme, l’un de ses personnages majeurs pendant sept ans est revenu sur le dossier parisien, qu’il juge moins complexe que d’autres.

Un ancien enquêteur de l’UEFA livre un avis mitigé sur le réel pouvoir du fair-play financier (FPF). Yves Leterme, ancien président de la chambre d’instruction du fair-play financier de l’UEFA de 2014 à 2021, a été interrogé par le JDD, et a notamment longuement évoqué le PSG. Le dossier parisien a notamment été l’un des plus fournis, en compagnie de celui lié à Manchester City : « C’était d’autant plus dur que les sociétés spécialisées nous donnaient des chiffres totalement différents. Pour des raisons de méthodologie, de définition… Mais quand même, les résultats étaient à la limite du compréhensible. »

Critiqué par la chambre de jugement de l’ICFC pour son jugement des finances du PSG, Leterme se défend. « On n’a, certes, pas pris la moyenne mathématique exacte, mais on n’a pas pris non plus les évaluations les plus basses. Nous, on jugeait que faire l’inverse aurait aussi mis l’UEFA en difficulté sur le plan juridique. Et puis ce qui était soumis par le club lors des auditions nous semblait solide. Ça a été prouvé, d’ailleurs. Parce que c’est Paris, le PSG a un potentiel économique supérieur. »

Le PSG sauvé par son aura

Paris a selon lui pu jouer de son attractivité à l’international et de l’image de la ville pour s’en sortir dans ses comptes. « Ce n’est pas un hasard si, parmi les grandes fortunes mondiales, beaucoup vivent de l’aura de Paris. Le parfum, le lifestyle : c’est Paris, pas Amsterdam, Liverpool ou Manchester. Il y a un bonus avec ce que représente la ville, et le PSG capitalise dessus. Je ne sais pas où ça en est, mais quand j’étais en poste, ils réalisaient à chaque fois les objectifs de recettes. On a toujours été informés en transparence. Même si on n’était pas toujours d’accord, les arguments mis en avant par Jean-Claude Blanc [directeur exécutif], un grand dirigeant, étaient crédibles. Bien plus que dans beaucoup d’autres dossiers. »

« Il y a un bonus avec ce que représente la ville, et le PSG capitalise dessus »

Leterme poursuit à ce sujet : « Les dirigeants parisiens soumettaient des chiffres où ils rentabilisaient la montée en puissance du club. Et ces objectifs étaient respectés. Je ne suis pas sûr non plus que ces grandes dépenses soient faites à fonds perdu. Le retour sur investissement est énorme. Même avec Lionel Messi, il n’y aura, à mon avis, pas beaucoup de pertes grâce à la rentabilisation de l’image. » En dépit d’une très nette hausse de sa masse salariale, supérieure à 600M € en 2021/2022, Paris ne devrait d’ailleurs pas être inquiété dans l’immédiat par les instances européennes.

Un bilan en demi-teinte

Au cours de l’entretien, l’ancien de l’UEFA a pu revenir sur sa vision de cet outil de contrôle. « Parmi les deux objectifs du fair-play financier, un est d’intérêt public : l’assainissement des finances des clubs. Michel Platini a eu le cran d’imposer ça, et ça a bien fonctionné. » Avant de se montrer plus critique sur son rôle et son impact : « En revanche, sur le volet des États sponsors et du dopage financier, il y a un problème systémique. Ce n’est pas facile pour l’UEFA de régler ça de façon autonome. Le fair-play financier symbolise les limites de l’autorégulation. Il est peut-être temps de renforcer son indépendance. »« Je reste convaincu que le dossier PSG est très solide, j’avais un autre sentiment sur Manchester. »

Selon Leterme, le fair-play financier a notamment été touché « par le Covid, surtout », mais aussi possiblement déstabilisé par l’annulation des sanctions envers Manchester City par le Tribunal arbitral du sport. « Que fait-on quand 80 % des clubs sont en déséquilibre à cause d’un facteur extérieur que personne n’a vu venir ? Mais, selon moi, le TAS ne correspond pas à ce qu’on est en droit d’attendre en matière d’arbitrage. Il a conduit à décrédibiliser les sanctions. L’impression donnée, c’est que les règles n’étaient pas bien appliquées. Que le système permettait à Manchester de s’en sortir facilement. Je reste convaincu que le dossier PSG est très solide, j’avais un autre sentiment sur Manchester. »

« Je reste convaincu que le dossier PSG est très solide, j’avais un autre sentiment sur Manchester (City). »

S’il réfute avoir subi toute pression au cours de ses sept ans de fonction, l’ancien premier ministre de Belgique estime que « le système a montré ses limites. Le comité exécutif [de l’UEFA] décide du règlement du fair-play financier et l’influence des grands clubs y est quand même importante. » Amené à livrer son avis sur le nouveau modèle du fair-play financier, attendu pour la fin de saison et censé introduire une masse salariale plafonnée accompagnée d’une « luxury tax », l’homme politique belge se montre mitigé. « Je doute que cette proposition renforce le côté égalitaire, estime Leterme. L’équilibre entre recettes et dépenses était plus à même de ramener un peu de raison. »


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