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Le PSG de Tuchel en progression dans le jeu ?

Publié le mercredi 23 septembre 2020 à 19:40 par Simon Piotr
Après plusieurs matches difficiles en ce début de saison, le PSG a enfin montré un visage positif sur la pelouse de Nice. Malgré une approche intéressante, le Gym de Vieira ne pouvait pas faire beaucoup mieux face au 4-4-2 parisien avec de tels Mbappé et Navas.

Au sortir de deux défaites et d’une victoire miraculeuse face à Metz, c’est un PSG en manque de certitudes et avec une flopée d’absents qui s’est rendu sur la Côte d’Azur dimanche midi. Comme l’avait annoncé Tuchel face à la presse, le technicien allemand a décidé de reconduire son système en 4-4-2, dans le but de conserver les repères de la saison dernière face au manque de temps pour travailler tactiquement entre chaque match.

Avec l’absence de Neymar et le retour de Mbappé, c’est Julian Draxler qui a débuté comme milieu offensif gauche, tandis que Mbappé occupait le front de l’attaque aux côtés d’Icardi, Di Maria complétant le quatuor offensif. Du côté de Nice, Patrick Vieira a choisi de reconduire son 4-3-3, comme lors des premiers matches au cours desquels les Aiglons ont converti en buts leurs cinq tirs cadrés, une anomalie statistique à ce niveau-là.

Paris prend le large en fin de première mi-temps avec un coup tactique gagnant de Tuchel

Durant le premier quart d’heure, le PSG prend les choses en main en termes de domination territoriale avec une possession assez importante. En effet, Nice a adopté un repli en 4-1-4-1 dans un bloc médian-bas assez prudent, ce qui laisse Verratti libre face au jeu très souvent.

Le jeu de position adopté par le PSG n’a rien de surprenant avec un 4-2-2-2 très orienté sur les half-spaces. Le nombre de joueurs présents à l’intérieur du jeu permet aux deux latéraux de se positionner très haut sur le terrain en même temps, là où le PSG aurait plutôt gardé un latéral en couverture d’habitude. On peut imaginer que Tuchel a opté pour un parti pris très offensif dans l’optique d’une ouverture rapide du score en faveur d’un PSG qui n’avait marqué qu’une fois (et pratiquement par miracle) lors des 270 dernières minutes de Ligue 1 (400 minutes si on compte la Ligue des champions).

Le PSG animé en 4-2-2-2, Di Maria très responsabilisé entre les lignes avec une plus grande liberté positionnelle que ses coéquipiers. Nice dans son 4-1-4-1 qui cherche d’abord à fermer l’axe du terrain et à garder la supériorité numérique dans les half-spaces (en jaune). La ligne défensive niçoise s’alignait souvent à 35 mètres de sa cage et pouvait ainsi éventuellement jouer le hors-jeu. 

Malgré la hauteur des latéraux et la présence d'Icardi, le PSG n’a pas forcément abusé des centres comme face à l’OM ou Metz par exemple, même si Di Maria pouvait quant à lui s’en donner à coeur joie sur coups de pied arrêtés ou dans des positions de bruynesques. On a plutôt vu un Paris à la recherche de Mbappé comme terminal offensif principal et il a pu être sollicité plusieurs fois avec le ballon dans les pieds aux abords ou dans la surface adverse (7e, 10e ou 11e minutes).

Le PSG progresse sans difficulté dans le camp adverse en début de match, mais manque d’un peu de tranchant et de justesse pour créer des situations de buts claires.

Autour de la vingtième minute, Tuchel profite d’un arrêt de jeu dû à la blessure de Gueye (remplacé par Herrera) pour transmettre des consignes à Mbappé, entraînant immédiatement un changement dans l’animation offensive parisienne.

Le coach allemand a probablement senti que le système défensif niçois peut exploser si Mbappé, dans cette forme, reçoit les ballons avec plus d’espace autour de lui. Ainsi, Mbappé est déplacé de sa position d’attaquant axial gauche pour se retrouver dans celle d’un ailier. C’est lui qui peut recevoir le ballon face à Atal, forcément plus intimidé que face à Draxler ou Bakker précédemment.

Changement tactique avec Mbappé côté gauche et Draxler plus à l’intérieur, Nice ne s’est pas vraiment adapté et subit les assauts du génie français. 

Cet ajustement a été fatal pour Nice et le match s’est transformé en one-man-show de Mbappé. Le jeune Français s’est distingué avec six dribbles réussis sur neuf tentés, un total énorme qu’il n’atteint parfois qu’en deux matches complets. Quand bien même il pouvait être face à deux ou trois joueurs adverses, ses accélérations laissaient sur place la défense niçoise, ce qui a évidemment fait pencher la balance en faveur du PSG. À la 36e minute, Mbappé provoque un pénalty sur une action individuelle, et un autre rush à la 45e minute permet à Di Maria d’alourdir le score après que Benitez repousse la première tentative du Bondynois. 

Le plan niçois : une équipe capable de contester la possession aux Parisiens mais pas assez dangereuse dans les derniers mètres

Contrairement à la quasi-totalité des adversaires du PSG en Ligue 1, l’équipe de Patrick Vieira a tenté d’étendre ses séquences de possession le plus possible lorsqu’elle en avait l’opportunité. Au lieu de « balancer » devant, elle est toujours ressortie depuis le gardien en tentant de trouver un homme libre face au jeu avec des passes courtes, avant de se projeter plutôt sur les ailes.

Pour y parvenir, les Niçois se sont appuyés sur deux éléments clés : une supériorité numérique au milieu avec Schneiderlin, et une absence de panique face à un pressing parisien qui s’est délité au bout d’un quart d’heure de jeu.

Nice est positionné dans son 4-3-3 à la relance. Le PSG pressait dans un 4-4-2 très orienté sur l’homme, mais ni Icardi ni Mbappé n’isolaient constamment Schneiderlin en coupant la ligne de passe. Etant donné que les milieux offensifs s’orientaient sur les latéraux adverses et le double pivot sur les relayeurs, Schneiderlin jouissait d’une liberté non négligeable pour se retrouver face au jeu. De plus, il arrivait régulièrement à renverser le jeu hors de la densité quand le bloc parisien se plaçait côté ballon. 

Quelques chiffres peuvent illustrer la manière dont Nice a su tenir le ballon : plus de 52% de possession du quart d’heure de jeu à la fin du match ; 92% de passes réussies (autant que le PSG), et 22 dribbles tentés contre 21 au PSG, ce qui montre une volonté de progresser et de déstabiliser la défense adverse.

De plus, le manque d’intensité défensive des profils offensifs du PSG a facilité la tâche à Nice pour s’installer dans le camp parisien. S’il est tout à fait possible de défendre à six ou sept joueurs, il est en revanche très difficile de le faire haut sur le terrain, ce qui a forcé le PSG à se replier assez bas et à limiter les tentatives de récupération trop agressives sous peine de voir le bloc défensif se déchirer. Ce réflexe de sûreté est cependant louable dans un tel contexte plutôt que de défendre de manière trop téméraire.

Ces séquences de possession ont fini par se transformer en opportunités pour Nice, en particulier sur leur côté droit qui était le mieux doté offensivement. Lopes notamment a eu deux belles opportunités de frappe (34e et 42e minutes), et Bakker a dû s’employer pour le contenir jusqu’à sa sortie autour de la 70e minute.

Deuxième mi-temps : le PSG assure sa victoire avec un rapport de force similaire

La physionomie du match ne s’est pas retrouvée vraiment bouleversée au retour des vestiaires, les deux équipes continuant de se rendre coup pour coup en alternant des longues phases de possession sur un rythme relativement bas. On remarque cependant que Tuchel a pris en compte le problème Schneiderlin en demandant à Herrera de le presser, et à Draxler de coulisser pour marquer Thuram et créer une égalité numérique au milieu, quitte à laisser le latéral libre à l’opposé. Mais même avec ce léger rééquilibrage, Nice a pu garder le ballon aisément face à des Parisiens qui semblaient un peu gérer le tempo du match.

Nice a pu inquiéter plusieurs fois la défense parisienne, mais a manqué de talent et d’efficacité, surtout face à un Keylor Navas impeccable ce dimanche (cinq arrêts). Malgré un nombre de tentatives similaires avec quatorze tirs, les Expected Goals sont éloquents avec 3,53xG pour Paris contre 0,92xG seulement pour Nice. Là où Paris a su s'approcher du but adverse, Nice a été réduit à des tentatives beaucoup moins dangereuses.

Avec Verratti à la baguette, l’équipe parisienne semblait prendre confiance techniquement et s’est fendue de quelques superbes actions avec de longs enchaînements de passes (59e ou 72e minutes), mais pas conclues par des attaquants encore trop imprécis devant le but. Icardi a buté sur Benitez puis trouvé le poteau, Mbappé n’a pas très bien conclu certaines transitions rendues possibles par Nice qui jouait plus haut, et son but inscrit à la 75e minute était hors-jeu.

C’est finalement par l’intermédiaire d’un coup de pied arrêté que le score va s’alourdir, Di Maria trouvant la tête de Marquinhos d’un superbe coup de patte pour un but très ressemblant à celui inscrit face à Leipzig en Ligue des champions.

Le vrai début de saison du PSG ?

Dans un contexte post-finale de C1 et avec beaucoup d’absents ou de revenants, le PSG a dû être soulagé de retrouver le fil de son jeu et le chemin du but face à un bel adversaire. Un constat encore plus vrai si on considère l’état physique du groupe (leur ancien compagnon Thiago Silva en est encore à se préparer pour jouer avec Chelsea alors que les autres viennent de finir leur quatrième match en dix jours).

Après ce match, Tuchel a retrouvé des bases sur lesquelles se reposer avec son 4-4-2, même si les approches sans doute plus rudimentaires des prochains adversaires en Ligue 1 ne devraient pas toujours donner des oppositions aussi agréables à suivre que celle-ci.


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