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Bachirou : « Celtic Park, une expérience magnifique »

Publié le mercredi 7 janvier 2015 à 13:45
Bachirou, ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose mais pour les habitués du Camp des Loges, il évoque un joueur à la mentalité exemplaire qui a laissé de très bons souvenirs à Paris. Issu de la génération 90 comme Sakho, Djadjédjé ou encore Makonda, Fouad possède la particularité d’avoir choisi l’Ecosse (Greenock Morton, Fist Division) à la fin de son contrat stagiaire avant de signer l’été dernier dans le club suédois de Östersunds FK ( Superettan). Au cours de l’interview qu’il nous a accordé, le milieu de terrain revient sur ses choix de carrière, son expérience au PSG et son parcours atypique.

Après ses deux années de contrat stagiaire au PSG qu'il nous a décrit dans la première partie de son interview, Fouad Bachirou décide donc de tenter l’aventure outre-Manche et signe à l’été 2010 un contrat avec le club écossais de Greenock Morton. L’ancien pensionnaire du Centre de formation revient pour nous sur cette riche expérience, sa nouvelle vie suédoise et sa récente convocation avec la sélection des Comores.

Greenock

Tu arrives à la fin de ton contrat à l’été 2010 et décides de réaliser la pré-saison avec le club de Greenock Morton (First Division, équivalent de la seconde division écossaise). Le choix de quitter la France était-il mûrement réfléchi ? Quelles raisons principales ont dicté cette décision ?

« Ma décision de quitter la France était réfléchie. Je voulais découvrir une autre culture autour du football, autre que la mentalité française qui ne me plaisait pas vraiment. J'avais cette impression que ce que je faisais dérange, le terme footballeur étant toujours associé à un fait divers. On est arrivé à ce que tous les footballeurs étaient des gens pas bien. Il y a aussi le fait que je ne rentrais pas dans le profil recherché à l'époque c'est à dire assez grand gabarit et puissant. Finalement, l'engouement et la passion autour du foot à l'étranger m’ont toujours attiré et convaincu de tenter l’aventure. »

A ton arrivée au club de Greenock, quelles furent tes premières sensations ? Que ce soit sur le plan sportif ou culturel, tu as dû être sacrément dépaysé !

« A mon arrivée à Greenock, je pensais être là uniquement pour la présaison car j'attendais des réponses de l'Italie et je voulais simplement être prêt physiquement. Je ne parlais pas du tout l'anglais mais les gens sont tellement gentils que cela a facilité les choses. Sportivement j'ai trouvé l'intensité des matches et des courses très élevées avec cette impression que le ballon ne sortait jamais ! Techniquement, c'était plus faible bien qu’il y ait tout de même de très bons joueurs et tactiquement c'était pas top non plus. Culturellement par contre, cette gentillesse, cette passion pour le foot et ce respect les uns pour les autres m’ont attiré immédiatement. Cette façon de s'éclater, d'apprécier leur vie est incroyable même si au niveau gastronomique ce n’était pas ça moi qui suis fan de bons repas [rire]. »

Comment qualifierais tu le jeu écossais ? As-tu été obligé de beaucoup faire évoluer ton jeu ?

« Le jeu écossais ressemble énormément au jeu anglais avec une grosse intensité,  répétition des efforts et très peu de temps faibles ce qui entraîne un jeu plus direct vers le but adverse. Cette façon de jouer est aussi beaucoup influencée par les fans qui n'aiment pas voir le jeu vers l'arrière. Personnellement, j’ai dû apprendre à répéter les efforts et devenir un joueur " box to box” comme ils disent. J’ai dû gagner la confiance de mes collègues pour recevoir le ballon dans les pieds au lieu de sauter des lignes ce qui n’est pas du tout mon style de jeu. »

En lisant la presse locale, tu semblais être le chouchou de Cappielow Park qui te surnommait d’ailleurs Fred. Pour ce qui devait être ton dernier match pour Greenock (saison 2011/2012), le club avait même invité ta mère et organisé une journée française en ton hommage, peux-tu nous en dire plus sur ce lien fort que tu semblais avoir créé avec les supporters écossais ? Et d’ailleurs pourquoi Fred et non Fouad ?

« Oui j'ai eu cette chance d'être très apprécié par les supporters. Cet hommage était un grand moment pour moi, probablement l'un des plus beaux moments ! Faire venir ma mère sans que je le sache est quelque chose qui m’a vraiment touché. Ce lien fort est à mon avis dû à mes performances mais surtout le fait qu’à chaque match je donnais 100% de ce que j'avais. Pour eux, c'est tout ce qu'ils attendent quand ils achètent leur place pour le match, ils veulent 11 joueurs qui donnent tout.
Fred c'est tout simplement lié à un agent qui m’a récupéré à l'aéroport pour me ramener à l'entraînement. Il me demande mon nom et je lui dis Fouad. Il essaye de répéter à plusieurs reprises et n'y arrive pas donc il me dit “je t'appellerai Fred moi” [rire]. On arrive à l'entraînement et il me présente au coach en tant que Fred donc le coach me présente à l'équipe en tant que Fred. Cela m’a suivi depuis, la presse, tout le monde [rire]. Personne n’a jamais compris la connection Fouad Fred mais c'est resté [rire] ! »

Finalement, à l’issue de la saison 2012, ton départ semblait acquis (on parlait du club écossais Hamilton Academical Football Club) et finalement tu as décidé de te réengager (jusqu’en 2014), comment expliquer un tel revirement de situation ?

« Oui je pensais qu'il était temps de partir de l'Ecosse, d'avancer. J'ai eu pas mal de sollicitations mais au final rien de concret à part Hamilton. Les deux étaient dans la même division donc j’ai préféré revenir. Les fans avaient fait tellement pour moi que je ne me voyais pas partir chez un concurrent direct. Voyant beaucoup de mes anciens collègues du PSG et autres se retrouver sans club et ayant marre à chaque fin de saison de me poser la question “quelle est la suite maintenant”, j'ai voulu un peu de garantie donc j’ai signé jusqu'en 2014. »

Cette prolongation t’a permis de vivre une incroyable expérience le 24 septembre 2013 (victoire 1-0 en Cup au Celtic Park)…ton plus beau souvenir écossais ?

« Oui, un des plus beaux, une expérience magnifique dans un stade (Celtic Park) magnifique, vraiment intimidant. La nuit a été vraiment éprouvante mais c’était l’une de mes plus belles ! »

Comment expliques tu les mauvais résultats du club lors de ta dernière saison ? D’un point de vue personnel, comment as-tu vécu le fait de partir sur cette descente en Second Division ?

« C'était une saison très bizarre ! On a eu énormément de mal dans notre division mais à chaque fois que l’on jouait une équipe de haut de tableau ou de division supérieure comme en Coupe face au Celtic, St Johnstone, Rotteram ou Motherwell on a fait très bonne figure. On a eu énormément de changements dans notre groupe et cela n’a pas aidé. Beaucoup de joueurs étrangers avaient besoin de temps pour s'adapter au championnat et ils n'en ont jamais eu malheureusement. Partir dans ces conditions, je le vis encore mal car j'ai une très grande affection pour ce club et cela me fait mal d'avoir participé à cet échec. »

Après 4 ans en Ecosse, dans quels domaines penses tu avoir le plus progressé ? Tu as inscrit seulement deux buts avec Greenock, est-ce que cette statistique te chagrine un peu ?

« Je pense avoir beaucoup progressé sur l'aspect mental (apprendre à devenir un winner) et sur l'intensité de mon jeu. J’'ai eu cette chance de jouer beaucoup de matches professionnels et j’ai gagné en maturité, c'est un vrai plus je pense.
Concernant les buts, c'est même embarrassant je dirais [rire]. J'ai appris à tenter plus ma chance parce que l’on m’a reproché énormément de ne pas prendre ma chance plus souvent. Je suis plus à chercher une passe à chaque fois mais c’est clair que ce n'est pas une fierté surtout que j'ai réussi à me procurer pas mal d’occasions.... »

L’aventure suédoise 

En août 2014, tu t’engages en faveur de Östersunds FK en Superettan (seconde division suédoise). As-tu eu des propositions pour rester en Ecosse ou même évoluer chez vos voisins brittishs ou souhaitais-tu découvrir un nouveau championnat, une nouvelle culture ?

« Je signe effectivement en Suède en août dernier après avoir discuté avec certains club de SPL en Angleterre. Il n’y a pas eu de propositions concrètes même si Bolton était venu me voir jouer mais ils n'ont pas donné suite. J'avais envie de quitter l'Ecosse même si j’y ai beaucoup appris, eu énormément de temps de jeu et la chance d'être vraiment apprécié. J'avais cependant l'impression de ne plus progresser et le projet d'Östersunds me plaisait beaucoup. C’est un jeune club dirigé par un jeune coach qui pratique un football de possession très plaisant à voir. La Suède est un beau pays et le coach et l'assistant (qui est écossais) voulaient déjà me faire signer au mois de décembre dernier. Cet intérêt était toujours là l’été dernier donc cela m’a vraiment donné envie de les rejoindre. »

Le championnat suédois se déroule d’avril à novembre. Tu es donc arrivé en milieu de saison, comment s’est passée ton intégration ? 

« Mon intégration s’est très bien passée ! J’ai reçu un accueil vraiment chaleureux et j’ai eu la chance de connaître un petit peu l'adjoint et un défenseur qui évoluait à Greenock avec moi avant. Surtout, j’ai eu la confiance du coach qui m’a fait jouer assez rapidement puisque  j'ai participé aux douze rencontres restantes (dont 10 en tant que titulaire). Je suis donc plutôt content sur ce point-là ! »

Vous avez terminé à la 5ème place cette saison. Quel regard portes tu sur ce nouveau championnat ?

« On a effectivement loupé les play-offs de peu car on a eu des mauvais résultats sur nos quatre derniers matches (aucune victoire). J’ai été agréablement surpris sur le plan technique, c'est très relevé avec de bons jeunes joueurs. L’intensité est moins forte que ce que j'ai connu mais c'est très agréable car je touche énormément de ballons. On redouble les passe courtes, c'est un jeu qui me ressemble beaucoup donc je prends énormément de plaisir pour l'instant. »

Est-ce que l’on te parle beaucoup de Zlatan Ibrahimovic et du PSG ? 

« Oui beaucoup ! Vu que j'ai évolué au PSG, certaines personnes en viennent même a croire que je le connais [rire] donc je me dois de leur rappeler que j'y ai joué il y a 7 ans et que Zlatan y est seulement depuis 2 ans [rire]. »

Quelle est la durée de ton contrat avec Östersunds ? Quels sont tes objectifs pour 2015 ?

« J'ai un contrat de 2 ans  et l’objectif de cette nouvelle saison est de monter en Premiere League Suédoise ! »

Après l’Ecosse, la Suède, souhaites tu découvrir de nouveaux championnats ? Un retour en France te parait-il envisageable ?

« Il y a beaucoup de championnats très attirants mais pour l'instant je suis très bien en Suède. Je m'éclate bien donc je veux profiter au maximum et après on verra bien !
Je ne pense pas du tout à la France a l'heure d'aujourd'hui. Après c'est sûr que si un gros club s'alignait, personne ne refuserait mais je suis plus tourné vers une carrière à l'étranger. »

Avant d’intégrer le PSG, tu étais en BEP-Hôtellerie puis si je ne me trompe pas tu as passé ton bac Pro. Est-ce qu’il t’arrrive de penser à l’après football ?

« Oui c'est exact, j’ai obtenu un BEP hôtellerie et un Bac Pro Comptabilité. Cela m’arrive effectivement de penser à l’après football mais  je ne sais pas encore ce que je veux faire : rester dans le monde du sport ou me tourner vers quelque chose de complètement différent. Je penche plutôt pour une une profession dans le sport pour l'instant. »

Sa carrière internationale avec les Comores

Tu es convoqué pour la première fois par le sélectionneur national des Comores Amir Abdou lors d'un match amical face au Burkina Faso le 5 mars 2014 à Martigues  (1-1). Quels souvenirs gardes tu de cette rencontre ?

« Ma convocation fut un grand moment. J'étais tellement fier de représenter les Comores ! Ma mère, mon grand frère et ma grande soeur sont nés là-bas et avec ma famille j'y suis allé très souvent dans ma jeunesse. C’était vraiment un moment de fierté. J’ai joué 90 minutes et il y avait une très belle ambiance car il y a une grosse communauté comorienne à Marseille. »

Comment se sont déroulées les phases éliminatoires pour la CAN 2015 ?

« Les phases éliminatoires de la CAN, c'était juste une autre dimension, différent de tout ce que j'ai pu connaître dans le football avec l'engouement de tout un pays, une attente incroyable. On a fait de belles prestations et on méritait sans doute mieux. On est en phase d'apprentissage, cela nous a nous permis de découvrir le niveau international mais personnellement aller au pays et jouer devant ma grand mère et ma famille pour représenter ses couleurs; c’était vraiment très très fort. On a joué le Kenya qui est une belle nation de foot avec des joueurs comme Wanyama (Southampton), Mariga (Parme), Oliech (AC Ajaccio) et d’autres… On perd 1-0 là-bas dans un match qu’ils dominent mais on se procure de belles occasions. Au retour à la maison, on se devait de gagner donc on a dominé et livré une belle partie mais notre déchet devant le but et une erreur défensive nous ont fait courir après le score. On finit par égaliser mais cela n’a pas suffit. Quoiqu’il en soit, cela valait le coup d'être vécu... jusqu'à la prochaine fois ! »

 

Un immense merci à Fouad Bachirou qui nous a accordé une partie de son temps pour réaliser cette interview. On lui souhaite bien entendu de poursuivre le plus longtemps possible cette carrière pro riche de découvertes et de belles rencontres. Nous vous tiendrons informés de ses résultats la saison prochaine !


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