L'après City, Kvara, Neves, Barcola, etc, la conf' complète de Luis Enrique avant PSG/Reims
Publié le vendredi 24 janvier 2025 à 15:23
par Jean Chemarin
Luis Enrique était en conférence de presse à la veille de PSG/Reims et a été beaucoup interrogé sur la belle victoire de mercredi soir face à Manchester City ainsi que sur Kvaratskhelia, qui est qualifié pour le match de demain. L'entraîneur espagnol a aussi été interrogé sur João Neves et Bradley Barcola. Voici ses propos complets, traduits par nos soins.
Après l’euphorie de mercredi, quel type d’entraîneur êtes-vous ? Est-ce que vous aimiez bien surfer sur ce genre d’euphorie pour les matches d’après ou est-ce qu’au contraire vous aimez faire redescendre les joueurs sur terre pour qu’ils ne s’enflamment pas ?
« Je ne me souviens pas d’un seul match de Ligue 1 facile cette saison »
« Après un match de Champions League, le scénario est toujours différent. Il faut désormais affronter un match contre une équipe qui nous a toujours posé des difficultés. L’an dernier, avec leur entraîneur de l’époque, on avait fait match nul au Parc des Princes. L'euphorie, c'est très bien, c'est une grande joie pour tout le monde, pour nos supporters, mais demain c’est le retour de la Ligue 1. Je ne me souviens pas d’un seul match de Ligue 1 facile cette saison. Tout le monde dit qu’on gagne cette Ligue 1 facilement, mais les matches sont toujours très difficiles à gagner, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Et depuis qu'on a commencé l'année 2025, tous les matches ont été difficiles. Il n'y a pas eu un seul match facile. En Coupe de France contre Espaly : difficile. Saint-Etienne à la maison : difficile. Demain : difficile. Peu d'espaces, beaucoup de joueurs défendant derrière le ballon, un adversaire agressif qui défend bien. Demain, ce sera encore difficile et un match qu'il faudra préparer sérieusement. Et nous verrons si nous sommes capables de le gagner. »
Est-ce le bon moment pour faire débuter Kvara sachant qu’il ne pourra pas jouer à Stuttgart ? Allez-vous préparer Stuttgart dès demain ou est-ce qu'on peut le voir jouer ? Et qu'attendez-vous de lui ? Quel sera son rôle et son statut dans cette équipe ?
« Ce qui est important pour Kvara, c'est qu'il soit déjà dans la dynamique de l'équipe »
« Comme toujours quand on recrute un joueur, on pense qu'il peut améliorer l'équipe et qu'il va l'aider à augmenter son rendement. Quand est-ce qu’il va commencer à jouer ? Cela dépend de ce qu'on voit aux entraînements. Je dis depuis le début que c'est très difficile d'améliorer l'équipe en raison du niveau de l'effectif depuis la saison passée. Et quand nous recrutons un joueur, c'est parce que nous sommes convaincus qu'il peut améliorer ce rendement collectif. À partir de là, quand va-t-il commencer à jouer ? Ce n'est pas important. Ce qui est important, c'est qu'il soit déjà dans la dynamique de l'équipe et qu'il commence à voir ce que nous demandons aux joueurs. Je suis très content. »
Toujours concernant Kvara, comment se passe son intégration ? Qu'a-t-il pu déjà observer de votre travail ? Comment se trouve-t-il physiquement ?
« Physiquement il est très bien. On l'a vu aux entraînements, il n'a aucun problème. Il s’est déjà parfaitement adapté, c’est un joueur du PSG. Je le vois très bien. Il est prêt. »
Comment faire pour que votre équipe garde le même niveau de jeu, autant sur le plan physique que mental, que lors de la seconde période face à City ?
« Comme nous le faisons toujours. Je le répète, pour pouvoir jouer dans une équipe de haut niveau, qui joue tous les trois jours, tu as besoin d'être prêt physiquement et fort mentalement pour être préparé à être compétitif. Il n'y a pas de repos. Demain, on va sans aucun doute affronter un adversaire très motivé, qui est très dangereux. Ils ne sont pas dans une bonne période, mais ils auront envie de nous compliquer la vie. Ce sera un scénario très différent de mercredi, une autre compétition, mais ce sera nécessaire pour nous de commencer le match sur un rythme élevé et de prendre les trois points. »
Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné dans l'attitude de vos joueurs contre Manchester City ? Personnellement, que ressentez-vous après une victoire d'une telle intensité ?
« Cette victoire face à City va faire beaucoup de bien aux jeunes joueurs »
« Je pense la même chose que ce que je vous ai dit après nos défaites contre l'Atlético, le Bayern Munich et Arsenal ou notre nul contre le PSV. Je ressens la même chose. Nous sommes sur le bon chemin. C'est évident que cette victoire est spéciale. Je crois qu'elle va faire beaucoup de bien aux jeunes joueurs pour qu'ils voient qu'ils sont capables d'évoluer au plus haut niveau. Cette victoire va faire aussi du bien à nos supporters, qui ont une grande foi dans l'équipe. Cette victoire va renforcer cette foi. Et voilà, rien de plus. J'espère que nous aurons encore beaucoup de victoires. Il y aura forcément aussi des défaites. Mais en terme de confiance, je pense que cette victoire a été très positive. »
Mercredi, il y avait trois recrues titulaires contre City (Pacho, Neves et Doué). Quel rôle jouez-vous dans l'intégration des recrues et quel rôle pouvez-vous avoir dans celle de Kvara ?
« Nous sommes une équipe jeune depuis la saison passée, l'une des plus jeunes même. L'an dernier, dans la phase finale de la Champions League, nous étions l'équipe la plus jeune. Je n'ai jamais vu la jeunesse comme un problème, au contraire. C'est évident qu'en terme d'expérience, nous avons déjà une année de plus avec les joueurs qui étaient là la saison passée. Pour ceux qui sont arrivés cette année, il s'agit d'accumuler cette expérience et d'être compétitif. Être compétitif tous les trois jours, dans des scénarios différents, c'est ça l'objectif. »
Quand il y a des critiques, vous dîtes que vous n'en tenez pas forcément compte. Cette semaine, il y a beaucoup de félicitations. Comment vous les vivez ?
« Mon entourage, que ce soit ma famille ou mes amis, ne m'encense pas et ne me critique pas non plus. Ils souffrent avec moi quand nous perdons et sont heureux quand nous gagnons. Je découvre les critiques en conférence de presse quand il y en a. Et c'est normal quand on est dans une grande équipe. »
Depuis mercredi, tout le monde parle de João Neves. À quel point il vous impressionne cette saison et encore plus depuis mercredi, surtout qu'il n'a que 20 ans ?
« Ce n’est pas facile d’être un joueur du PSG parce qu'il y a beaucoup de concurrence »
« Je crois qu’il y a un grand travail de la direction sportive et du club pour aller chercher des joueurs qui selon nous peuvent améliorer notre effectif. Et avec João, c'était très clair pour nous qu'il était l'un de ces joueurs. Depuis la saison dernière, l’objectif que nous avons est de construire une équipe d'avenir, mais qui peut être compétitive tout de suite et qui peut lutter pour des titres chaque saison. C'est ça l'objectif, continuer d'améliorer l'équipe, ce qui va être de plus en plus difficile, mais c'est ce que nous voulons. Ce n’est pas facile d’être un joueur du PSG parce qu'il y a beaucoup de concurrence et des objectifs prioritaires très importants. Cela signifie qu'il faut être prêt, s'améliorer et ne pas se relâcher. »
Kvara et Barcola ont des caractéristiques assez similaires. Est-ce qu'ils peuvent être complémentaires sur le terrain ou est-ce qu'ils seront plutôt concurrents ?
« Je dirais que j'ai aujourd'hui 6 ou 7 attaquants avec qui je peux faire toutes les combinaisons possibles. Il n'y a aucun joueur incompatible avec un autre. Je ne pense pas comme ça. Je me dis plutôt : quel type de synergie il y a entre eux et qu'est-ce que le joueur apporte à l'équipe, en attaque comme en défense ? À partir de là, avec ces 7 joueurs, je peux faire toutes les combinaisons possibles. »
Souvent on dit que quand une équipe perd, c’est de la faute de l’entraîneur et que quand elle gagne, c’est grâce aux joueurs. Quel rôle estimez-vous avoir joué dans la victoire de mercredi ? À l'issue du match, le président a dit que vous étiez le meilleur entraîneur du monde, qu'est-ce que cela vous inspire ?
« Le meilleur du match de l'autre jour, c'est la joie que tes supporters, ta famille et tes amis ressentent. La joie est pour tout le monde. Parfois tu gagnes, parfois tu perds, mais la meilleure sensation de ce match, c'est la sensation tant positive procurée à tout le monde. C'est l'une des meilleures choses que tu puisses ressentir quand tu travailles dans le football professionnel. Sinon, ma réponse est très facile : j'ai le même pourcentage de culpabilité dans la victoire comme dans la défaite. Chacun peut donner son pourcentage, mais c'est le même selon moi dans les deux cas. »
Parmi les nombreuses qualités de Kvaratskhelia, il y a sa frappe à mi-distance depuis l'extérieur de la surface, mais c'est aussi un joueur qui tente beaucoup sa chance de loin. Est-ce une qualité selon vous ou cela va-t-il nécessiter quelques ajustements ?
« Les caractéristiques de Kvara s'adaptent parfaitement à notre idée de jeu »
« Pour marquer de loin, il faut avoir une frappe comme celle qu'a Kvaratskhelia ou encore Marco Asensio, Lee Kang-in, Vitinha. Il y a beaucoup de joueurs qui ont une bonne frappe. Toutes les capacités des joueurs sont les bienvenues et notre travail en tant qu'entraîneur, c'est d'adapter ces qualités à l'équipe. Je pense qu'il s'agit d'une très bonne ressource. Je crois que nous connaissons très bien Kvaratskhelia, que nous voulions déjà la saison passée, mais cela n'avait pas pu se faire. Nous avons étudié ses caractéristiques et elles s'adaptent parfaitement à notre idée de jeu. Ce sur quoi nous nous sommes beaucoup améliorés, c'est sur la façon de voir les capacités que possèdent les joueurs, celles qu'ils ont sans en eux, et essayer de les améliorer. Plus que chercher à ce que Kvara fasse quelque chose que je lui demande, l'idée est que nos attaquants soient le plus proches de la surface adverse et à partir de là, chercher qui est le plus adapté contre telle ou telle équipe. Le but est de chercher cette synergie et j'aime ce que peut nous apporter Kvara. »
Quel est votre ressenti et comment abordez-vous ce match face à Reims, qui pose souvent beaucoup de difficultés au PSG ?
« C'est une équipe qui défend proche de son but, qui sait très bien défendre, qui va fermer les espaces, mais qui ensuite a des joueurs sur les côtés qui ont la capacité pour jouer en transition. C'est une équipe qui centre beaucoup, qui est bien construite. Ils ne sont pas dans une bonne période, ce qui les rend dangereux. Et après un match comme celui que nous avons vécu, c'est un vrai défi pour nous. La logique serait de se relâcher, spéculer et voir ce qu'il va se passer, mais ce n'est pas mon objectif. Mon objectif est d'être à 100% demain et de rester dans cette dynamique. Demain, le Parc des Princes sera au top et va nous soutenir. À nous de prolonger notre série de bons résultats. »
Comment vous travaillez pour évaluer les joueurs ? En France, on a par exemple à l'école un système de conseil de classe avec plusieurs bilans dans la saison. Comment travaillez-vous par rapport à ça avec votre staff ? Avez-vous des entretiens régulièrement avec les joueurs ou préférez-vous attendre la mi-saison ?
« La communication avec les joueurs est quelque chose de très important »
« Je le fais à ma façon. Et ça dépend de ce que je ressens, de ce que je vois, de ce que nécessite l'équipe. Nous travaillons individuellement, par lignes et collectivement. Par exemple aujourd'hui, nous avons fait une réunion avec un seul joueur pour lui expliquer notre idée de jeu, ce que nous voulons faire, comment nous voulons le faire. Chaque semaine, nous parlons évidemment à l'équipe à travers des séances vidéo. C'est normal. Il n'y a pas de plan établi à l'avance. C'est plus de se dire : de quoi a besoin l'équipe aujourd'hui ? Pour moi, la communication avec les joueurs est quelque chose de très important. C'est très important de transmettre le message que tu veux transmettre. C'est très important de réctifier des choses, comme c'est aussi très important le feed back que les joueurs peuvent nous transmettre. Il n'y a rien de différent par rapport à ce que font tous les autres entraîneurs. »
Combien de fois avez-vous revu le match PSG/Manchester City ? On a senti Lee et Ruiz un cran en dessous. Quels sont les points d'amélioration selon vous sur ce match ?
« Bien sûr que j’ai revu le match pour l'analyser. Je le revois une seule fois, mais pendant quatre ou cinq heures. L'analyse que nous faisons avec le staff est très complète. À chaque match, certains joueurs ont été meilleurs que d'autres, mais ça c’est la dynamique d'une équipe. Cela vaut pour le match de mercredi comme pour ceux d'avant ou ceux d'après. J'espère toujours qu'il y aura 7 ou 8 joueurs à un très haut niveau. S'il y en a 1 ou 2 un peu moins bien, il n'y a rien d'habituel, c'est la norme. C'est pour ça qu'il est important que nous soyons une équipe qui ne dépende pas d'un seul joueur. J’aime beaucoup ce que je vois aux entraînements depuis plusieurs mois. Ce que je ressens quand nous sommes en compétition me plaît aussi beaucoup. Notre travail est de continuer sur cette même voie parce que les mois qui arrivent sont ceux qui seront décisifs pour gagner les compétitions. »
Quels sont les bénéfices et les risques d’une grande victoire comme celle face à Manchester City ?
« Je ne sais pas si on va gagner demain, mais je peux vous assurer qu'on va être ambitieux »
« L'histoire est ainsi. J’ai une sensation depuis que je suis arrivé ici, et je pense que c’est une analyse juste : je n’ai jamais vu le PSG se relâcher depuis que je suis là. C'est arrivé que l'adversaire soit meilleur que nous, mais du relâchement ou un manque d'ambition, je n'ai jamais vu ça ici. Et si cela devait se passer plusieurs fois, alors je ne serais plus là. Je crois que notre façon de vivre les choses, les joueurs que nous avons recruté, l'idée que nous tentons de transmettre en tant que club, tout est très clair. Je ne sais pas si on va gagner demain, mais je peux vous assurer qu'on va être ambitieux, qu'on va mettre du rythme en attaque comme en défense. Après, est-ce qu'on va être précis ou non, est-ce que l'équipe adverse va être meilleur ou non, ça je ne peux pas le contrôler. Mais je le répète, je ne crois pas que l’équipe va se relâcher demain, parce que ce n'est pas notre plan de travail, ce n'est pas notre idée et c'est quelque chose dont on parle avant le match. »