À la veille de PSG/Lorient, l'entraîneur parisien Mauricio Pochettino était en conférence de presse pour évoquer la rencontre à venir ; et il a plus été question du contexte autour du club que du match, comme souvent. Il a notamment expliqué les bienfaits de la trêve après une semaine très pénible qui avait précédé la déroute à Monaco, il est revenu sur les soucis de leadership prétendus et a appelé à l'union pour aller chercher le dixième titre de champion de France.
AU MICRO DE PSG TV
La trêve internationale est parfois l’occasion de changer d’air, de se vider la tête. Comment décririez-vous l’humeur générale juste avant le match de demain ?
« Je pense que cette trêve internationale a été compliquée. Nombre de joueurs étaient concernés par des matchs décisifs (pour la qualification). Nous sommes très tristes pour Gigio (Donnarumma) et Marco (Verratti) qui n’iront pas à la Coupe du Monde. Il y a eu des matchs vraiment difficiles et beaucoup de joueurs sont très fatigués, d’autres connaissent quelques petits problèmes. Cela n’a pas été facile à gérer ces derniers jours mais évidemment, nous serons dans les meilleures dispositions pour jouer ce match compliqué contre Lorient. Nous aurons l’ambition de gagner parce que le championnat est important pour nous et que nous voulons bien finir la saison. J’espère que nous livrerons un très bon match. »
Vous avez parlé de joueurs revenus blessés ou fatigués mais il y a eu aussi des joueurs qui se sont montrés en jambes comme Neymar, Messi, Mbappé… Cela pourrait-il permettre de retrouver un peu la confiance, notamment face aux buts ?
« Oui. Ces derniers jours ont été compliqués pour nous parce qu’il a fallu leur permettre de retrouver de la fraîcheur pour arriver dans les meilleures conditions demain. Evidemment, la trêve internationale a été l’occasion pour eux d’aider leur équipe nationale. Maintenant, c’est le moment de se focaliser sur notre match, sur le Paris Saint-Germain et montrer notre meilleur visage pour gagner le match, se rapprocher (du titre) et fournir ce que nous attendons pour cette fin de saison. Nous sommes de retour à la compétition et nous voulons la gagner pour décrocher ce dixième titre en championnat pour le club et les supporters. C’est et ça doit être notre objectif désormais. »
Lorient est seulement à un point de la zone de relégation. Lors de votre dernière confrontation [1-1 en décembre 2021 à Lorient], ils avaient joué avec un bloc très bas, très défensif et vous aviez eu 78 % de possession. À quel match vous attendez-vous demain ?
« Difficile, comme toujours. Mais le plus important, c’est le match contre nous-mêmes. Si nous sommes capables de donner notre maximum et de jouer à notre niveau, nous serons proches de la victoire. Donc le plus important, c’est de gagner le match contre nous-mêmes, de donner le meilleur de nous-mêmes et d’être aussi compétitifs que nous le souhaitons. »
EN CONFÉRENCE DE PRESSE
On s’était quittés sur un mauvais match à Monaco. Quinze jours se sont écoulés où vous avez travaillé avec un groupe un peu différent puisque beaucoup de joueurs étaient avec leur sélection. Etes-vous tenté de faire des changements en alignant d’autres joueurs ou des jeunes pour bousculer un peu le groupe ?
« Alors, il y a plusieurs sujets dans la même question... Nous avons fait un très mauvais match contre Monaco. Il y avait un contexte avec de nombreux joueurs concernés par des matchs décisifs avec leur sélection lors de la trêve internationale qui a suivi. Ça n’excuse rien mais il faut en tenir compte, comme le reste. Mais c’est vrai que nous n’avons pas fait un bon match, comme je l'avais déjà dit juste après le match.
Ensuite, nous avons eu peu de joueurs (à disposition pendant la trêve). Nous avons travaillé avec des joueurs de 16-17 ans, des U19, parce que quasiment tous les joueurs, y compris les jeunes, étaient sélectionnés. Ces derniers jours, compte tenu de l’intensité des matchs décisifs qu’ils ont joués, nous avons donc logiquement mis l’accent sur l’équilibre physique, sachant que ceux qui nous ont rejoints étaient non seulement fatigués mais aussi touchés pour certains. Et nous avons dû gérer cela, suivre leur évolution et chercher à améliorer tout cela. »
Considérez-vous que ce groupe manque d’un leader ? Quel type de capitaine faut-il être pour être légitime au PSG ?
« Je pense qu’il y a des débats qui ne sont pas corrects. Dans tous les groupes, il y a des leaders, du leadership. Pas seulement dans l’effectif, chez les joueurs, mais également dans le staff et au sein du club. Le leadership s’exerce à tous les niveaux d’un club. Il y a besoin de leaders partout, ce qui est le cas.
« Je ne crois pas que le principal problème fut le manque de leadership tel que vous l’entendez, en pointant des joueurs à l’intérieur du groupe »
Mais il ne faut pas tout mélanger. Nous avons vécu une grande déception contre le Real Madrid avec cette élimination de la Ligue des Champions. Elle a été l’élément déclencheur pour aborder de nombreux sujets. Le club espère depuis des années pouvoir remporter la Ligue des Champions, qui est la compétition la plus difficile. C’est pour cette raison qu’il a recruté de très grands joueurs, à très fort caractère, ainsi que des entraîneurs, des directeurs sportifs, etc. Pour moi, ce n’est ni évident ni indispensable pour gagner la Ligue des Champions. Les débats sont toujours intéressants, il y en a toujours dans le football, mais je ne crois pas que le principal problème fut le manque de leadership tel que vous l’entendez, en pointant des joueurs à l’intérieur du groupe, au lieu de parler de leadership du club (au global). »
Ce match contre Lorient est-il l’occasion de se racheter auprès des supporters, sachant que lors du match des Féminines cette semaine [Qualification en ¼ de Ligue des Champions contre le Bayern], le CUP avait déployé une banderole “Présent mais pas amnésique” ?
« L’objectif pour l’équipe, pour tout le monde, est de gagner le dixième titre en Ligue 1. Sans oublier le ressenti et la frustration de la défaite en Ligue des Champions ou de celle qui a suivi contre Monaco dans ce contexte-là, je crois que le plus important est de rester unis, pour le bien du club, de tous ceux qui aiment le PSG. Nous devons nous recentrer et nous focaliser sur les matchs qu’il reste à gagner, remporter ce dixième titre de champion de France pour le club, ce sera très important de le décrocher.
« C’est un titre important, qu’il ne faut pas sous-évaluer »
Et pour cela nous avons besoin des meilleurs joueurs, qu’ils soient dans la meilleure forme possible, du soutien de tout le club, et de tous nos supporters. Avec l’énergie que ces derniers sont capables de nous transmettre, c’est beaucoup plus facile de gagner des matchs et obtenir les résultats escomptés pour remporter la Ligue 1. C’est un titre important, qu’il ne faut pas sous-évaluer. Nous devons lui accorder l’importance qu’il mérite et être Champions de France.
J’espère que les supporters pourront mettre de côté momentanément leur colère et leur ressenti négatif pour être derrière l’équipe. L’équipe leur en serait reconnaissante et les joueurs se sentiraient mieux parés pour atteindre les objectifs et mieux performer. Ca ne veut pas dire qu’il faut oublier cette grande déception qui est parfaitement normale et commune à tous. »
Dans quel état d’esprit avez-vous retrouvé vos joueurs après la trêve ?
« La semaine qui a précédé le match contre Monaco a été très compliquée, l’une des pires que j’ai passées ici »
« Bien meilleur ! Après l’élimination en Ligue des Champions, après le match contre Bordeaux qui a précédé celui contre Monaco, la situation était très difficile. La semaine qui a précédé le match contre Monaco a été très compliquée, l’une des pires que j’ai passées ici. A cause de la tristesse de la situation, de la frustration, de tout ce que nous avons ressenti, et de tout ce que cela a créé par la suite, notamment durant cette semaine-là.
En retrouvant leurs sélections respectives pendant deux semaines, les joueurs ont été confrontés à de nouvelles problématiques mais qui leur ont permis de s'aérer la tête en changeant d’environnement. Au-delà de ceux qui sont revenus avec des petits soucis, l’état d’esprit est bien meilleur qu’entre Bordeaux et Monaco. Demain, je pense que nous serons dans de meilleures dispositions, dans les bonnes conditions pour réaliser une belle partie et surtout pour gagner, récupérer de meilleures sensations et terminer la saison comme nous le méritons, de la meilleure façon possible. »
Par rapport à ce que vous aviez mis en place à Tottenham et réussi à créer pour aller jusqu’en finale de Ligue des Champions, avez-vous l'impression que c'est plus difficile ici d’installer un esprit d’équipe, un collectif, par rapport aux joueurs que vous avez ? Est-ce plus compliqué avec des stars qu’avec des joueurs moins connus à Tottenham ?
« Tout demande toujours du temps, tout est question de processus. À Tottenham aussi, le processus a demandé des années de construction, et surtout l’optimisation des moyens à disposition. Il est impossible de comparer les projets, les spécificités et la culture des clubs. C’est différent à Paris. Tous les processus doivent avoir un début, un développement, une vision, et on doit assembler toutes ces pièces correctement pour atteindre les objectifs. Je ne dirais pas que c’est plus ou moins difficile, comme vous le disiez. C’est juste un autre type de processus mais qui présente la même complexité que dans n’importe quel autre club.
Par exemple, Manchester City travaille depuis de nombreuses années avec le même objectif de gagner la Ligue des Champions, ils n’ont atteint que récemment la demi-finale et la finale. La Juventus y travaille aussi depuis longtemps parce qu’elle ne cherche pas à gagner seulement le championnat mais aussi la Ligue des Champions. Et elle échoue année après année. Tout ça pour dire que cette compétition est très exigeante et qu’il ne suffit pas d’avoir l’intention de la gagner, il faut adopter le processus adapté pour atteindre les objectifs et pour ce faire, il faut souvent un temps déterminé de deux ou trois ans, ou parfois cinq ans.
Le plus important est de ne jamais faillir dans l’intention, de chercher chaque année de nouvelles pistes pour mettre en place cette structure et se rapprocher de l’objectif du club. Ces dernières années, nous avons atteint les demi-finales et la finale, et même si nous n’avons pas eu la chance de la gagner, le club n’est pas passé loin. »
Quel est votre avis sur le tirage au sort de la Coupe du Monde ? Pensez-vous que l’Argentine ou la France puissent être championnes du Monde ?
« Peut-être ! La France comme l’Argentine sont deux très bonnes équipes. Les phases de groupe sont toujours difficiles, plus difficiles que sur le papier. Argentine, Mexique, Pologne et Arabie saoudite : sur le papier, l'Argentine semble être la grande favorite, mais il faut jouer les matchs et être compétitifs pour gagner. Tout dépend donc de la forme des joueurs. Et il est évident que la France, qui est tenante du titre, peut gagner. Elle est également la favorite de son groupe. Mais il faut faire attention au Danemark, comme je le disais aujourd’hui à Mbappé et Kimpembe, parce que c’est une bonne sélection. Mais bien sûr que l’Argentine et la France sont deux grandes favorites, et pas seulement pour sortir des poules, mais pour prétendre au titre. »
