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[Interview CulturePSG] Rabesandratana : « Mon plus grand regret, c'est Gueugnon »

Publié le vendredi 26 avril 2024 à 22:27 par Numéro 10
Avec 135 matches au compteur et le capitanat sous Philippe Bergeroo, Éric Rabesandratana a été un élément important du PSG entre 1997 et 2001. Dans cette deuxième partie de l'entretien qu'il a accordé à CulturePSG, l'ancien défenseur central a retracé son passage sous le maillot parisien.
Avec 135 matches au compteur et le capitanat sous Philippe Bergeroo, Éric Rabesandratana a été un élément important du PSG entre 1997 et 2001. Dans cette deuxième partie de l'entretien qu'il a accordé à CulturePSG, l'ancien défenseur central a retracé son passage sous le maillot parisien.

La première partie de l'entretien était un retour sur PSG/Barça (2-3) et est disponible ici.

Alors que l'AS Nancy Lorraine est reléguée en deuxième division à l'issue de la saison 1996-1997, vous faites le grand saut pour rejoindre le PSG, à presque 25 ans. Un sacré changement...

« Pour moi qui arrivait de Nancy, l'intensité à l'entraînement et le niveau individuel, c'était quelque chose. Soit t'as les qualités pour t'intégrer, soit tu n'es pas à ta place... C'était un rude apprentissage. Ricardo m'a pris pour jouer défenseur central et avec la qualité des mecs au milieu de terrain, je ne suis pas certain qu'il avait prévu de m'utiliser dans ce secteur de jeu, alors que c'était pourtant à ce poste que j'étais le meilleur (16 buts inscrits en 1995-1996). Mais quand j'avais affronté le PSG avec Nancy, j'avais évolué derrière et donc ça avait sûrement davantage marqué Ricardo. On était quand même Paul Le Guen, Bruno Ngotty et moi à pouvoir évoluer un cran plus haut au milieu. Seul Alain Roche était cantonné en défense centrale. »

Vous assistez en août, depuis le banc de touche, au légendaire PSG - Steaua Bucarest (victoire 5-0 après la défaite sur tapis vert 3-0 à l'aller). Comment l'avez-vécu ?

« Pour l'anecdote, je devais rentrer dans les arrêts de jeu pour faire gagner du temps, mais l'arbitre siffle la fin du match avant que j'ai le temps de fouler la pelouse du Parc. Donc je n'ai pas pu participer à la fête, mais il n'empêche que ma joie était immense de passer ce tour préliminaire et d'accéder à la Ligue des Champions. Ce qui était incroyable lors de cette soirée, c'est l'énergie positive qui se dégageait de l'équipe. Comme j'étais remplaçant, j'ai pu observer l'attitude et la concentration des mecs dans le vestiaire. Je sentais qu'on allait le faire. Il n'y avait pas d'autre issue possible que de se qualifier. Au-delà de l'ambiance exceptionnelle, c'était un moment unique de renverser la situation comme on l'a fait. Tu joues au football pour vivre ces moments-là et ces émotions-là. »

Ce premier exercice 1997-1998, avec Ricardo et Joël Bats aux manettes, se conclut par un magnifique doublé Coupe de la Ligue - Coupe de France. Quelle finale avez-vous préférée ?

« Le Stade de France, même si on ne retrouve pas la même proximité avec le public qu'au Parc, ça fait quand même quelque chose »

« C'est difficile de choisir entre les deux. Le scénario de la Coupe de la Ligue est quand même dingue. On perd 1-0 et on revient. On prend l'avantage en prolongation et Bordeaux recolle à 2-2. Derrière, ça finit aux penalties. Et moi, je participe à cette séance de penalties. La pression ressentie à cet instant, j'en garde un souvenir fort. C'est la première fois que je jouais devant 80 000 personnes. Le Stade de France, même si on ne retrouve pas la même proximité avec le public qu'au Parc, ça fait quand même quelque chose. Quand je suis parti du rond central pour aller frapper mon tir au but, j'avais le temps de me perdre, tellement la charge émotionnelle était importante. 

Contre Lens, en Coupe de France, c'est une toute autre histoire, puisqu'on gagne dans le temps réglementaire. On mène 2-0 et on tient le bon bout, mais ils réduisent le score dans les dix dernières minutes et là on transpire un peu sur la fin, parce que c'est tendu. Lens est champion de France et on les empêche de faire le doublé. C'était une sacrée performance. »

La légende Rai quitte alors Paris. C'était comment d'évoluer à ses côtés ?

« Rai était un leader technique et un leader humain. Il rendait les matches plus faciles. Dans les moments importants, il répondait présent. Contre Bucarest, c'est lui qui emmène tout le monde avec son triplé. Il marque aussi en finale contre Bordeaux et Lens. Il m'a transmis la culture de la victoire, car il avait l'habitude de gagner et de gérer cette pression du résultat. J'ai beaucoup appris à ses côtés, j'ai élevé mon niveau de jeu, car ces mecs-là t'obligent à te mettre au diapason. Il était à la fois super sympa et charismatique, que ce soit sur et en dehors du terrain. Je n'avais qu'une envie, c'était de le suivre, car avec lui tout semblait facile. Je garde en mémoire sa talonnade géniale au Parc contre Lens. »

En août 1998, vous êtes aux premières loges pour assister débuts aux fracassants de Jay-Jay Okocha à Bordeaux. Quel souvenir gardez-vous de ce but d'anthologie et de son arrivée dans le groupe en tant que plus gros transfert de l'histoire du club ?

« On connaissait déjà son talent. Il avait marqué les esprits lors de la Coupe du Monde 1998, où il avait été exceptionnel avec le Nigeria. Et comme ça se déroulait en France, on avait pu le suivre d'encore plus près. Jay-Jay était un joueur d'exception, mais c'était loin d'être le seul dans cet effectif. A Bordeaux, on rentre en jeu en même temps en seconde période (75e minute). Et deux minutes plus tard, il met ce but fantastique. Vous pouvez revoir les images, je suis derrière lui dans l'axe de la frappe. Quand je vois ce missile partir, le truc le plus marquant dont je me souviens, c'est la réaction d'Urich Ramé qui lève les bras, comme si le ballon allait sortir, et finalement ça finit en pleine lunette. C'était drôle sur le moment, mais ça ne reste pas forcément un bon souvenir, puisqu'on perd ce match 3-1, face aux Girondins qui finiront champions cette saison-là. » 

Le remplacement de Michel Denisot par Charles Biétry, à la présidence, tourne au fiasco. Comment avez-vous vécu cette saison très compliquée ?

« Michel Denisot était un grand monsieur qui avait tout réussi »

« Ça a été une saison très compliquée parce que Biétry n'était pas Denisot et qu'on ne s'improvise pas président de club. Michel était un grand monsieur qui avait tout réussi et Charles a cherché à marcher dans ses pas sans connaître la même réussite. C'était un passionné, ça on ne peut pas lui enlever, mais ça n'a pas fonctionné. Après les échecs d'Alain Giresse et Artur Jorge, on était en grande difficulté en championnat et on a quand même réussi à rectifier le tir avec Philippe Bergeroo pour terminer à la 9e place. »

Vous privez l'OM du titre de champion de France, en battant l'ennemi juré lors de 32e journée, avec deux buts dans les dernières minutes (victoire 2-1 avec des buts de Marco Simone et Bruno Rodriguez). Un final resté dans toutes les mémoires... 

« Quand tu gagnes comme ça contre l'OM, en renversant la situation dans les dix dernières minutes, ça change complètement ta saison aux yeux des supporters. Le deuxième but est magique, parce qu'il est réalisé à la perfection, avec beaucoup de simplicité. La vision du jeu de Madar pour répondre à l'appel de Rodriguez et lui mettre dans le bon timing. Et la sérénité de Bruno qui, au lieu de se précipiter, a la lucidité de dribbler Porato. L'action est fantastique.

Mais l'égalisation de Marco Simone, c'est très fort aussi. Même si le ballon passe entre les jambes de Laurent Blanc, la réalisation technique de ce tir croisé, qui termine dans le petit filet, est parfaite. Ça nous relance dans le match et nous met dans une bonne dynamique. Et quatre minutes plus tard, d’enfoncer le clou dans la foulée, c'est un peu ce qu'on a ressenti dernièrement au Parc contre le Barça, avec ces deux buts coup sur coup au retour des vestiaires. Ça reste un moment suspendu, vraiment à part, dans une ambiance exceptionnelle. »

L'année suivante, vous subissez un échec retentissant en finale de Coupe de la Ligue, en vous inclinant contre Gueugnon (défaite 2-0) qui évoluait en deuxième division. Est-ce votre plus grand regret avec Paris ?

« Gueugnon, c'est la première fois de ma vie que j'ai eu honte après un match »

« Oui, ça reste mon plus grand regret, car sur cette finale, on n'a pas été une équipe. Bernarbia, qui ne s'entendait pas avec Bergeroo, a eu un comportement qui a déstabilisé l'équipe et on n'était pas dedans contre Gueugnon... En face, ils ont fait le match qu'ils devaient faire, avec l'engagement qu'on leur connaissait et il y avait aussi quelques bons joueurs. Il ne faut pas être réducteur par rapport à leur performance. C'était vraiment dur à encaisser, c'est la première fois de ma vie que j'ai eu honte après un match. Pour moi, ce n'était pas possible de perdre cette finale. J'avais vécu les deux victoires en 1998 et j'étais prêt à revivre les mêmes émotions. Et là, de ne pas du tout être à la hauteur de l'événement, ça fait mal. »

En 2000-2001, le « projet banlieue » (Anelka, Dalmat, Luccin, Distin, Bernard Mendy) démarre sur les chapeaux roue et après le retentissant 7-2 contre Rosenborg, en octobre, rien ne semble pouvoir vous arrêter...

« Tout à fait, je rappelle quand même qu'on était alors premiers du championnat et qualifiés pour la deuxième partie de la Ligue des Champions (qui comportait alors deux phases de poules) avec un groupe pas facile qui nous attendait : Milan, La Corogne et Galatasaray. Mais tous les espoirs étaient permis. On avait une équipe fantastique et notamment une attaque qui marchait sur l'eau. Christian et Anelka devant, Laurent Leroy pour les suppléer, Dalmat et Laurent Robert sur les côtés. Mais après Rosenborg, on a sombré avec une série de mauvais résultats (huit matches sans victoires TTC, dont six défaites) jusqu'au licenciement de Bergeroo. On a peut-être péché par orgueil, en se disant que ça allait être facile. »

Finalement, Philippe Bergeroo ne résiste pas à une déculottée à Sedan (défaite 5-1), qui fait plonger Paris à la 12e place en championnat (avec un match en moins). Confirmez-vous que certains l'ont lâché ?

« Oui, je pense que certains ont lâché Bergeroo »

« Oui, je pense que certains l'ont lâché. Benarbia avait été mis à l'écart du groupe (après Bayern-PSG pour motif disciplinaire). Et à Sedan, il y a Déhu qui se blesse en début de match (12e minute). C'est certain qu'il y a eu un boycott des joueurs ce soir-là. Pourtant, Bergeroo était un super mec, il avait fait un super boulot au PSG. Il avait amené de la simplicité et un certain renouveau par rapport à ses prédécesseurs. J'ai beaucoup aimé l'homme et l'entraîneur. J'ai passé de super moments avec lui. Et je trouve que ce qu'on en a fait, c'est scandaleux. Pour moi, tout était programmé, il avait été décidé de le condamner. Perpère n'a pas traité la situation comme il le fallait. Il s'est précipité, alors qu'il n'y avait pas d'urgence. »

Luis Fernandez arrive alors à la rescousse et c'est le début de la fin pour vous. Qu'est-ce qui s'est passé ? Et lui en voulez-vous toujours ?

« Moi, je n'ai pas le temps de lui en vouloir. Par contre, je n'oublie pas ce qui s'est passé et le traitement qu'il m'a réservé. Quand Luis Fernandez arrive, du jour au lendemain, il me fout au placard et me rend responsable de je ne sais quoi... Il était incapable de me donner une raison valable pour justifier le fait de m'enlever de l'équipe et de me mettre sur le banc. Je suis allé le voir trois fois pour lui demander des explications, en lui lançant  « Dis-moi, ce que je dois travailler pour améliorer mon jeu et pour jouer » et je n'ai jamais obtenu de réponse de sa part. Donc ça a été une énorme frustration pour moi, car j'aurais aimé comprendre ses choix. Il m'a quand même fait jouer par moments, mais il n'y avait aucune cohérence, alors que moi, j'avais besoin d'avoir les idées claires et de savoir où j'allais. D'un coup, il me remettait titulaire sur un ou deux matches, mais ça n'avait aucun sens. 

« Quand Luis Fernandez est arrivé, je pense qu'il a voulu me faire payer le fait d'être un des hommes de confiance de Bergeroo »

Philippe Bergeroo m'avait mis capitaine, car il savait que j'étais droit dans mes bottes. Dans l'attitude, on ne pouvait rien me reprocher. Et quand Luis Fernandez est arrivé, je pense qu'il a voulu me faire payer le fait d'être un des hommes de confiance de Bergeroo. Pour mieux s'imposer. C'est dans ce genre de situation que c'est vraiment dur pour un footballeur. Car tu n'as aucun pouvoir sur ces décisions-là et tu ne peux pas inverser la tendance. Alors que tu as besoin de te fixer des objectifs et d'avoir des retours de l'entraîneur pour avancer. Donc ça été pour moi très compliqué à vivre. »

Avec Luis Fernandez, vous avez subi une tristement célèbre remontada sur le terrain du Deportivo La Corogne. Quel souvenir gardez-vous de ce scénario insensé (défaite 4-3 après avoir mené 3-0) ?

« Difficile d'oublier ce match, tellement on a sombré, alors qu'on était largement devant au score (3-0 à la 55e minute). Encaisser quatre buts de la tête, dont deux sur corner, c'est pas terrible... Mais si les joueurs ont été les premiers responsables, il y a aussi les choix tactiques de l'entraîneur qui ont compté dans ce résultat. Je n'ai pas compris la cohérence des remplacements effectués en termes d'équilibre d'équipe. Eux ont logiquement joué leur va-tout en seconde période et je trouve que Luis s'est trompé en se contentant de fermer la boutique avec des changements très défensifs. Mon entrée en jeu (à la place de Benarbia) par exemple. Résultat, on a passé notre temps à défendre et à subir les assauts répétés de La Corogne et on a fini par craquer. C'est clair qu'on a vraiment manqué de caractère, mais Luis a aussi sa part de responsabilité dans ce naufrage. 

D'ailleurs, j'ai une anecdote à ce propos. Pendant le Covid, je fais une interview pour RMC pour évoquer cette rencontre et je dis que Luis s'est trompé tactiquement avec ses changements. A la suite de ça, un jour, je reçois un message d'un numéro que je ne connais pas : « Alors comme ça, je suis le responsable de la défaite à la Corogne... ». Bien évidemment, c'était Luis. Et moi, j'avais dit qu'il avait « sa part de responsabilité ». C'est pas la même chose. Et là il rajoute derrière : « Tu crois que je n'ai pas vu quand t'as baissé la tête sur le quatrième but... » C'était quand même extraordinaire, j'en revenais pas.

Et donc je lui réponds : « Salut Luis, je suis content d'avoir de tes nouvelles après tout ce temps. Alors écoute, j'ai beaucoup de défauts, mais certainement pas l'attitude que tu me prêtes. Même si on ne s'entendait pas, je n'aurais jamais pu faire un truc pareil. Je te donne rendez-vous quand tu veux, pour qu'on revoit le match ensemble et que tu me montres cette image où je baisse la tête... » Et bien sûr, ce message est resté sans réponse. Mais franchement, me sortir ça après toutes ces années... C'était vraiment malhonnête de sa part. S'il avait eu un reproche à me faire, je pense qu'il l'aurait fait après la rencontre. Mais encore une fois, je n'ai pas le temps de lui en vouloir. Lui en vouloir de quoi ? Ça reste que du football et c'est une partie de ma vie qui est terminée. On fait tous des erreurs, j'en ai fait plein. Si ça s'est passé comme ça avec Luis, j'y suis peut-être aussi un peu pour quelque chose. Mais en tout cas, je n'ai jamais triché sur un terrain. »

Vous quittez donc le PSG, un peu contraint et forcé, pour l'AEK Athènes. Un départ au goût amer... 

« J'ai beaucoup regretté mon départ du PSG, car ça a été le point de départ d'une série de problèmes »

« J'ai beaucoup regretté mon départ du PSG, car ça a été le point de départ d'une série de problèmes. Ça s'est très mal passé pendant un an à Athènes pour des raisons extra-sportives, du coup je suis revenu en France à Châteauroux, où j'ai retrouvé Michel Denisot et Jimmy Algerino. J'ai pu me retaper physiquement et jouer toute la seconde partie de saison avec eux en deuxième division. On rate la montée de peu et je resigne deux ans, mais avec l'arrivée de Victor Zvunca, j'ai eu l'impression de revivre la même chose qu'avec Luis Fernandez. Il finit par me sortir de l'équipe et je tente l'aventure en Belgique du côté de Mons, où je vais rester trois ans. L'entraîneur est alors Sergio Brio, un ancien joueur de la Juve qui a évolué avec Michel Platini. Mais bis repetita, au bout de quelques mois, il se fait virer et je me retrouve de nouveau au placard, avant de retrouver ma place la saison suivante. 

Au final, j'ai vécu pas mal de galères après mon départ du PSG, qui s'est fait un peu par la force des choses. Puisqu'à la fin de la saison 2000-2001, Luis me donne une date de reprise différente du reste de l'effectif. On se retrouve à cinq ou six indésirables, avec Pierre Ducrocq, Peter Luccin, Aliou Cissé, et on s'entraînait avec Antoine Kombouaré. Quand tu n'as plus droit de te changer dans le vestiaire des pros alors que tu es sous contrat, ça devient vraiment n'importe quoi. Avant d'être un entraîneur de foot, tu es un éducateur. Que ce soit dans le monde professionnel ou le monde amateur, c'est la même chose. Tu as un comportement et un respect à avoir vis-à-vis des joueurs. Peu importe les enjeux sportifs ou financiers. J'ai trouvé ça grave d'en arriver là. Pour moi, c'est une question d'éducation. »

Pour refermer le chapitre parisien, on est obligé d'évoquer le fameux penalty obtenu par Fabrizio Ravanelli un soir de Classico au Parc (défaite 2-1, le 9 novembre 1998)...

« Forcément, on m'en reparle encore régulièrement. Que ce soit les gens de l'époque ou les supporters. Récemment, BeIn Sports faisait un entretien avec Ravanelli et ils m'ont demandé si je pouvais dire un mot. Donc j'ai fait cette vidéo où je lui demande de dire enfin la vérité (« C'est le grand jour Fabrizio, tu vas pouvoir enfin avouer qu'il n'y avait pas penalty. N'aies pas peur, tout le monde va accepter l'idée, tout le monde le sait. Donc aujourd'hui, tu as la possibilité d'avoir une grande rédemption dans le monde du football et surtout d'avoir toute mon estime. Car tu restes un grand joueur, mais tant que tu n'auras pas avouer, tu ne pourras pas avoir la reconnaissance que tu mérites. ») et bien sûr, il a une nouvelle fois nié avoir simulé, car il est prêt à mourir avec ça. Mais sur le moment, ça été dur à vivre pour moi. C'était ma première saison au PSG et mon premier Classico. J'avais patienté de longs mois avant d'avoir ma chance comme titulaire. Et comme Alain était blessé, je me suis retrouvé à jouer ce PSG-OM. Et il se passe ça... Pourtant, je freine ma course pour éviter de faire faute, mais l'arbitre siffle penalty et on perd le match là-dessus. Je me retrouve à culpabiliser, alors que je n'avais pas à me sentir coupable. C'était dur. 

Après le match, tout le monde ne parlait que de ça. Et les réactions étaient partagées, il n'y avait pas grand monde qui voulait vraiment prendre parti. D'ailleurs, ça m'avait dérangé que Biétry déclare « On ne sait pas, on a regardé des kilomètres de bandes et ce n'est toujours pas clair... » Avec les images, tu vois clairement qu'il n'y a pas faute. Car ce n'est pas moi qui vais vers Ravanelli. C'est Ravanelli qui vient vers moi. Il vient frôler ma jambe et il se fait un auto-croche-pied. Comment Biétry a pu dire ça ? On en revient au problème de l'interprétation dans le football. Pour moi, il faut savoir trancher. Quand tu es consultant pour un match à la télé ou à la radio, on te demande de prendre une décision. Et moi je prends toujours une décision. Après ça ne veut pas dire que j'ai la science infuse, mais par rapport à mon jugement et mon ressenti de joueur, je dois dire ce que je vois. Je ne comprends pas ces gens qui te disent « Ah mais non, on ne sait pas trop... ». Non tu sais et après tu as le droit de te tromper, mais tu dois être capable de te mouiller.

Comment la VAR aurait jugé ça aujourd'hui ? Si à l'époque, certains étaient incapables de lire correctement cette situation, rien ne dit que d'autres ne feraient pas la même erreur aujourd'hui. Normalement, tu ne peux pas te tromper avec les images, car tu vois que l'intention de Ravanelli, c'est de tomber. Il glisse sa jambe droite derrière sa jambe gauche et en faisant ça il frôle mon genou, puis il s'écroule. Il n'y a rien du tout ! En tout cas, ça reste quand même un épisode important de l'histoire des Classicos. Ça a été longtemps fatiguant pour moi, parce qu'on m'appelait sans arrêt pour me demander s'il y avait penalty. Comme si d'une année à l'autre, j'allais changer d'avis... »

Aujourd'hui, vous avez l'habitude de vous exprimez sur le PSG comme consultant pour France Bleu Paris. Prenez-vous du plaisir dans ce rôle ?

« Avec ce que j'ai vécu sur les dernières années de ma carrière, ça m'allait bien de prendre du recul par rapport au football. Mais le fait de devenir consultant et de commenter les matches, ça m'a rapproché du terrain, sans être complètement dedans. Ce rôle me convenait bien de parler de football, de voir les matches,tout en gardant une certaine distance. Ça m'a aidé à me réconcilier un peu avec le milieu du football, et d'en avoir une meilleure image que quand j'ai arrêté. Aujourd'hui, de commenter les matches du PSG sur France Bleu, a donné encore une autre dimension à mon rôle de consultant. C'est mon club de coeur et revenir au Parc des Princes, revivre ces ambiances, ça me fait encore vibrer. J'ai joué au football pour vivre ces émotions-là et pouvoir les revivre en tant que consultant, c'est fantastique.

C'est intéressant de parler des joueurs, du jeu, des aspects tactiques... Quelque part, je me retrouve à nouveau acteur. On passe de bons moments entre copains, on rigole bien et je pense que ça se ressent pour les auditeurs. Ce que j'aime à la radio, c'est ce côté nature. Il n'y pas cette contrainte de l'image qu'on peut retrouver à la télé. Déconner avec les autres ne m’empêche pas d'être juste dans mes analyses. Même si je suis peut-être parfois un peu chauvin, mais ça fait partie du truc. »

Propos recueillis par Numéro 10

Cet entretien est l'occasion d'avoir une pensée pour Polo, supporter parisien qui nous a quittés il y a bientôt un an, qui était un grand ami de Rabé. 

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