Le PSG s'est imposé 2-0 à Marseille dans un match longtemps indécis mais que le talent parisien a su faire basculer. Retour sur les performances individuelles des joueurs de la capitale, au cas par cas.
Areola : Dans une rencontre où l'OM aura été régulièrement pressant mais rarement réellement dangereux, le portier parisien s'est montré solide et surtout concentré. Son principal arrêt est sur un coup-franc de Payet un peu trop axial pour mettre en danger un portier international mais il a su assurer. Sauvé par son poteau bien qu'il semblait être sur la trajectoire de la frappe d'Amavi, c'est surtout dans le jeu aérien que le gardien parisien a été sollicité, se montrant bien présent. A noter tout de même un jeu au pied très défaillant, malheureusement une constante depuis plusieurs matches alors qu'il avait montré de réels progrès dans ce domaine depuis des mois.
Kehrer : Stoppeur droit comme contre Naples quelques jours plus tôt, l'Allemand a évolué dans le même registre et a joué la plupart du temps de façon simple et efficace. La plupart du temps opposé à Ocampos, il a dans l'ensemble dominé le Marseillais même si celui-ci a provoqué l'avertissement reçu par le défenseur parisien. En seconde période, Kehrer va d'ailleurs très bien gérer cette menace qui planait au-dessus de sa tête, trouvant le bon dosage entre retenue et agressivité naturelle. Toujours dans le domaine défensif, il faut aussi noter qu'il a été très largement dominant dans les airs face aux joueurs olympiens. Concernant la relance, malgré une ou deux bien senties qui ont pu lancer des contres, il a globalement manqué d'un poil de personnalité et la plupart de ses tentatives ont été trop neutres.
Marquinhos : Capitaine du soir, il occupait le rôle le plus axial de la défense et il ne lui a pas fallu bien longtemps pour entrer dans le match puisqu'il va intervenir d'entrée. Cela va bien résumer son match, fait de très nombreuses interventions pour repousser à peu près tout ce qui passait dans sa zone quand ses deux partenaires de la défense n'avaient pas déjà fait le nécessaire. Beaucoup de petites corrections donc, mais aussi une vraie présence défensive en fin de match quand l'OM a poussé, le Brésilien se multipliant dans les airs comme au sol. On peut en revanche lui reprocher une certaine timidité dans la relance mais, comme pour Kehrer, cela n'efface sûrement pas la belle qualité de sa prestation. Quatre jours après un match bien compliqué face à Naples, il a superbement réagi.
N'Soki : Utilisé comme arrière gauche jusque-là, l'une des surprises de la composition d'équipe parisienne concoctée par Tuchel a plus que largement rendu la confiance accordée par son entraîneur. Dans ce rôle de stoppeur gauche qui convient parfaitement à ses qualités, il s'est la plupart du temps retrouvé face à Thauvin et est largement ressorti vainqueur de son duel face au Champion du Monde. Très concentré, il va assurer dans ses interventions défensives tout en montrant des vraies qualités dans la lecture du jeu, coupant plusieurs longs ballons avec un bel à-propos. S'il a semblé subir un léger contrecoup physique à l'entame du dernier quart d'heure avec un léger manque de précision et des gestes un poil moins tranchants, il finit en revanche très bien. Dans la relance, il est celui des trois défenseurs qui a montré le plus de personnalité. Il a pris des risques, ce qui a généré des erreurs, mais a aussi su créer des décalages. Un vrai match référence donc.
Meunier : Le Belge retrouvait un système qu'il connaît parfaitement puisqu'il le pratique en sélection depuis de nombreuses années et cela s'est vu, le joueur semblant être comme un poisson dans l'eau dès le début du match. Offensivement, il va souvent se proposer et avaler un nombre de kilomètres toujours aussi élevé mais il n'a probablement pas été autant sollicité qu'il aurait dû l'être vu à quel point il apportait sur son aile. Son entente avec Di Maria a aussi été un peu alternative mais c'est quand même l'Argentin qui le décale sur sa belle occasion de but. Défensivement, Meunier a plus que fait le métier, s'offrant notamment quelques jolis gestes dont un retour décisif devant Sanson à la demi-heure de jeu. Un match complet pour un joueur à qui le repos accordé après la trêve internationale a fait du bien.
Bernat : Si Meunier a parfaitement su interpréter son rôle de piston sur une aile dès le coup d'envoi, on ne peut pas en dire autant de Bernat sur l'aile opposée. Pas encore utilisé dans ce rôle à Paris, l'Espagnol va avoir du mal à trouver ses repères en début de rencontre et ses partenaires vont également peiner à l'alimenter. Il apparaît pourtant de façon régulière et signe quelques belles actions offensives, se retrouvant à quelques reprises dans des positions de centre qu'il va assez bien exploiter. Malgré un niveau technique des plus respectables, son match manque tout de même de continuité et la valeur ajoutée est moyenne malgré une vraie présence des deux côtés du terrain. Défensivement, il a encore affiché des lacunes même s'il a été moins sollicité dans ce domaine. Dans les duels, il était très régulièrement trop loin de son opposant direct, lui laissant un peu trop de liberté. Un match moyen qui confirme le statut un peu tangent du joueur, ni mauvais, ni indiscutable.
Verratti : Numéro 6 du 3-5-2 parisien du soir, Verratti a livré une prestation qui, sous certains versants, a parfois rappelé les difficultés rencontrées par le passé avec sa sélection dans le même dispositif. Dans un rôle souvent redondant avec celui des défenseurs centraux en phase de relance, l’Italien évoluait très bas, parfois trop avec le seul Payet faisant face au quatuor parisien chargé de la construction, un des maux responsables de l’atonie parisienne lors de la première mi-temps. La circulation de balle, prudente et assez lente pour basculer d’un côté à l’autre, ne permettait pas de trouver de relais au cœur du jeu (souvent trop loin et perdus dans la densité marseillaise de toute manière), ce qui poussait chaque milieu parisien à décrocher à leur tour, aggravant le problème de départ. Au cœur de ce marasme, et même s’il a gardé un niveau de précision important, le natif de Pescara a surtout subi une mise en place défaillante qui a même réduit le volume de ses passes entre les lignes vers Neymar, pourtant l’un des acquis des derniers matchs du PSG. A peine pourra-t-on retenir, comme à l’accoutumée, une vraie présence défensive en transition pour couper les contres à la source dans le camp adverse.
Draxler : Difficile d’analyser le match de l’international allemand tant son rôle a parfois paru obscur, sans que l’on sache s’il était mal défini ou bien juste mal interprété (à ce propos, était-il seulement prévu titulaire ce soir ?). Occupant une position de départ relativement haute, en plein cœur d’un milieu marseillais renforcé et qui ne laissait que peu de place dans son dos, il a pâti des difficultés de son équipe à faire avancer le ballon jusqu’à sa zone, et décidé pour y remédier de venir décrocher, de façon souvent anarchique. Toutefois, si son volume de participation est en cause, il convient de noter une nouvelle fois sa justesse technique, en transition (sur la tentative de ciseau de Neymar au quart d’heure de jeu ou le décalage pour la frappe de Di Maria à la reprise), sur des renversements de jeu (à l’origine de l’occasion de Di Maria avant la pause) ou encore lors de combinaisons avec Neymar, et son intelligence de jeu, rarement démentie elle non plus. A titre d’exemple, ses appels à vide à chaque fois que Bernat recevait le ballon permettaient bien souvent d’embarquer avec lui un milieu marseillais et donc libérer des solutions de passes en retrait pour vivre la possession parisienne. Sur le plan défensif, et malgré quelques maladresses qui le poussent, comme depuis quelques matchs, à intervenir parfois avec une agressivité mal contrôlée, sa rigueur dans le repli a permis au PSG de maintenir un bloc bas de huit joueurs rarement débordé, avec quelques retours qui se sont révélés salvateurs, sur Thauvin au quart d’heure ou sur Sanson après l’heure de jeu, donnant la possibilité à Mbappé de partir en contre et d’ouvrir le score. Auteur du 2-0 dans les arrêts de jeu, sa célébration restera comme un symbole de l’écrasante domination du PSG sur son rival marseillais ces dernières années.
Di Maria : Un match dans la même veine que celui de son acolyte au poste de relayeur pour El Fideo, souvent contraint de décrocher pour sortir de la densité marseillaise, et plus à l’aise quand les espaces apparaissaient, soit pour renverser le jeu, soit pour combiner avec Neymar, comme sur l’action prélude à sa frappe sauvée sur la ligne par Strootman dans le temps additionnel de la première mi-temps. Après la pause, l’international argentin a semblé davantage chercher Neymar ou Draxler par des passes assez longues et claquées, et ce depuis une position assez basse, à hauteur de Verratti et grillant la politesse à Kehrer, avec une réussite fluctuante. C’est toutefois lui qui, une nouvelle fois, se révélera décisif dans le succès parisien, l’entrée de Mbappé lui offrant une solution directe dans la profondeur qu’il sut mettre à profit à deux reprises, dont l’une finissant aux fonds des filets. Comme pour Draxler, son implication défensive est aussi à souligner, à l’image de son retour dans ses quarante mètres sur Payet quelques instants avant son remplacement par Rabiot. L’autre sanctionné du soir a commencé par un bon mouvement sur une sortie de balle parisienne ponctuée par une passe tranchante offrant une opportunité en transition, avant de signer par la suite des minutes plus discrètes.
Neymar : Il est parfois difficile avec le Brésilien de synthétiser ses productions en un bloc homogène tant celles-ci sont riches en contenu, et chaque spectateur ou supporter peut en retenir des aspects assez différents. Et c’est la personnalité-même de l’ex-barcelonais sur le terrain qui veut ça, par sa recherche constante des responsabilités et de la prise de risque. Ce soir, et devant les difficultés de son équipe à faire avancer le ballon, c’est un Neymar au rayon d’action très large que l’on a vu à l’œuvre, décrochant très bas (parfois par excès d’impatience) pour initier des combinaisons, lancer des ouvertures en profondeur… ou s’enferrer dans des tentatives individuelles peu concluantes. Pourtant, il serait injuste de ne retenir que ces choix quelque peu précipités, même s’ils soulignent toutefois qu’il s’agit davantage de l’esprit d’un attaquant que celui d’un meneur. Pour le dire de façon très simple, il est rare qu’un décalage dans le jeu parisien ne porte pas la griffe de son génial numéro 10, parfois au prix de véritables prouesses techniques, qu’il s’agisse de lancer des contres ou de se mettre lui-même en situation de finir. Sur le plan défensif, et quelques jours après une copie très déficiente et pénalisante sur cet aspect pour ses coéquipiers face au Napoli, son implication fut tout autre, à l’instar de ce retour en position de défenseur central gauche peu avant la mi-temps après une montée de N'Soki. Et quand il doit jouer la carotte et attendre les opportunités de contre, comme lors de la dernière demi-heure face à l’OM, le bloc parisien est alors plus à même de faire face à ces situations avec seulement deux joueurs déchargés et non trois, un attaquant cédant numériquement sa place à un défenseur central dans la configuration du soir.
Choupo-Moting : Titulaire surprise du soir suite à la sanction de Mbappé, et ce après plusieurs mois sans débuter un match, l’international camerounais s’est d’abord montré relativement présent dans le jeu, sollicitant un une-deux avec Neymar ou recevant une passe entre les lignes de Verratti, avant de complètement s’éteindre, et ce jusqu’à sa sortie à l’heure de jeu. Durant cette période, son manque de mobilité et quelques imprécisions techniques ont coûté au PSG de la fluidité dans son jeu offensif. Dès son entrée à l’heure de jeu, la différence avec Mbappé fut frappante, le crack de Bondy offrant sur ses premiers appels toute la profondeur qui avait manqué au PSG jusqu’alors. A deux reprises, le pourtant véloce Boubacar Kamara fut pris de vitesse par le supersonique attaquant parisien sur des ouvertures de Di Maria, et comme face à Lyon, le PSG n’eut pas besoin de schéma offensif plus compliqué ou abouti pour faire craquer l’une des meilleures équipes du championnat.
NB : Co-écrit avec Matthieu Martinelli (joueurs offensifs)