La fameuse charnière centrale du Brésil a fait ses grands débuts sous le maillot du PSG mardi à Nicosie, après plusieurs mois d’attente. Analyse de cette première.
La première chose à relever est le placement de Thiago Silva, aligné dans l’axe droit de la défense. Depuis qu’il est au PSG, il n’avait joué de ce côté de la défense centrale qu’avec Mamadou Sakho, gaucher. Avec Alex, Marquinhos ou Camara, on l’avait pratiquement toujours vu axe gauche, même s'il inversait parfois en cours de match.
A la 21ème minute, on a d’ailleurs Thiago Silva qui semble oublier qu’il est désormais l’arrière central droit puisqu’il s’apprête à sortir complètement de sa défense pour tenter une interception alors que David Luiz est beaucoup plus proche du ballon en tant que central gauche :
Il réalise assez vite que c’est une erreur et stoppe sa course, un joueur partant dans son dos :
Les adversaires ont tenté la passe en profondeur et David Luiz, bien placé, a intercepté. En fin d’action, on voit quand même qu’il y a eu un problème de synchronisation entre les deux joueurs puisqu’ils sont collés l’un à l’autre tandis que Van der Wiel est seul face à deux joueurs dans la surface :
Toutefois, sur certaines situations compliquées, ils vont très bien se comprendre, notamment à la 76ème minute. Sur ce long ballon, Thiago Silva coupe sa course pour jouer de la tête. Et alors que David Luiz aurait pu repartir vers l’avant, il comprend que la tête va être en retrait et continue toujours sa course dans ce sens :
Un autre impact directement mesurable de ce nouveau duo est la tendance très prononcée de David Luiz à sortir pour tenter l’interception, parfois de façon complètement loupée, à l’image de cette tentative à la 37ème minute. On le voit planté au milieu alors que le ballon est parti, laissant un gros trou en défense :
L’APOEL utilise d’ailleurs parfaitement cet espace et c’est Maxwell qui sauve le PSG en assurant un repli impeccable :
Et vu que cette interception ratée n’a pas suffi, il recommence quelques minutes plus tard sur une action similaire, avec Motta à la place de Maxwell :
Il se fait complètement déposer et offre, avec le concours d’un replacement inefficace, un cinq contre trois en faveur de l’APOEL, finalement détourné en corner par Thiago Silva :
Et il prépare une dernière tentative d’interception juste avant la mi-temps en suivant une nouvelle fois l’attaquant qui décroche :
Vu à quel point il sort en permanence de sa défense, bien plus qu’avec Marquinhos, deux hypothèses sont envisageables. Soit David Luiz a vraiment une très grande confiance en Thiago Silva, soit c’était une consigne tactique pour empêcher l’APOEL de trouver un appui entre la défense et le milieu. En tout cas, Thiago Silva n’a pas reproché une seule fois à David Luiz de sortir. Sur l’action analysée où le capitaine détourne en corner, il ne s’en prend pas à David Luiz mais aux autres joueurs qui ne sont pas revenus assez vite.
Autre point, la communication. On les a peu vus se parler et Thiago Silva a plus donné des consignes à ses milieux qu’à ses défenseurs. Sur l’action où David Luiz sauve sur la ligne, les deux joueurs sont chacun dans leur bulle et aucun des deux ne fait d’ailleurs le bon choix : Thiago Silva reste planté au premier poteau sans voir le danger dans son dos tandis que David Luiz lâche le marquage d’un joueur pour aller se mettre sur la ligne. Et c’est un petit miracle que le ballon lui retombe dessus. Plus ennuyeux, aucun des deux n’a tenu compte de l’autre :
En conclusion, pour une première et malgré 32 sélections communes sous le maillot du Brésil, on ne peut pas dire que la charnière a été spécialement complémentaire ou brillante, au moins dans sa synchronisation. David Luiz est bien trop sorti au milieu, Thiago Silva a fait quelques erreurs mais les deux ont une confiance réciproque et des repères qui feront gagner du temps au PSG. Toutefois, on a parfois eu l'impression que chacun jouait sa partition dans son coin, à l'image de la plus belle occasion chypriote. Et il reste du travail avant d'en faire un point fort collectif parisien, la qualité individuelle des joueurs n'étant plus à prouver.