C'est un Luis Enrique excité d'en découdre avec son ami Pep Guardiola qui s'est présenté en conférence de presse ce mardi, à la veille de PSG/City. Conscient de la qualité de son adversaire, mais convaincu du talent de son équipe, Luis Enrique a hâte d'être à demain. Voici ses propos complets, traduits par nos soins.
Vous allez retrouver demain un entraîneur que vous connaissez bien. Comment qualifieriez-vous vos relations avec Pep Guardiola ? Aussi, qu’est-ce qui vous rapproche le plus de lui dans la philosophie de jeu et qu’est-ce qui vous en éloigne le plus ?
« On a une idée de jeu très similaire avec Guardiola »
« Demain, c’est un match spécial, pas seulement pour son importance pour les deux équipes, mais aussi parce que je vais croiser un ami, avec qui j’ai partagé de très nombreuses années en tant que joueur, ainsi qu’en tant qu’entraîneur quand nous étions au même moment au Barça. C’est une grande joie de revoir Pep. Ce qui nous rapproche évidemment, c’est notre idée du football. Personne ne va douter de notre philosophie globale de jeu, d’essayer d’être meilleur que l’adversaire avec le ballon, de presser continuellement l’adversaire. Il y a évidemment des nuances parce que chaque entraîneur développe ses méthodes en fonction de ses joueurs et de l’endroit où il se trouve. Mais on a une idée de jeu très similaire et je crois qu’on va pouvoir voir un très beau match de football. C’est je crois l’objectif que nous avons des deux côtés. »
Quand on affronte une telle référence, est-ce qu’il y a une tentation de vouloir chercher un coup tactique pour le surprendre parce qu’il est tellement fort qu’il faut faire encore plus ?
« C’est évident que c’est un match important, tout le monde doit être prêt : l’entraîneur comme l’équipe. Manchester City fait beaucoup de choses au niveau tactique. Beaucoup de joueurs changent de position et peuvent évoluer à plusieurs postes. C’est l’une des choses que l’on va devoir clairement combattre sur le terrain, mais nous aussi nous proposons différentes choses et plusieurs approches. C’est un match qui arrive à un moment compliqué pour les deux équipes en raison du classement. Ils ont 8 points, nous en avons 7. Mais en même temps, je pense que c’est un match dans lequel les deux équipes vont tenter d’utiliser leurs meilleures armes et nous verrons qui sera le mieux préparé ou le mieux adapté pour faire triompher son idée de jeu. »
Qui représente le mieux les valeurs du Barça entre vous et Guardiola ?
« Guardiola est une référence, un entraîneur unique »
« Pour moi, celui qui a fait du 4-3-3 du Barça un modèle presque parfait, c'est Guardiola. C'est un numéro un, une référence, un entraîneur unique, avec beaucoup de personnalité. C'est une personne qui a innové dans le monde du football. Il est incontestablement une référence. J'ai la chance d'être son ami et d’avoir été son coéquipier. C'est quelqu'un qui a ouvert la voie à une manière de jouer complètement différente en Angleterre. Et il a eu du succès. Cela a ouvert les portes à de nombreux entraîneurs après lui. Je partage les valeurs de Guardiola, sans aucun doute ».
Dembélé a dit que c’était l’un des matches les plus importants depuis son arrivée au PSG l’année dernière. Est-ce que vous partagez son constat ?
« J'espère que le match le plus important de cette saison ne sera pas celui contre City »
« Il ne s’agit pas de partager ou non l'avis d'un joueur. Toutes les opinions sont valables et importantes. J'espère que le match le plus important de cette saison ne sera pas celui contre City demain mais celui où nous jouerons pour un titre. Voilà mon espoir. Mais bien sûr que c’est un match particulier. Parce qu’avec ce nouveau format de la Champions League, personne n'aurait pu prédire que City et le PSG auraient ce nombre de points avant la 7e journée. Mais c’est le football et le nouveau format de la compétition. Aujourd'hui, nous ne savons pas encore de combien de points nous avons besoin pour nous qualifier. Personne ne le sait. Peut-être qu’après cette journée, nous le saurons. »
City met beaucoup de joueurs dans le cœur du jeu plutôt que sur les ailes. Pensez-vous que Guardiola va à nouveau innover pour ce match crucial demain ?
« Je crois que Pep a innové durant toute sa carrière et il n’a pas peur d’utiliser ses nouvelles idées ou de tester de nouvelles tactiques. Demain est un match qui nous donne la possibilité de grandir en tant qu’équipe pour nous adapter quand il va falloir défendre toutes les variantes qu’ils vont nous proposer. C’est très excitant, très motivant pour moi et mes joueurs, parce que nous sommes très clairement une équipe très jeune, mais avec beaucoup de qualités. Être capable de compliquer la vie à une équipe de cette dimension est une stimulation très puissante qui nous motive à 100%. »
Beaucoup de joueurs ont pu souffler avant ce match. Est-ce que cette anticipation veut dire qu’il y a une pression supplémentaire sur vous ?
« Une pression, pourquoi ? Non. Je laisse au repos des joueurs en fonction de leur état physique, d’un éventuel problème, d’un coup reçu, de douleurs. Et à partir de là, pas de pression. Nous voulons tous être professionnels pour jouer ce genre de matches au Parc des Princes, dans une ambiance unique. Nous voulons être à la hauteur de notre public. Ce que nos supporters voient depuis la saison passée, c’est une équipe qui n'abandonne pas, qui se bat jusqu’à la fin, qui peut renverser la vapeur jusqu’à la dernière minute si nécessaire, qui peut gagner aux tirs au but. Bien sûr que nous aurions pu être plus efficaces à certains moments, mais comme toutes les autres équipes. Je le répète, il y a des choses positives, un esprit ambitieux, donc c’est une pression bienvenue. »
Par le passé, vous avez affronté à quatre reprises Pep Guardiola et systématiquement il y a eu des matches très ouverts avec une moyenne de 3 buts par match. Est-ce que la clé de demain ne serait pas l’animation défensive ? Est-ce que l’équipe qui défendra le mieux remportera les trois points ?
« Nous allons voir demain une très bonne version du PSG, très puissante »
« Je ne connaissais pas cette statistique, je ne me souviens pas de ces matches pour être sincère. Mais s'il y a une chose qui peut nous définir tous les deux en tant qu’entraîneur, c'est que nous aimons attaquer. Nous aimons bien défendre, mais nous aimons attaquer et nous élaborons notre plan de jeu dans l’idée d’être meilleur que notre adversaire. Je crois que nos deux équipes sont de haut niveau, avec une idée de base similaire. A partir de là, nous verrons quel match cela donne, mais nous espérons qu'avec notre attitude et le soutien de nos supporters, nous serons meilleurs que l'adversaire même si on sait que ce sera difficile. Mais je crois que nous allons voir demain une très bonne version du PSG, très puissante. J'ai hâte d'être à demain. »
Il y a entre le PSG et City une rivalité qui dépasse le sport. Avez-vous senti dans la préparation du match une ambiance particulière ici au club ou des mots particuliers de votre président au moment de préparer cette rencontre ?
« Non. »
On a parlé beaucoup du style de jeu de Manchester City et de votre PSG. Quel va être l’objectif demain, avoir la possession ou au contraire jouer en transitions rapides ?
« S’il y avait deux ballons, on pourrait en avoir un chacun »
« Tout part de cette chose ronde qui se promène sur le terrain et qui avance très vite, le ballon. Nous faisons tout en fonction de cette idée d’avoir le ballon. Si on n’a pas le ballon, c’est qu’on nous l’aura pris. Notre objectif est d’avoir plus le ballon que notre adversaire, de l’avoir dans sa moitié de terrain et de générer des occasions de buts. En général, oui, ces matches sont ouverts, il y a plus de buts que d’habitude. Ils sont ouverts car c’est difficile de prendre le ballon à un joueur du PSG, mais aussi de le prendre à un joueur de City. Eux aussi sont très à l’aise en transition. Ils ont des joueurs d’une immense qualité en attaque. Nos deux équipes sont beaucoup plus à l’aise avec le ballon. S’il y avait deux ballons, on pourrait en avoir un chacun, mais comme il n’y en a qu’un, il n'y aura probablement pas de dominateur clair de la possession de balle. Nous verrons qui attaque le mieux les espaces et qui est le plus efficace. Nous ne voulons pas nous passer du ballon. Avoir le ballon dans la moitié de terrain adverse est ce qui génère le plus de possibilités de gagner le match. C’est notre idée de jeu et nous en sommes pleinement convaincus. »
En raison du classement, des investissements et du projet des deux clubs, tout le monde parle d’obligation de gagner et de se qualifier. Pour vous, ce mot obligation, que signifie-t-il dans votre travail ?
« L’obligation pour un sportif de haut niveau, qu’il soit joueur ou entraîneur, est de donner 100% et être préparé à s’améliorer chaque jour, sortir de sa zone de confort et travailler chaque aspect du football. C’est d’abord une obligation pour mes joueurs, mais aussi pour moi en tant qu’entraîneur. Ensuite dans la vie, personne ne gagne tous les matches, tous les titres. Cela n’existe pas dans le football professionnel, ni dans aucun autre sport. Un jour ou l’autre, tu devras apprendre à gérer la défaite et les échecs et tout cela de manière normale. L’objectif, c’est de donner 100%. C’est pour ça que je me lève chaque matin, c’est pour ça que je suis entraîneur de football et d’une équipe de ce niveau. J’essaye de m’améliorer chaque jour. »
Vous avez fait beaucoup tourner en janvier. Avez-vous des certitudes sur l’équipe que vous comptez aligner demain ? Est-ce qu’il y a une équipe-type qui se dégage selon vous ?
« Je ne pourrais pas vous le dire. Pour ce genre de matches, les joueurs récupèrent en général plus vite parce qu’il y a une grande motivation de jouer cette compétition. Mais évidemment que tous les joueurs n’arrivent pas à 100%, c’est impossible et c’est pareil pour City. Il faudra réfléchir à la meilleure composition pour ce match en prenant en compte qu’il y a un autre match dans une semaine à Stuttgart, un autre ce week-end en Ligue 1. La compétition continue. Il y a donc beaucoup de choses que je résoudrai demain matin en me levant et en buvant tranquillement mon cappuccino. »
Le PSG a perdu ses deux premiers chocs en Ligue des champions contre Arsenal et le Bayern Munich. Est-ce que vous sentez vos joueurs capables de hausser leur niveau demain, que ce soit dans l’efficacité ou mentalement ?
« Je vais vous répondre en disant que le PSG méritait de gagner ses deux matches à domicile contre le PSV et l’Atlético Madrid, ce qui nous ferait cinq points de plus. C’est la réalité que j’ai vu sur le terrain. Mais le football est capricieux et il faut accepter que nous n’ayons pas eu l’efficacité suffisante pour gagner ces matches. Mais qui a mérité de gagner ? Avec cinq points de plus, nous serions qualifiés et nous n’aurions pas à être dans cette situation. Je positive en me disant que nous avons aussi dû lutter la saison passée pour sortir du groupe de la mort. C’est une constante. Nous avons eu deux groupes très difficiles en Champions League. Cela veut dire que nous avons eu des difficultés et que nous avons perdu des matches, mais ce que je vois de mon équipe me donne beaucoup d’optimisme, beaucoup de confiance. Nous faisons une très bonne saison et il arrive ce moment de la saison où il va falloir être plus décisif. Nous avons hâte que le match arrive. »
Dembélé parlait de folie. Est-ce que c’est cette folie qui peut faire la différence entre deux équipes qui se ressemblent ?
« Quel type de folie ? Appelez Ousmane qu’il nous l’explique »
« Quel type de folie ? Appelez Ousmane qu’il nous l’explique. Sur le papier, le match de demain va opposer deux équipes qui aiment prendre soin du ballon, qui sont offensives, qui sont ambitieuses, qui ne spéculent pas. Nous allons jouer devant notre public, qui est l’un des meilleurs en Europe sans aucun doute. Il y a tous les ingrédients pour voir un grand match de football. Et que le meilleur gagne. J’espère que ce sera le PSG. »
Dans cinq matches sur sept en Ligue des champions cette saison (il n’y a eu que six matches pour le moment, ndlr), vous avez été supérieur dans le jeu, mais donc inférieur dans l’efficacité. Est-ce que les statistiques récentes d’Ousmane Dembélé et le week-end de Bradley Barcola vous donnent de l’espoir pour demain ?
« Je crois sincèrement que si on compare le PSG de la saison passée à celui de cette année, nous avions clairement avant un joueur référence qui marquait chaque année un nombre de buts énorme. Cette année, nous avons dit dès le départ que nous allions résoudre cela à travers l’équipe et non à travers un seul joueur. Non pas que nous n’en ayons pas envie, mais nous n’avons pas ce joueur. Aucun de nos joueurs actuels n’a montré qu’il était capable de marquer 25 buts sur une saison. Cela veut dire qu’on va le résoudre en tant qu’équipe. Pour nous, ce n’est pas important de savoir qui marque les buts. Le plus important, c’est que l’équipe marque plus de buts que la saison passée et en encaisse moins. Il n’y a pas de joueur spécifique qui se montre déterminant, mais cela ne nous dérange pas. Ce qui nous intéresse, c’est que l’équipe réussisse à résoudre les problèmes de la meilleure des manières. Que cela plaise ou non, peu importe. A partir de là, il faut continuer d’améliorer nos joueurs pour leur donner plus de confiance afin qu’ils aient des statistiques encore meilleures. »
Quel impact peuvent avoir les supporters sur ce match et est-ce que vous avez un appel à leur lancer avant ce match ?
« Qu’ils continuent comme toujours. C’est un spectacle. Qu’on soit mené ou non, qu’on joue à domicile ou à l’extérieur, les supporters qu’on entend le plus sont toujours les nôtres. Cette confiance nous motive, nous excite. Demain, nous avons la possibilité de rendre heureux nos supporters, c’est quelque chose de très important. Et nous avons besoin de points pour nous qualifier. »
Kvara ne pourra pas jouer demain, mais que pensez-vous de ce joueur et que peut-il apporter en deuxième partie de saison et sur les années à venir ?
« Kvara est un joueur parfaitement adapté à notre idée de jeu »
« Je crois que nous connaissons tous Kvaratskhelia. C’est un joueur qui a prouvé son niveau à Naples et en sélection géorgienne. C’est un joueur parfaitement adapté à notre idée de jeu, avec une capacité à déborder, à éliminer en un contre un, à jouer à l’intérieur. Il a joué plusieurs fois en tant que numéro neuf avec sa sélection. Je crois que cette polyvalence et cette capacité de débordement sont très intéressantes pour notre système. Et il a aussi cette capacité à défendre. Nous sommes une équipe qui a besoin de défendre et d’attaquer à 11, et il s’adapte parfaitement sur le papier à ce qu’est notre idée du football. »