Assez largement critiqué ces derniers temps, autant pour sa baisse d’efficacité dans le jeu que pour son attitude sur le terrain, Kylian Mbappé a en partie répondu sur le terrain face à Brest samedi soir (victoire 3-0). Passeur décisif, dribbleur, impliqué, il a montré qu’il était sur la pente ascendante. Retour en chiffres sur la performance de l’attaquant français.
Il n’a certes pas marqué, mais mis à part ce léger accroc (sans doute pas si léger à ses yeux vu qu'il n'a jamais marqué contre Brest), Mbappé en a fait voir de toutes les couleurs à la défense bretonne samedi soir. Tous les indicateurs statistiques témoignent d’un retour en forme après plusieurs mois au rendement insuffisant. On avait daté à son retour de blessure fin novembre le début des difficultés de Mbappé. Espérons que cette partie convaincante soit cette fois le début d’une série de rencontres positives.
Le champion du monde français a tiré six fois au but, pour trois tirs cadrés. Il s’agit de sa meilleure performance en Ligue 1 depuis le match à Nîmes mi-octobre.
Surtout, il a tiré deux fois plus face à Brest que lors des trois dernières rencontres cumulées.
Record personnel de dribbles réussis sur un match égalé
Mais plus que dans ses frappes, c’est dans les dribbles réussis que l’on a reconnu le « vrai » Mbappé. Ses stats en la matière depuis son retour de blessure étaient indignes de son talent : 14 dribbles réussis sur 40 sur la période novembre-janvier (35 % de réussite, 1.8 dribble réussi sur 5 par match en moyenne). Contre Brest, les chiffres sont bien différents : 7 dribbles réussis sur 8 tentés !
Il a plus réussi à lui seul de dribbles hier que l’ensemble de l’équipe face à St-Etienne mercredi (6). Ses coéquipiers aussi étaient d’une humeur joueuse puisque le PSG a tenté 31 dribbles, soit près du double que face aux Verts (16).
Avec ses 7 dribbles réussis, Mbappé égale d’ailleurs son record sur un match de Ligue 1 depuis son arrivée au PSG.
Tout autant que le nombre, c’est la position et l’impact de ses dribbles qui sont à noter.
La cartographie de ses dribbles indique que deux, et presque trois, de ses dribbles ont été réussis dans la surface de réparation adverse. On a notamment, forcément, en mémoire le festival sur le but offert à Icardi. On peut également citer l’action qui amène le corner du premier but où, après avoir éliminé à l’entrée de la surface, il sert Di Maria dont la frappe est contrée. Bref, directement où indirectement, ses dribbles sont à l’origine de deux des trois buts du soir.
Implication collective retrouvée
Des initiatives individuelles certes, mais au service du collectif au final. Ce qu’on avait moins vu de sa part ces dernières semaines où il semblait parfois vouloir gagner le match à lui seul. Une autre stat témoigne de son souci de l’équipe : les passes clés. Il restait sur trois matches sans aucune passe clé délivrée à un partenaire (c’est-à-dire une passe amenant un tir d’un coéquipier), alors que depuis son arrivée au PSG, il n’avait jusque-là jamais enchaîné deux matches consécutifs de championnat sans passe clé. Face aux hommes de Dall’Oglio, il en a donné deux.
Il a aussi réussi trois passes entrant dans le dernier tiers du terrain (son record de la saison) et quatre passes à l’intérieur même de la surface de réparation (record du match à égalité avec Di Maria). Son Expected Goal Chain, c’est-à-dire sa contribution à des actions aboutissant à des tirs, est de 1.62.
Cela signifie que le total des « buts attendus » dans lesquels il est impliqué s’élève à 1.62. Il s’agit du plus haut total du match et, à titre personnel, de son meilleur match depuis Nîmes.
Autant d’indicateurs qui témoignent de son implication collective retrouvée et probablement d’une bonne réceptivité aux consignes du nouveau staff technique. Sans doute pas un hasard s'il délivre sa première passe décisive en Ligue 1 depuis le fameux PSG-Nantes de fin octobre où il se blesse…
Des jambes retrouvées
C’est également physiquement qu’il pouvait inquiéter ces derniers temps, surtout connaissant l’importance que cela revêt dans son jeu pour faire des différences. Là aussi, le match d’hier est assez rassurant. Il n’a pas encore retrouvé toutes ses jambes mais plusieurs stats témoignent que les sensations reviennent. Les duels tout d’abord : il en a gagné huit sur treize (62 %) alors que sa moyenne sur la saison de Ligue 1 était de seulement 45 % jusque-là.
Mais c’est surtout sa capacité à faire avancer le ballon qui fut significative samedi. Face aux Bretons, il a, en tout, fait progresser le ballon de 476 mètres. Il s’agit ni plus ni moins de sa meilleure performance de la saison.
D’ailleurs, dans les deux catégories (par la passe ou la conduite), son match d’hier est son meilleur de la saison.
Il est le joueur qui a le plus fait progresser le ballon par la conduite et le cinquième en tout (à égalité avec Di Maria), ce qui est une performance compte tenu de son poste.
Autre signe qu’il retrouve des jambes, il a touché face aux Bretons 75 ballons, soit son record de la saison en Ligue 1. Et il a fait bon usage de ceux-ci puisqu’il n’en a perdu que 15.
Ce taux de 20 % de ballons perdus est même son plus bas de la saison en Ligue 1 si l’on ne compte que les matches qu’il a débutés. Sa moyenne cette saison jusque-là était de 30 %.
Il n’a manqué que le but
Bien sûr, tout ne fut pas parfait. Son implication défensive reste perfectible (le site Fbref.com ne recense qu’une seule action de pressing). Et il a pêché dans la finition. Le site Understat.com le crédite de 0.92 expected goal contre Brest. Si depuis le début de saison, il présente un ratio buts/expected goals globalement positif (12/11.5), la tendance depuis son retour de blessure est négative.
Sur les neuf derniers matches de Ligue 1, il a marqué cinq buts (dont 2 pénaltys) pour 5.62 expected goals. Mais hier, il est tombé sur un très bon gardien (Larsonneur) qui a réalisé quelques grandes parades, et nul doute qu’il va rapidement retrouver le chemin des filets. Dès mercredi face à Marseille ? Ce serait une sacrée bonne idée pour faire taire les critiques.