Trois joueurs marseillais sont marqués comme étant des anciens du PSG, retour sur leur parcours sous le maillot du club parisien. Est-ce que Paris a loupé ses joueurs ?
Brice Dja Djedje :
2002/2010
Commencons par le plus parisien des trois, Brice Dja Djedje. Cousin d'un autre Dja Djedje, Franck, lui aussi façonné par le PSG, il est un pur produit de la formation parisienne puisqu'il a joué des U12 jusqu'en CFA avec le maillot rouge et bleu. Il fait partie de la génération 90, incarnée par Mamadou Sakho et dont pas mal de joueurs sont devenus pros au final (Letellier, Makonda, Sakho, Afougou, Dja Djedje, Partouche, Brahimi, etc). Au départ, si Sakho est devant les autres à tous les niveaux (talent, leadership, précocité), Dja Djedje est clairement un de ceux à suivre.
A l'époque, il est milieu de terrain défensif et est dominant dans son rôle. Dans le vestiaire, il est également écouté puisqu'il a le brassard dès que Sakho n'est pas là. Jusqu'en U19, sa progression est linéaire et la voix d'un contrat pro semble toute tracée. C'est à partir de cette catégorie qu'il plafonne un peu. S'il assure toujours défensivement, il peine à se montrer offensivement et son jeu de passes semble limité, particulièrement pour construire le jeu. C'est lors de sa deuxième saison à ce niveau-là qu'il se découvre un nouveau poste et devient arrière droit. Si les débuts sont parfois compliqués (gestion de la profondeur...), il arrive à confirmer en CFA et fait une bonne saison 2009/2010 à ce poste.
A ce moment-là, un choix se pose pour le PSG : faut-il proposer un contrat pro au joueur ? Soyons honnête, le joueur est trop juste pour la section professionnelle à cet instant et sa courbe de progression est moins attrayante que celle de ses débuts, en plus d'une taille qui semble peut-être trop handicapante pour le plus haut niveau. Derrière, un jeune de deux ans de moins pousse au même poste, Alassane També (aujourd'hui à Courtrai, en Belgique). Brice signe donc à Evian TG, alors promu en L2, et cela correspond parfaitement à son niveau de l'époque, celui d'un bon joueur de CFA qui peine à montrer le potentiel d'un futur professionel d'élite. Sous la houlette de Pascal Dupraz, le club et le joueur vont monter encore un échelon et s'installer en L1. Le joueur continue même sa progression jusqu'à signer à l'OM et devenir international ivoirien.
Paris a finalement loupé Dja Djedje mais il était très difficile de prévoir cette progression. Le joueur a su utiliser son mental pour rebondir et ses choix de carrière ont été bons.
Abdelaziz Barrada :
2007/2010
Photo PSGMAG.net
Barrada a une liaison moins marquée avec le PSG que Dja Djedje. Contrairement aux idées reçues, il n'est pas un joueur formé au PSG puisqu'il jouait déjà en CFA avec Sénart-Moissy quand il signe à l'été 2007. Le club parisien fait souvent des paris de ce genre pour renforcer sa réserve (Charbonnier l'année suivante ou Petrilli cet été) et Barrada est un de ces joueurs-là. Il brille l'année d'avant contre le PSG, se fait repérer et signe ensuite, alors qu'il est déjà adulte. Ses débuts avec le club sont bons, il est un joueur clé de la réserve et son habileté technique fait merveille. Il est certes loin physiquement (un peu d'embonpoint notamment) mais est performant dans un rôle de milieu offensif gauche.
Il confirme la saison suivante en étant bon à plusieurs postes (en relayeur notamment) et a pris de l'épaisseur dans son jeu, devenant un joueur admissible à l'équipe première. Paul Le Guen, souvent présent aux matches de la réserve, le remarque et le fait monter chez les pros où il s'entraîne mais ne joue pas. Il fait quelques apparitions sur le banc des pros et on le voit notamment à Rodez, abattu comme toute l'équipe après l'élimination en prolongations (1-3) alors qu'il n'a pas joué. Il vit un petit rêve et signe un contrat pro d'une saison en fin de saison.
Problème, Le Guen a été remplacé par Kombouaré à l'intersaison et Barrada passe sa saison en réserve, le nouvel arrivant ne voulant même pas le prendre à l'entraînement. A l'époque, la presse en fait légèrement écho mais le coach kanak vient d'arriver et tout lui est pardonné. La saison est longue et parfois pénible, le joueur ayant du mal à accepter son sort. Et on le comprend quand on voit Jean-Eudes Maurice jouer à l'étage du dessus. Barrada signe finalement à Getafe, en Espagne, dans un championnat qui convient infiniment mieux à ses qualités que l'horrible Championnat de France Amateurs côtoyé par la réserve du PSG. Une saison en équipe B pour se relancer puis l'explosion avec l'équipe première.
Contrairement à Dja Djedje, le club et particulièrement Antoine Kombouaré ont un vrai poids dans cet échec. Le joueur a même perdu deux ans suite à cette décision de l'été 2009 mais il a su rebondir.
Giannelli Imbula :
2005/2006
Une petite saison avec le PSG et c'est tout. Preuve du flou de son passage, personne ne semble savoir avec exactitude la date de son passage (l'article Wikipédia se contredit par exemple). La génération 1992 dont il est issu a été en préformation entre 2005 et 2007 et la seule photo d'Imbula avec le maillot du PSG qui tourne le montre avec la tunique de la saison 2003/2004, c'est dire si on est dans l'à peu près :
Alors qu'il fait partie de la première génération du PSG à bénéficier du nouveau centre de préformation (génération 1992), il ne s'impose pas et repart au bout d'une saison au Racing avant de signer en formation à Guingamp à l'été 2007.
Nous ne ferons pas semblant, nous n'avons pas vu jouer Imbula à cet âge-là et seul le PSG et le joueur savent si le fait de ne pas garder le joueur était logique. Mais c'est là un destin quelconque. Des joueurs de 14 ans qui ne font que passer par la préformation d'un club sont légion. Voici une petite liste pour le PSG : Corchia (LOSC, ex-Le Mans), Obertan (Newcastle, ex-Bordeaux), Naby Sarr (Sporting, ex OL), Anthony Dupré (VA, ex-Bordeaux), Nkoudou (Nantes), etc. La liste est très longue et pour certains que nous avons cité, c'est un petit miracle de les voir aujourd'hui en pros vu ce qu'ils montraient à l'époque.
Voir le PSG libérer un joueur parce qu'il n'a pas forcément le niveau requis à 14 ou 15 ans n'est pas une faute grave, c'est même souvent une chance pour le joueur de rebondir dans un environnement qui lui conviendra mieux ou l'opportunité de se rendre compte que la voie du football professionnel n'est pas forcément celle qu'il peut épouser.
En conclusion, ces trois joueurs représentent bien ce que peut être la formation, notamment les difficultés à détecter le potentiel final d'un joueur et à faire passer les joueurs à l'échelon professionnel. Dans un cas, la décision qui semblait juste pour l'époque n'a pas assez pris en compte le potentiel du joueur (Dja Djedje), dans un autre, il y a eu une erreur manifeste de jugement (Barrrada) et le dernier est un cas bien connu des centres de préformation avec un joueur qui n'explose que plus tard, dans un contexte qui lui convient mieux.