Le président du PSG a fait aujourd'hui un très gros bilan du PSG dans les colonnes du Parisien mais que retenir de son interview ? Voici notre analyse.
Ce mardi, le journal Le Parisien a publié une très longue interview de Nasser Al-Khelaïfi que nous vous avons retranscrit (partie sur la politique sportive et partie mercato) dans laquelle il balaye toute l'actualité. Voici notre analyse de ses propos :
De la continuité au niveau sportif :
Le journal a beau titrer sur le fait de « régénérer l’équipe », l’interview dit pourtant tout le contraire. Il n’est pas question de bouleverser l’effectif, pas plus le staff, et encore moins l’organigramme, Nasser tuant la rumeur d'un retour de Leo pour les prochains mois. Le président se place dans la continuité absolue et évoque d’ailleurs les absents pour justifier l’échec contre Barcelone, nouvelle preuve de confiance envers les hommes en place. Au niveau de l’effectif, le statu quo Ibra/Cavani est réaffirmé alors qu'il s'agit de la grande problématique du moment. Est-ce une méthode pour faire monter le prix de l’Uruguayen une ou vraie volonté de croire en ce duo qui ne fonctionne pas ?
C’est ce refus d’analyser en profondeur les manques de l’effectif qui fait d’ailleurs légèrement tiquer tout au long de la partie concernant la politique sportive. Aucune critique n'est émise, aucune remise en question n'est faite, c'est le flou le plus total sur les moyens d'action à venir et, pire, la préparation de la saison prochaine ne semble pas avoir commencé. Nasser Al-Khelaïfi se garde toutefois une bonne porte de sortie concernant le staff en refusant d’évoquer un éventuel titre de champion de France loupé qui pourrait alors changer beaucoup de choses. A un mois de la fin de la saison, il est plutôt malin de ne pas rajouter de la pression à un groupe qui en subit déjà beaucoup et sait ce qu’il a à faire.
Une recherche de soutiens contre le fair-play financier :
La partie la plus intéressante et offensive de l’interview concerne le fair-play financier. Le président y touche en deux temps, d’abord en mettant le doigt sur le fait que les investisseurs possibles en France sont bloqués par ce dispositif puis en créant une opposition Angleterre/reste de l’Europe sur le sujet des droits TV. Après avoir été ostracisé par le gratin européen, le président tente de créer une opposition contre un autre ennemi bien plus puissant que lui, la Premier League et ses revenus hors marché. Il reste désormais à espérer qu’il saura fédérer derrière lui mais la tentative est plutôt bien vue. Au passage, il faut souligner le bon rappel de l’échelle de l’investissement qatari, en-dessous de la valorisation de l’attaque barcelonaise.
Rien ne changera au Parc des Princes :
Le discours est plein de bonne volonté mais sonne tellement faux, notamment dans la partie qui concerne l’ambiance. Le président refuse toute responsabilité et se cache derrière les arguments habituels, évoquant des éléments qui, comme par hasard, ne s’expriment pas : les joueurs et les familles. Pendant ce temps-là, des fans prêts à mettre de l’ambiance sont refusés toutes les semaines lors des matches des autres équipes du club (féminines ou jeunes). Concernant la hausse des tarifs, la rénovation du Parc est un bon argument, notamment concernant le fait qu’elle touche tout le monde, mais les tribunes populaires préfèreront toujours payer moins cher que le Wi-Fi gratuit…
Le PSG n’est pas pressé pour le camp d’entraînement :
Alors que le fameux nouveau Camp des Loges était censé être livré pour fin 2015 et que le site n’est toujours pas choisi, Nasser Al-Khelaïfi veut prendre son temps pour éviter qu’on ne lui reproche. Avec trois ans de retard, cela ne risque pas d’arriver. Au moins, le message pour Saint-Germain-en-Laye est clair, le PSG n’est pas pressé.
A côté de la plaque sur la formation :
Pas loin d’être le pire passage de l’interview, une suite de phrases creuses et complètement déconnectées de la réalité. Le discours est le même que lors de son arrivée et le président nous ressort ses phrases les plus bateaux, notamment sur le fait de ne rater aucun jeune de talent d’Île-de-France, un an à peine avoir été incapable de conserver son meilleur jeune malgré le pont d’or proposé.
Comment en 2015, alors que n’importe quel jeune un peu talentueux est suivi et repéré dès ses 13 ans, peut-il croire qu’un discours pareil va fonctionner et séduire ? Tous les ans, des jeunes refusent le centre de formation du PSG parce qu’ils savent leur avenir bouché au niveau de l’équipe première, malgré les énormes primes promises à la signature. Cette façon de rejeter le problème de la formation du PSG sur la détection montre une nouvelle fois que la direction sportive n’a pas compris où se situe le problème, dans la transition entre le centre de formation et l’équipe première.
Bilan :
Deux grandes tendances se dessinent dans cette interview : la continuité de la molle politique sportive actuelle et la belle combativité à l’échelle européenne. Paris se contente de ce qu'il a déjà à l'échelle nationale mais veut aller plus haut hors des frontières, à l'image de l'équipe parisienne sur le terrain.
Le robinet d’eau tiède a bien coulé concernant la partie interne du projet avec du réconfort pour l’effectif en place mais aucune remise en question. Concernant les dossiers nécessitant un vrai investissement comme le fameux centre d’entraînement ou la formation, la flûte était de sortie et on a entendu les même propos que ceux qu'on entend depuis son arrivée en 2012. Sauf que rien n’a bougé. On peut se réjouir de la francisation avancée de Nasser Al-Khelaïfi : excuses faciles, immobilisme prononcé et absence de remise en question.
A côté de ce constat, l’envie d’Europe du président se fait fortement sentir et les passages qui semblent exciter et rendre combatif le n°1 du PSG concernent la lutte avec l’UEFA ou la route qui reste à parcourir pour rejoindre les autres géants. Mais peut-on vraiment y prétendre sans avancer les chantiers nationaux ?
