Démis de ses fonctions de directeur sportif du PSG il y a quelques semaines, Leonardo a pris la parole pour la première fois dans un entretien accordé à L’Équipe. Le Brésilien y dresse le bilan de son deuxième passage au club, entre le sportif, le mercato, et un contexte marqué par le covid.
Depuis qu’il a été démis de ses fonctions de directeur sportif du PSG le 21 mai dernier, Leonardo ne s’était pas exprimé. Pas même via un communiqué du club, puisque les deux parties s’étaient entendues pour que son départ se fasse discrètement. Le Brésilien est revenu sur cela et sur le contexte de son éviction par le PSG dans son entretien à L’Équipe. Dans la suite de cette interview, il a également dressé le bilan de son deuxième passage au club. Il ne souhaite retenir que le positif, mais pense que « l’on peut toujours mieux faire. »
D’ailleurs, cette deuxième aventure au PSG de juin 2019 à mai 2022 n’a rien à voir avec la première aux yeux de Leonardo : « J'ai vécu deux étapes très claires. La première, en 2011, était celle de la construction. On partait d'une feuille presque blanche. Mais là, c'était différent. On a eu l'opportunité de faire quelque chose d'exceptionnel et c'est pour ça que je me dois de remercier le Qatar. J'ai vécu quelque chose de très intense. L'idée était de construire quelque chose qui reste même quand tu n'es plus là. »
Le Brésilien voit dans les épopées du PSG en Ligue des Champions deux parcours que peu d’équipes ont réalisé, un succès sans conteste : « La deuxième fois, le PSG était déjà une équipe compétitive en C1. C'était le moment de changer certaines choses et on arrive en finale (en 2020). On perd dignement contre le Bayern Munich (0-1). Ensuite, on perd contre Manchester City en demi-finales (1-2, 0-2). Et si on regarde les joueurs qu'on a fait venir... Qui a vécu ça ? Qui a eu l'opportunité de vivre ces émotions ? C'est un privilège. »
Pourtant, le PSG a déçu cette saison dans la reine des compétitions européennes malgré un mercato 2021 dantesque : « On était favoris. Bien sûr. Tu fais un recrutement important, c'est normal. » Leonardo ne se cache pas, mais ne souhaite pas commenter l’équilibre vacillant de cet effectif que d’aucuns considèrent mal bâti : « Bon, je ne veux pas entrer dans ces questions-là. Je pense que le recrutement était énorme. Honnêtement, il est lié au Covid. Normalement, tu n'as pas de tels joueurs libres à disposition. Après, on a choisi de les faire. Mais si tu gagnes contre le Real... »
Reste que selon lui, malgré cette élimination, le PSG fait partie du « groupe d’élite mondial » sans discussion possible. Leonardo pense que ce constat est surtout celui de ceux qui suivent le football au niveau international. Au niveau national, les observateurs ont davantage de réserves. Des réserves, certains en émettent également sur le respect de l’institution de la part des joueurs. Là aussi, Leonardo défend son bilan et pense avoir fait le nécessaire pour toujours mettre le club au-dessus de tout : « Il y a toujours des hauts et des bas. Évidemment que c'est ce que je pense et, moi, quand je regarde le club, je regarde vers le haut. Même les dirigeants sont moins forts que le club. Moi, je me suis toujours mis dans une position de protection du club. Toutes mes décisions ont été prises dans cette optique. »
Leonardo admet néanmoins avoir fait des erreurs, restant assez énigmatique : « Je pense qu'on aurait pu marquer plus le coup. Il y avait des moments où on se disait que c'était peut-être mieux d'attendre ou que c'était mieux d’avancer. » Il continue, insistant que le quotidien : « On a fait aussi un recrutement l'été dernier, souvenez-vous, tout le monde était content. Quand arrivent trois jeunes talents comme Hakimi, Nuno Mendes et Donnarumma, Ramos, Wijnaldum et Messi, tu te dis : qu'est-ce que c'est, ça ? Tout le monde l'a dit. Puis tu perds en huitièmes de finale, on dit : "C'est nul, c'est la gestion, c'est le groupe..." »
L’ancien dirigeant du PSG rappelle qu’il ne faut pas négliger l’impact que le Covid a eu : « C'est vrai aussi que je pense qu'il y a eu des moments de fatigue. La saison de Covid a eu un impact sur celle d'après. Moi, j'ai eu le Covid deux fois et il m'arrive de le ressentir encore. Alors, oui, peut-être qu'on aurait pu parfois plus marquer le coup. On ne sait jamais. Il y a des moments où tu vas intervenir et l'influence n'est pas bonne. Il y a des moments où tu restes dehors et il va peut-être manquer quelque chose. Mais quand même : à la fin, on a fait Messi ! On peut dire ce qu'on veut. »
Si au niveau des arrivées, des grands noms ont signé depuis juin 2019, mais peu d’indésirables sont partis. Le Brésilien déclare : « Tu ne peux pas tout avoir. C'est une chaîne. C'est un club qui prend des risques au niveau des investissements. Dans les autres clubs, tu as les mêmes soucis. Si tu paies un joueur important un montant important, si ça va mal c'est compliqué. Même si c'est un joueur moyen, c'est difficile. Après, ce n'était pas un moment propice aux ventes car personne ne pouvait acheter. Mais sincèrement, je ne pense pas que je pars du club parce qu'on n'a pas vendu. Ça fait partie d'un ensemble de choses. »