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[Interview CulturePSG] Faty : « Le début de crise a été mal géré par la direction du PSG »

Publié le mardi 14 février 2023 à 12:00 par Arthur Verdelet
Spectateur assidu de la saison du PSG, le franco-sénégalais Ricardo Faty (36 ans) s’interroge sur la gestion des derniers jours très agités au sein du club parisien. Le milieu défensif ou défenseur central tient également à prendre la défense du capitaine Marquinhos, sur qui se concentrent injustement les critiques selon lui.
Spectateur assidu de la saison du PSG, le franco-sénégalais Ricardo Faty (36 ans) s’interroge sur la gestion des derniers jours très agités au sein du club parisien. Le milieu défensif ou défenseur central tient également à prendre la défense du capitaine Marquinhos, sur qui se concentrent injustement les critiques selon lui.

Vous avez tenu à défendre Marquinhos après son passage très critiqué au micro d’Amazon Prime samedi au terme de la défaite à Monaco (1-3). Pourquoi ?

« De parole de joueur actif, ce ne sont vraiment pas des situations faciles à vivre. D’autant plus que Marquinhos est un des anciens du club et semble réellement attaché au PSG. Il est capitaine par ses valeurs et ce qu’il véhicule et sans doute pas grâce à son leadership naturel.

Je trouve son initiative de répondre aux médias plutôt bonne même s’il a été maladroit. Je continue à croire qu’il n’a pas voulu dire exactement tout ce qu’il a dit. Il voulait sans doute montrer que les joueurs passent aussi par des sacrifices et des difficultés. Notamment d’ordre privé le concernant. Je rappelle qu’il a été victime d’un cambriolage (en mars 2021). Ça doit rester dans un coin de sa tête selon moi et ça peut toucher ses performances encore aujourd’hui. »

En tant que capitaine, aurait-il dû prendre la parole face aux supporters à la place de Presnel Kimpembe au lieu de quitter la pelouse rapidement samedi ?

« Là aussi, il prend pour tout le monde. Le début de crise a été mal géré par la direction. Il aurait fallu mieux coordonner les prises de parole face à la presse et aux supporters. Je ne sais pas s’il fallait aller voir les supporters directement, mais j’aurais aimé que les joueurs aillent les rencontrer le lendemain du match à Monaco, quand ils attendaient devant le Camp des Loges (dimanche). 

« À Paris, les joueurs sont lâchés en pleine nature et c’est Marquinhos qui en fait les frais »

Avant ça déjà, quelqu’un au-dessus des joueurs aurait dû prendre la parole après la défaite à Marseille. Il aurait fallu taper du poing sur la table et leur demander de faire profil bas, de se taire aussi bien dans les médias que sur les réseaux sociaux. José Mourinho sait très bien remplir ce rôle de paratonnerre. Surtout à Chelsea, où il prenait régulièrement toute l’attention sur lui pour décharger son groupe. À Paris, les joueurs sont lâchés en pleine nature et c’est Marquinhos qui en fait les frais. »

On dit souvent Marquinhos trop mesuré voire timoré. Possède-t-il le caractère nécessaire pour relancer ce groupe et être écouté par Neymar ou Lionel Messi notamment ? 

« Les joueurs parlent entre eux au sein du vestiaire. Enfin, je l’espère. Ils n’ont pas besoin de Marquinhos pour ça. Discuter n’implique pas obligatoirement d’aller au clash. Les joueurs connaissent l’importance du match à venir face au Bayern, et Messi et Neymar encore mieux que les autres. Marquinhos a un discours de circonstances qui l’amène à être mal vu publiquement mais il n’a pas tort dans ce qu’il dit. J’en reviens à ma position : c’est à la direction de régler des soucis de la sorte et pas seulement au capitaine. »

Lâcher le brassard pourrait-il le libérer ?

« En voulant trop bien faire, Marquinhos en fait parfois un peu trop »

« Je ne le vois pas faire ça. On a connu Marquinhos très performant, notamment lorsqu’il était le lieutenant d’Alex puis de Thiago Silva. Ça aurait pu être le rôle joué par Sergio Ramos, mais ce n’est pas le cas depuis son arrivée. Selon moi, Marqui a été désigné capitaine par l’institution, la direction, donc il a une grande envie de ne pas décevoir. Il se sent investi d’une tâche et il ne veut pas la lâcher. Faire le contraire serait peut-être une preuve de faiblesse pour lui. Cependant, en voulant trop bien faire, il en fait parfois un peu trop. À force de répéter qu’il faut travailler, il perd en crédibilité ces derniers temps. »

Et quel regard avez-vous sur ses performances cette saison ?

« Je ne pense pas que Marquinhos soit moins bon qu’avant, même s’il a un coup de moins bien ces derniers mois. Il est moins impérial qu’à l’accoutumée, mais pour regarder presque tous les matches du PSG, je trouve que les difficultés qu’il rencontre sont applicables au reste de la défense parisienne. Il n’est pas le seul à avoir du mal et à manquer de repères.

Seul Achraf Hakimi sort un peu la tête récemment grâce à sa vitesse notamment. C’est très compliqué de défendre à Paris avec le trio de devant qui ne presse pas ou presque pas. Défendre à quatre contre quatre voire en infériorité numérique sur certaines actions augmente les risques encourus. L’arrière-garde est vachement plus exposée qu’avant. Une seule erreur d’inattention peut ruiner un match entier. »

Marquinhos a été impliqué dans tous les gros ratés récents du PSG en Ligue des Champions. Est-il trop émotif pour briller régulièrement dans ces grands rendez-vous ?

« C’est une caractéristique propre aux joueurs sud-américains. Ils sont très émotifs et dans la spontanéité. Ça se voit quand les performances suivent, mais aussi dans le cas contraire. Pour Marquinhos, ça s’est remarqué assez tard, parce qu’on était focalisé sur l’émotivité de Thiago Silva jusqu’à son départ. C’est vrai que ça peut remettre en question son charisme et son évaluation des situations. Ça avait été le cas lors de la Remontada vécue à Barcelone (4-0, 1-6) en 2017 et ça a été encore plus criant face à Madrid (1-0, 1-3). 

« Cette émotivité ne me semble pas uniquement liée à Marquinhos mais inhérente à la culture des joueurs brésiliens »

C’est pareil pour Neymar, qui sort très vite d’un match dès qu’il manque un ou deux gestes. Il commence alors à se frustrer et ça peut coûter cher à son équipe. Je me rappelle le match face au Pays de Cassel en Coupe de France (R1, 7-0 le 23 janvier) durant lequel il a eu quelques gestes d’humeur superflus. Donc, cette émotivité ne me semble pas uniquement liée à Marquinhos mais inhérente à la culture des joueurs brésiliens. Je ne sais pas si ça peut se corriger mais il faudrait qu’ils soient plus mesurés par moments. »


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